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7 mai 2007 1 07 /05 /mai /2007 13:59
Les deux premières déclarations publiques du nouvel élu.


"Mes chers compatriotes,

En m’adressant à vous ce soir, dans ce moment qui est, chacun le comprend, exceptionnel dans la vie d’un homme, je ressens une immense émotion.
 
J’éprouve depuis mon plus jeune âge la fierté indicible d’appartenir à une grande, vieille et belle nation, la France. Je l’aime comme on aime les êtres chers qui nous ont tout donné. Maintenant c’est à mon tour de tout lui donner.
 
Ce soir ma pensée va aux millions de Français qui aujourd’hui m’ont témoigné leur confiance. Je veux leur dire qu’ils m’ont fait le plus grand honneur qui soit à mes yeux en me jugeant. digne de présider aux destinées de la France.
 
Ma pensée va à tous ceux qui m’ont accompagné dans cette campagne. Je veux leur dire ma gratitude et mon affection.
 
Ma pensée va à Madame Royal. Je veux lui dire que j’ai du respect pour elle et pour ses idées dans lesquelles tant de Français se sont reconnus.
 
Ma pensée va à tous les Français qui n’ont pas voté pour moi. Je veux leur dire que par-delà le combat politique, par-delà les divergences d’opinions, il n’y a pour moi qu’une seule France.
 
Je veux leur dire que je serai le Président de tous les Français, que je parlerai pour chacun d’entre eux. Je veux leur dire que ce soir, ce n’est pas la victoire d’une France contre une autre. Il n’y a pour moi ce soir qu’une seule victoire, celle de la démocratie, celle des valeurs qui nous unissent, celle de l’idéal qui nous rassemble. Ma priorité sera de tout mettre en œuvre pour que les Français aient toujours envie de se parler, de se comprendre, de travailler ensemble.
 
Le peuple français s’est exprimé. Il a choisi de rompre avec les idées, les habitudes et les comportements du passé. Je veux réhabiliter le travail, l’autorité, la morale, le respect, le mérite. Je veux remettre à l’honneur la nation et l’identité nationale. Je veux rendre aux Français la fierté d’être Français. Je veux en finir avec la repentance qui est une forme de haine de soi, et la concurrence des mémoires qui nourrit la haine des autres.
 
Le peuple français a choisi le changement. Ce changement je le mettrai en œuvre parce que c’est le mandat que j’ai reçu du peuple et parce que la France en a besoin. Mais je le ferai avec tous les Français. Je le ferai dans un esprit d’union et de fraternité. Je le ferai sans que personne n’ait le sentiment d’être exclu, d’être laissé pour compte. Je le ferai avec la volonté que chacun puisse trouver sa place dans notre République, que chacun s’y sente reconnu et respecté dans sa dignité de citoyen et dans sa dignité d’homme. Tous ceux que la vie a brisés, ceux que la vie a usés doivent savoir qu’ils ne seront pas abandonnés, qu’ils seront aidés, qu’ils seront secourus. Ceux qui ont le sentiment que quoi qu’ils fassent ils ne pourront pas s’en sortir doivent être sûrs qu’ils ne seront pas laissés de côté  et qu’ils auront les mêmes chances que les autres.
 
J’appelle tous les Français par-delà leurs partis, leurs croyances, leurs origines, à s’unir à moi pour que la France se remette en mouvement.
J’appelle chacun à ne pas se laisser enfermer dans l’intolérance et dans le sectarisme, mais à s’ouvrir aux autres, à ceux qui ont des idées différentes, à ceux qui ont d’autres convictions.
 
Je veux lancer un appel à nos partenaires européens, auxquels notre destin est lié, pour leur dire que toute ma vie j’ai été européen, que je crois en la construction européenne et que ce soir la France est de retour en Europe. Mais je les conjure d’entendre la voix des peuples qui veulent être protégés. Je les conjure de ne pas rester sourds à la colère des peuples qui perçoivent l’Union Européenne non comme une protection mais comme le cheval de Troie de toutes les menaces que portent en elles les transformations du monde.
 
Je veux lancer un appel à nos amis Américains pour leur dire qu’ils peuvent compter sur notre amitié qui s’est forgée dans les tragédies de l’Histoire que nous avons affrontées ensemble. Je veux leur dire que la France sera toujours à leurs côtés quand ils auront besoin d’elle. Mais je veux leur dire aussi que l’amitié c’est accepter que ses amis puissent penser différemment, et qu’une grande nation comme les Etats-Unis a le devoir de ne pas faire obstacle à la lutte contre le réchauffement climatique, mais au contraire d’en prendre la tête parce que ce qui est en jeu c’est le sort de l’humanité tout entière.
 
Je veux lancer un appel à tous les peuples de la Méditerranée pour leur dire que c’est en Méditerranée que tout se joue, et que nous devons surmonter toutes les haines pour laisser la place à un grand rêve de paix et de civilisation. Je veux leur dire que le temps est venu de bâtir ensemble une Union Méditerranéenne qui sera un trait d’union entre l’Europe et l’Afrique.
 
Je veux lancer à tous les Africains un appel fraternel pour leur dire que nous voulons les aider à vaincre la maladie, la famine et la pauvreté et à vivre en paix. Je veux leur dire que nous déciderons ensemble d’une politique d’immigration maîtrisée et d’une politique de développement ambitieuse.
 
Je veux lancer un appel à tous ceux qui dans le monde croient aux valeurs de tolérance, de liberté, de démocratie et d’humanisme, à tous ceux qui sont persécutés par les tyrannies et par les dictatures, à tous les enfants et à toutes les femmes martyrisés dans le monde pour leur dire que la France sera à leurs côtés, qu’ils peuvent compter sur elle.
 
Mes chers compatriotes, nous allons écrire ensemble une nouvelle page de notre histoire. Je suis sûr qu’elle sera grande et belle, et du fond du cœur ce soir je vous dis :
 
Vive la République !
 
Vive la France !"

Nicolas Sarkozy, Paris, salle Gaveau, le 06 mai 2007 à 20h34.




"Ce soir, c’est la victoire de la France ! Il n’y a qu’une seule France ! Ce soir, je vous demande d’être généreux, d’être tolérants, d’être fraternels, je vous demande de tendre la main, je vous demande de donner l’image d’une France réunie, d’une France rassemblée, d’une France qui ne laissera personne sur le bord du chemin. Mes chers amis, j’en ai vu dans ma carrière politique des victoires, mais la victoire n’est belle que si elle est généreuse. La victoire, ce n’est pas la revanche, la victoire c’est l’ouverture, la victoire, elle n’a de sens que si elle est celle de notre pays tout entier. Des millions de français nous regardent, des millions de français nous ont fait confiance, mais je veux que vous ayez la force de comprendre que les premiers à qui je veux m’adresser, ce sont ceux qui ne nous ont pas fait confiance. Parce que je veux qu’ils sachent que je serai le président de la République de tous les Français, sans exception.

Je veux dire à ceux qui doutaient de la politique, que la politique est de retour, la fatalité ne fait pas partie de mon vocabulaire. Je veux dire à tous ceux qui souffrent d’injustice, à tous ceux qui ne se sentent pas respectés, à tous ceux qui ont cru dans d’autres discours que le mien, je veux dire que je serai le président qui combattra les injustices, que je donnerai à chacun sa chance, mais que dans la République que je veux servir, il ne peut pas y avoir de droits sans la contrepartie des devoirs.

Chacun aura sa chance, mais cette chance, il faudra qu’il la mérite par son travail, par son engagement personnel, par ce dans quoi il croit. Je veux dire que pour moi, chaque Français doit être respecté, chacun doit retrouver la dignité de lui-même.

Mes chers amis, ensemble nous allons écrire une nouvelle page de l’histoire de notre pays. Oh, je sais bien les responsabilités immenses qui pèsent sur mes épaules. Je veux, de cette place de la Concorde, qui a célébré tant de moments de l’histoire de notre pays, vous dire une chose, la dire à chacune et à chacun d’entre vous : je ne vous trahirai pas, je ne vous mentirai pas, je ne vous décevrai pas !

Je vous ai promis le plein emploi, je vais me battre pour le plein emploi ! J’ai dit que le pouvoir d’achat était un grave problème, je me battrai pour le pouvoir d’achat ! J’ai dit que l’identité de la France, l’engagement culturel au service de l’histoire et de la culture de notre pays, étaient des priorités, elles le seront ! Je veux faire du combat pour la défense de notre planète une des priorités de la France. Je veux que partout dans le monde, les opprimés, les femmes martyrisées, les enfants emprisonnés ou condamnés au travail sachent qu’il y a un pays dans le monde qui sera généreux pour tous les persécutés, c’est la France !

Mes chers amis, je ne veux qu’une seule chose, je veux que vous soyez fiers de votre pays, de son histoire ! On n’a qu’un pays, le sien, on doit l’aimer et on doit le servir. Et je voudrais terminer par là : pour moi, c’est un grand bonheur, une grande émotion, mais vous savez, la France m’a tout donné ! Et bien il est venu pour moi le temps, aujourd’hui, de tout lui rendre !"

Nicolas Sarkozy, Paris, place de la Concorde, le 06 mai 2007 vers 23h00.


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7 mai 2007 1 07 /05 /mai /2007 13:57
(Dépêches)


François Fillon en route vers Matignon

Le sénateur de la Sarthe devrait être nommé premier ministre la semaine prochaine.

Le match des premiers ministrables n’aura pas lieu. Si Nicolas Sarkozy s’est bien gardé tout au long de sa campagne d’évoquer le sujet, voire de donner le moindre signe susceptible d’être interprété dans un sens ou dans un autre, c’est parce que la question est dans son esprit tranchée. Initialement, le candidat avait envisagé d’annoncer le nom de son premier ministre ainsi que ceux des principaux ministres avec qui il comptait gouverner avant même d’entrer à l’Élysée. Sous la pression de Claude Guéant et de ses amis, il y a finalement renoncé. «Cela aurait pu créer des tensions et démobilisé certains», explique un membre de l’équipe.

Nicolas Sarkozy s’est donc tu. Il a laissé dire. Laissé faire les «petits jeux politiques» qu’il connaît trop bien. La course à Matignon, il l’a «courue» et «perdue» en 2002. L’ex-ministre de l’Intérieur a donc observé en silence le match des «premiers ministrables ». À vrai dire, un pseudo-match.
Favori au début de la campagne, François Fillon en sort renforcé et «pas très inquiet», dit-il, pour la suite. Présent tous les jours au QG de la rue d’Enghien, le conseiller politique du candidat UMP a fait un sans-faute ou presque. Sa collaboration avec Claude Guéant s’est bien déroulée. Entre ces deux personnalités plutôt calmes, le courant est bien passé. Un moment cité parmi les « premiers ministrables », Claude Guéant a lui-même coupé court à cette rumeur. Le 18 avril, sur le plateau de la chaîne de télévision Public-Sénat , l’ancien préfet évoque lui-même sa nomination au poste de secrétaire général de l’Élysée. Il ne sera, bien sûr, pas démenti.

Dans la majorité, la désignation de François Fillon ne fait guère de doute. Brice Hortefeux lui donne déjà du «Monsieur le premier ministre». «François Fillon a trouvé le bon mode de fonctionnement avec Nicolas», constate le ministre délégué aux Collectivités territoriales et ami de trente ans du président de la République élu. Fillon, lui-même, s’amuse des nombreuses sollicitations dont il fait l’objet de la part des députés. «C’est vrai que je sers beaucoup de café en ce moment», sourit-il.

Cela fait deux ans que Sarkozy et Fillon ont décidé de préparer ensemble la campagne présidentielle et le programme législatif dont il est le principal artisan. En rupture de ban avec Jacques Chirac après sa brutale éviction du gouvernement en 2005, le sénateur de la Sarthe a combattu pied à pied avec les chiraquiens pendant deux ans, s’imposant ainsi comme le véritable numéro deux de l’UMP.

Avec la victoire et la validation de la stratégie de campagne de Sarkozy, sa nomination à Matignon semble presque naturelle tant il connaît le programme et les intentions du prochain chef de l’État. La mise en route de ce nouveau tandem à la tête de l’exécutif en sera d’autant plus rapide. Dans l’esprit de Fillon, ce ne semble, en tout cas, pas faire de doute.

Les déclarations de Michèle Alliot-Marie avant le week-end sur France Info, se voyant bien à Matignon, l’ont laissé totalement de marbre. Sarkozy a pourtant pris garde de ménager le ministre de la Défense jusqu’à son élection. Elle a partici pé à tous les week-ends de travail (Baux-de-Provence, Porto-Vecchio) et aux réunions importantes autour du candidat. Mais de là à la nommer… Ses chances semblent, en réalité, minces, voire nulles.

Tout comme celles de Jean-Louis Borloo, le très populaire ministre de la Cohésion sociale. En retrait pendant plusieurs semaines, il a posé ses conditions pour rallier Sarkozy. Mais celui-ci a refusé, dit-il, de négocier quoique ce soit. Conscient du poids de cet allié face à la montée de François Bayrou, Nicolas Sarkozy a toutefois très largement valorisé la «carte» Borloo. Il a effectué deux déplacements avec lui dont un dans son fief de Valenciennes. Même l’hypothèse Xavier Bertrand, un moment avancée par Jean-Pierre Raffarin, ne tiendra pas la route. En réalité, les jeux sont faits depuis longtemps. Car Sarkozy, qui a horreur de l’im­provisation, a déjà tout prévu...

Benjamin de l’Assemblée nationale en 1981, ancien premier lieutenant de Philippe Séguin, numéro trois du gouvernement Raffarin, « père » de la réforme des retraites, François Fillon devrait donc devenir, à 53 ans, le dix-neuvième premier ministre de la Ve République.

Bruno Jeudy (Le Figaro), le 06 mai 2007, 18h45



Borloo et Fillon favoris des Français pour Matignon

PARIS (Reuters) - Jean-Louis Borloo et François Fillon sont les favoris des Français pour occuper la fonction de Premier ministre, selon plusieurs sondages publiés après l'annonce de la victoire de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle.

Le ministre de l'Emploi arrive toutefois en tête devant le conseiller politique de Nicolas Sarkozy.

Son nom est cité par 34% des personnes interrogées dans un sondage BVA/Orange pour la presse quotidienne régionale. François Fillon est mentionné par 25% d'entre elles, Michèle Alliot-Marie arrivant en troisième position (15%).

Le ministre de l'Emploi arrive aussi en tête dans un sondage Ipsos/Dell pour France 2-Europe 1-20 Minutes et Le Point avec 38% des personnes interrogées contre 17% pour François Fillon, comme pour Michèle Alliot-Marie.

Le même classement ressort d'une enquête CSA/Cisco pour France 3-France Info-France Inter et Le Parisien, avec 44% des personnes qui souhaitent voir Jean-Louis Borloo nommé à Matignon contre 33% pour François Fillon et 25% pour la ministre de la Défense. Dans cette enquête réalisée auprès de 1030 personnes, l'ancien Premier ministre Alain Juppé est cité par une personne sur cinq et le porte-parole de Nicolas Sarkozy pendant la campagne, Xavier Bertrand, par 12% des sondés.

Jean-Louis Borloo bénéficie en particulier d'une meilleure image auprès des sympathisants de gauche, 39% d'entre eux citant son nom contre 13% pour François Fillon et 12% pour la ministre de la Défense, selon BVA. Son score est de 32% pour les sympathisants d'extrême gauche et de 46% pour ceux de la gauche parlementaire, selon Ipsos/Dell.

La victoire du président de l'UMP suscite par ailleurs une adhésion qui va au-delà de son résultat de second tour, 56% des 820 personnes interrogées par BVA se déclarant satisfaites de son élection.

VOTE BAYROU : DES REPORTS DE VOIX EQUILIBRES

Le sondage Ipsos/Dell réalisé auprès de 3.609 personnes montre par ailleurs que 40% des électeurs s'étant prononcés pour le candidat centriste François Bayrou au premier tour se sont reportés au second sur Nicolas Sarkozy qui a aussi bénéficié d'un taux de report de 63% dans l'électorat de Jean-Marie Le Pen.

Alors que le président du Front national avait appelé ses partisans à s'abstenir, 20% d'entre eux auraient suivi cette consigne, selon ce sondage, 12% se reportant sur Ségolène Royal et 5% votant blanc ou nul.

La candidate socialiste a réuni sur son nom 38% des électeurs de premier tour de François Bayrou, qui se sont abstenus pour 15% d'entre eux et ont voté blanc ou nul à hauteur de 7%.

Ségolène Royal a bénéficié à hauteur de 72% des reports de la gauche "non socialiste" dont 8% des électeurs du premier tour se sont portés sur Nicolas Sarkozy.

La forte mobilisation au second tour a plutôt bénéficié à la candidate socialiste, 21% des abstentionnistes du premier tour s'étant prononcés pour elle contre 15% pour Nicolas Sarkozy. Près des deux tiers d'entre eux (64%) se sont toutefois à nouveau abstenus.

Selon l'enquête CSA/Cisco, 58% des électeurs de Jean-Marie Le Pen au premier tour se sont reportés sur Nicolas Sarkozy au second, 24% s'abstenant et 18% votant pour Ségolène Royal.

