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18 avril 2007 3 18 /04 /avril /2007 00:33
Le second mandat de Jacques Chirac s’achèvera le 16 mai 2007. Le gouvernement de Dominique de Villepin démissionnera et laissera place à une nouvelle équipe. Celle qui aura gagné le 6 mai au soir.

L’esprit des institutions, la volonté de liberté des candidats (ou leurs promesses incompatibles) et l’hésitation les inclinent à ne pas nommer leur futur Premier Ministre avant leur éventuelle élection.

D’ailleurs, seul Jean-Marie Le Pen, dont les chances de victoire sont minimes, a indiqué qu’en cas d’élection, il nommerait Bruno Gollnisch à Matignon. Seul ? Enfin, non, José Bové a lui aussi indiqué le nom du Premier Ministre qu’il nommerait en cas d’élection (absolument improbable) : Nicolas Hulot, mais cela devient plus anecdotique.

Il vaut mieux en effet ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Et surtout, avant de savoir comment il aura été tué, et les résultats des deux tours, les rapports de force qui se seront dégagés, seront essentiels à connaître pour choisir la bonne personne.

En fait, depuis le début de la Ve République, il y a quelques règles générales que nous pouvons observer pour la nomination du Premier Ministre, rappelons-les.


1e règle : un représentant du parti majoritaire juste après l’élection

Au début d’un mandat présidentiel, le Premier Ministre (issu donc de l’élection présidentielle) est une personnalité politique représentative de la majorité parlementaire, voire le chef du parti majoritaire.

Ainsi, en 1959, il paraissait tout à fait normal que Michel Debré, alors Ministre de la Justice et fondateur de la Ve République, devînt le premier Premier Ministre du Général De Gaulle, comme il aimait à se définir lors de sa malheureuse candidature à l’élection présidentielle de 1981.

En 1965, George Pompidou était reconduit à Matignon alors qu’il semblait bien contrôler l’UNR depuis trois ans.

En 1969, c’est tout naturellement que Pompidou appela Chaban-Delmas, ancien jeune général résistant, gaulliste historique et Président de l’Assemblée Nationale pendant plus de dix ans.

La candidature socialiste de Gaston Defferre en 1969 (qui fut un échec complet avec 5% des voix) ne correspondait pas à l’esprit des institutions : en effet, Defferre avait annoncé qu’il choisirait Pierre Mendès France pour Matignon alors qu’il aurait fallu plutôt que Mendès France se présentât à l’Élysée et Defferre aurait alors été son Premier Ministre.

En 1974, la nomination de Jacques Chirac par Giscard d’Estaing permettait à ce dernier à la fois de récompenser celui qui avait provoqué le ralliement de 43 députés UDR dès le premier tour et d’y mettre un UDR, majoritaire dans l’hémicycle élu en 1973.

Dans l’hypothèse d’une victoire de Chaban-Delmas en 1974, Olivier Guichard était régulièrement cité pour prendre la direction du gouvernement pour les mêmes raisons. Ou François-Xavier Ortoli.

En 1981, François Mitterrand choisissait Pierre Mauroy qui avait le double avantage d’être un ‘vieux’ militant socialiste qui était du côté de Rocard au congrès de Metz en 1979 mais qui était fidèle à Mitterrand, apte à rassembler aussi bien les communistes du pas commode Georges Marchais que les radicaux de gauche de Michel Crépeau. Par ailleurs, Mauroy était le numéro deux du PS.

Quant à Giscard d’Estaing, s’il avait été réélu en 1981, il aurait peut-être choisi une personnalité un peu singulière, comme Simone Veil, ce qui aurait été une exception à la première règle.

La réélection de Mitterrand en 1988 a abouti naturellement à la nomination de Michel Rocard à Matignon : candidat présidentiable déclaré en 1987 et même, dès 1985, mais Rocard avait dû s’effacer derrière Mitterrand qui, maniant l’argument de l’ouverture politique, a pu l’instrumentaliser dans ses tentatives de débauchages individuels.

En décembre 1994, Jacques Delors renonçait à se présenter à l’élection présidentielle de 1995 sous prétexte qu’il n’aurait pas la majorité parlementaire démocrate sociale qu’aspire aujourd’hui François Bayrou, mais pourtant, à l’époque, l’UDF n’avait eu aucun candidat et devait se contenter d’observer la rivalité entre Balladur et Chirac.

À l’élection de Jacques Chirac en 1995, c’est tout naturellement qu’Alain Juppé a été nommé Premier Ministre. Président du RPR, largement majoritaire au Parlement depuis mars 1993, Juppé était incontournable, même en cas d’élection de Balladur, encore que ce dernier pouvait aussi envisager d’y placer Charles Pasqua.

Cela dit, Juppé ne représentait pas très bien les thèmes de campagne qui ont fait élire Chirac (notamment la fracture sociale), ce qui a engendré dès l’hiver 1995 une vague de mouvements sociaux très durs. Chirac aurait sans doute mieux fait de nommer Philippe Séguin au début de son premier mandat.

Chirac qui, visiblement, a cultivé de nombreuses rancœurs depuis les trahisons balladuriennes, n’a jamais nommé que des gouvernements purement chiraquiens, soit avec une assise électorale d’à peine 20%.

Ainsi, il a renouvelé la même erreur politique en 2002, en nommant un homme totalement lié au Président, Jean-Pierre Raffarin, au lieu d’adopter cette première règle d’homme de la majorité. Qui ne pouvait être que Nicolas Sarkozy, soutien essentiel de sa campagne en 2002. L’intérêt tactique de Chirac aurait d’ailleurs été de « rocardiser » Sarkozy et de l’éliminer pour 2007. L’inverse s’est ainsi totalement produit : Sarkozy est devenu le seul présidentiable de son camp.

Pourtant, la nomination de Raffarin faisait suite à l’absorption de la plupart des élus UDF dans la grosse machinerie UMP ; pour se protéger des reproches d’hégémonie, Chirac voulait ainsi promouvoir des personnalités issues de l’UDF : Raffarin à Matignon (mais chef d’équipe plus que responsable de la politique de la nation, n’ayant même pas réussi à faire la réforme sur la régionalisation à laquelle il tenait tant) et Jacques Barrot à la présidence du groupe UMP à l’Assemblée Nationale.

Ces deux erreurs (1995 et 2002) expliquent en partie la montée de l’impopularité très tôt dans l’avancement de ses mandats présidentiels, avec l’erreur majeure de la dissolution le 21 avril 1997 (alors qu’il aurait dû à la place changer de Premier Ministre et nommer Séguin).

Erreur qui a permis de dire qu’alors que Mitterrand avait inventé le septennat de cinq ans (avec les deux cohabitations Chirac et Balladur qui durèrent chacune deux ans), Chirac avait inventé le septennat de deux ans (avec la cohabitation Jospin qui dura cinq ans).


2e règle : en cas de cohabitation, le chef du parti majoritaire décide

Justement, parlons de la cohabitation, c’est-à-dire, de l’élection d’une majorité parlementaire qui serait différente des options politiques du Président de la République.

Mitterrand et Chirac (ce dernier dans les deux rôles) ont réglé la « jurisprudence » en donnant l’avantage gouvernemental à l’Assemblée Nationale (alors que l’option présidentielle avec un gouvernement minoritaire aurait pu être prise, mais l’échec du gouvernement de  Frédéric François-Marsal imposé par Alexandre Millerand minoritaire en juin 1924 au Cartel des Gauches a dû être dissuasif).

Ce qui a conduit à une prédominance du gouvernement sur les autres institutions.

Inaugurée en 1986, la cohabitation veut que la majorité parlementaire nouvelle gouverne et que le Président se mette en retrait, à l’affût du moindre faux pas.

Pour cela, plusieurs Premiers Ministres étaient envisageables en 1986 : Jacques Chirac, mais aussi Jacques Chaban-Delmas, Valéry Giscard d’Estaing, René Monory, Alain Peyrefitte, voire Simone Veil.

Finalement, Mitterrand a fait comme René Coty en 1956, appeler le chef du principal parti de la majorité (Guy Mollet constitua ainsi le gouvernement le plus stable de la IVe République avec une majorité du Front Républicain qui rassemblait… Mitterrand, Chaban-Delmas et Mendès France).

En 1993, la situation était différente, car Chirac, président du RPR, refusait de redevenir Premier Ministre afin de se donner toutes les chances pour l’élection de 1995 ; ainsi il encouragea Édouard Balladur à diriger le gouvernement UDF-RPR, ce dernier s’étant fait le théoricien de la cohabitation, en affirmant que le Premier Ministre ne devait pas être candidat à l’élection présidentielle (sourire).

En 1997, Chirac ayant échoué dans sa dissolution, nomma en toute logique Jospin, redevenu premier secrétaire du PS en 1995, qui était pourtant son concurrent du second tour. Finalement, un septennat chiraquien très jospinisé.

Afin de réduire les risques de cohabitation, la durée du mandat présidentiel a été réduite de sept à cinq ans (par référendum du 24 septembre 2000) et les élections
législatives de 2002, prévues en mars, ont été repoussées en juin afin d’élire d’abord le Président.

Même si ce dispositif ne garantit rien (le Président peut démissionner ou mourir à tout moment, et l’Assemblée Nationale peut encore être dissoute), il encourage la concomitance (à mon sens malsaine) du mandat présidentiel et de la législature.


3e règle : des législatives succédant immédiatement à une présidentielle confirment toujours le nouveau Premier Ministre

Car ce schéma (de concomitance) a débuté dès 1981 (et aurait même dû commencer dès 1974 si Giscard d’Estaing avait été plus clairvoyant en faisant élire sa majorité), par l’élection de Mitterrand qui devait nécessairement dissoudre l’Assemblée Nationale élue en 1978 pour obtenir une majorité socialiste. Il a refait la même chose à sa réélection de 1988 (sans obtenir de majorité absolue), et grâce au quinquennat, Chirac n’a plus eu à dissoudre pour avoir une nouvelle législature à sa réélection de 2002.

Dans tous les cas, le Premier Ministre désigné pour diriger le gouvernement entre l’élection présidentielle et les élections législatives qui suivent un mois et demi après, a été confirmé : ainsi de Pierre Mauroy en mai puis juin 1981, ainsi de Michel Rocard en mai puis juin 1988 et ainsi de Jean-Pierre Raffarin en mai puis juin 2002.

Pourtant, ce n’était pas évident… si ce n’est que l’élection présidentielle entraîne une totale remise à zéro du rapport des forces et crée une dynamique électorale qui, jusqu’à maintenant, a toujours donné les moyens de gouverner au Président nouvellement élu ou réélu.

2007 devrait a priori se trouver dans le même schéma. Même dans le cas d’une élection de Bayrou, puisque ce dernier aura alors, par la nomination du nouveau Premier Ministre et la composition du nouveau gouvernement, donné une vision claire de la nouvelle majorité présidentielle.


4e règle : un homme du Président pour la fin du mandat présidentiel

Généralement, un mandat présidentiel comporte deux Premiers Ministres différents. Si le premier est plutôt un représentant politique de la majorité, le suivant est plus un homme du Président, parfois haut fonctionnaire, avec une allégeance plus grande vis à vis de l’Élysée.

En 1962, l’arrivée de Georges Pompidou, ancien directeur de cabinet de De Gaulle, avait surpris, mais en juillet 1968, son éviction avait encore plus surpris car en 1968, il était devenu le représentant de la majorité triomphant des élections législatives de juin 1968, mais faisant trop d’ombre au Président, d’où la nomination du très fidèle ministre Maurice Couve de Murville.

En 1972, même schéma : alors que Chaban-Delmas venait d’obtenir une large confiance de l’Assemblée Nationale, Pompidou le renvoya et choisit Pierre Messmer, un gaulliste fidèle et mesuré.

En été 1976, après la seule vraie démission de Premier Ministre (Chirac), Giscard d’Estaing misa sur un économiste réputé qui venait d’être nommé ministre, Raymond Barre, pris hors des partis, alors que piaffaient pour ce poste de nombreux responsables de parti tels que Alain Peyrefitte, Robert Boulin ou encore Jean Lecanuet.

Si Mitterrand échoua à remplacer Pierre Mauroy en mars 1983 par Jacques Delors (pendant la folle semaine après les municipales où l’enjeu était de taille entre maintien au sein du SME demandé par Delors et Mauroy ou politique protectionniste prônée par Chevènement et Fabius), il nomma cependant en juillet 1984 son homme de confiance, Laurent Fabius, « plus jeune Premier Ministre de France ».

En mai 1991, il renvoya sans élégance Michel Rocard dont la popularité était forte pour désigner Édith Cresson, femme proche du Président mais sans aucune assise au sein de son parti, tellement maltraitée par sa majorité (victime de machisme et de court-circuitage systématique) qu’elle ne put finir la législature et Pierre Bérégovoy se vit enfin récompensé de sa fidélité (en 1983, 1984, 1988 et 1991, il avait déjà espéré être désigné).

Pour le premier mandat de Chirac, il n’y a pas eu de « second Premier Ministre » pour cause de très longue cohabitation, mais le schéma aurait pu être : Séguin d’abord et Juppé ensuite, et entre les deux tours des législatives de juin 1997, Juppé renonçait à poursuivre la tâche et Séguin se préparait à lui succéder (donc le contraire du schéma habituel).

Pour le second mandat de Chirac, la nomination de Dominique De Villepin en juin 2005 a consacré également cette règle, ce dernier n’ayant jamais été élu, méprisant même les députés et n’ayant qu’une très faible assise au sein de l’UMP reprise par Sarkozy quelques mois auparavant.

Là encore, c’est la non-nomination de Sarkozy à Matignon (qui avait trois opportunités d’être nommé : en mai 2002, en juin 2004 et en juin 2005) qui a conforté sa candidature à l’élection présidentielle en ne se présentant pas comme un sortant (ce qu’il est pourtant).

À noter que ces « seconds Premiers Ministres » hommes (ou femmes) fidèles du Président n’ont jamais été nommés à l’issue d’une élection nationale.


5e règle : il y a rarement des surprises à l’issue d’une élection nationale

Les journalistes, à l’écoute de la moindre rumeur, véhiculent la « premier-ministrabilité » de bien de hommes (et femmes) politiques. Cependant, le choix de cet homme est relativement raisonné surtout lorsqu’elles suivent des élections nationales (présidentielle ou législatives).

Notamment Jean-Pierre Raffarin, qui n’avait pas occupé un poste ministériel très important dans le gouvernement Juppé et issu d’une formation très minoritaire (Démocratie Libérale) au sein de la majorité. En effet, dès février 2002, l’Élysée en avait déjà fait son représentant durant la campagne présidentielle, et lorsqu’on disait que Raffarin était un inconnu, ce dernier se plaisait à répondre que dès qu’il serait nommé, ce problème ne se poserait plus.

Mais l’Élysée avait aussi lâché d’autres noms (et d’autres espoirs), eux beaucoup plus farfelus, comme Philippe Douste-Blazy ou encore Nicole Fontaine.

Si nous remontons plus loin, la nomination de Fabius en 1984, si elle n’était pas attendue, n’en était pas une surprise, dans la mesure où il était un proche de Mitterrand et que ce dernier savait pouvoir compter sur lui.


Et pour 2007 ?