Les électeurs de François Bayrou se sont portés à hauteur de 47% sur Nicolas Sarkozy contre 45% pour Ségolène Royal, 8% s'abstenant.

La candidate socialiste a bénéficié d'un report à hauteur de 75% des voix d'Olivier Besancenot alors que le candidat de la Ligue communiste révolutionnaire était arrivé en tête des "petits" candidats au premier tour avec un plus de 4% des suffrages. Plus d'un électeur sur cinq d'Olivier Besancenot (19%) s'est abstenu, 6% d'entre eux se prononçant pour Nicolas Sarkozy.

Lundi 7 mai 2007, 8h06



Les 22 qui comptent

Du premier cercle des collaborateurs à Cécilia, en passant par les poids lourds de la droite, tous occupent une place de choix sur l'échiquier Sarkozy. Et devraient jouer un rôle clef dans les mois à venir.

Le gardien du temple

Il connaissait mal Nicolas Sarkozy il y a à peine cinq ans, il est aujourd'hui celui auquel le nouveau président accorde le plus sa confiance. Ainsi l'histoire s'est-elle accélérée pour Claude Guéant (62 ans). En 2002, quand le ministre de l'Intérieur le sollicita pour qu'il devînt son directeur de cabinet, il demanda une nuit de réflexion. A l'été 2006, lorsque le candidat lui annonça qu'il dirigerait sa campagne, Guéant répondit oui immédiatement. Cet ancien préfet, directeur général de la police nationale (DGPN) entre 1994 et 1998, a pris goût à sa nouvelle vie. Longtemps, les palais de la République l'ont abrité. En janvier, il a dû chercher un logement. Longtemps, il ordonnait, les autres exécutaient. Désormais le premier des collaborateurs de Nicolas Sarkozy, promis au poste de secrétaire général de l'Elysée, il a subi, comme les autres, les emportements de son patron. Y compris pendant cette campagne.

Bienvenue au club.

Ce serviteur de l'Etat au tempérament placide avouait trouver quelque peu «vertigineuse» la tâche qui sera la sienne: «En discutant avec de multiples catégories de Français, j'ai mesuré le conservatisme ambiant. Même en volume, le travail qui nous attend est considérable. Et quand on connaît le système d'exécution dans notre pays, où il faut un an avant l'application d'un décret, on ne doute pas des difficultés à venir.»

L'ami

Au départ, il y a trente et un ans, le schéma était simple: ils étaient deux contre le monde entier. «Tu te souviens de la première petite permanence?» a demandé, à la fin d'avril, Brice Hortefeux (48 ans jusqu'au 11 mai!) à Nicolas Sarkozy. La mairie de Neuilly, les premières responsabilités au RPR, le gouvernement: il le suivait comme son ombre. Quand la terre se déroba sous les pieds du ministre d'Etat, parce que Cécilia s'en était allée, lui n'avait pas bougé. «La seule chose que je sache bien faire, c'est choisir mes collaborateurs, confiait Sarkozy un jour de tourmente. Brice, c'est mon frère. Je sais que, quand il est là, il peut m'arriver moins de choses. C'est la plus belle histoire d'amitié de la vie politique française.»

Et puis la campagne commença. Dès l'automne 2006, le candidat se mit à le rabrouer, lui expliquant que l'ancienneté dans les relations n'apporterait aucun avantage. Il ne voulait pas être prisonnier des siens. C'était déjà beaucoup pour Hortefeux, ce n'était encore rien: Sarkozy s'emporta plus tard avec violence contre le moment choisi par le ministre délégué aux Collectivités territoriales pour proposer l'introduction d'une dose de proportionnelle lors de l'élection des parlementaires. Juste avant l'état de grâce pour le président, le temps de la disgrâce pour son ami? Au lendemain du premier tour, dès 7 heures et quart, c'est encore lui que le futur président appelle. Il a souvent laissé entendre à Hortefeux que le ministère de l'Intérieur lui reviendrait. Le doute s'est installé. «Chacun de ses engagements, petit ou grand, chacune de ses promesses, personnelle ou publique, ont été tenus parce que, pour lui, dans sa morale intérieure, toute promesse affichée doit être un engagement tenu», a cru bon de rappeler, le 28 avril, sur ses terres de Clermont-Ferrand, Brice Hortefeux, en présence du candidat. Parole d'ami.

Le clan

Ceux-là ont pris l'habitude de tout donner, et d'abord leur temps, à Nicolas Sarkozy. Mais la campagne a mis à rude épreuve la solidité de cette équipe de conseillers, sur laquelle plane l'ombre de l'épouse du nouveau chef de l'Etat, soupçonnée d'en écarter certains pour en favoriser d'autres. Piliers du Sarkozy ministre et président de l'UMP, Laurent Solly (37 ans) et Frédéric Lefebvre (43 ans), aux profils si différents - le premier, préfet hors cadre, sait garder un secret, le second, élu dans les Hauts-de-Seine depuis 1989, aime la manœuvre politique - ont connu une campagne difficile. Solly se demande s'il va poursuivre l'aventure, Lefebvre a été privé de badge pour la soirée électorale du premier tour, au QG.

L'Elysée ? Elle aurait aimé se lancer dans la bataille. Matignon ? Elle a pensé son heure venue, après la victoire du non au référendum sur la Constitution européenne de 2005. Michèle Alliot-Marie (60 ans) est une femme d'ambition, qui soulignait encore, le 4 mai, que sa carrière la «préparait» à diriger le gouvernement. Petit hic: «Elle a aujourd'hui autant envie de devenir Premier ministre que Sarkozy n'a pas envie qu'elle le devienne!» dit en souriant un dirigeant de l'UMP. Certains suggèrent qu'elle aille au Quai d'Orsay, mais elle se retrouverait au cœur du «domaine réservé».

Le nom d'Alain Juppé (61 ans) a aussi circulé, mais sa nomination au ministère des Affaires étrangères constituerait un remake. Le maire de Bordeaux est tenté par la présidence de l'Assemblée nationale, une fonction qui lui permettrait de préserver sa vie familiale: il a beaucoup réfléchi à la manière de revaloriser le travail parlementaire et semble de plus en plus favorable à la fin du cumul de fonctions nationale et locale. Mais le président élu ne cachait pas sa préférence de le voir entrer au gouvernement, par exemple à la tête de ce nouveau ministère du Développement durable et de l'Ecologie.S'il était sûr que la présidence du Sénat ne lui échappe pas, Jean-Pierre Raffarin (58 ans) se consacrerait sans doute prioritairement à cet objectif. Mais il voudrait aussi que l'UMP ne se transforme pas en un RPR bis, comme à la fin du quinquennat de Jacques Chirac - les anciens centristes ou libéraux ont alors perdu toute responsabilité d'envergure. Il estime que les cultures et les tempéraments appellent la diversité au sein du grand parti et ne refuserait pas de mener bataille, en duo avec un ex-RPR, pour la présidence de l'UMP. Problème: Nicolas Sarkozy privilégie l'hypothèse de ne pas avoir de successeur, seulement un secrétaire général.

Les pièces rapportées

Il a autant cru en Jacques Chirac en 1995 qu'il croit aujourd'hui en Nicolas Sarkozy. Henri Guaino (50 ans) est comme ça, capable d'oublier les déceptions d'hier si on lui fait revivre ses passions intellectuelles, au premier rang desquelles figure la République. La vraie, la grande, celle des valeurs et de l'Histoire. Le tournant décisif dans la rhétorique du candidat, c'est lui: tout a changé un jour de mai 2006, à Nîmes, où le futur président a parlé, comme jamais il ne l'avait fait auparavant, de son rapport à la France. Si «la plume» a pu énerver l'entourage en se montrant bavarde pour deux, elle peut désormais penser à juste titre que le Sarkozy d'aujourd'hui, souvent si infidèle à celui du passé, lui doit une part de sa victoire.

Au dernier jour de la campagne, Xavier Bertrand (42 ans) pourrait presque faire figure de sarkozyste historique, tant il a été présent auprès du candidat. «Son physique m'intéresse», avait décrété le président de l'UMP. L'ex-ministre de la Santé n'a pas seulement misé là-dessus pour donner un sacré coup d'accélérateur à une carrière qui progressait déjà à grande vitesse - il a été élu député pour la première fois il y a seulement cinq ans.

Lui n'a jamais connu le suffrage universel: Arno Klarsfeld (41 ans) est avocat et historien. Mais il a pris goût à la campagne, arrivant souvent le premier au QG pour la réunion du matin. «Même si je ne comprends pas toujours tout, il m'envoie quatre idées par jour, me laissant des messages ou des SMS pendant qu'il est en train de courir!» raconte François Fillon. Exemple: il suggère le transfert au Panthéon de la dépouille de Toussaint Louverture, héros haïtien de l'abolition de l'esclavage.

Madame

Du rouge Place Beauvau. Le premier quinquennat de la Ve République, elle l'avait entamé par une première: le 8 mai 2002, Daniel Vaillant quittait le ministère de l'Intérieur, remplacé par Nicolas… et Cécilia Sarkozy, arrivés ensemble à la cérémonie de passation des pouvoirs, elle vêtue d'un tailleur rouge - «C'est vrai que je ne suis pas passée inaperçue», avouera-t-elle. Couple, duo, tandem: l'ascension de l'un n'allait pas sans l'exposition de l'autre. La campagne présidentielle aura été le contraire de cette séquence-là: l'épouse du candidat fut d'une totale discrétion - mais personne ne conteste qu'elle a été influente. Elle est simplement devenue, depuis les quelques mois de séparation de l'année 2005, un sujet tabou. Les conseillers ne parlent d'elle que sous couvert d'anonymat, convaincus qu'ils risquent d'être privés d'un poste si un mot lui déplaît. Elle est maintenant la première dame de France. En 2005, elle confiait à Télé Star: «Je ne me vois pas en First Lady. Cela me rase. Je ne suis pas politiquement correcte: je me balade en jean, en treillis ou en santiags. Je ne rentre pas dans le moule.» -

Chargé des relations avec la presse, Franck Louvrier (38 ans) a suivi Nicolas Sarkozy dans sa traversée du désert, en l'occurrence son refuge de Neuilly-sur-Seine, après la débâcle des européennes de 1999. A Beauvau puis à Bercy, il dut ensuite gérer l'explosion médiatique de son ministre, avant de l'accompagner dans son aventure électorale. Pendant ce temps, Jérôme Peyrat (44 ans), véritable mécano du parti, tentait de corriger les dysfonctionnements entre le QG et le siège de l'UMP. Ils furent tous deux très présents pendant la campagne, de même que David Martinon (36 ans), ex-conseiller diplomatique du ministre, promu chef de cabinet du candidat.

L'une et l'autre ont beaucoup contribué à alimenter le logiciel Sarkozy. Emmanuelle Mignon (39 ans), major de l'ENA, n'a cessé de réunir des experts et de rédiger des notes. Avec sa double casquette de directrice des études de l'UMP et de conseillère auprès du ministre, chargée des discours. De son côté, Rachida Dati (41 ans), magistrate, a été propulsée, après près de cinq ans passés au cabinet du ministre, porte-parole. «Quelqu'un comme moi brouille la lecture de l'élite, pas de la France de base», relève-t-elle. A ceux qui la croient destinée à un portefeuille gouvernemental autour des questions d'intégration, elle répond: «Ils n'ont rien compris au fonctionnement de Sarkozy.»Des relations avec tout ce que Paris compte comme people et journalistes: Pierre Charon (56 ans), conseiller de Paris, est un homme convivial. Mais il peut faire passer des messages qui le sont moins…

Les compagnons de route

Ils connaissent le président depuis des décennies. Patrick Devedjian (62 ans), qui voudrait succéder à Nicolas Sarkozy à la présidence du conseil général des Hauts-de-Seine, a également rencontré, ces derniers mois, tout ce que le monde judiciaire compte de professions. Mais ne soulevez pas devant lui le problème d'un éventuel cumul entre un exécutif local et un portefeuille ministériel: il cite l'exemple d'un homme qui a si bien réussi à assumer ces deux responsabilités… qu'il en est devenu, le 6 mai, chef de l'Etat!Devedjian est lettré, lui est sportif: Christian Estrosi (51 ans) a longtemps eu le complexe de l'Azuréen dont on se moque à Paris. Il espère venu le temps de la revanche et ne manque pas d'ambitions: un poste au gouvernement ou la présidence du groupe UMP à l'Assemblée et, peut-être, la mairie de Nice l'an prochain.

A 55 ans, Roger Karoutchi voudrait enfin connaître les joies de la vie ministérielle. Son amitié avec le chef de l'Etat est ancienne et solide, pas même troublée par son passé séguiniste.
Les poids lourds

Depuis le début de l'année, Nicolas Sarkozy s'est fait très discret sur ses intentions. Dans un avion, lors d'un déplacement pour un meeting, il a taquiné François Fillon: «Lorsque tu seras secrétaire d'Etat à l'Agriculture…» Le sénateur de la Sarthe (53 ans), qui n'appartient pas au cercle des sarkozystes de toujours - il était même présenté par les proches de Jacques Chirac comme un recours possible durant la première moitié du second mandat - fait figure de grand favori pour Matignon. Il remplacerait alors celui qui l'a chassé du gouvernement en 2005, Dominique de Villepin. Avec une idée en tête: n'imiter ni son prédécesseur ni Jean-Pierre Raffarin. «Nous avons géré avec prudence là où nous aurions dû gouverner avec énergie», assenait-il pendant la campagne.

Déjà, durant la présidence de Jacques Chirac, Jean-Louis Borloo (56 ans) a rêvé de Matignon. Il n'a jamais été appelé. Cette fois encore, le poste de Premier ministre devrait lui échapper, sauf énorme surprise de dernière minute, et c'est à Bercy qu'il pourrait atterrir. Il souhaite néanmoins ne pas se retrouver à la tête d'un ministère amputé, alors que le candidat a promis de distinguer le portefeuille de la Stratégie économique de celui des Comptes.

Eric Mandonnet (L'Express), le 06 mai 2007.





Quel gouvernement ?

Avec qui gouvernera le ou la prochain(e)Président(e) ? Aucun des deux candidats n'a été très loquace sur ce point, mais on peut, d'ores et déjà, dresser un liste de personnalités qui devraient faire partie de l'équipe qui dirigera le pays, en fonction du choix des électeurs aujourd'hui.

Si c'est lui

Un gouvernement réduit (un Premier ministre, 15 ministres de plein exercice) dans lequel la parité sera respectée. Pas de ministres délégués. Une dizaine de secrétaires d'Etat. L'architecture du futur gouvernement de Nicolas Sarkozy est presque arrêtée. Si le nom de François Fillon revient avec insistance pour Matignon, le choix de ceux qui formeront cette équipe restreinte fera l'objet d'arbitrages jusqu'à la "dernière minute", prévient l'entourage de Nicolas Sarkozy qui a enjoint les "nominés" au silence complet. Le conditionnel est donc de rigueur. "Laissons les Français voter. Après il sera bien temps..."

Nicolas Sarkozy, qui sera un président "à la manoeuvre" et "en première ligne", viendra régulièrement (chaque année ?) faire un bilan d'étape devant le Parlement et tiendra des conférences de presse régulières (une fois par trimestre ?). Il a déjà beaucoup réfléchi à la composition de sa "dream team" : Brice Hortefeux, Alain Juppé, Jean-Louis Borloo, Michèle Alliot-Marie, Patrick Devedjian, Xavier Bertrand, Xavier Darcos mais aussi Valérie Pecresse, Rachida Dati, Nathalie Kosciusko-Morizet, Laurent Wauquiez font partie des valeurs sûres, même si, aux dernières nouvelles, seules des personnalités "aguerries" et "confirmées" devraient être nommées ministres tandis que les espoirs les plus prometteurs pourraient être secrétaires d'Etat.

Parce qu'il garde un souvenir amer de 1995 et de la mise à l'écart que lui avait valu son soutien à Edouard Balladur, Nicolas Sarkozy s'est engagé à ouvrir largement le gouvernement à l'UDF (Christian Blanc ? Hervé Morin ? Maurice Leroy ?) comme à quelques personnalités de gauche. "Je vous promets la réconciliation", a-t-il plusieurs fois répété en petit comité. Des surprises sont à attendre au titre de la société civile. Ces derniers jours, les noms d'Anne Lauvergeon (Areva) et de Nicole Notat circulaient, tout comme celui de Philippe Séguin, l'actuel président de la cour des Comptes (dont François Fillon a longtemps été proche). Celui d'Eric Besson également, plus que Claude Allègre malgré le passage -qu'il aurait sans doute souhaité plus discret- de l'ancien ministre du gouvernement Jospin au QG de la rue d'Enghien vendredi après-midi.

Si c'est elle

La nécessité de séduire le centre a obligé Ségolène Royal à laisser planer l'idée qu'elle pourrait appeler François Bayrou à Matignon ! Une idée qu'elle avouait toutefois "peu probable". Mais cette main tendue aux centristes pourrait, nous dit-on, ramener deux femmes centristes - d'une pierre deux coups - à des postes ministériels : Marielle de Sarnez, directrice de la campagne UDF, et Corinne Lepage, l'ancienne ministre de l'Ecologie et avocate réputée en ce domaine ralliée à François Bayrou. DSK, "talentueux et imaginatif", pourrait être un "très bon Premier ministre... si tel est mon choix", a dit la candidate.