Quel serait le Premier Ministre de la personnalité élue le 6 mai 2007 ? Je me restreindrais alors aux trois candidats capables de l’emporter en mai : Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou.

Pour Nicolas Sarkozy, le choix semble aller vers François Fillon, qui serait la composante gaulliste et sociale (« séguiniste ») d’un Sarkozy libéral. Mais d’autres noms circulent : Michèle Alliot-Marie au nom du chiraquisme rallié, mais que vaut encore le chiraquisme maintenant ? et ne souhaite-t-elle pas être élue au perchoir à la place de son compagnon Patrick Ollier ? On a évoqué également Jean-Louis Borloo qui a beaucoup attendu (sans suspens) avant de se rallier, il a le mérite d’être populaire et d’être la caution centriste. Mais certains pensent que Xavier Bertrand, l’ancien ministre chiraquien de la Santé et qui tient un grand rôle dans la campagne du candidat de l’UMP, serait un bon superviseur de ministres, Sarkozy (qui voudrait même débattre devant les députés) devenant un Président-Premier Ministre de fait.

Pour Ségolène Royal, l’embarras du choix est grand. Entre les éléphants du PS, les fidèles de fidèles et de jeunes espoirs, tout est permis. Il se dégagerait apparemment un consensus sur quatre noms, et surtout sur Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes qui tient d’une main de fer le groupe des députés socialistes depuis 1997, mais il y a aussi Michel Sapin, ancien Ministre rocardien de l’Économie et ami proche de François Hollande, Jean-Louis Bianco, ancien ministre et ancien secrétaire général de l’Élysée, et enfin, Dominique Strauss-Kahn, la caution social-démocrate.

Pour François Bayrou, l’incertitude est plus grande puisqu’il s’agit de diriger le gouvernement soutenu par une majorité de troisième type. Comme il est originaire de droite, Bayrou pourrait alors nommer un  Premier Ministre plutôt issu de la gauche, comme Dominique Strauss-Kahn avec qui il s’entend à merveille. Bayrou a d’ailleurs défini la personne qu’il nommerait, ainsi : « Jacques Delors en plus jeune ». Cela pourrait être aussi Bernard Kouchner favorisé par sa grande popularité, Pascal Lamy (ancien commissaire européen deloriste), mais des personnalités proches de la droite sont également évoquées, comme Jean-Louis Borloo ou Michel Barnier.

Étrangement, dans cette triple liste, deux noms reviennent doublement : Dominique Strauss-Kahn et Jean-Louis Borloo. Nul doute que ces deux personnalités auraient d’autant plus de chance d’accéder à Matignon que le score de Bayrou est important, que ce dernier soit qualifié pour le second tour …ou pas.

Par Sylvain Rakotoarison, 17 avril 2007
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11 avril 2007 3 11 /04 /avril /2007 19:09
L'ancien ministre Azouz Begag est interrogé par la rédaction du Bondy Blog sur son exepérience malheureuse au sein du gouvernement de Dominique De Villepin.


Est-ce vous qui avez choisi de démissionner du gouvernement ou y avez-vous été contraint ?

C'est ma décision, et j'y avais réfléchi longtemps à l'avance. Dans la mesure où je voulais faire un geste politique avec la sortie de mon livre "Un mouton dans la baignoire", avec les critiques qu'il comporte envers le monde politique, je ne pouvais pas rester au gouvernement.

Quand avez-vous commencé la rédaction du "Mouton dans la baignoire"?

Peu de temps après les violences urbaines de 2005. Tout d'un coup, après ma critique publique des propos de Nicolas Sarkozy, la "racaille" et le "Kärcher", je suis devenu un homme infréquentable dans le Sarko-système. J'ai été placé sous l'étouffoir pendant dix-huit mois.

Pourquoi avez-vous précipité votre départ du gouvernement alors que sa fin est toute proche ?

Chacun des ministres a sa responsabilité. Je considère pour ma part que François Bayrou est l'homme de la rencontre d'un peuple et de son président. Avant de dire mon choix, j'ai laissé le premier ministre se prononcer après le président de la République. Tout deux ont décidé d'apporter leur soutien à Nicolas Sarkozy. Ce n'est pas mon cas.

La sortie du "Mouton dans la baignoire" est-il un pied de nez à Nicolas Sarkozy à quelques jours du premier tour de la présidentielle ?

Non, pas du tout. Vous savez, quand on est un ministre d'origine arabe, c'est dur. Ce livre, je voulais aussi le présenter comme une histoire personnelle qui servirait à d'autres qui viendraient derrière moi et qui occuperaient des fonctions pareillement difficiles. C'est une carte des récifs et des balises à connaître quand on rentre dans ce métier. Ça sert aussi à informer les Françaises et les Français de ce que j'ai vu du candidat Sarkozy, de ce que j'ai ressenti de lui, l'être humain, en tous les cas de ce qu'il en reste. Je n'ai pas de revanche à prendre, ni contre Sarkozy, ni contre la vie.

Quelles sont les paroles les plus dures que vous ait dites l’entourage de Nicolas Sarkozy ?

Ce sont des mots de Brice Hortefeux, le bras droit de Nicolas Sarkozy. "Allez, fissa, sors de là, dégage d’ici ! Je te te dis dégage !". Il me les a dits le 11 octobre 2006 à l'Assemblée nationale. Nous étions assis à trois rangs l'un de l'autre. Mais auparavant, tout au long de l'année précédente, Nicolas Sarkozy me disait à chaque fois qu'on se retrouvait au conseil des ministres: "Ah! Tu es encore là, toi!", sous forme de boutade. Au bout de la dixième semaine, ça commençait à faire beaucoup.

Une autre fois, au moment du projet de loi sur l'immigration, il menace de vous "casser la gueule".

Oui, c'était le lendemain d'un jour où j'avais déclaré à Marseille que je ne m'appelais pas Azouz Sarkozy, et que si des gens avaient des questions à propos de ce projet de loi il fallait qu'ils s'adressent à Nicolas Sarkozy.

Avez-vous rendu compte de ces agressions verbales à quelqu'un ?

J'en ai informé directement l'Elysée et Matignon. Je ne dirai pas de noms.

Que vous ont répondu l'Elysée et Matignon ?

Qu'il ne fallait pas tenir compte de ces agressions. Qu'il fallait laisser couler. Moi, j'ai laissé couler l'encre de mon stylo.

A vous entendre, on a l'impression que Nicolas Sarkozy représente un danger pour la France.

Quand un individu, ministre de l'Intérieur, affirme devant un parterre de ministres, que moi, Azouz Begag, j'ai des antécédents psychiatriques, quand il déclare qu'il faut associer immigration et identité nationale dans un même ministère, alors oui, je dis que cet individu est dangereux. Quand un homme comme lui a la maîtrise et le soutien de tant de pouvoirs médiatiques et économiques, et qu'il peut, avec cela, marquer son emprise totale sur la société française, sans supporter la moindre contestation, alors oui, je dis que cet homme est dangereux. C'est un devoir personnel et politique majeur que d'informer les électeurs avant l'élection. Si je laisse faire, je pourrais être accusé de non assistance à pays en danger.

D'après vous, Nicolas Sarkozy, qui ne cache pas ses origines hongroises, se sent-il plus français que les Français originaires du Maghreb et d'Afrique noire ?

Il oublie une chose majeure, c'est que tous ces Arabes et tous ces Noirs qui sont en France ont des grands-parents qui ont donné leur sang en 14-18 et en 39-45 pour la libération de la France. Au titre du sang versé pour la patrie, il devrait avoir plus de respect vis-à-vis de ces "racailles" et de ces gens qu'il veut nettoyer au "Kärcher". Je remarque qu'il n'a aucun scrupule pendant ces élections à jeter en pâture l'immigration, comme l'a fait Le Pen depuis 25 ans. Moi, je ne veux pas que l'immigration serve de chair à canon électorale.

Dans votre livre, vous écrivez qu'au gouvernement vous n'aviez au début ni ministère, ni moyens, ni administration. Dans ce cas, pourquoi êtes-vous entré dans l'exécutif ?

Parce que je tenais à transformer les thèmes de l'intégration en égalité des chances.

Comment expliquez-vous qu'on ait très peu entendu parler de vos actions en faveur de l'égalité des chances ?

J'ai été victime d'une fatwa médiatique éhontée de la part de plusieurs journaux et chaînes de télévision.

En raison d'un jeu de pouvoir ?

Evidemment. Beaucoup de journalistes, ayant reçu des pressions, se sont autocensurés. C'est scandaleux alors que tout le monde parle aujourd'hui d'égalité des chances et de diversité. Et l'on n'associe pas mon nom à tout cela? J'ai eu aussi le malheur de faire de l'ombre à M. Jean-Louis Borloo (ministre de l’emploi, de la cohésion sociale et du logement, ndlr). Cet homme a tout fait pour me savonner la planche et pour n'accorder aucun crédit à ce que je faisais.

Qu'allez-vous faire maintenant ?

Je suis en campagne avec François Bayrou, qui sera Président de la République le 6 mai.

Avez-vous toujours l'intention de vous présenter à Lyon aux législatives?

Je suis ouvert à toutes les propositions qui viendront de la part de l'UDF.


Propos recueillis par Antoine Menusier, Mohamed Hamidi, Nordine Nabili

Mercredi 11/04/2007 à 15:38

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10 avril 2007 2 10 /04 /avril /2007 20:41
François Bayrou explique dans une interview qu'il a été la plume de Jean Lecanuet, et que cet exercice est très formateur.





















"Ecrire, c’est se mettre en avance sur le temps. C’est comme le surfeur au sommet de la vague : le surfeur a besoin de l’énergie de la vague et d’être en même temps un tout petit peu en avant sur la vague ou sur le rouleau car s’il se laisse prendre, il tombe.

Moi, je serais incapable de faire ce que font les autres hommes politiques, c'est à dire signer des choses qu'ils n'ont pas écrites, et quelque fois pas lues. Ce n’est pas seulement de la coquetterie de littéraire, c’est parce que les experts ou les plumes qui écrivent à votre place, finalement ils n’ont pas cette exigence de devancer.

J’ai été plume, donc je peux le dire. C’était un temps béni parce que  c’était le temps où François Mitterrand avait une plume qui s’appelait Laurent Fabius ; Jacques Chirac avait une plume qui s’appelait Alain Juppé ; et Lecanuet avait une plume qui était moi…

C’est très formateur, c’est formidablement formateur quand on a vingt et quelques [années] de se mettre à la place d’un leader de premier plan. Mais les grands textes ou les textes qui vous font avancer, c’est ceux que vous écrivez vous-même."


"J’avais 17 ans quand j’ai appris à taper à la machine et je m’y suis mis vraiment sérieusement. J’ai acheté avec mes premières économies une petite machine à écrire. J’ai acheté une méthode et pendant des jours et des jours j’ai appris à taper parce que je voulais voir mes textes imprimés. Je voulais que mes ‘poèmes’, ‘mes textes’, soient sur la page, imprimés.

C’est une des choses les plus intelligentes que j’ai faites parce que très vite l’informatique est arrivée, très vite les premiers ordinateurs et grâce à cette maîtrise du clavier, à cet apprentissage du clavier, j’ai été de plein pied dans l’informatique, dans les premiers ordinateurs et puis plus tard dans le premier internet.

Et comme j’étais  passionné de cela, j’ai été le premier éditeur de journal télématique en France parce que très jeune élu, je présidais un institut que nous avions dédié aux nouvelles technologies, qui s’appelait l’OREP à Pau – les gens qui sont familiers de ce monde savent ce que c’était. On a été les premiers éditeurs d’un journal télématique en France.

Et donc j’ai toujours vécu dans le monde internet. J’ai consacré un chapitre à ce que serait la révolution des technologies de l’information dans l’éducation, dans mon premier livre qui s’appelait La décennie des mal-appris. Et je peux dire qu’il n’y avait pas beaucoup beaucoup de monde, à cette époque, qui s’intéressait aux nouvelles technologies de l’information dans l’éducation. Je suis persuadé que c’est un des premiers textes qui a été écrit sur ce sujet.  "



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27 mars 2007 2 27 /03 /mars /2007 13:48
Il y a parfois des petites informations qui font réfléchir. Notamment l’âge des personnes lorsqu'elles accèdent à des responsabilités politiques.

Certains ont utilisé l’âge comme argument politique, mais c’est souvent imprudent, car tout le monde vieillissant, ce genre d’argument peut revenir comme un boomerang

Je vous propose de mettre en comparaison quelques éléments. Les âges, les dates et les traversées du désert.

Par exemple, savez-vous que Chirac, considéré comme le fils adoptif de Pompidou, avait 62 ans en arrivant à l'Elysée ? C'est à cet âge-là que le père adoptif (Pompidou) agonisait et mourait. Chirac le fils, le jeune, le loup, le char d'assaut, le rouleau compresseur, le serial killer, le voilà à 74 ans, vieillissant, à moitié sourd et aveugle... Non, j'exagère, mais la comparaison avec Sarkozy fait frémir le plus fidèle des chiraquiens...

Sarkozy ? Maire de Neuilly pris à la barbe du roucoulant (et expérimenté) Pasqua à l'âge de 28 ans. Mais aujourd'hui ? Presque 52 ans, candidat à l’élection présidentielle, président de l’UMP, quatre fois ministres (Budget à 38 ans, Communication à 40 ans, Intérieur à 47 ans, Finances à 49 ans).

Pas grand chose, comparé à Chirac, justement, au même âge. En 1982, ce dernier cumulait déjà deux ans de Matignon, la présidence du RPR, une carrière ministérielle de plus de neuf ans (ministre à 34 ans), une candidature à l'élection présidentielle, la mairie de Paris... A 48 ans, Giscard d'Estaing est déjà à l'Elysée. Même Paul Doumer. Dès 49 ans, lui aussi, s'était déjà présenté. Pas dans la même république. Et il a été élu à 64 ans.

62 ans... 64 ans... C'est l'âge. Âge canonique.

64 ans, l'âge de Mitterrand devenu Sphinx élyséen. Lui aussi fut le jeune loup séducteur de la Libération (ministre à 30 ans dans le gouvernement Ramadier). Vieux malade agonisant, lui aussi. Un destin visiblement commun. Un point commun. 64 ans, l'âge aussi de Jospin lors de son ratage élyséen.

60 ans, l'âge qu'a Fabius maintenant (ministre à 34 ans, comme Chirac). 61 ans pour Alain Juppé aujourd’hui. Même Arlette Laguiller, 62 ans en 2002, 67 ans en 2007, recordwoman de présence à la compétition présidentielle, toutes républiques confondues ! (six fois, devant Chirac et Le Pen, quatre fois en 2002, et Mitterrand, aussi quatre fois en 1988).

Mais les grands candidats de l’élection de 2007 se caractérisent aussi par leur jeunesse (relative) : Nicolas Sarkozy a 52 ans, Ségolène Royal 53 ans et François Bayrou 55 ans. Seul se distingue Jean-Marie Le Pen avec 78 ans, un record dans l’autre sens.

Mais dans les élections présidentielles, c’est la LCR qui a présenté les candidats les plus jeunes : Alain Krivine n’avait que 27 ans en 1969 et Olivier Besancenot 28 ans en 2002.