Mais ce choix serait peu conforme au rôle qu'elle veut assigner à son Premier ministre, à savoir "appliquer le pacte présidentiel". La Présidente se voudra seul chef de l'exécutif, le Premier ministre étant un super exécutant. C'est elle qui, au Conseil des ministres, demandera des comptes à ses ministres sur leur action de la semaine. Elle se rendra elle-même devant le Parlement - ce que la Constitution interdit aujourd'hui - au détriment de l'aura du Premier ministre qui pourrait être Jean-Marc Ayrault, excellent député-maire de Nantes.

Jean-Louis Bianco retrouverait plutôt le secrétariat général de l'Elysée. L'équipe Royal, dont François Hollande ne fera pas partie, mêlera hommes et femmes d'expérience, tels Jack Lang (au Quai d'Orsay) et Jean-Pierre Chevènement (Défense), Jean-Jack Queyranne (Culture), Michel Sapin, Elisabeth Guigou, Christiane Taubira et Dominique Voynet. Des talents socialistes confirmés ou des proches tels François Rebsamen (Intérieur), Jean-Marie Le Guen (Santé), Arnaud Montebourg, Jean-Pierre Mignard ou André Vallini (Justice), Vincent Peillon, Bruno Le Roux, Julien Dray, Claude Bartolone. Des talents plus récents comme l'économiste Thomas Piketty, Malek Boutih, David Assouline, Benoît Hamon, Delphine Batho, "l'héritière" de la circonscription de Melle, Aurélie Filippetti, transfuge des Verts, Hélène Mandroux, maire de Montpellier, Alain Rousset, président des présidents de région.

Par Virginie LE GUAY et Pascale AMAUDRIC (JDD), le dimanche 06 Mai 2007




Les suites du second tour

Le nouveau président de la République a été élu avec un peu plus de 53% des voix. Sarko devance donc Ségo de deux millions de voix, une victoire très nette et sans discussion.

D’ailleurs, ce matin, pas un commentateur ne se risque à la contester. Sarko élu pour cinq ans, se profile maintenant deux échéances : la formation de son futur gouvernement, resserré à quinze ministres comme il l’a toujours annoncé, avec à sa tête très probablement François Fillon. Celui-ci avait hier soir sur les plateaux de télévision, l’assurance tranquille de l’homme qui sait. A ses côtés, rien n’est encore sûr, mais on devrait retrouver Alliot-Marie, Xavier Bertrand, Juppé peut-être (sauf s’il préside l’Assemblée), Borloo, Hortefeux à moins qu’il aille présider l’UMP, et quelques jeunes comme Rachida Dati, Rama Yade ou Laurent Wauquier… Il y aura donc beaucoup de déçus, même si quelques secrétaires d’Etat seront nommés après les législatives.

Et voici la deuxième échéance à ne pas rater. Sarko veut une majorité pour gouverner, sachant que le plus souvent sous la Ve République, le président nouvellement élu en bénéficie. Mais Bayrou va jouer son va-tout : soit il arrive à faire exister son Mouvement démocrate, soit il retourne à la case départ avec un parti « croupion ». Mais la plupart des cadres élus de son parti ont rallié la candidature de Sarko, afin de préserver leurs chances d’élection pour les législatives… Et certains pourraient même rejoindre le gouvernement, comme Maurice Leroy… Ce n’est donc pas gagner pour Bayrou qui veut se voir en « contre-pouvoir ».

A gauche, on l’a vu dès hier soir, cela pourrait tourner à la foire d’empoigne au PS. Strauss-Kahn a sonné la charge, Fabius également, mettant tous les deux en cause Hollande en premier lieu, coupable de ne pas avoir engagé la rénovation du parti. Mais Ségo va se dresser sur leurs routes, car elle a bien l’intention d’incarner l’opposition et de mener le PS au combat pour les législatives, avant de revenir, peut-être, en 2012… La bataille interne risque cependant de peser sur la mobilisation des électeurs de gauche pour les législatives. Les semaines qui viennent s’annoncent donc toujours aussi passionnantes.

Dominique ARTUS, le 07 mai 2007, 12:14





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7 mai 2007 1 07 /05 /mai /2007 13:56
(Dépêches)


Sarkozy : le rêve d'une vie

PARIS (AP) - Les Français offrent une large victoire à Nicolas Sarkozy. Le candidat de l'UMP a été élu dimanche à l'Elysée pour un mandat de cinq ans avec le score sans appel de 53,16% des voix, selon les résultats officiels du ministère de l'Intérieur portant sur 95,83% des inscrits.

Nicolas Sarkozy devra cependant transformer l'essai lors des élections législatives des 10 et 17 juin, où la gauche tentera de prendre sa revanche. Vaincue avec 46,84% des suffrages, son adversaire socialiste Ségolène Royal s'est positionnée dès dimanche soir en leader de l'opposition.

"Le peuple français a choisi le changement. Ce changement, je le mettrai en oeuvre", a promis M. Sarkozy dans sa première déclaration de président-élu, prononcée peu après 20h30 devant ses partisans réunis salle Gaveau.

Dans un appel au rassemblement, le nouveau chef de l'Etat a promis d'être "le président de tous les Français". "Ce soir, c'est la victoire de la France", a-t-il lancé à 23h à ses supporters qui faisaient la fête place de la Concorde. Il est venu à leur rencontre en compagnie de son épouse Cécilia, de François Fillon, favori pour le poste de Premier ministre, et des principaux responsables de sa campagne.

Ayant une pensée pour tous ceux qui n'ont pas voté pour lui, Nicolas Sarkozy a exprimé son "respect" pour Ségolène Royal, qu'il avait jointe auparavant au téléphone.

La candidate socialiste avait réagi dès l'annonce du verdict devant ses partisans réunis à la Maison de l'Amérique latine à Paris. "Quelque chose s'est levé qui ne s'arrêtera pas", a-t-elle lancé aux militants qui criaient "merci Ségolène". Forte de "près de 17 millions" de voix, elle s'est positionnée implicitement en nouveau leader de la gauche: "ce que nous avons commencé ensemble, nous allons le continuer ensemble".

Avec un peu plus de 53% des voix, Nicolas Sarkozy a confirmé ses 31,18% du premier tour, qui l'avaient placé en situation de grand favori. Le candidat de l'UMP fait mieux que les 52,6% de Jacques Chirac en 1995, et que les 51,8% de François Mitterrand en 1981. Son score est inférieur à ceux de Charles de Gaulle en 1965 et François Mitterrand en 1988.

Sa victoire couronne de succès une stratégie de "rupture" avec l'ère Chirac qui a consisté à décomplexer une droite française dominée idéologiquement par la gauche depuis plus d'un demi-siècle. Certains à droite, comme M. Fillon, comparaient sa victoire à celle de François Mitterrand en 1981.

La première priorité de Nicolas Sarkozy sera de confirmer cette victoire aux élections législatives des 10 et 17 juin. Alain Juppé s'est dit "convaincu" que que "les Français auront à coeur de donner au président de la République qu'ils viennent d'élire une majorité pour gouverner".

A gauche, on avait aussi la tête tournée vers les législatives. Le Premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande a appelé l'ensemble de la gauche à "se rassembler" pour cette échéance.

Mais la défaite ouvre aussi une nouvelle époque pour la gauche, qui échoue pour la troisième fois consécutive à la présidentielle. D'ores et déjà, Dominique Strauss-Kahn s'est dit dimanche soir "disponible" pour mettre en oeuvre la "rénovation sociale-démocrate" au Parti socialiste.

Ces élections législatives seront aussi décisives pour le nouveau Mouvement démocrate de François Bayrou. "Celui qui a gagné et ceux qui n'ont pas gagné (...) sont coresponsables de l'avenir du pays", a rappelé le président de l'UDF.

Dernier enseignement: les Français se sont déplacés en masse pour désigner leur nouveau président. Quelque 85% des électeurs inscrits ont voté, soit une participation supérieure au premier tour, selon les estimations des différents instituts de sondage.

Ce civisme représente un pied de nez au président du Front national Jean-Marie Le Pen, qui avait appelé ses électeurs du premier tour à "l'abstention massive". Les Français ont "voté contre une nouvelle catastrophe socialiste", a-t-il estimé dimanche soir.

Celui qui va devenir sixième président de la Ve République a reçu dès dimanche soir les félicitations de Jacques Chirac et de ses homologues étrangers, à commencer par George W. Bush. M. Chirac, qui transmettra le 16 mai ses pouvoirs à son successeur, a "formé des voeux pour la réussite de sa mission au service des Françaises et des Français".

Dimanche 6 mai 2007, 23h43


Sarkozy prendra ses fonctions d'ici le 16 mai

PARIS (AP) - Et maintenant ? Elu dimanche président de la République, Nicolas Sarkozy prendra ses fonctions d'ici le 16 mai, date de l'expiration du mandat de Jacques Chirac.

Le quinquennat du président sortant s'achève officiellement le 16 mai à minuit. Mais la passation de pouvoir peut avoir lieu plus tôt, s'il y a un accord sur la date entre le chef de l'Etat et son successeur.

Avant son élection, Nicolas Sarkozy a déclaré à plusieurs reprises qu'il souhaitait que la passation intervienne le 16 mai. "Un républicain digne de ce nom doit respecter ces délais scrupuleusement. Je trouve, par ailleurs, très utile que le président élu ait une dizaine de jours pour habiter la fonction, prendre la mesure de la gravité des charges qui pèsent désormais sur ses épaules, se reposer après le fracas de la campagne et pour prendre la distance nécessaire pour devenir l'homme ou la femme de la Nation. Je mettrai à profit, si les Français me font confiance, cette dizaine de jours pour cela", expliquait-il vendredi dans un entretien au quotidien "Le Parisien".

Nicolas Sarkozy entend faire une "retraite" de quelques jours pour se reposer et "habiter" sa fonction. Le lieu de cette retraite n'a pas été précisé.

Il a d'ores et déjà fait savoir qu'il n'assisterait pas mardi aux cérémonies du 8 mai, contrairement à ce qu'avait fait Jacques Chirac tout juste élu en 1995.

Une fois en fonction, tout ira en revanche très vite. Nicolas Sarkozy devrait nommer immédiatement son Premier ministtre -François Fillon tient toujours la corde- et son gouvernement limité à 15 ministres.

Ce gouvernement sera chargé de rédiger les projets de loi qui seront soumis en juillet au Parlement réuni en session extraordinaire: défiscalisation des heures supplémentaires, suppression des droits de succession pour les patrimoines petits et moyens, déduction des intérêts du revenu imposable sur l'achat de logements, durcissement des règles du regroupement familial, mise en place de peines plancher pour les multirécidivistes.

Nicolas Sarkozy a par ailleurs précisé qu'il proposerait dès le premier jour aux partenaires sociaux de tenir quatre "sommets" en septembre sur l'égalité salariale hommes-femmes, le contrat de travail unique, l'amélioration des conditions de travail et enfin la démocratie sociale. Le deuxième jour, il préparera pour septembre un "Grenelle de l'environnement" avec les ONG, les industriels et les partenaires sociaux.

Une des premières priorités du nouveau président sera de sortir l'Europe de la crise dans laquelle elle est plongée depuis le "non" français au référendum du 29 mai 2005. Nicolas Sarkozy a annoncé un voyage dès la première semaine à Berlin et Bruxelles pour préparer le conseil européen des 21 et 22 juin.

Mais le président élu aura une préoccupation immédiate: remporter les élections législatives des 10 et 17 juin. "Je m'engagerai pour demander aux Français une majorité pour mettre en oeuvre le programme établi", a-t-il prévenu.

Cette majorité serait constituée en trois pôles: un pôle UMP, un pôle centriste réunissant les UDF ayant lâché François Bayrou et un pôle de gauche réunissant des personnalités issues de la gauche et qui "croient au mouvement".

Dimanche 6 mai 2007, 20h08






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6 mai 2007 7 06 /05 /mai /2007 18:34
(Dépêches)


Le nouveau parti de Bayrou prendra le nom de Mouvement démocrate

PARIS (AP) - Le nouveau parti créé par François Bayrou pour les élections législatives prendra le nom de "Mouvement démocrate", a-t-on appris vendredi auprès de l'UDF.

Ce nom a été déposé à l'Institut national de la propriété industrielle (INPI), précise le parti centriste.

Le conseil national de l'UDF doit se réunir la semaine prochaine, vraisemblablement jeudi, pour valider la décision de constituer ce nouveau parti.

Le président de l'UDF a dû renoncer à l'appellation "Parti démocrate" car celui-ci existe déjà. Un parti, aujourd'hui en sommeil, avait été créé sous ce nom en 1981 par d'anciens radicaux de gauche.

Après avoir obtenu 18,57% des voix au premier tour de l'élection présidentielle, François Bayrou a annoncé le 25 avril dernier la création de ce "parti démocrate", qui remplacera l'UDF. Ce "parti central, qui ira loin vers le centre gauche et qui ira aussi vers le centre droit", présentera des candidats dans toutes les circonscriptions aux législatives des 10 et 17 juin.

Le Mouvement démocrate risque cependant de manquer de candidats expérimentés. Plus des deux tiers des 29 députés UDF sortants ont apporté leur soutien à Nicolas Sarkozy pour le second tour de l'élection présidentielle. Ils recevront l'investiture de la majorité présidentielle pour les législatives, a précisé le candidat de l'UMP.

L'UMP devrait présenter des candidats contre ceux de François Bayrou dans l'ensemble des autres circonscriptions, avec l'objectif d'empêcher le leader centriste de constituer un groupe à l'Assemblée. Il faut 20 députés pour former un groupe au Palais-Bourbon.

Plus de 200 élus locaux UDF et centristes ont par ailleurs rejoint l'appel "pour une majorité unie autour de Nicolas Sarkozy" lancé par Gilles de Robien et André Santini, ont annoncé vendredi le ministre UDF de l'Education nationale et le député-maire UDF d'Issy-les-Moulineaux.

Vendredi 4 mai 2007, 17h52




François Bayrou lancera jeudi le "Mouvement démocrate"

PARIS (AFP) - François Bayrou doit lancer jeudi lors d'un Conseil national de l'UDF son nouveau parti, le "Mouvement démocrate", alors que sa décision de ne pas voter Nicolas Sarkozy au second tour de la présidentielle fait des vagues parmi les élus centristes.

Avec ce nouveau parti, M. Bayrou veut tenter de maintenir, en premier lieu pour les législatives de juin, l'élan qui a porté 6,8 millions d'électeurs sur sa candidature au premier tour, lui donnant un score de 18,57% qui montre à ses yeux l'existence d'une "troisième force politique" en France.

"La vie politique française a besoin d'être renouvelée par une démarche politique du 21e siècle, capable de changer profondément l'état d'esprit et les pratiques politiques", a déclaré vendredi le président de l'UDF à l'AFP.

"Des dizaines de milliers de Français ont envie de s'engager dans un tel mouvement et nous allons le construire avec eux", a-t-il ajouté, assurant que "la liberté d'esprit est une attente des citoyens".

Une première manifestation publique du Mouvement démocrate doit être organisée autour du 20 mai.

Ce parti doit présenter aux législatives des candidats dans les 577 circonscriptions, une première fournée de candidats devant être annoncée la semaine prochaine.

"L'objectif est que les Français puissent compter sur des députés libres de leur choix, et assez indépendants pour ne pas être inféodés aux uns ou aux autres", a souligné M. Bayrou.

Fidèle à sa ligne d'autonomie, il n'a pas donné de consigne de vote pour le second tour. Mais ses violentes critiques contre Nicolas Sarkozy, son débat d'entre-deux-tours avec la candidate PS Ségolène Royal et surtout sa décision de ne pas voter pour le candidat UMP le 6 mai ont heurté de nombreux parlementaires UDF, qui ont à l'inverse apporté leur soutien à M. Sarkozy.

Il a "rompu avec l'équilibre souhaitable", a estimé le député européen Jean-Louis Bourlanges.

Dans ces conditions, les députés UDF pourraient hésiter à suivre M. Bayrou dans son nouveau parti. François Sauvadet (Côte-d'Or), porte-parole de l'UDF, a ainsi indiqué vendredi qu'il se situerait "dans la majorité présidentielle" si M. Sarkozy était élu, affirmant qu'une "très large majorité" de députés centristes était "sur la même ligne" que lui.

En annonçant qu'il ne voterait pas Sarkozy, François Bayrou "a franchi une nouvelle étape qui a suscité beaucoup de trouble et d'interrogations" à l'UDF, a ajouté M. Sauvadet, qui n'a "pas l'intention de se situer dans une opposition systématique".

22 députés centristes sur 29 ont annoncé qu'ils voteraient Sarkozy au second tour, nombre d'entre eux pour éviter d'être confrontés à un candidat UMP aux législatives.

Estimant que M. Bayrou est "dans une impasse", M. Sarkozy veut former un "pôle centriste" au sein de sa majorité présidentielle, et son soutien Gilles de Robien a affirmé que "l'UDF existera et se maintiendra" si M. Bayrou "quitte le navire".