Prenons maintenant l'âge d'entrée à Matignon. Les plus jeunes. Félix Gaillard, pimpant radical devient éphémère Président du Conseil en 1957 le lendemain de son 38e anniversaire (il coulera au large de Jersey à 50 ans, dommage pour un homme si prometteur).

Laurent Fabius, lui, aura fêté son 38e anniversaire un mois après sa nomination de Premier Ministre (Fabius devient Ministre du Budget dès 34 ans). Chirac, lui, avait déjà plus de 41 ans quand il fut nommé par Giscard d’Estaing, en 1974.

Et Jean-Pierre Raffarin ? Un jeune loup provincial égaré dans la mare aux ambitieux ? On le considère généralement jeune. Il a acquis Matignon (bail finalement parmi les plus longs) à l'âge de 53 ans. Si jeune que ça ? Juppé, c'était seulement à 49 ans. 51 ans pour Dominique De Villepin. Et même Raymond Barre, sage universitaire par excellence, le fameux auteur des deux tomes de "Économie Politique" de la collection Thémis si fréquentée par les potaches de Science-Po, n'avait que 52 ans en entrant à Matignon (avec la même rondeur provinciale d'ailleurs). Ce dernier pour un très long bail (parmi les trois plus longs avec Pompidou et Jospin).

Et les traversées du désert ?

Amusantes analogies encore au regard de notre long siècle républicain que je fais commencer en 1870.

Prenons par exemple ces républicains du début de la IIIe République : Léon Gambetta, Jules Grévy et Jules Ferry. Tous des républicains modérés et laïcs. Mêmes tendances politiques. Mais partis différents. Et haine réciproque très forte entretenue par des ambitions antagonistes très fortes. Gambetta se tuera en nettoyant son arme (à 43 ans), Grévy réussira à faire de l'Élysée un étalage de chrysanthèmes (pour faire oublier la maladresse de MacMahon, son prédécesseur qui précipita la République dans la crise du 16 mai 1877) et Ferry ferraillera avec les colonies et l'instruction publique (la future gauche ne reprendra à son compte que cette seconde action).

Gambetta, Grévy, Ferry ? Même ressorts relationnels que Giscard, Barre, Chirac lors du premier septennat de Mitterrand (entre 1981 et 1988). Même fond idéologique, très fortes rivalités personnelles. On retrouve maintenant ce registre au sein des éléphants socialistes.

À chaque grosse discontinuité historique, le retour d'un homme providentiel.

En 1871, à 74 ans, Thiers devient Président de la République (alors conservatrice et monarchiste, bizarrement) pour négocier la reddition face aux Prussiens qui gardèrent l'Alsace et la Lorraine après l'échec de Napoléon III. Vieux, le Thiers ? Non, mais il laissa le Second Empire le vieillir, car il fut le jeune Président du Conseil orléaniste de 38 ans de Louis-Philippe, Ministre de l'Intérieur dès 34 ans. Thiers, l'homme qui rétablit l'autorité après la défaite de 1870 et la Commune.

En 1917, Poincaré rappela Clemenceau à 76 ans à la Présidence du Conseil, après avoir eu lui aussi, une très longue traversée du désert, due notamment au scandale de Panama. Il n'avait gouverné avant que pendant trois ans, mais avait "fait" la plupart des Présidents de la IIIe République. Clemenceau, l'homme de la victoire de 1918 et du Traité de Versailles. Vite remercié (comme Churchill en 1945) et évincé de l’Élysée en 1919 par les manœuvres d’Aristide Briand.

Et la Seconde Guerre Mondiale. Deux hommes providentiels se disputent le rôle, mais l'histoire aura arbitré.

En juin 1940, Albert Lebrun, le plus pleutre des Présidents de la République, croyant que se dégageait (à tort) une majorité favorable à l'armistice (au sein du gouvernement de Paul Reynaud), choisit Pétain à 84 ans. Étrange destin que ce Pétain. Général à la retraite en 1915 (il a alors 59 ans), il fut rappelé par... Clemenceau en 1917 et devint le vainqueur de Verdun, maréchal de France, académicien, ambassadeur à Madrid en 1936...

Charles De Gaulle, lui, fera l'insoumis en 1940 à l'âge de 49 ans. Il représentera tant bien que mal la France Libre et la dirigera officiellement jusqu'à 55 ans. L'homme du 18 juin est aussi la Jeanne d'Arc qui sauva l'honneur de la France avec les Jean Moulin et autres résistants de l'intérieur. Puis, "traversée du désert" dans une république des partis instable et politicienne (qui n'a rien à voir avec la situation actuelle beaucoup moins catastrophique), et grand retour après son enlisement définitif dans la guerre d'Algérie : "Croit-on qu'à 67 ans, je vais commencer une carrière de dictateur ?" dit-il goguenard face à un parterre médusé lors de sa conférence de presse du 19 mai 1958.

Il meurt à 79 ans comme un autre homme au retour du destin extraordinaire : François Mitterrand, qui, après avoir été onze fois ministre sous la IVe République, devra attendre vingt-trois ans avant de voir son rêve démesuré réalisé. À la différence qu'il ne fut nullement l'homme providentiel dans une discontinuité historique, mais le politicien habile dans une discontinuité politique. Plus à ranger dans le tiroir Blum (et peut-être Jospin, l'histoire le dira peut-être) que dans le tiroir Thiers-Clemenceau-De Gaulle.

Tiens, d'ailleurs, c'est à noter que Chirac aura duré plus longtemps que De Gaulle à l'Élysée. Étonnant, non ?!

Et puis, il y a tout le cimetière des potentialités avortées.

Je cite par exemple Jean Jaurès qui aurait sans doute pris la place de Léon Blum dans le panthéon socialiste s'il n'avait pas été assassiné à l'âge de 54 ans. Aussi Jean Moulin, qui aurait été politiquement consacré après la guerre s'il n'avait pas été torturé, à 44 ans. De même Georges Mandel, tué à 59 ans dans la forêt de Fontainebleau pour soi-disant venger Philippe Henriot assassiné. Idem pour le général Philippe Leclerc, mort en 1947 à 45 ans d'un accident d'avion au Sahara, alors qu'il avait la même aura historique que De Gaulle.

Mais la mort n'a pas été seule avorteuse de destin. La personnalité, le manque d'ambition personnelle l'ont aussi été. Pour Pierre Mendès France en 1968 par exemple, ou pour Jacques Delors en 1995.

Pourquoi toutes ces analogies avec ces dates, ces âges, ces destins ?

Simplement pour mesurer à l'aulne du passé la personnalité de nos hommes politiques actuels, ceux qui vont vous demander votre suffrage dans quelques jours comme les autres, ceux qui vont accéder avec l’élu à de nouvelles responsabilités. Chaque fois, une nouvelle page sera à écrire. Avec le bulletin de vote.

Ayez seulement en tête cette continuité historique avant de choisir.
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26 mars 2007 1 26 /03 /mars /2007 17:33
François Baroin devient ce matin Ministre de l’Intérieur, à 41 ans. Il sera l’un des trois plus brefs Ministres de l’Intérieur avec Jacques Chirac en avril 1974 et Jean-Jack Queyranne lorsque ce dernier avait remplacé Jean-Pierre Chevènement pendant son coma.

Fils de Michel Baroin, grand maître du Grand Orient de France et patron de la Fnac et des GMF qui a disparu tragiquement il y a juste vingt ans, François Baroin au visage de poupin, ancien journaliste et nouvel avocat, a commencé tôt en politique, grâce (il faut le dire) à la forte amitié qui liait son père à Chirac : député à 28 ans, maire de Troyes à 30 ans, secrétaire d’État à 30 ans (il faisait partie des "jupettes" !).

Après avoir laborieusement annoncé son soutien personnel à Nicolas Sarkozy le 22 mars 2007, Jacques Chirac semble en avoir fini avec sa Chiraquie qui a commencé avec la nomination de Dominique De Villepin à Matignon en juin 2005, et terminé par celle de François Baroin à l’Intérieur, en passant par Jean-Louis Debré à la Présidence du Conseil Constitutionnel.
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20 mars 2007 2 20 /03 /mars /2007 10:49
François Bayrou raconte un des éléments fondateurs de sa démarche politique originale : en février 2002 à Toulouse, juste avant l'élection présidentielle de 2002, l'UDF et le RPR se réunissait dans l'optique d'une fusion pour soutenir un futur gouvernement chiraquien. Refusant ce diktat, Bayrou se rendit à cette manifestation et défendit courageusement son point de vue. Seul face aux autres.



















« Que quelqu’un puisse croire qu’on peut prendre les grandes familles politiques françaises, du centre français et de la droite française, il faut vraiment ne rien connaître à l’Histoire pour penser que ces familles, c’est la même chose, c’est le même électorat.

C’est le même électorat parce que personne ne défend des idées. Qu’on puisse les mettre ensemble autour de Jacques Chirac, et de [Jérôme] Monod, [Alain] Juppé et [Philippe] Douste-Blazy, et les faire disparaître par une manœuvre absolument concertée et dont même à Toulouse, je ne voyais pas quelle était la mécanique, je n’avais pas tout vu mais j’avais vu l’inspiration.

Et que d’un coup de baguette magique, tout ça va être réglé, c’était pour moi de l’ordre du combat… C’était Galilée. Comme l’univers entier perd la boussole, au fond, il vous revient de dire : "Mais pas du tout, le Nord n’est pas là, il est là !". C’est la défense de la plus élémentaire vérité sur laquelle repose la démocratie.

Derrière tout cela, il y a au fond l’idée que c’est l’Amérique qui a raison. On va faire deux partis, mon pote. On fera comme s’ils s’étaient opposés. Mais en réalité ils représenteront les mêmes intérêts. La
même sécurité pour un certain nombre de puissances qui tiendront tout. Parce que c’est pas mal aussi quand l’argent tient les deux. Ce qui est la vie politique américaine : elle repose sur le nombre de dizaines de millions de dollars que vous êtes capable de récupérer, donc il faut bien être copain avec les détenteurs des millions de dollars.

Alors on va faire le système américain en France : un parti qu’on appellera socialiste et un parti qu’on appellera UMP mais en réalité les mêmes relations. Avec les mêmes candidats identiquement construits médiatiquement. Ce qu’ils disent n’a plus d’importance parce qu’au fond ils disent la même chose. Alors vous faites ça et vous allez imposer ça à la France, avec l’Histoire de la France, avec les vicissitudes de la France, avec les cicatrices de la France.

Eh bien, il était de mon devoir, aussi faible que j’ai été à cette époque-là - et Dieu sait que ça a été dur parce qu’au moment où cela se produit je suis entre 2 et 3% dans les sondages en février 2002 - mais simplement il faut pouvoir se regarder dans une glace.

Donc je décide tout seul - parce que mes proches et mes amis ne sont pas enthousiasmés par cette idée - mais je décide parce que je ne peux pas faire autrement que j’irai à Toulouse puisqu’ils avaient invité tout le monde et que je leur dirai ce que j’avais à leur dire.

Donc j’y suis allé dans une grande ambiance de Corrida avec 7 000 personnes en face de moi d’un avis et défendant tout seul l’autre avis, pour leur dire ce que je n’ai jamais cessé de penser : "Vous dites qu’on pense tous la même chose mais si on pense tous la même chose c’est qu’on ne pense plus rien". Précisément la démocratie c’est qu’on ne pense pas tous la même chose, il est sain qu’on essaie d’accorder les avis différents, les convictions différentes.

Je suis allé plus loin depuis cette époque... Un pays a besoin de tout le monde !

La France a besoin des valeurs de gauche parce qu’elles sont des valeurs républicaines, respectables et importantes. Par exemple, il y a beaucoup d’enseignants qui ont ces valeurs-là, ils méritent qu’on les écoute et qu’on les entende.

La France a besoin des valeurs de droite. Les gens qui disent que le mérite, l’ordre et la sécurité, c’est important… Ils ont raison.

La France a besoin des valeurs du centre : de la tolérance et d’équité.

La France ne pourra s’en sortir que si tous ceux-là son reconnus et se sentent bien dans l’effort national.  »
François Bayrou (2007)
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15 mars 2007 4 15 /03 /mars /2007 19:25
Pour rompre un peu l'euphorie de l'annonce du départ de Jacques Chirac, il a fallu un journal étranger pour rappeler quelques réalités judiciaires.

L'article du International Herald Tribune.


Unresolved scandals await Chirac's departure

By Katrin Bennhold
Published: March 14, 2007

PARIS: When President Jacques Chirac leaves office in May, a fat legal file carrying his name will come out of a safe at a court in the Paris suburb of Nanterre and land on the desk of Judge Alain Philibeaux.

A dormant party-financing case in Nanterre, which focuses on the time when Chirac, 74, was mayor of Paris from 1977 to 1995, is the most serious of a number of scandals that could catch up with him when he loses immunity from prosecution accorded the head of state.

Two judges familiar with the case said that it is "extremely likely" that Philibeaux, one of France's most senior investigators of financial crime, will summon Chirac for questioning as early as June over allegations that he was involved in an intricate kickback scheme in the late 1980s and early 1990s. The judges, who declined to be identified because the investigation is continuing, said Chirac probably would not be called as a regular witness, but as an "assisted witness," accompanied by his lawyers because the testimony concerns allegations against him.

In a move some commentators interpreted as an effort to protect himself, Chirac has appointed three key political allies to judicial posts. Last week he made Philippe Courroye, a judge described as being close to Chirac's Gaullist camp, the public prosecutor who oversees investigations at the Nanterre tribunal. Last year, he appointed Laurent Le Mesle, his former justice adviser, as public prosecutor for Paris, where at least one other corruption investigation is pending. Last month he named Jean-Louis Debré, the former speaker of the National Assembly, president of the powerful constitutional council.

Chirac's case will be a test for France's judicial system, which has long faced criticism for ties with the political class. Scandals, financial or otherwise, have been a regular feature in administrations of all political colors, but few of them have made it to the courtroom and even fewer resulted in high-level convictions. Judges insisting on their independence have sometimes claimed to be the victims of intimidation.

"If Chirac is pursued, as every regular citizen would be, it would create a powerful precedent," one of the judges familiar with the Nanterre case said. "For starters, it would affect the way future presidents act."

Chirac has denounced as "lies, calumny and manipulation" all allegations of wrongdoing. But during his 12- year presidency, accusations of fictional employees, forged electoral lists and suitcases filled with cash linked to his tenure as mayor have surfaced. Five corruption trials have taken place over the last decade. Some of Chirac's closest associates were convicted, including Alain Juppé, who was prime minister from 1995 to 1997. Juppé was also Chirac's No. 2 in City Hall and received a 14-month suspended prison sentence in 2004 for his involvement in the same party-funding scandal now hanging over Chirac.

That scandal, involving a kickback scheme in which the names of members of Chirac's Gaullist party appeared on the payrolls of municipal services and companies that donated money to the party in the form of salaries, remains the most dangerous one for Chirac, lawyers say.

In 1999, Philibeaux's predecessor in Nanterre, Patrick Desmure, said he had evidence that appeared to link Chirac personally to the case.

But the constitutional court upheld Chirac's immunity and the Supreme Court confirmed the decision in 2001.