L'UDF veut en tout cas couper court à toute tentative de récupération de son sigle. Elle a annoncé vendredi qu'elle engagerait des poursuites judiciaires contre le député Hervé de Charette, qui en 2004 a déposé la marque "Union pour la démocratie française UDF" auprès de l'Institut national de la propriété industrielle (INPI), alors qu'il avait quitté l'UDF pour l'UMP depuis 2002.

Une poignée de députés UDF, dont Anne-Marie Comparini (Rhône) et Jean Lassalle (Pyrénées-Atlantiques), restent soudés autour de M. Bayrou, trois d'entre eux ayant annoncé qu'ils voteraient blanc.

Par Pascale JUILLIARD, le vendredi 4 mai 2007, 17h40



Nicolas Sarkozy juge "assez logique" que François Bayrou refuse de voter pour lui

PARIS (AP) - Nicolas Sarkozy a jugé "assez logique" vendredi matin que François Bayrou ait décidé de ne pas voter pour lui à l'occasion du second tour de l'élection présidentielle dimanche.

"Compte tenu de ce qu'il dit, au fond qui est assez peu aimable sur moi depuis le début de la campagne, c'était assez logique de sa part", a-t-il observé sur Europe-1.

Selon lui, le président de l'UDF "s'est mis dans une impasse". "C'est difficile de dire aux Français 'écoutez, vous ne m'avez pas choisi au deuxième tour, votre choix est très mauvais, les deux que vous avez choisi, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, ne sont pas à la hauteur", a-t-il estimé.

Et de lancer: "C'est quand même rare, une finale de la Coupe du monde, que le troisième reste sur le terrain pour exiger de jouer à la place du premier ou du second, ça ne fait pas très bon joueur".

Il a affirmé que "la totalité des élus de l'UDF (l)'ont rejoint, et c'est tout à fait normal d'ailleurs", estimant que cela tenait "tout à (son) projet. "Ils ont fait campagne, les centristes, sur le thème 'Il faut réduire prioritairement l'endettement', Ségolène Royal propose plus de dépenses et aucune mesure d'économie".

Parmi les 29 députés de l'UDF à l'Assemblée nationale, Anne-Marie Comparini (Rhône) et Gilles Artigues (Loire) ont d'ores et déjà fait savoir qu'ils voteraient blanc dimanche.

Le candidat de l'UMP a plaidé pour que Ségolène Royal "assume". "Elle ne peut pas, un jour, confier une mission à José Bové, l'autre saluer Arlette Laguiller, et le troisième expliquer aux Français qu'elle va gouverner avec François Bayrou".

"Si les Français me font confiance, j'aurais une majorité avec l'UMP, avec le centre et tous les élus et les électeurs du centre auront leur place dans cette majorité, ils s'organiseront comme ils l'entendent", a précisé Nicolas Sarkozy.

Un "pôle de gauche" sera également présent "dans la nouvelle majorité présidentielle" parce que "beaucoup de femmes et d'hommes de gauche" ont "parfaitement compris que moi, je ne suis pas conservateur, je ne suis pas immobile, je ne veux pas m'incliner devant les corporatismes", a-t-il assuré.

En cas d'élection, enfin, il a promis de s'engager "fortement" dans la bataille des législatives. "Si les Français me (font) confiance, il faut que j'ai une majorité, sinon, on ne peut pas mettre en oeuvre ce qu'on a dit", a-t-il conclu.

Vendredi 4 mai 2007, 9h22




Robien et Santini publient une liste de 200 élus locaux UDF pour Sarkozy

PARIS (AFP) - Le ministre UDF Gilles de Robien et le député-maire d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) André Santini ont publié vendredi une liste de 200 élus locaux "UDF et centristes" ayant rejoint leur appel pour "une majorité unie" autour du candidat UMP Nicolas Sarkozy.

MM. de Robien et Santini, qui ont apporté leur soutien à M. Sarkozy avant le premier tour de la présidentielle, avaient lancé cet appel aux élus locaux le 26 avril.

Les signataires, dont la liste peut être consultée sur le site http://lescentristesavecsarkozy.hautetfort.com, s'engagent à "un soutien clair à Nicolas Sarkozy". Ils affirment leur "appartenance, dans le respect de leur identité, à la majorité UDF-UMP-DVD et à la future majorité présidentielle".

Vendredi 4 mai 2007, 19h39




Appel aux élus locaux UDF pour une majorité unie autour de Nicolas Sarkozy

Gilles de Robien, Maire d'Amiens, André Santini, Maire d'Issy-les-Moulineaux, Francis Hillmeyer, Maire de Pfastatt, Daniel Dubois, Président du Conseil général de la Somme, Frédérique Dumas, conseillère régionale d'Ile-de-France, Yves Pozzo di Borgo, conseiller de Paris, Christian Coigné, Maire de Sassenage, Pierre-Christophe Baguet, conseiller général des Hauts-de-Seine, Frédéric Cuillerier, Maire de Saint-Ay, Olivier Jardé, adjoint au Maire de Remiencourt, Claire de Lesquen, conseillère municipale de Neuilly-sur-Seine, Angèle Duponchel, conseillère municipale de Maisons-Laffitte, Hervé Marseille, Maire de Meudon, Alix de La Bretesche, conseillère régionale de Bretagne, lancent un appel aux élus locaux UDF pour former une majorité unie autour de Nicolas Sarkozy.

"Les élus locaux de l'UDF qui travaillent quotidiennement pour les Français avec leurs collègues de l'UMP et DVD dans leur commune, département ou leur région affirment :

- leur soutien clair à Nicolas Sarkozy qui porte le projet d'une France, dans l'Europe, plus forte et plus solidaire,
- leur appartenance, dans le respect de leur identité, à la majorité UDF-UMP-DVD et à la future majorité présidentielle,
- leur volonté de tout mettre en oeuvre pour rassembler les Français autour de la candidature et du projet de Nicolas Sarkozy"

Pour télécharger et signer l'appel, cliquez ici.

Vous pouvez retourner cet appel signé à Gilles de Robien, 81 rue du Bac, 75007 Paris, ou par mail à derobien.gilles@yahoo.fr

Les 200 premiers signataires :

Gilbert Gantier, conseiller de Paris, Philippe Lafay, conseiller de Paris, Réné-François Bernard, conseiller du 7ème arrondissement de Paris, Marie D'Assignies, conseiller du 7ème arrondissement de Paris, André Minos, conseiller du 6ème arrondissement de Paris, Philippe Tellini, conseiller municipal de Boulogne-Billancourt, Tristan Cledat,  adjoint au Maire de Montesson, Francis Daujat, adjoint au Maire de Suresnes, Marie Noëlle Thareau, adjoint au Maire de Montigny le Bretonneux, Ludovic de Villèle, conseiller municipal d'Olivet, Catherine Arnould, conseillère municipale de Sceaux, François Decoster, adjoint au Maire de Saint Omer, Martine Grivot, deuxième adjointe au Maire d'Orleans, Jean-Pierre Gabelle, adjoint au Maire d'Orléans, Jean Claude Kaftanjian, adjoint au Maire d'Orléans, François Couturier, conseiller municipal délégué d'Orléans, Christian Durox, Maire d'Ingre, Gilles Landre de la Saugerie, premier adjoint au Maire de Ligny le Ribault, Hervé Audic, adjoint au Maire de Sceaux, Annick Bocandé, ancien sénateur, conseiller général, maire des Grandes ventes, Pierre Marie-Hébert, conseiller régional de Haute Normandie, Jean-François Bloc, Maire de Quiberville sur Mer, Yvette Pasquier, Maire de Montérolier, Robert Hazard, adjoint au Maire de Mont Saint Aignan, Alain Carion, adjoint au Maire des Grandes Ventes, Marie Thérèse Boutin, adjoint au Maire des Grandes  Ventes, Janine Leblanc, conseiller municipal de Darnétal, Patrick Raulet, conseiller municipal de Pavilly Jacques Dubois, Maire de Saint Adresse et Vice Président de l'agglomération havraise, Guy Auzoux, conseiller régional de Haute Normandie, Claude Léger, adjoint au Maire de Neuilly sur Seine, Anne Rouby, conseillère municipale de Rueil Malmaison, Françoise Schoeller, adjoint au Maire de Bourg la Reine, Christophe Duffo, conseiller municipal de Perpignan, Jean-Claude Goas, conseiller municipal de Maisons-Laffitte, Daniel Parisot, adjoint au Maire de Boves, Jean-Claude Hollner, Maire d’Altenheim, Jean-Claude Boutrel, conseiller municipal de Yerres, Pascal Montécot, Maire de Pélissanne, Florence de Pampelonne, conseiller municipal à Meudon, Michèle Fadeuilhe, conseillère municipale de Voisins-le-Bretonneux, Gérard Simler, Conseiller Général du Bas-Rhin, Michel Amyot, ancien conseiller municipal de Sceaux, Jean Pierre Deruelle, conseiller municipal de Béthune, Claude Guidat, Maire de Bainville-sur-Madon, Christian Sauques, adjoint au Maire de Massy, Thierry Battesti, adjoint au Maire de Draveil, Bernard Nemitz, Vice-président de la Communauté d’agglomération Amiens Métropole, Christiane JACQUET, Conseillère municipale de Villeneuve-la-Garenne, Guy Hugueville, Maire de Jardin, Marie Josée de Jenlis, conseillère municipale de Nanterre, Michel Martin, conseiller municipal de Mennecy, Michel Ripoteau, conseiller municipal de Nanterre, Max Vincent, Maire de Limonest, Michel Thoury, Maire de Saint-James, conseiller régional de Basse-Normandie, Boina Boina Madi, conseiller municipal de Stains, Astrid Le Petit, conseillère municipale de Caen, Bernard Gauducheau, Maire de Vanves, Daniel Bon, adjoint au Maire de Salouël, Jacques Brochot, Vice-président de la Communauté d’agglomération Evry Centre Essonne, adjoint au Maire de Bondoufle, Josette Arnaud, adjointe au Maire de Bondoufle, Pierre Carlin, Maire de Miramas, Joël Duval, Adjoint au Maire de Faches-Thumesnil, Philippe Tellini, conseiller municipal de Boulogne Billancourt, Réjane Viquesnel, maire de Le Faulq, Jacques Nicolas De Weck, conseiller municipal de Saint-Maur-des-Fossés, Daniel Blanchard, adjoint au Maire de Charenton-le-Pont, Rabah Zitouni, conseiller municipal d’Amiens, Gérard Thierry, adjoint au Maire de Saint-Sauflieu, Monique Descheemaekere, conseillère municipale de Igny, Maurice Bonnichon, conseiller municipal de Montluçon, Jean-Marie Lefevre, adjoint au Maire de Blangy-Trouville, Michel Vicq, Maire de Mouzon, vice-président du Conseil général des Ardennes, André Prost, Maire de Aresches, Philippe de Foucault, adjoint au Maire de Brunoy, Félix Monlouis, adjoint au Maire d’Epinay-sur-Seine, Pierre Galland, adjoint au Maire de Garges-les-Gonesse, Patrick Favre, Maire de Saint-Christophe-du-Ligneron, Elisabeth Simoni, Maire de Lieurey, Etienne Roussel, Maire de La Lande-Saint-Léger, Jean-Louis Dumoulin, conseiller municipal de Doullens, Pierre Rouvillain, Maire de Senlis le Sec, Jean Noyelle, adjoint au Maire de Glisy, Pascal Tinat, conseiller municipal de Bourges, Jean-Paul Vuillaume, Maire de Remoray-Boujeons, J-M Lorentz, conseiller général honoraire du Bas-Rhin, Line Rousseau, Maire d’Ancemont, Hélène Baumert, Maire de Fortschwihr, Jean-Claude Le Guen, Maire de Plouha, Michel Doumax, Maire de Saintry-sur-Seine, Lionel Villers, adjoint au Maire de Voisins-le-Bretonneux, Mireille Chaouat Chelly, conseillère municipale de Suresnes, Gilles Landré de la Saugerie, adjoint au Maire de Ligny le Ribault, Gilles Hocquet, Adjoint au Maire de Beynes, Denis Lablée, ancien adjoint au Maire d’Ardon, Colette Le Moal, conseillère générale des Yvelines, Claude Léger, adjoint au Maire de Neuilly-sur-Seine, Jean-Loup Martin, adjoint au Maire de Mesnil-le-Roi, José Marco, conseiller municipal de Villeurbanne, Paul Tremsal, conseiller municipal d’Orsay, Nathalie Pitrou, Maire-adjointe d'Issy-les-Moulineaux, Florence Levieux, Maire-adjointe de Draveil, Pierre Beaudran, Maire de Mirande, Président de la Communauté de communes "Coeur d'Astarac en Gascogne", Gilbert Bouchet, Maire de Tain-l’Hermitage, Marie-Laure Derivery, conseillère municipale d'Amiens, Francis Flury, Maire de Brunstatt, Vice-président du Conseil général du Haut-Rhin, Dominique Troublé, adjoint au Maire de Montesson, Jean-Paul  Binard, Maire de Fourqueux, Marie Lecocq, adjoint au Maire de Montfermeil, Bertrand Schmitt, conseiller municipal de Caen, Michel Pigeon, conseiller général d’Ille-et-Vilaine, Gérard Roux, conseiller général du Gard, vice-président de la Communauté d’agglomération du Grand Alès, Brigitte Fouré, conseillère régionale de Picardie, Jean-Yves Bourgois, adjoint au Maire d’Amiens, Guy Blérot, vice-président de Reims Métropole, Jean hennequart, Maire de Saint-Viatre, Patrick Batoufflet, adjoint au Maire de Villebon-sur-Yvette, Patrick Herlange, Maire de Beaumerie-Saint-Martin, Daniel Gautier, adjoint au Maire de Villebon-sur-Yvette, Daniel Heulot, Maire de Bourgon, Georges Dufour, conseiller communautaire d’Amiens Métropole, Joël Pelicot, Maire de Charentilly, vice-président du Conseil général d’Indre-et-Loire, Michel Marczak, adjoint au Maire de Pfastatt, Robert Haimet, Maire de Ginai, Michel Quezin, vice-président de la Communauté d’agglomérations d’Amiens métropole, Roland Giberti, Maire de Gemenos, conseiller général des Bouches-du-Rhône, Henri Moser Maire de Guyencourt-sur-Noye, Julien Schilt, Maire de Saint-Louis-les-Bitche, Rodolphe Barry, conseiller municipal de Voisins-le-Bretonneux, Danielle Meyer-Traber, Maire d’Ostwald, Vice-présidente de la Communauté urbaine de Strasbourg, conseillère régionale d'Alsace, Emmanuelle Vierling-Kovar, conseillère municipale de Strasbourg, conseillère communautaire de la Communauté urbaine de Strasbourg, Jacques Ladegaillerie, Maire de Loriol-sur-Drôme, conseiller général de la Drôme, Eliane Gohard, conseillère municipale de Clichy-sous-bois, Lionel Assous, conseiller municipal de Fosses, Claire Trouvé, adjointe au Maire de CAEN, Henri Santisteva, conseiller municipal d'Auch, Denis Larghero, conseiller général des Hauts-de-Seine, Béatrice de Lavalette, conseillère municipale de Suresnes, Jean-Michel Genestier, conseiller municipal du Raincy, Chantal Gabel, conseillère municipale du Raincy, Bernard Cacace, conseiller municipal du Raincy, Maryse Cardon, conseillère municipale de Saint-Denis, conseillère communautaire de la Communauté d’agglomération Plaine Commune, Patrice Konieczny, 1er adjoint au Maire d’Epinay-sur-Seine, vice-président de la Communauté d’agglomération Plaine Commune, Monique Clastres, conseillère municipale de Montreuil, Albert Conty, 1ère adjointe au Maire du Bourget, Monique Zacchi, conseillère municipale de Villemomble, Véronique Dejieux, conseillère municipale du Raincy, Thierry d’Avout, Maire de Ligescourt, Maurice Mairèles, Maire de Pontacq, Bernard Grubis, conseiller municipal d’Amiens, Richard Magnaud, Maire de Saint-Fuscien, Guy Poret, conseiller municipal de Montfermeil, Joseph Perey, Maire de Lentigny, Anne-Marie Cousin, Maire de Torigni-sur-Vire, conseillère régionale de Basse-Normandie, Pierre Soudry, adjoint au Maire de La Celle Saint Cloud, Régis Mésot, Maire de Lacroix-sur-Meuse, président de la Communauté de communes du Sammiellois, Jean-Pierre Leroy, adjoint au Maire d’Epinay-sur-Seine, Gabriel Chavy, Maire de Saint-Martin-de-Commune, Marie-Françoise Morel, conseillère municipale de Dourdan, Françoise Madelon, Maire de Bosc-Renoult-en-Ouche, Marc Leclercq, Maire de Sains en amiénois, Patrick-Jacques Lejeune, adjoint au Maire de Boissy-saint-Léger, Jean Pourchet, Maire de Maisons-du-Bois-Lievremont, Gérard Thomas, Maire de Lixing-lès-Saint-Avold, Patrick Lazennec, conseiller municipal de Blois, Thomas Birgaentzle, Maire de Soultz, Jean-Claude Couasnon, Adjoint au Maire de Soultz, Eric Orpelière, adjoint au Maire d’Epinay-sur-Seine, Thierry Millet, conseiller municipal de Mérignac, vice-président de la Communauté urbaine de Bordeaux, François-Michel Gest, Maire de Villerbon, Isabelle Griffoin, vice-présidente du Conseil général de la Somme, adjointe au Maire d'Amiens, Maryse Vandepitte, conseillère municipale de Boves, Roland Gronchi, Maire de Saint-Gilles du Gard, premier Vice-président de l'Agglomération de Nîmes, François Gabillaud, Maire de Cardan, Julien Brusset, président de la communauté de communes Ousse-Gabas, conseiller municipal de Soumoulou, Robert Ternacle, Maire de Le Meux, M. Sette, adjoint au Maire de Soultz, Bertrand de Lacombe, conseiller municipal d’Issy-les-Moulineaux, Christine Quillery, conseillère municipale de Clamart, René Maigne, conseiller municipal de La Roche sur Yon, Paul Martinet, conseiller général de Loir-et-Cher, Président du Pays Vendômois, Françoise Blazy, adjointe au Maire de Montluçon, conseillère régionale d'Auvergne, Gérald Gripon, conseiller municipal de Rouen, Louis Caradec, maire de Plougonvelin, Président des Maires du Finistère, conseiller régional de Bretagne.

26.04.2007
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4 mai 2007 5 04 /05 /mai /2007 07:45
(Dépêche)



PARIS (AP) - Pour le PS, cette élection aura marqué la fin d'un cycle entamé en 1971 et peut-être refermé par la main tendue de Ségolène Royal à l'UDF. Tous au PS s'accordent sur le fait que le parti, qui n'a pas mené son aggiornamento, n'échappera pas à une franche explication sur son orientation lors de son prochain congrès, voire à une crise majeure, avec en ligne de mire la sociale-démocratie.

Le PS n'a guère le choix: ses alliés à gauche ont fondu dans les urnes et ne lui permettent plus de former une majorité. Il est entouré en Europe de partis sociaux-démocrates. Et il doit trancher de lourdes questions en jachère: fiscalité, place de l'Etat dans l'économie ou nucléaire. Autant de débats au menu du prochain congrès prévu en mars 2008 après les municipales, s'il n'est pas anticipé en cas de débâcle.

Le PS n'a jamais fait son "Bad-Godesberg", quand le SPD allemand abandonna la référence au marxisme en 1959. Contrainte d'improviser, Ségolène Royal a amorcé cette mue dès la primaire du PS en brisant les tabous ou en louchant vers la "troisième voie" de Tony Blair. Face aux 18,57% de François Bayrou, elle l'a accélérée dans un sens social-démocrate en ouvrant la voie à une collaboration avec l'UDF.

Dans son livre "Maintenant", la candidate du PS plaide pour "une actualisation du logiciel socialiste". "Je crois être en mesure de réussir cette évolution nécessaire", affirme-t-elle.

Pour le PS, un cycle se referme, celui ouvert à son congrès fondateur d'Epinay en 1971 qui avait consacré l'alliance avec la gauche. "Proposer une collaboration avec le centre est une rupture extraordinaire avec l'histoire de la gauche. Depuis 1971, il a toujours été refusé de s'allier avec la droite", observait récemment Gérard Grunberg, directeur de recherche au CNRS, dans "Le Nouvel Observateur".

Une stratégie jamais démentie malgré les tentatives de la "deuxième gauche". En 1993, Michel Rocard avait appelé à un "big bang" via une alliance du PS avec le centre, les écologistes et les communistes rénovateurs.

Reste à savoir si cette mue s'opérerait ou non dans la douleur. En cas de défaite, surtout large, une crise s'ouvrirait au PS. "Si on perd, on va tous sortir nos sabres", pronostique l'un. Mais personne ne croit vraiment à une scission tant les intérêts communs sont nombreux, à commencer par les législatives de juin et les municipales de mars.

François Hollande pourrait être la première victime, accusé d'avoir bloqué l'aggiornamento aux congrès de 2003 et 2005. Il serait le Premier secrétaire qui a échoué à faire élire deux présidents.

Fin août 2005, il avait annoncé qu'il "passerait le témoin" après la présidentielle de 2007 après neuf ans. Ses proches plaident pour qu'il reste jusqu'au congrès. Mais en cas de défaite, certains veulent envoyer un "signal" en le mettant sur la touche avant les législatives, lors du conseil national que le PS réunirait rapidement après le 6 mai.

La bataille du congrès s'annonce rude, l'aile gauche du PS n'étant pas disposée à désarmer face aux sociaux-démocrates emmenés à l'aile droite par Dominique Strauss-Kahn, qui entend jouer un rôle majeur dans les cinq prochaines années. Après avoir soutenu le N°1 du PS aux deux derniers congrès, y perdant peut-être la place du candidat, il pourrait être tenté de se compter en vue de 2012.

Déjà, les strauss-kahniens poussent leur avantage et plaident pour une "maison du renouveau" sociale-démocrate via une alliance entre la gauche et le centre-gauche, mais sans l'UDF. "Le débat Bayrou Royal a levé un tabou", assure Pierre Moscovici, proche de DSK.

Les idées de gauche ont dominé la campagne, de Blum aux salaires, rétorque à l'aile gauche un fabiusien, "est-ce qu'il faut tirer à jamais une croix sur les autres organisations de gauche?" Henri Emmanuelli, lui, veut un "grand parti progressiste" pour réunir la gauche.

"Le plus important, c'est l'unité du PS, son rassemblement et ça se fait sur une ligne centrale", tranche François Hollande, partisan d'un "grand PS" ou d'une "grande coalition" des antilibéraux au centre-gauche pour élargir l'emprise du parti, mais sans alliance avec l'UDF.

Quelle place pour Ségolène Royal en cas de défaite? Si elle perd de justesse, certains lui verraient jouer un rôle éminent au PS, voire en récupérer le leadership en vue de 2012. Une hypothèse qu'une déroute fragiliserait, certains lui conseillant déjà une retraite en Poitou-Charentes.

Jeudi 3 mai 2007, 16h32


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4 mai 2007 5 04 /05 /mai /2007 07:42
(Dépêches)




PARIS (AP) - Une fois son mandat achevé, au plus tard le 16 mai, Jacques Chirac n'est pas homme à aller couler une retraite tranquille en Corrèze. Le président sortant entamera à 74 ans une retraite qui devrait être active, mais risque d'être assombrie par quelques ennuis judiciaires.

Au moment d'annoncer qu'il n'était pas candidat à un troisième mandat, le président sortant avait affirmé le 11 mars dernier vouloir "servir autrement" les Français. "Il y a une vie après la politique. Jusqu'à la mort", avait-il expliqué auparavant dans une interview télévisée.

Après 40 ans de carrière politique et 12 années à l'Elysée, cette nouvelle vie devrait tourner autour des thèmes qui lui sont chers: la mobilisation contre les changements climatiques -Jacques Chirac plaide pour la création d'une Organisation des Nations unies pour l'environnement-, une nouvelle solidarité internationale -il pourrait continuer à défendre son projet de taxation internationale sur les billets d'avion pour financer l'aide au développement- et le "dialogue des cultures".

La forme que pourrait prendre cette nouvelle activité n'a pas encore été fixée, mais Jacques Chirac pourrait être tenté de monter une fondation sur le modèle de celles fondées par les anciens présidents américain Jimmy Carter et Bill Clinton.

A l'issue de leur mandat, l'usage veut que les anciens présidents de la République aient droit, à vie, à un garde du corps, une voiture avec chauffeur, un bureau et quelques collaborateurs, tous pris en charge par l'Etat. Selon "Le Point" et "Le Parisien", les futurs bureaux de Jacques Chirac se situent près de l'Assemblée nationale.

Les anciens présidents touchent par ailleurs une indemnité fixée par une loi de 1955 "au traitement indiciaire brut d'un conseiller d'Etat en service ordinaire", soit quelque 6.000 euros brut par mois.

Selon un calcul effectué par l'hebdomadaire "L'Express" en 2006, les retraites cumulées d'ancien député, d'ancien maire de Paris, d'ancien conseiller général, d'ancien conseiller référendaire à la cour des Comptes et d'ancien président de la République de Jacques Chirac dépasseraient un montant de 18.000 euros par mois.

Membre de droit du Conseil constitutionnel en tant qu'ancien président, Jacques Chirac, s'il décide d'y siéger, aurait également droit à ce titre à une indemnité et à un bureau, tout comme l'ancien président Valéry Giscard d'Estaing.

S'ils possèdent en Corrèze le château de Bity et une maison à Sainte-Féréole, le couple Chirac est pour l'heure toujours à la recherche d'un pied-à-terre à Paris. Ils étaient propriétaires jusqu'en 2004 d'un appartement de 114 mètres carrés dans le VIe arrondissement, mais ils l'ont donné à leur fille, Claude Chirac.

En attendant d'avoir trouvé le leur, ils logeront provisoirement dans un appartement de 180 mètres carrés sur deux étages situé quai Voltaire, dans le VIIe arrondissement. Il a été mis à leur disposition par la famille de l'ancien Premier ministre libanais assassiné Rafic Hariri, grand ami de Jacques Chirac.

Le président sortant devrait par ailleurs profiter de sa nouvelle retraite pour voyager et se consacrer à sa passion pour les arts premiers. "Ce sera difficile dans un premier temps", mais "il fera autre chose. Il fera tout ce qu'il n'a pas eu le temps de faire jusqu'ici. Chacun connaît son amour de l'art. Il voyagera", avait estimé en novembre son épouse Bernadette. Elle continuera quant à elle à porter le flambeau politique: son mandat de conseillère générale de Corrèze expire en 2010.

Reste à savoir si la justice laissera Jacques Chirac couler une retraite tranquille. S'il bénéficie d'une immunité pendant son mandat, celle-ci s'achèvera un mois après son départ de l'Elysée. Il pourra donc être entendu par un juge à partir de la mi-juin. Il pourrait notamment être inquiété dans le cadre de l'affaire des emplois fictifs du RPR, instruite à Nanterre.

Jeudi 3 mai 2007, 16h33




MONTPELLIER, Hérault (Reuters) - L'épouse du président Jacques Chirac, Bernadette, assiste au dernier meeting de campagne du candidat de l'UMP à l'Elysée, Nicolas Sarkozy, à Montpellier.

Bernadette Chirac avait publiquement apporté son soutien à Nicolas Sarkozy le 5 avril en participant à un meeting de l'ancien ministre de l'Intérieur à Lyon.

L'épouse du chef de l'Etat s'est assise au premier rang, face à la tribune, entre le ministre de l'Emploi, Jean-Louis Borloo, et François Fillon, conseiller politique de Nicolas Sarkozy, dans un hall du parc des expositions de Montpellier où s'étaient réunies 15.000 personnes selon l'UMP.

Jeudi 3 mai 2007, 19h31

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25 avril 2007 3 25 /04 /avril /2007 19:17
(Dépêche)





PARIS (Reuters) - François Bayrou annonce son intention de créer une nouvelle formation au centre de l'échiquier politique français, le Parti démocrate.

Son apparition pourrait signifier la disparition de l'Union pour la démocratie française (UDF) créée en février 1978 à l'initiative de Valéry Giscard d'Estaing.

L'UDF, dont le nom s'inspire de l'ouvrage de VGE intitulé Démocratie française, fut fondée à la veille des élections législatives de 1978. Son but était de contenir les assauts du RPR (néo-gaulliste) créé en décembre 1976 par Jacques Chirac contre Valéry Giscard d'Estaing, chef de l'Etat élu en 1974.

L'UDF fut d'abord une fédération libéralo-centriste composée de formations du centre droit et de la droite non-gaulliste.

Elle rassembla au début :

- Le Centre des démocrates sociaux (CDS), d'origine démocrate-chrétienne, dont le chef de file était Jean Lecanuet, candidat à l'élection présidentielle de 1965. Le CDS, qui se transforma en Force Démocrate (FD) en 1995, revendiquait l'héritage du Mouvement républicain populaire (MRP), parti créé en 1944 par Georges Bidault et issu de la résistance démocrate-chrétienne, qui connut son apogée sous la IVe République.

- Le Parti républicain (PR), nettement à droite, dont faisait partie VGE, transformé en juin 1997 en Démocratie Libérale (DL) sous la houlette d'Alain Madelin et qui quitta l'UDF en 1998.

- L'aile droite du Parti radical, d'inspiration laïque, l'aile gauche se transformant en Parti radical de gauche (PRG) et allié au Parti socialiste.

- Le Mouvement démocrate socialiste de France (MDSF), né d'une scission de droite du PS sous la direction de Max Lejeune, qui devint ensuite le Parti social-démocrate (PSD), dirigé par André Santini, qui fusionna ensuite dans Force Démocrate en 1995.

- L'association des Adhérents directs de l'UDF (UDF-AD) composée de personnalités diverses.

- La Fédération nationale des Clubs perspectives et réalités qui devient ensuite, sous la présidence d'Hervé de Charette, le Parti populaire pour la démocratie française (PPDF).

"NOUVELLE UDF"

L'UDF fut présidée par Jean Lecanuet de 1978 à 1988, puis par Valéry Giscard d'Estaing de 1988 à 1996, par François Léotard de 1996 à 1998, et depuis lors par François Bayrou.

L'UDF fut le principal partenaire du RPR au gouvernement au long de ces dernières décennies, tout en gardant une certaine indépendance. En 1988, l'ancien Premier ministre Raymond Barre se présenta à l'élection présidentielle avec le soutien de l'UDF. Il recueillit 16,5% des suffrages exprimés.

Au scrutin présidentiel suivant, en 1995, la quasi-totalité de l'UDF se rangea derrière la candidature d'Edouard Balladur qui obtient 18,6% des voix. Le PPDF et plusieurs dirigeants comme Alain Madelin ou Charles Millon préférèrent soutenir Jacques Chirac dès le premier tour.

A l'occasion des élections régionales de 1998, l'UDF éclata à propos des alliances avec le Front national (FN). François Bayrou, alors président de FD, condamna fermement ces accords. Alain Madelin et ses amis de DL quittèrent la fédération centriste. Quelques dirigeants de DL restèrent à l'UDF comme François Léotard ou Gilles de Robien pour se regrouper au sein du Pôle républicain indépendant et libéral (PRIL).

François Bayrou, devenu président de l'UDF, décida de fusionner FD, l'UDF-AD et le PRIL pour créer une "nouvelle UDF" ancrée en centre de l'échiquier politique. Le Parti radical et le PPDF choisirent de garder leur autonomie.

François Bayrou, qui présenta une liste aux élections européennes de 1999 où il recueillit 9,27% des suffrages puis en 2004 où il obtint 11,95% des votes, fut candidat à l'élection présidentielle de 2002 où il capta 6,8% des suffrages exprimés.

Il ne put s'opposer à la création de l'UMP et au départ d'une grande partie des élus centristes vers ce nouveau parti née de la fusion du RPR, de DL et de la majorité de l'UDF.

"UN PARTI LIBRE"

Après les législatives de juin 2002, l'UDF parvint à former un groupe au Palais-Bourbon avec 29 élus, présidé par Hervé Morin. L'UDF comptait 215 élus en 1993 et 114 en 1997. L'UDF compte aussi 33 sénateurs et 11 députés européens.

En 2004, l'UDF a quitté le Parti populaire européen-Démocrates européens (PPE-DE) pour créer avec d'autres députés européens le Parti démocrate européen (PDE) qui, avec les libéraux, forment au Parlement européen le groupe de l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe.

Tout au long de la législature qui s'achève, le groupe UDF a pris progressivement ses distances avec le gouvernement et l'UMP, n'hésitant pas à voter une censure avec la gauche ou bien encore à voter contre le budget et celui de la Sécurité sociale.

Des décisions qui ne firent pas l'unanimité au sein du groupe, plusieurs de ses membres - un tiers - préférant l'alliance privilégiée avec l'UMP.

Lors d'un congrès extraordinaire fin janvier 2006, les adhérents de l'UDF décidèrent par un vote massif (91,1% des votants) de soutenir François Bayrou dans sa nouvelle ligne visant à faire de la formation centriste un "parti libre".

La minorité favorable aux liens privilégiés avec l'UMP s'organisa autour de Gilles de Robien, seul ministre UDF du gouvernement qui avait été suspendu de ses fonctions exécutives au sein de la formation centriste.

A l'approche de l'élection présidentielle, une demi-douzaine de députés UDF rassemblés autour d'André Santini lancèrent un appel en faveur de Nicolas Sarkozy, le candidat de l'UMP. Un appel repris au lendemain du premier tour par nombre de députés centristes, beaucoup d'entre eux étant tributaires des électeurs UMP pour conserver leur siège aux législatives des 10 et 17 juin.

François Bayrou a obtenu 18,57% des suffrages exprimés le 22 avril au premier tour, ce qui le place en position d'arbitre pour le second tour du scrutin, le 6 mai, où Nicolas Sarkozy, arrivé en tête, affronte la socialiste Ségolène Royal.