One piece of evidence reported to be in Chirac's Nanterre file is a letter, dated March 13, 1993, and signed by Chirac, in which he sought the promotion of a secretary in the city government, citing the "exemplary devotion" she showed in her "delicate role" in the Gaullist party.

If Philibeaux picks up where Desmure left off, that letter — extracts of which were reprinted in Le Monde this week — could be enough to trigger a formal investigation of Chirac, lawyers say.

The letter adds weight to a videotape made in 1996 by the man who admitted to directing illegal financing at the Gaullist party headed by Chirac from 1976 to 1994.

In the tape, Jean-Claude Méry, said that he had personally handed 5 million francs in cash to Chirac in 1986. The tape surfaced only after Méry's death in 1999.

There is no certainty that Chirac's successor will be eager to see him pursued, analysts said.

"Nobody wants to investigate Chirac, but no one wants to be seen to be protecting him either," said Roland Dumas, a former foreign minister who was himself the target of a corruption investigation. "There will be a few gestures and then the whole thing will peter out and come to nothing."

Bruno Jeanbart, head of political research at the OpinionWay polling company said that even though Chirac was unpopular, French public opinion would not want to see him pursued.

"Whoever wins will not touch a former president," Jeanbart said. "Public opinion would never accept that. French voters can dislike a president but would not want to see his honor dragged through the mud."

Indeed, none of Chirac's potential successors has expressed any great appetite to see him pursued.

"I don't think it honors France to go looking for trouble with a president who is no longer in office," Dominique Strauss-Kahn, a member of the campaign team of Ségolène Royal, the Socialist candidate, recently told LCI
television.

International Herald Tribune
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28 février 2007 3 28 /02 /février /2007 21:16
Je crois que je vais plutôt à l’encontre de la mode ambiante. Mais j’ai trop foi au débat politique pour qu’il soit ainsi escamoté.

La démocratie participative semble fleurer bon la démocratie tout court alors qu’avant tout, notre démocratie est représentative. C’est-à-dire que le pays est structuré de plusieurs couches qui permettent de sentir et de transmettre les besoins de la base et les décisions du sommet.

Comme dans une grande entreprise qui ne peut pas se passer de management intermédiaire.

Mais justement, avec la crise de la citoyenneté, on dit qu’il y a crise de la représentativité. Que les représentants du peuple, en premier lieu les parlementaires, ne représentent pas la société, car il n’y a pas assez de femmes, pas assez de jeunes, trop de fonctionnaires etc. Ou plus simplement, qu’ils ne représentent pas ceux qu’ils sont censés représenter, comme les syndicats.

Alors, quelle solution nous donne-t-on ?

Une certaine forme très perverse de populisme.

Je ne veux pas parler de démagogie, car en campagne électorale, la démagogie est monnaie courante et classique, et finalement, ceux qui croient aux nombreuses promesses sont un peu naïfs quand même.

Je veux parler de la tentation de court-circuiter ces corps intermédiaires pour dialoguer directement avec le peuple. Un peu à la manière du Général De Gaulle ou de Napoléon III.

Sur le principe, je ne suis évidemment pas contre. Le suffrage universel direct est un élément essentiel dans notre démocratie. Le référendum est une méthode inattaquable pour faire les grandes réformes de notre pays.

Mais ça aboutit à des comportements totalement inquiétants et ridicules.

Le sommet de la campagne, à ce jour, était le passage de Ségolène Royal dans l’émission de TF1 « J’ai une question à vous poser » le 19 février 2007.

Le principe même de l’émission est affligeant, je l’ai déjà écrit ici, car elle ne permet pas au candidat de présenter la cohérence de sa démarche politique.

Au contraire, il est question de répondre rapidement aux interrogations du « peuple », un peuple soigneusement choisi comme faisant partie d’un panel représentatif. Représentatif de quoi ? de qui ? sans doute élu par les instituts de sondage.

Et le résultat, c’est surtout de tester la spontanéité du candidat, son esprit de répartie, sa capacité à improviser, à être franc ou langue de bois.

Mais ça donne une ambiance de clientélisme généralisé.

Pourquoi ? Parce que chaque personne qui pose sa question le fait en fonction de ses propres soucis : le demandeur d’emploi, l’étudiant, l’ouvrier, l’enseignant etc. et ne songe (dans ce rôle) qu’à son intérêt particulier.

Or, un homme politique doit d’abord penser à l’intérêt général qui ne va pas forcément dans le sens de l’intérêt particulier de chacun.

Ainsi, cet ancien alcoolique qui explique qu’il est nécessaire de mener contre le vin et l’alcool en général la même bataille que contre le tabac, alors qu’à côté, un viticulteur attendait son tour pour raconter ses problèmes économiques face à la concurrence étrangère...

Le grand succès de ce type d’émission, qui est, entre parenthèses, un véritable renoncement au journalisme politique dont le but est de bien connaître les dossiers pour rectifier les erreurs des candidats, ainsi que l’affluence des forums participatifs organisés par Ségolène Royal n’ont en fait qu’une explication : le besoin des gens à être écoutés.

Mais un candidat à l’élection présidentielle n’est pas candidat à élection locale. L’élu local, maire ou parlementaire, s’est transformé depuis quelques temps en véritable assistant social dans sa permanence et doit résoudre des problèmes particuliers de logement, d’emploi, de tracasseries administratives... L’élu national a en charge le destin du pays, il doit être là pour gouverner même si les mesures nécessaires sont impopulaires.

Et le grand risque d’une pratique participative de la démocratie, c’est l’absence d’intermédiaires, c’est finalement l’arbitraire de l’interprétation des doléances du peuple. En quelques sortes, c’est revenir aux cahiers de doléances... et rapidement aboutir à une incohérence propice à un verrouillage ultérieur du régime.



(1) http://www.presidentielles.net/mllecanarde/index.php?2007/02/20/35-devoir-d-inventaire
(2) http://desmotsetdebats.blogs.liberation.fr/discours/2007/02/vraies_gens_et_.html
(3) http://www.leparisien.com/home/info/faitjour/article.htm?articleid=275998220
(4) http://www.liberation.fr/actualite/evenement/evenement1/236186.FR.php
(5) http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-868585@51-853571,0.html
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25 février 2007 7 25 /02 /février /2007 22:38
À chaque élection présidentielle, on ne cesse de parler de certains candidats, et puis, en catastrophe, on parle des autres, considérés pour quantité négligeable. Cette année, ça paraît nettement flagrant.

Mais qu’est-ce qu’un grand candidat, et qu’est-ce qu’un petit candidat ? Car ces qualificatifs sont donnés avant l’élection, et donc, ne peuvent se fier aux résultats de celle-ci. En revanche, la qualification de « grands candidats » va permettre aux heureux nominés d’avoir une audience et une couverture médiatique qui vont lui permettre d’être effectivement un grand candidat.

Je me suis donc amusé à regarder depuis l’élection présidentielle de 1965 quels étaient les grands candidats, et les petits.

Déjà, parlons des évolutions depuis quarante-deux ans.

Prenons par exemple le score du candidat arrivé en tête du premier tour.

Pour les trois premières élections, il oscille entre 43 et 45%, ce qui est un gros morceau de l’électorat, mais qui n’assure pas la victoire au candidat, puisque Mitterrand en 1974 a perdu (de peu) face à Giscard d’Estaing arrivé avec plus de dix pourcents de moins au premier tour.

Ensuite, le score tombe autour de 30% (entre 27,82 et 33,90%) pour les deux suivantes, et puis, après, c’est la catastrophe, car il s’effondre autour de 20% (entre 19,88 et 23,21%).

Or, le candidat qui est élu au second tour ne représente en fait pas plus que son score du premier tour, en terme d’adhésion réelle à sa personne et à son programme.