Mercredi 25 avril 2007, 16h43



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20 avril 2007 5 20 /04 /avril /2007 10:04
Des machines à voter électroniques remplacées à la veille du premier tour

Nouveau couac autour du vote électronique. Après les demandes de moratoire et les recours déposés par certains citoyens auprès des tribunaux administratifs (voir encadrés ci-dessous), le fabricant de l'un des trois systèmes de machines à voter avec écran tactile s'est livré ce jeudi 19 avril à une annonce quelque peu surprenante. Ce, à quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle, dimanche 22 avril.

ES&S, fournisseur du système iVotronic, retenu par 8 des 82 communes qui recourent au vote électronique (1), a indiqué qu'il avait procédé au remplacement
de « l'ensemble du parc français ». Soit près de 160 machines à voter. La raison : le matériel qui avait été livré aux collectivités n'était pas encore agréé par le ministère de l'Intérieur. L'utilisation des appareils concernés aurait pu entraîner la nullité du scrutin, au niveau local du moins.

La démarche de livrer des ordinateurs de vote non agréés par les autorités jette une ombre de plus sur un vote électronique, déjà au cœur d'une brûlante polémique (voir notre vidéo), même si le fabricant d'iVotronic assure que les futurs votants n'ont pas d'inquiétude à avoir (2). Les machines controversées ont été remplacées par un matériel plus ancien, certifié conforme en octobre 2005. Et un rapport d'inspection du Bureau Veritas (3), réalisé il y a quelques jours, atteste que les machines qui seront utilisées le 22 avril prochain affichent toutes les garanties nécessaires par rapport à la législation en vigueur.

Des communes embarrassées

Que s'est-il passé ? A la base de ce dysfonctionnement se trouve une fonctionnalité, que la société a développée, semble-t-il, à la suite de remarques de certains présidents de bureaux de vote. Il s'agissait d'un simple « boîtier déporté rattaché à un cordon de cinq mètres » qui devait permettre au président d'un bureau de vote de piloter à distance l'ouverture d'une session pour chaque électeur.

Sur le système iVotronic précédent, celui qui a donc été réinstallé, le président doit se déplacer physiquement auprès de la machine pour ouvrir une session de vote. Cette démarche, qui équivaut à l'introduction d'un bulletin de vote dans une urne classique et transparente, n'est pas aujourd'hui jugée très pratique. Mais c'est celle qui avait reçu l'agrément, et non le boîtier déporté.

Olivier Ayet, directeur de la communication à la mairie de Meylan, près de Grenoble, raconte : « Au début du mois d'avril, on nous a indiqué par courrier que nous allions devoir renvoyer les boîtiers déportés et que les machines allaient être reprises pour être reconfigurées à l'ancienne. »

Dans les autres communes, à commencer par Issy-les-Moulineaux, qui n'ont cessé de mettre en avant le vote « 100 % électronique », les réactions à ce revirement de dernière minute vont de l'embarras au silence, en passant par l'irritation. « Cessons d'ajouter de la polémique à la polémique », déclare M. Catala, premier adjoint au maire de Thyez (Haute-Savoie).

A Issy-les-Moulineaux, certains électeurs qui participeront comme présidents de bureau ou assesseurs au scrutin de dimanche prochain s'étonnent. « Tout au long de la formation que nous avons eue, on nous a affirmé que les machines à voter avait bien reçues les autorisations adéquates de la part du ministère de l'Intérieur », précise Benoît Sibaud, un habitant de cette commune des Hauts-de-Seine et, par ailleurs, président de l'April, qui défend le logiciel libre.

Interrogé sur les circonstances de cette affaire trouble, le distributeur des machines à voter iVotronic, la société Datamatique, n'a pas été en mesure de répondre à nos questions.

(1) Les deux autres fabricants sont Indra et Nedap.
(2) Les électeurs des communes qui ont fait le choix du vote électronique ne peuvent pas demander à voter par le système traditionnel papier.
(3) Un organisme de certification.

Un premier recours contre le vote électronique rejeté

A l'appel du collectif Ordinateurs de vote.org, une trentaine d'électeurs ont déposé des recours auprès des tribunaux administratifs contre l'utilisation du vote électronique. Ce jeudi 19 avril, le tribunal administratif de Versailles a rejeté la demande concernant la ville d'Issy-les-Moulineaux, indique l'AFP.

S'appuyant sur la législation en vigueur, la juridiction rappelle que le plaignant « soutient que les machines à voter qui seront utilisées par les électeurs de la commune d'Issy-les-Moulineaux ne satisfont pas aux dispositions de l'article L57-1 du code électoral ». Malgré tout, « à la supposer établie, une telle circonstance ne permet pas, à elle seule, de caractériser une atteinte grave à la liberté fondamentale que constitue l'exercice du droit de suffrage », relève le tribunal.

Vidéo sur le sujet.

Par Philippe Crouzillacq, 01net, le jeudi 19 avril 2007, 20h20.

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19 avril 2007 4 19 /04 /avril /2007 21:13

Je vais dire, sur ce sujet, forcément, en raison de l'heure, des choses rapides, mais je vous assure que ces choses sont, à mon sens, au centre de la crise que les Français vivent avec l'Europe.

Les Français ont inventé l'idéal Européen. Ils l'ont fait partager autour d'eux. Je suis heureux de représenter, dans la vie politique française, le parti de Robert Schumann. Je suis heureux.

En tout cas, sachant ce que la Gauche est devenue, je suis assuré de représenter, à la fois, le mouvement d'idée de Robert Schumann et celui de Jean Monnet. Je suis certain que, désormais, entre ce chrétien et ce laïque, ces deux démocrates et ces deux humanistes, nous avons réussi à proposer une synthèse qui soit contemporaine.

Votre présence, à elle seule, est, s'il en fallait, une preuve.

L'Europe, mes chers amis, l'idéal Européen que nous avons inventé, cet idéal est aujourd'hui abîmé dans le cœur de beaucoup de Français. Je vais vous dire les choses comme je les pense. Je pense qu'il était juste et légitime, après le marché commun, après l'acte unique Européen, que l'on demande à la Commission européenne d'assurer la meilleure circulation possible des biens et des services au sein de notre Union.

Je comprends parfaitement cela. Je pense que cela se justifiait, mais cela a donné à beaucoup de Français le sentiment que l'Europe s'occupait principalement de concurrence et de finances, alors que nous avons besoin que l'Europe s'occupe de sujets qui sont essentiels pour nos valeurs, pour la défense de notre société et de notre civilisation.

Jusqu'à présent, nous nous sommes beaucoup occupés de concurrence, à raison dans la plupart des cas, bien que je sois parfois un peu plus sceptique concernant certaines décisions que l'on nous a amenées à prendre, notamment, et je vais me faire des amis encore si je continue cette phrase, mais, comme j'en ai déjà un certain nombre, concernant le 12.









 


Je ne suis pas absolument persuadé que cela ait été un grand progrès de la civilisation que de nous faire passer du 12, pour les numéros des renseignements téléphoniques, aux innombrables 118 … que nous appelons en ayant bien du mal à nous remémorer le numéro et sans savoir qui nous avons au bout du fil. À ce sujet, nous n'avons qu'une certitude, c'est que des centaines d'emplois ont disparu du territoire national et sont partis dans des call centers à l'étranger.

Cette petite réserve ayant été avancée, je pense qu'il faut, désormais, que l'Europe s'occupe de l'essentiel. Il faut qu'elle s'occupe de défense et de sécurité. Nous ne pouvons pas porter, seuls, le poids d'une défense nationale et de la sécurité en face des nouveaux risques qui se présentent. Il faut que l'Europe s'occupe d'actions diplomatiques.

Si les diplomaties française et britannique et toutes les autres, mais je pense spécialement aux diplomaties française et britannique, en raison du sujet que je vais évoquer, étaient unies et soudées, comme elles devraient l'être, nous aurions, au Darfour, une influence plus importante que celle que nous avons aujourd'hui.

Si les diplomaties européennes étaient actives, ce génocide n'aurait pas été accepté, comme il l'a été, pendant tant de mois et d'années. Je pense nécessaire que nous bâtissions cette action diplomatique. Si l'Europe était unie, elle pourrait être, au Proche-Orient, le garant ou l'un des garants d'une politique de paix, garant que les États-unis ne peuvent plus être en raison du déclenchement, que nous avons condamné, de la guerre en Irak et des conséquences désastreuses qui s'en sont suivies.

Il s'agit, là, pour moi, d'une occasion de dire que, au moment de cette crise du déclenchement de la guerre en Irak, j'ai été heureux et fier que le Président de la République française, Jacques Chirac, ait eu l'attitude qui a été la sienne à l'époque, qu'il ait défendu, en notre nom et au nom de millions d'hommes et de femmes en Europe et dans le monde, des valeurs qui, sans lui, n'auraient pas été défendues.

J'ai été fier qu'il ait adopté cette attitude et je suis fier que nous l'ayons soutenu sans la moindre hésitation, de manière publique et à la tribune de l'Assemblée Nationale, quand tant, dans son camp, doutaient du choix qui était le sien.

Tant que j'en suis à tout dire, puisqu'une élection présidentielle, étant donné le tour qu'elle a pris, est le moment, en effet, de mettre tous les sujets sur la table, je veux vous dire que je ne suis pas assuré que, si, à ce moment, Nicolas Sarkozy avait été Président de la République, la France aurait eu l'attitude qui a été la sienne. Je suis persuadé qu'elle aurait été du côté de Tony Blair, du côté de José Maria Asnar et du côté de Berlusconi, puisqu'il a été leur ami.

Je suis heureux qu'il y ait eu, dans le peuple français, une immense majorité pour soutenir l'attitude qui a été, alors, celle de Jacques Chirac, exprimée aux Nations Unies par Dominique de Villepin.

Il faut que l'Europe s'occupe d'énergie, car nous subissons un certain nombre de menaces sur l'autonomie énergétique de l'Europe. Je suis, en tout cas, pour que nous bâtissions un plan en matière d'autonomie énergétique de notre continent.

En outre, il faut que l'Europe s'occupe de recherche, car nous avons besoin que notre continent fasse le même effort, avec la même rigueur qui a été conduite par les États-unis, qui a fait que les investissements de ce pays en matière de recherche lui ont donné une capacité, une réactivité, une inventivité sans aucune correspondance, hélas, dans les pays qui sont les nôtres.

Il faut, enfin, que l'Europe s'occupe de deux sujets essentiels, qui commandent la vision qui va être la nôtre, du XXIème siècle, deux sujets qui ne concernent pas uniquement la France ou les pays européens, mais qui concernent l'humanité.

Il faut que nous convainquions la France, tout d'abord, et l'Europe, ensuite, de s'occuper du problème du réchauffement de l'atmosphère, de la crise climatique qui est en train de naître et des menaces sur la biodiversité.

Bien sûr, il existe, sur ce sujet, des dispositions nationales à prendre. Je suis, ainsi, heureux d'avoir été l'un des premiers signataires du pacte qu'a proposé Nicolas Hulot et je respecterai ces engagements, mais je suis également heureux que Corine Lepage nous ait proposé l'idée d'un plan d'adaptation au réchauffement climatique pour l'ensemble de la société française. Je trouve, en effet, qu'elle a été avisée de le faire.

Je pense qu'il existe, à ce sujet, non pas une menace de décroissance, mais des ressources de croissances nouvelles pour la société française, des parts de marché à prendre, notamment en matière industrielle, afin que nous puissions faire face à tous ces grands changements que nous allons rencontrer.

Toutefois, il demeure que, au-delà des décisions nationales, cela ne peut être qu'une démarche internationale. Même si la France réussissait admirablement à réduire de moitié, des deux tiers ou des trois quarts ses émissions de gaz à effets de serre, cela ne changerait pas d'un millième de millième la composition de l'atmosphère et de l'air que nous respirons, car, comme vous le savez, l'air se déplace à la surface de la planète et il ne connaît pas nos frontières !…

C'est donc un engagement international qu'il faut, désormais, construire et il peut être et sera porté, si nous le proposons, par l'Union européenne, tant les opinions de nos pays sont sensibles à ce sujet. C'est une question d'agenda international. C'est une question d'engagements qui sont très compliqués à prendre, car ce sont les pays riches qui vont les porter, eux qui ont été les plus grands pollueurs, et ce sont les pays pauvres qui vont devoir les accomplir et les accompagner, eux qui n'ont pas participé à l'émission de ces gaz à effets de serre.

Il s'agit donc d'une très difficile question internationale. C'est l'Union européenne qui doit la porter. L'Europe doit s'occuper de l'essentiel et pas de l'accessoire.

Enfin, l'Europe doit s'occuper, avec nous, du sujet qui est probablement l'un des plus explosifs et des plus dangereux qui menacent aujourd'hui l'équilibre de la planète. L'Europe doit s'occuper du développement de l'Afrique misérable. L'Europe doit s'occuper de restituer un équilibre.

Voyez-vous, je sais bien qu'il est nécessaire d'avoir une politique de régulation de l'immigration. Même si j'aperçois l'aspect obsessionnel qu'un certain nombre de candidats sont en train de donner à ce sujet, je sais qu'il faut une politique de régulation, mais je sais aussi, de la même manière, qu'il n'existe qu'une politique efficace dans le moyen et le long terme pour maîtriser l'immigration et c'est de faire en sorte que les femmes et les hommes, qui sont originaires de ces pays misérables et abandonnés, puissent trouver, chez eux, le moyen de vivre, de travailler, de s'implanter, d'élever des familles.

C'est donc une politique de co-développement que nous avons l'urgence historique de construire avec l'ensemble du continent africain, dont je suis certain que, un jour, il suivra l'exemple créé par l'Union européenne.

Si l'Union européenne sait être à la hauteur de sa mission, il y aura, un jour, une Union africaine, puis une Union sud-américaine. Un jour, dans le monde, des piliers à égalité de droits et de devoirs feront en sorte que le monde soit, en effet, comme l'on dit, multipolaire, c'est-à-dire respectueux du droit, refusant la prééminence des uns sur les autres, exigeant que nous traitions ensemble des problèmes qui concernent la survie de l'humanité et son développement.

Or, pour que l'Europe mette en place ces politiques nouvelles, il est nécessaire qu'elle sorte de la crise institutionnelle dans laquelle elle est malheureusement enlisée depuis le 29 mai 2005.

Je propose que nous regardions en face les raisons pour lesquelles le peuple français a voté non. Il l'a fait, à mon sens, pour trois raisons. La première et la principale est que le texte qu'on lui soumettait était illisible et incompréhensible pour un citoyen. C'était un texte pour juriste et pas un texte pour citoyen.

Nous aurions dû prendre garde, et ceux qui l'ont écrit auraient dû prendre garde, à sa lisibilité, car, lorsque les Français l'ont reçu et l'ont ouvert, comme des femmes et des hommes de bonne foi et, l'ayant ouvert, ils ont voulu le lire. Ils en ont lu, parfois une page, parfois deux, mais, quoi qu'il en soit, beaucoup d'entre eux, à la troisième page, se sont arrêtés. Ils ont considéré que ce texte n'était pas pour eux.

Or, le peuple français, s'il a le sentiment qu'un texte n'est pas pour lui, considère qu'il y a un piège et il a eu l'impression que, ce piège, c'était que l'on voulait lui imposer un projet de société qu'il n'avait pas choisi. Il a eu l'impression que l'on voulait, pour faire vite, lui imposer un projet de société ultra libéral, alors que, lui, peuple français voulait un projet républicain et solidaire.

Cela était, selon moi, la principale raison et explication du non.

J'ai combattu et milité pour que cette raison ne l'emporte pas. Je suis naturellement fier de l'avoir fait, mais je dis qu'il faut, aujourd'hui, conjurer ce risque, de même qu'il faut conjurer le deuxième risque qui touchait au patrimoine de la civilisation européenne, étant donné la manière dont on avait, sans même tenir compte de l'avis du Parlement et sans même lui demander son avis, décidé d'ouvrir, de but en blanc, sans précautions, les négociations d'adhésion avec la Turquie, après toute une série d'adhésions et d'élargissements qui étaient, sans doute, trop rapides.

Et, donc, je dis qu'il faut conjurer ces dangers, ces menaces et ces risques et il n'y a qu'une manière de le faire : obtenir de nos partenaires que nous écrivions ensemble, à partir des mêmes principes démocratiques, un texte dont le seul sujet sera de dire comment fonctionnent les institutions européennes, quels sont les droits des citoyens en face de ces institutions, comment ils seront informés des décisions et de quelle manière ils pourront influer sur la façon dont ces décisions sont prises.

Court, lisible, compréhensible par tout le monde, sans ambiguïté, un texte que, une fois écrit, je soumettrai au référendum du peuple français, parce que je ne veux pas prendre la même voie que d'autres candidats qui ont décidé qu'après le résultat du référendum, il suffirait, pour sortir de la crise, de court-circuiter le peuple français en faisant voter, à la va vite, en quelques semaines, au parlement un texte sur lequel le peuple souverain n'aurait pas été consulté.

Le seul moyen pour moi de réconcilier les Français avec l'Europe, ce n'est pas de faire l'Europe dans leur dos, c'est de faire l'Europe les yeux dans les yeux, avec le peuple des citoyens français, d'expliquer, de défendre, devant le peuple des citoyens, les raisons profondes, les raisons historiques, les raisons impossibles à éluder qui font que, chacun d'entre nous, comme père de famille, comme mère de famille, comme chargé plus tard de famille, nous avons besoin de l'Europe pour porter notre voix et la faire entendre dans le monde et que nous pesions tous ensemble sur l'avenir de la planète.

Ceci, je suis absolument certain qu'un président de la République, qui aura la confiance des Français et qui s'engagera devant eux, obtiendra de leur part une réponse favorable à l'idéal européen qui n'aurait jamais dû cesser d'être le nôtre.

A ce prix, nous cicatriserons et, si nous ne faisions pas cela, alors, nous creuserions la fracture. Un jour ou l'autre, cela se retournerait gravement contre cet idéal Européen.

Je suis au terme de cette intervention. Il me reste à répondre à une dernière question et trouver une dernière rime. Je veux faire rimer France avec chance. Nous devons saisir la chance du changement. Pourquoi ce changement est-il possible aujourd'hui et ne l'était-il pas hier ? Pourquoi ce changement est-il certain ? Parce que l'élection présidentielle est la seule qui puisse arracher le pouvoir au régime des partis qui voudraient le garder entre leurs mains. C'est la seule qui arrache le pouvoir au régime des partis et des dignitaires.

Voici le calendrier : le 22 avril, dimanche prochain, les Français renversent l'une des deux citadelles, celle qu'ils voudront. Ils prennent l'une des deux bastilles, celle qu'ils voudront et ils nous mettent, en finale de l'élection présidentielle, le 6 mai,... applaudissements... laissez d'abord se dérouler le deuxième tour !... Le 6 mai, ils prennent et ils renversent la deuxième bastille.

Le nouveau président de la République entre en fonction le 15 ou le 16 mai. Le 17 mai, il nomme un gouvernement de changement et de rassemblement. Le 25 mai, il fête son anniversaire.

Et, dans cette séquence du changement, le 10 et le 17 juin, le peuple français donne à ce gouvernement une majorité, comme il l'a fait chaque fois qu'il a jugé qu'il était d'urgence nationale de faire arriver une majorité nouvelle et de renvoyer les sortants qui refusent de se joindre à ce mouvement de rassemblement et de reconstruction.

J'ai une petite histoire à vous raconter, encore ! Cette majorité, à la différence des majorités précédentes, ce ne sera pas la majorité d'un seul parti qui veut tous les pouvoirs entre ses mains, ce sera une majorité qui associera des sensibilités différentes par un contrat de législature pour les faire travailler ensemble.

Alors, bien entendu, à la tête du Parti Socialiste et de l'UMP, on en est encore dans la vieille histoire racornie de la droite contre la gauche. Ils ne se sont pas aperçu que le mur de Berlin était tombé ! Mais, même quand on est aux premières loges, et c'est cela l'histoire que je voulais vous raconter pour finir, on a beaucoup de mal à s'apercevoir que le mur de Berlin est en train de se fissurer et de disparaître.

Mon ami, notre ami que j'aime tant, Bronislav Geremek, m'a souvent raconté une merveilleuse histoire à laquelle je pense toujours quand j'entends les Caciques des deux partis qui nous entourent nous expliquer que, jamais, on ne pourrait faire disparaître cette frontière d'un autre temps entre la droite et la gauche. Cette histoire est celle-ci, elle est intégralement vrai et Bronislav Geremek vous la racontera, lui qui a été le grand inspirateur de Solidarnosc en Pologne. Il vous la raconterait, si vous lui posez la question.

Un jour, Walésa et Bronislav Geremek, qui était son ministre des Affaires étrangères, sont en réunion à Varsovie, avec Elmut Kohl. Ils sont assis autour de la table et, à un moment donné, Bronislav Geremek dit : "M. Kohl, est-ce que vous ne pensez pas qu'un jour on pourrait imaginer que l'Allemagne se réunifie et que le mur de Berlin disparaisse ? On entend des bruits qui disent que, après tout, peut-être quelque chose pourrait changer dans ce qui fait le plus douloureux de la réalité de l'Europe depuis si longtemps".

Et Helmut Kohl lui dit : "Monsieur  Gueremek, vous serez un vieillard, moi, je ne serai plus là et, Walésa ne sera plus là non plus, que le mur de Berlin sera toujours là".

A ce moment-là, on a frappé à la porte. Un monsieur l'air affairé et inquiet, un jeune collaborateur de Kohl, est entré et lui a chuchoté quelque chose à l'oreille. Le mur de Berlin était en train de tomber…

C'est une formidable histoire et, comme toutes les formidables histoires, personne n'aurait osé l'inventer, c'est une histoire vraie.

Eh bien nous, nous savons que le mur de Berlin est tombé. Nous ne voulons pas construire la France du siècle dernier. Nous voulons construire la France du nouveau siècle. Nous, nous avons décidé d'être de notre temps. Nous ne vivons pas de haines recuites. Nous aimons l'avenir. Nous sommes pleins d'énergie et nous avons l'intention, de surcroît, d'être plein de gaieté, parce que c'est avec gaieté qu'il faut marcher vers cette élection présidentielle.

Pierre Mendès-France disait ceci, et c'est une phrase formidable : "Il n'y a pas de politiques sans risques, mais il y a des politiques sans chances".

La novation que nous proposons à la France, ce n'est même pas un risque, c'est sa seule chance et les autres qui refusent cette novation croient qu'ils choisissent une politique sans risques. En réalité, ils choisissent une politique sans chances.

Eh, bien, nous, nous qui allons écrire cette page qui vient de notre histoire nationale, nous allons, en effet, faire rimer France avec croissance, France avec confiance, France avec assurance, France avec chance. Nous allons faire rimer France avec espérance.

Je vous remercie.


Vive la République et Vive la France !


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19 avril 2007 4 19 /04 /avril /2007 21:00
Voici l'intégralité du discours que François Bayrou, candidat à l'élection présidentielle, a prononcé le 18 avril 2007 à Bercy devant plus de 17 000 participants.

Mes chers amis, je n'ai qu'un mot à dire à l'entrée de ce meeting, et c'est le suivant : merci, merci, merci Paris, merci la France !…

Il faut que je dise merci à la fantastique équipe de campagne qui m'entoure et je ne veux distinguer qu'un seul nom, car elle est la présidente de la fédération de Paris et la directrice de cette formidable campagne. Je voudrais vous demander de dire merci à votre tour à Marielle de Sarnez.

Je vous regarde dans les yeux. Si je pouvais, je vous regarderais, chacune et chacun d'entre vous, dans les yeux. Si je pouvais, je vous fixerais, chacune et chacun d'entre vous, car j'ai une certitude, c'est que vous êtes la France, chacun, chacune avec votre vie, votre famille, quelquefois vos inquiétudes, parfois votre solitude, mais chacun avec vos espoirs et je sais que c'est l'espoir qui vous a réunis si nombreux, dans cette immense salle de Bercy, où nous organisons, ce soir, dans cette dernière semaine, la plus grande réunion publique qu'aucun des candidats à cette élection ait osé organiser.

Vous êtes venus, car vous avez quelque chose sur le cœur. Vous êtes venus, car vous avez quelque chose à croire. Vous êtes venus, car vous avez quelque chose à donner. Vous êtes des femmes et des hommes debout. Vous êtes des pionniers. Vous avez décidé quelque chose de très simple : la France et la politique, comme elles sont, ne nous conviennent pas. Alors, nous avons décidé de les changer.

La France, comme elle est devenue, ne nous convient pas. La France, comme ils l'ont laissée devenir, depuis des décennies, car la France de l'histoire, la France de notre conviction républicaine, la France qui veut être un modèle pour les générations et pour le monde, cette France-là nous convient très bien et nous n'avons pas besoin de multiplier les drapeaux tricolores. Nous n'avons pas besoin de ministère de l'Identité nationale pour dire que c'est cette France que nous aimons.

La révolution orange, c'est une couleur qui va très bien également à la France éternelle qui a besoin de retrouver son visage et ses valeurs.

Mais, l'autre France, la France de la dette, la France des déficits, la France des prébendes, la France des quatre millions de chômeurs, la France des deux millions d'exclus, la France du minimum vieillesse à 635 €, la France où les handicapés ne sont pas embauchés comme nous avions promis qu'ils le seraient et ne peuvent même pas accéder aux moyens de transports et aux classes dans leurs écoles, leurs collèges et leurs lycées, la France des 15 % d'illettrés, des cent cinquante mille jeunes qui sortent, sans qualification, chaque année du système scolaire, cette France-là ne nous convient pas. Cette France ne vous convient pas et nous avons décidé de la changer.

Il ne vous a pas échappé que tout le monde nous disait : "Cette tâche-là est impossible". Eh bien, c'est parce que nous ne les avons pas crus que nous avons décidé de le faire et que nous avons fait ce qu'il fallait pour que, désormais, ce soit irréversible. Nous avons décidé de la changer et elle est en train de changer.

Toutefois, j'ai une chose à vous dire. Nous ne sommes pas là pour faire un score. Nous ne sommes pas là pour obtenir un succès. Nous sommes là pour une seule chose, nous sommes là pour gagner, car, même si nous réalisions un score formidable et qu'ils gagnent tout de même, ils trouveraient alors le moyen, n'en doutez pas, de reformer leur forteresse, de reconstruire leur bastide, de reprendre leurs pratiques et tout redeviendrait comme avant, car ces deux partis ont tous le pouvoir depuis vingt-cinq ans.

Il n'y a aujourd'hui qu'une chose à faire, il faut leur enlever le pouvoir. Il faut le leur arracher. Il faut les renvoyer, pour cinq ans au moins, à leurs chères études. Il faut leur offrir une bonne douche froide, pour qu'ils se mettent à réfléchir et qu'ils fassent, eux aussi, leur révolution culturelle.

Nous ne sommes pas là pour demander des comptes et, pourtant, Dieu sait qu'il y en a à demander. Nous sommes là pour une seule chose, nous sommes là pour les remplacer. Nous sommes là pour remplacer le sectarisme par l'ouverture d'esprit, pour remplacer leur monarchie par notre démocratie, pour remplacer l'esprit partisan par l'intérêt général, pour remplacer leur monopole, leurs pratiques, leurs habitudes et leur hypocrisie par une génération nouvelle, des pratiques nouvelles, une franchise nouvelle.

Nous sommes là pour les remplacer et, si vous en voulez la preuve, la preuve absolue, regardez dans quels camps sont tous les dignitaires sans exception des décennies qui s'achèvent ! Tous sans exception, ou presque, tous sont affairés à défendre leur monopole et leur privilèges et, chaque fois, comme ce soir, qu'il y en a un de plus qui vient les rejoindre en hâte rejoindre leurs rangs inquiets, regardez-les bien, regardez-le bien, c'est la preuve que nous avons raison. C'est la preuve que nous sommes le changement que la France attend.

Tous ces hommes politiques épuisés, tous ces familiers du pouvoir et de ses avantages, tout ceux que le peuple français ne supporte plus leur entendre donner des leçons, toujours condescendants, eux qui savent et qui, naturellement, parlent au peuple qui est censé ne pas savoir.

Eh bien, leur addition, leur collection, leur assortiment, leur assemblage, leur accumulation, tout cela ne fait pas une vérité ou une novation. Cela ne fait pas une fraîcheur. Cela représente un repoussoir et, comme cette collection d'élus épuisés représente un repoussoir, le mot d'ordre, c'est qu'il faut désormais les repousser et, au fond, me mettant dans l'esprit de ceux que l'on appelle indécis, c'est-à-dire, en réalité, de ceux qui réfléchissent, qui se demandent qu'elle sera le vote le plus efficace, le vote le plus juste pour obtenir le changement en France, me mettant dans leur esprit, dans l'esprit de ces citoyens qui réfléchissent, il me semble que la conclusion qu'ils doivent tirer devrait être celle-ci : si tous les tenants et défenseurs de ce monde ancien sont tous contre lui, tous en rangs serrés, tous solidaires, tous ligués, alors, c'est qu'il a raison, puisqu'ils sont tous contre lui.

Alors, c'est la certitude qu'il ne reviendra pas en arrière, qu'il va vraiment changer les choses, qu'il n'y a pas de retraite et pas de retrait. Alors, nous allons voter pour lui et c'est nous, le peuple français, qui allons, une bonne foi pour toutes, régler la question.

Vous aurez observé, en lisant la presse, ce matin, par exemple, qu'ils en sont à sortir les arguments les plus fins. Nicolas Sarkozy a déclaré, ce matin : "François Bayrou est à Gauche" et on sent qu'en prononçant cette phrase, il y a, chez lui, comme une vraie insulte. C'est presque comme s'il avait dit que j'étais un immigré, que j'égorge les moutons dans ma baignoire ou que je suis un pervers génétique.

En outre, Lionel Jospin, du haut de son expérience et de ses succès, a déclaré hier : "François Bayrou est à Droite" et on sent que, chez lui, c'est presque comme s'il disait que je suis un trotskiste déviationniste !…

Je vais vous faire une confidence : qu'est-ce que je suis heureux, qu'est-ce que cela me fait plaisir de ne pas recevoir le label de la Droite à la mode Sarkozy, car elle est le contraire de ce que j'ai cru et que j'ai voulu toute ma vie.

Et, qu'est-ce que je suis content et qu'est-ce que je suis heureux de ne pas recevoir le label de la Gauche à la mode Jospin, car, cette Gauche, c'est le contraire de ce que j'ai cru et de ce que j'ai voulu toute ma vie.

C'est pourquoi, lorsque Sarkozy m'accuse d'être de Gauche et Jospin d'être de Droite, alors, je suis sûr d'être à ma place, d'être avec vous, à la place que la France attend, là où il faut être, là où la France veut que nous soyons, du côté de la France généreuse, du côté de la France ouverte et du côté de la France réaliste.

Au fond, je suis comme tous les Français, comme la France : il y a de la Droite en moi, car je veux de la rigueur. Je veux de la sécurité pour les enfants et pour les grands et pour les plus âgés et, ce que je reproche à la Droite, ce n'est pas de l'avoir voulue, c'est de ne pas l'avoir fait. Les résultats sont terribles et, maintenant, en France, même les policiers ont peur.

Il y a de la Droite en moi et il y a de la Gauche en moi. Je veux de l'égalité. Je veux l'égalité des chances. Je veux l'égalité des droits. Je veux de la solidarité avec les plus faibles et, ce que je reproche à la Gauche, ce n'est pas de l'avoir voulue. Je la veux comme elle et plus qu'elle. Ce que je reproche à la Gauche, c'est de ne pas l'avoir fait, ni au pouvoir, ni dans l'opposition, car j'ai le souvenir précis du combat que nous avons mené, tout seuls, lorsque le Gouvernement de M. Raffarin a voulu supprimer l'allocation spécifique de solidarité pour les chômeurs de longue durée. C'est nous qui sommes montés à la tribune. C'est nous qui l'avons défendue, au nom du droit des plus faibles et c'est eux qui se sont tus. J'aurais aimé qu'ils partagent ce combat.

Je me souviens également d'avoir été tout seul pour mener le combat concernant la privatisation des autoroutes. Nous sommes montés à la tribune. Je suis allé au Conseil d'État, comme un citoyen, en mon nom propre. On n'a pas entendu la Gauche. Ils se sont tus, sans doute car ils n'étaient pas sans liens avec quelques-uns des intérêts qui, dans cette affaire, allaient recevoir le cash, allaient recevoir les bénéfices qui auraient dû revenir aux Français.

Et il y a du Centre en moi, avec ses valeurs du Centre : équité, justice, fraternité. Ce que je garantis devant vous, c'est que ces valeurs-là, les valeurs de la République, les valeurs qui ont fait et tissé le peuple français, nos valeurs et les valeurs des autres, nous n'allons pas seulement les invoquer, nous allons les faire entrer dans la réalité. Nous allons les réaliser et ce sera notre œuvre au service de la France.

C'est ainsi que, pour comprendre, pour reconstruire, il faut réunir. C'est exactement aujourd'hui, comme c'était dans la Résistance. Je n'emploie pas ce mot par hasard. Je pense que le pays est en danger, d'épuisement, de révolte, de fracture. Dans la Résistance, je le dis aux sectaires des deux bords qui refusent que l'on puisse tendre la main par-dessus les frontières et qui nous expliquent que cette France-là et l'autre France sont inconciliables, on ne refuse pas les mains qui se tendent. Dans la Résistance, si l'on se met à refuser celui qui ne pense pas exactement comme vous, alors, ce n'est plus du sectarisme, c'est de la trahison de l'intérêt national.

Le pays est si menacé, si fragile, que je suis du côté de Louis Aragon dans la rose et le réséda : "Celui qui croyait au ciel, celui qui n'y croyait pas, tous deux adoraient la belle prisonnière des soldats, c'est la France.

Celui qui croyait au ciel, celui qui n'y croyait pas, tous les deux adoraient la belle prisonnière des soldats. Lequel montait à l'échelle et lequel guettait en bas ? Celui qui croyait au ciel ? Celui qui n'y croyait pas ? Qu'importe comment s'appelle cette clarté sur leur pas, que l'un fut de la chapelle et l'autre s'y déroba, celui qui croyait au ciel, celui qui n'y croyait pas.