C’est la raison pour laquelle De Gaulle avait hésité à continuer après avoir été mis en ballottage en 1965 car il estimait que plus de la majorité des électeurs avaient voté contre sa personne.

Le cas le plus patent est celui de Chirac en 2002, élu à 82% au second tour (un record !), mais ne rassemblant même pas 20% au premier tour.

Par ailleurs, jusqu’en avril 1981, toutes les élections présidentielles étaient caractérisées par un cheptel de grands candidats qui représentaient, ensemble, au premier tour, entre 84,67 et 92,03%.

Mais déjà dans l’évolution, le cheptel passait de trois grands candidats (en 1965, 1969, et 1974) à quatre (en 1981, 1988 et 1995).

En 1981, les plus perspicaces se souviennent que Jean-Marie Le Pen, qui n’avait pu se présenter faute de signatures d’élus locaux, avait critiqué cette « bande des quatre » qui correspondaient à la fois aux quatre partis dominant le paysage politique français de l’époque : RPR, UDF, PS et PCF, et aux quatre candidats de ces partis, respectivement : Chirac, Giscard d’Estaing, Mitterrand et Marchais.

Finalement, loin d’être en dehors de l’ « établissement », Le Pen fera désormais partie de cette bande des quatre dès 1988 et pour deux décennies encore.

Jusqu’en 1995, ce qui caractérisait le résultat du premier tour, c’était un très grand fossé entre les grands candidats et les petits qui généralement sont en dessous de 5 à 6% voire de 4%. Seuls André Lajoinie en 1988, et Robert Hue en 1995, avec respectivement 6,94% et 8,71% purent monter au-dessus (comme Bayrou en 2002).

En 1995, la structure se modifiait légèrement : déjà, le total des grands candidats atteignait péniblement 77,49% et deux petits candidats avaient plus de 5%, Robert Hue (déjà cité) et Arlette Laguiller avec 5,38%.

Ce qui a abouti à l’exception de l’élection présidentielle de 2002, exception qui ne provient pas de la venue de Jean-Marie Le Pen au second tour (ce fut un évènement politique, mais pas électoral, car Lionel Jospin, à deux cents mille voix près, aurait pu très bien atteindre le second tour, et ce premier tour aurait été tout aussi exceptionnel), mais de l’exceptionnelle disparité des voix.

En effet, le total des trois grands candidats (retour à trois au lieu de quatre depuis 1981) ne faisait que 52,92%, très loin des 80% habituellement obtenus. Et le premier candidat ne dépassait même pas 20%.

L’élection de 2002 fut donc très particulière. Et cette particularité provenait du nombre très élevé de candidats, seize au lieu des neuf de moyenne pour les six précédentes élections, et surtout, du nombre élevés de candidats, ni grands ni négligeables.

En effet, après François Bayrou avec presque 7%, pas moins de sept candidats avaient obtenu entre 3 et 6% (Laguiller, Chevènement, Mamère, Besancenot, Saint-Josse, Madelin et Hue), ce qui avait engendré une dispersion de près de 40% des voix.

Et l’élection présidentielle de 2007, comment se combine-t-elle ?

Déjà, il faut attendre le 20 mars 2007 avant de connaître la liste officielle des candidats, sachant que l’un de ceux qui prétendent avoir des difficultés à récolter des parrainages a une forte probabilité de faire plus de 10%. Son absence du scrutin aurait évidemment une conséquence non négligeable sur les résultats.

Ensuite, cette élection semble très éloignée de celle de 2002 pour deux raisons : d’une part, un très faible émiettement que les sondages semblent confirmer, mais qui est aussi corroboré par un faible nombre de « candidatures de dispersion », et d’autre part, la crainte d’une reproduction (semble-t-il totalement improbable) de ce qu’il s’est passé en 2002 pour la qualification au second tour.

Et cette crainte renforce le dispositif d’un « vote utile ». Évidemment, le sens du vote utile est toujours sujet à caution et souvent, la « propagande » des grands candidats s’amuse à parler de vote utile pour simplement demander de voter pour eux.

Mais au fait, qui sont les « grands candidats » ?

Au départ, les médias ont longtemps estimé qu’il n’y en aurait que deux : Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal (une fois que cette dernière a été désignée par son parti le 16 novembre 2006).

Mais c’était d’abord oublier la présence de Jean-Marie Le Pen qui était arrivé quand même en seconde place la fois précédente.

Et un quatrième candidat qui petit à petit, commence à conserver les deux chiffres dans les intentions de vote, François Bayrou (dépassant maintenant largement Le Pen et lui donnant cette semaine entre 15 et 17% derrière les deux premiers qui descendent en dessous de 30%).

En gros, cette fois-ci, on peut définir les grands candidats comme ceux dont les sondages donnent plus de 10% d’intention de voix.

Même si la Constitution donne, pendant la très courte campagne officielle (quinze jours), l’égalité de traitement pour tous les candidats (c’est la moindre des choses dans une démocratie), la réalité médiatique est que les médias favorisent les grands candidats pendant la (longue) précampagne, donnant ainsi peu de visibilité aux petits candidats.

Les sondages donnent évidemment une photographie à la fois éphémère (vu la versatilité de l’électorat) et floue (vu l’intervalle d’indétermination) de la situation, mais si on se base sur ceux actuellement en cours, il semblerait que ces quatre grands candidats rassembleraient plus de 80% de l’électorat et les autres ne dépasseraient pas les 2-3%.

Comme en 1995 ou en 2002, les arguments de « vote utile » (dans quel sens ? pour faire battre quel candidat ? pour empêcher d’accéder au second tour qui ?) et la réaction et les spéculations de l’électorat face à ces même sondages vont sans doute apporter leur lot de surprises.

On peut cependant espérer qu’in fine, les électeurs resteront maîtres de leur vote.
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20 février 2007 2 20 /02 /février /2007 14:19
Maurice Papon vient de mourir ce samedi 17 février 2007 à près de 97 ans, et cela ne m'a fait ni chaud, ni froid.

Quelques heures plus tard, Jean-Louis Castagnède, 61 ans, conseiller à la Cour de cassation, et président de la Cour d'assises de Gironde qui a jugé Maurice Papon, mourait d'une hémorragie cérébrale.

Maurice Papon n'a jamais émis aucun regret, aucune demande de pardon, aucune empathie pour les victimes de Vichy.

Mais il a été jugé, il a été condamné en 1998 et il a pu être libéré le 18 septembre 2002 pour raison de santé et de grand âge. Personnellement, j’approuvais la libération de Maurice Papon en 2002 car l’important était dans le symbole de sa condamnation, pas dans le sort de ce triste sire dont je me préoccupais peu.

En effet, Maurice Papon aura pu survivre le temps de son jugement et surtout de sa condamnation, c’est le premier et hélas, le SEUL responsable français à avoir été sanctionné pour fait de collaboration. Mais un responsable local, et pas national.

Hélas, comme l’a rappelé dimanche matin Arno Klarsfeld, il avait nettement moins de responsabilités pendant la guerre, et nettement moins d’influence politique et économique après la guerre que René Bousquet.

Mon regret reste donc total sur l’absence de jugement et l’absence de condamnation de René Bousquet, en raison de son assassinat en 1993 après le retard scandaleux de son procès du fait de l’amitié que lui portait François Mitterrand.

Car René Bousquet, contrairement à Maurice Papon, avait des responsabilités nationales sous Vichy (secrétaire général de la police) et avait réussi à poursuivre une carrière prospère après la guerre, dans la banque et la presse, notamment par ses réseaux politiques toujours aussi utiles dans les milieux radicaux dont il était issu avant la guerre.

Le soleil luit ce dimanche sur Paris. L’eau continue à couler sous ses ponts.





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