Tous les deux étaient fidèles des lèvres, du cœur, des bras, et tous deux disaient : qu'elle vive et qui vivra verra ! "...

Vous savez à qui ce poème est dédié ? Écoutez bien, il est dédié à quatre jeunes hommes qui sont morts fusillés. Ce poème est dédié à Gabriel Péri, député communiste, fusillé en 1941. Il est dédié à Honoré d'Etienne d'Orves, Action française, nationaliste, fusillé. Il est dédié à Guy Moquet, jeune lycéen de dix-sept ans, communiste, fusillé et, enfin, il est dédié à notre camarade Gilbert Dru, philosophe, étudiant philosophe de vingt-quatre ans, chrétien, fusillé le 27 juillet 1944, place Bellecourt, à Lyon.

C'est avec tous cela que l'on fait la France. Ce n'est pas avec du sectarisme. Ce n'est pas avec leur bêtise. Ce n'est pas avec leur fermeture. Lorsqu'il s'agit de reconstruire le pays, on a besoin de tout le monde.

Et, comme, au fond, c'est un poème que nous écrivons, je pense que, pour tourner les pages, dans ses grandes lignes, du programme dont nous avons besoin pour reconstruire la France, il faut trouver des rimes nouvelles et je vous propose donc que nous fassions, de nouveau, rimer France avec d'autres noms avec lesquels elle a, depuis longtemps, perdu l'habitude de rimer.

Je vous propose d'abord de faire rimer à nouveau France avec croissance. Savez-vous pourquoi nous en sommes là ? Nous en sommes là, parce que, depuis vingt-cinq ans, tous les ans, la France a eu un point de croissance de moins que la moyenne de tous ses partenaires au niveau européen. Un point de croissance de moins, ce sont deux millions d'emplois qui nous manquent aujourd'hui et 1,5 Md€ de recettes nouvelles des patrimoines nationaux qui nous manquent.

C'est pourquoi le pays s'appauvrit. Il faut retrouver la croissance et je le dis clairement, y compris en parlant à la Gauche de ce pays, qui croit, aujourd'hui, par sa candidature et son appareil, que c'est du côté de l'État que l'on trouvera la réponse aux problèmes de la France.

Pour moi, c'est dans le tissu économique et la société française, c'est dans les entreprises françaises et l'industrie française que nous allons trouver la réponse pour notre avenir, pour faire rimer France avec croissance, ce dont aucun des autres programmes, je l'ai vérifié, de partis politiques ne parle. Tout le monde sait qu'il existe un certain nombre de passages obligés.

Il faut déverrouiller ce qui est verrouillé. Il faut permettre aux entreprises de retrouver la création d'emplois devant laquelle elles sont, aujourd'hui, en situation d'inquiétude. J'ai été très intéressé par la lecture du numéro des Échos d'hier, journal qui a proposé, hier matin, aux chefs d'entreprise français, spécialement aux chefs des entreprises petites et moyennes, de juger les mesures économiques principales proposées par les principaux candidats à cette élection.

À votre avis, quelle est la mesure qui a été plébiscitée par les responsables économiques des petites et moyennes entreprises ? !… Ce sont les deux emplois sans charges pendant cinq ans que nous proposons aux Français !…

Je considère que les chefs d'entreprise sont, et de très loin, les meilleurs experts économiques qui puissent effectuer, en effet, l'étude, l'analyse et l'expertise de ce dont ils ont besoin pour que, en France, leurs entreprises se développent et que l'on retrouve les emplois qui, jusque hier, étaient gelés.

J'envoie ce message personnel à un certain nombre d'instituts ou à un institut où j'ai cru reconnaître la pensée dominante d'un certain nombre de partis politiques depuis longtemps installés au pouvoir et qui nous ont conduits au chômage de quatre millions de personnes que nous connaissons aujourd'hui en France.

Il faut déverrouiller, il faut simplifier et c'est la raison pour laquelle je ferai adopter ce texte qui existe aux États-unis depuis cinquante-quatre ans et qui a rendu suffisamment de services pour que l'on considère qu'il a joué un rôle essentiel dans le décollage de l'économie américaine. Je ferai adopter le Small business act à la française, une loi de protection, de simplification et de soutien de la petite entreprise.

Et, pour être assuré que la simplification se fera, je demanderai, pour rompre avec la malédiction qui existe depuis que je fais de la politique, c'est-à-dire depuis au moins vingt ans que j'écris ou que je vois écrire des programmes d'élection, selon laquelle, chaque fois qu'il y a une élection, on parle de simplification et, chaque fois que l'on est au pouvoir, on complique la situation administrative, les textes fiscaux et sociaux qui frappent les petites entreprises !…

Pour garantir que la simplification se fera, je dis à l'avance que je ne la confierai pas à l'administration et pas aux politiques non plus. Je la confierai aux usagers. C'est à eux que l'on demandera de bien vouloir simplifier l'appareil des contraintes administratives, en particulier, que l'on impose aux entreprises.

Pour aller dans le sens de la croissance, nous avons proposé de favoriser l'accès des entreprises, et notamment des petites entreprises e celles qui viennent de se créer, aux crédits en mettant en place un Fonds mutuel de caution, qui permettra aux jeunes créateurs d'entreprise de trouver les financements qu'ils ont tant de mal à trouver aujourd'hui.

Financement et Fonds mutuel de caution… Pour aider à la croissance, il faut désendetter l'État, afin que l'on arrête de ponctionner sur la production des entreprises et le travail des Français. C'est pourquoi, car nous avons installé le sujet du déficit et de la dette dans la campagne présidentielle, une fois que je serais élu Président de la République et que nous serons ensemble au Gouvernement, nous mettrons en place le même plan qui a permis à l'Allemagne de mettre un terme à son déficit et d'arrêter de voir grossir sa dette en dix-huit mois.

Dix-huit mois, c'est pour l'Allemagne. Notre programme, à nous, tient en trois ans. Espérons que nous aurons des horizons plus souriants.

Il se trouve que je considère que la fin du déficit et le désendettement de l'État représentent, non seulement une mesure économique indispensable, mais également, en réalité, la première des mesures sociales, la première des mesures en direction du pouvoir d'achat, car, autrement, c'est le travail des Français que l'on ponctionne de trois ou quatre mille euros par an pour rembourser l'intérêt d'une dette que l'irresponsabilité des gouvernants a laissée grossir.

C'est une mesure sociale.

Pour aller vers la croissance, il faut, en effet, que la France choisisse d'être une société dans le sens de la création et je veux mettre la création, scientifique -la recherche-, culturelle et d'entreprise sur le même plan.

Ce sont des créateurs, car ils choisissent de ne pas accepter le monde comme il est, le monde comme on le leur fournit. Ils décident de le changer, ils décident de le modeler par leur imagination, leur inventivité, leur créativité. Tel est le visage de la France que nous voulons construire.

Et, comme, en effet, la réflexion sur la croissance a été le fait d'hommes de grande qualité, qui se sont accordés sur les constats et sur la voie qu'il fallait suivre pour en sortir, j'ai été infiniment touché et infiniment heureux que le plus éminent de ceux-là déclare, hier, qu'il avait décidé, en dépit des fonctions très importantes qui ont été et qui sont les siennes, à la fois à la Direction du Fonds monétaire international, à la tête d'une immense campagne d'ONG pour l'eau dans les pays en développement et des responsabilités qui ont été les siennes à la tête des semaines sociales de France, j'ai été très heureux que Michel Camdesssus indique hier, avec son expertise et sa réputation, qu'il avait décidé de s'exprimer et qu'il appelle les Français à voter pour moi, car, dit-il, il faut réunir les Français pour relever la France.

Je veux faire rimer France et assurance, en face de la mondialisation, et il n'existe qu'une assurance, à mes yeux, qu'un pays comme le nôtre puisse trouver dans les temps qui vont être durs, que nous avons à affronter, des temps de forte compétition internationale. Il n'existe qu'une assurance que nous pouvons proposer aux Français, une assurance suprême et la seule à la vérité disponible, c'est l'éducation.

L'objectif que je fixe, en concentrant tous les moyens sur l'éducation, c'est que nous ayons, dans la décennie qui vient, atteint ce défi, relevé ce défi que je vais formuler : il faut que la France ait, désormais, les jeunes les mieux formés de la planète, que, sans aucune exception, aucun pays dans le monde ne puisse se prévaloir d'avoir des jeunes formés comme le seront les jeunes Français.

Pour former les jeunes, il y a une chose indispensable à faire, et je le dis dans un pays qui s'est laissé, ces dernières années, entraîné à faire le contraire. La première des choses à faire, c'est de soutenir l'Éducation nationale et de soutenir les enseignants dans leur difficile mission.

Voyez-vous, chaque fois que je pense aux enseignants, me revient en mémoire une lettre qui a été écrite par Albert Camus, le jour ou le lendemain du jour où il a reçu le Prix Nobel de littérature. Cette lettre est adressée à un instituteur en Algérie qui s'appelait M. Germain.

Je voudrais simplement vous dire lire cette lettre. Elle va évoquer, en chacun d'entre vous, des souvenirs. Elle va évoquer, en chacun d'entre vous, des visages. Je trouve que cette lettre dit, à elle seule, le soutien que la Nation doit apporter à ses enseignants : "Cher M. Germain, j'ai laissé s'éteindre un peu le bruit qui m'a entouré tous ces jours-ci avant de venir vous parler un peu de tout mon cœur. On vient de me faire un bien trop grand honneur, que je n'ai ni recherché ni sollicité, mais, quand j'en ai appris la nouvelle, ma première pensée, après ma mère, a été pour vous.

Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue aux petits-enfants pauvres, sans votre enseignement et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé.

Je ne me fais pas un monde de cette sorte d'honneur, mais celui-là est, du moins, une occasion pour vous dire ce que vous avez été et êtes toujours pour moi et pour vous assurer que vos efforts, votre travail et le cœur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l'âge, n'a pas cessé d'être votre reconnaissant élève.

Je vous embrasse de toutes mes forces.

Albert Camus".

Si je suis candidat à la présidence de la République, si je suis élu Président de la République, si je mets l'éducation comme le cœur même de la politique que nous allons devoir suivre, si je garantis que nous mobiliserons tous les moyens disponibles pour que l'Éducation nationale française soit à la hauteur des défis qu'elle va devoir relever, je prends, comme premier engagement, celui de ne plus jamais laisser faire des enseignants français les boucs émissaires de toutes les difficultés de la société française.

Et, bien entendu et naturellement, en même temps que le soutien, en même temps que les moyens, il faut les objectifs qu'un grand peuple se donne et qu'il peut vérifier pour savoir si, oui ou non, il est en train d'atteindre les objectifs du contrat qu'il a signé, dont le premier est celui-ci : il faut que, en cinq années, nous arrivions à un objectif ambitieux, difficile, mais nécessaire. Il faut que plus un seul enfant ne puisse entrer en sixième sans avoir préalablement maîtrisé la lecture et l'écriture.

Il faut, de la même manière, que nous acceptions cet impératif qui est que la discipline, le respect et le calme règnent, désormais, dans tous les établissements, quelle que soit la situation de ces établissements dans notre pays, fussent-ils dans les quartiers les plus difficiles, car c'est précisément là qu'il faut garantir aux enfants qu'ils vont pouvoir étudier et vivre dans la paix et le respect réciproques.

Car évidemment, lorsque c'est une ambiance d'insécurité, lorsque c'est une ambiance d'insécurité. Madame, je suis prêt, comme vous, à penser que, en effet, un changement d'état d'esprit et l'élection à la tête de l'État d'un homme qui aura choisi de respecter ses concitoyens pour qu'ils se respectent entre eux sont de nature à changer le climat actuel.

Je ne dis toutefois pas que cela suffira. Tout ceci signifie, bien entendu, qu'il va falloir, pour un certain nombre d'enfants en situation de déstabilisation personnelle, souvent les mêmes qui, d'ailleurs, n'ont pas réussi à maîtriser les acquis fondamentaux pour suivre en classe et qui n'ont, pour s'affirmer, que leur situation de leader de cours de récréation, de "caïd de cours de recréation", trouver, pour ceux-là, une réponse pédagogique, psychologique et éducative qui permettra, en effet, de garantir que les établissements changeront de climat et que, s'ils retrouvent les repères, ils pourront revenir dans le système éducatif.

Et, comme il faut que nous garantissions qu'il y aura la discipline, le calme et le respect partout dans les établissements, il faut également que nous garantissions qu'il y aura, dans tous les collèges et dans tous les lycées, les mêmes parcours d'excellence avec les mêmes exigences, les mêmes chances et les mêmes options que l'on trouve dans les établissements les plus huppés des centres-villes les plus favorisés, parce que, la République de l'égalité des chances, mon cher Azouz Begag, c'est qu'il y ait les mêmes chances pour tous.

Puisque nous en sommes à un ministre même démissionnaire, je vous en présente un second, François Goulard, ministre de la Recherche, et puisque l'on vient de parler de la société civile et de la Droite, j'espère que François Goulard ne m'en voudra pas de dire que son parcours est plutôt un parcours de Droite.

Je salue également, avec vous, venant des milieux écologistes, Corine Lepage et, venant de la Gauche, de la Gauche responsable, Jean Peyrlevade.

En effet, comme vous savez, c'est assez mal vu à Gauche, en ce moment, de dire que nous sommes plutôt des gens fréquentables, avec des idées convenables et, plus encore que convenables, des idées compatibles avec ce qu'il convient de faire pour redresser le pays.

Ainsi, j'adresse, par-dessus ce sectarisme, mon salut amical à Michel Rocard, Bernard Kouchner et Claude allègre qui nous invitent à travailler ensemble.

J'en étais à l'égalité des chances pour dire qu'elle a une traduction concrète républicaine extrêmement simple, c'est que l'on puisse trouver les mêmes parcours de réussite, le même niveau d'exigence scolaire, la même possibilité de trouver des options, que l'on soit au collège ou au lycée Henri IV ou Louis-le-Grand ou que l'on soit au collège Pablo Néruda d'une cité en difficulté.

Nous avons besoin des deux et, la République, c'est qu'il y ait la même exigence partout.

Vous aurez noté que je parle avec vous d'exigence. Je ne parle pas de facilités. Je ne parle pas de laxisme, je ne parle pas de distribuer les diplômes uniquement pour des raisons statistiques. Je parle de renouer avec l'exigence, y compris et surtout lorsqu'il s'agit d'enfants issus de milieux sociaux qui ne sont pas favorisés par la naissance, par les conditions matérielles ou par la culture.

C'est l'exigence qui sauve en cette matière et c'est le laxisme qui abandonne. C'est, en réalité, de la non-assistance à personne en danger que de ne pas offrir à ceux qui le peuvent, qui ont la vocation, les moyens, la volonté, l'envie de travailler et la capacité de s'en sortir et de montrer à tout le monde à quel niveau ils sont capables d'arriver, la possibilité de le faire.

De la même manière qu'il faut l'excellence partout, dans tous les établissements de l'enseignement secondaire, nous avons une grande tâche devant nous. Je m'adresse au ministre de la Recherche. Nous avons à bâtir une université qui retrouve le niveau, la capacité, les moyens et la réputation des plus grandes universités de la planète.

Après tout, nous sommes les inventeurs de l'université et il n'y a aucune raison que nous ne posions pas, devant la Nation tout entière, la question de savoir pourquoi les universités françaises sont reléguées, plus ou moins injustement, mais, enfin, c'est une réalité, au-delà, pour la meilleure, du cinquantième rang de toutes les universités du monde !…

La France a le droit d'avoir des universités de premier rang.

De nombreux universitaires sont présents dans la salle. Je salue les étudiants, si nombreux, et je salue les professeurs qui sont présents. J'ai observé, à vos applaudissements, que les professeurs étaient moins nombreux que les étudiants, ce qui, après tout, est dans l'ordre des choses.

J'indique aux grands universitaires présents que nous allons, en effet, avoir à penser une réforme de l'université française, qui sera débattue, discutée et réfléchie avec tout le monde, qui concernera la gouvernance, les moyens et les objectifs de l'université pour que nous ne restions pas au rang injustement humiliant qui est le nôtre aujourd'hui, car nous avons donné à l'université des charges énormes, mais pas les moyens de les remplir.

Je propose que nous mettions cette question sur notre agenda et devant nous. Parmi les charges, vous savez que l'université a deux missions principales : l'enseignement, d'un côté, et la recherche, de l'autre.

La question de la recherche est une très grande question pour la France, car nous formons les chercheurs. Nous leur donnons l'enseignement primaire, l'enseignement secondaire, l'enseignement supérieur, pour qu'ils atteignent bac+5, bac+8, bac+10, bac+12 et, une fois qu'ils sont arrivés au doctorat, une fois qu'ils ont acquis l'expérience nécessaire pour pouvoir faire fructifier leur mission de chercheur, à ce moment-là, ce sont les laboratoires américains qui les recrutent et c'est eux qui cueillent les fruits que nous avons contribué à faire pousser.

Il s'agit, là, d'une une souffrance pour la France, une faiblesse et une souffrance pour la France.

Par ailleurs, en plus des missions d'enseignement et de recherche, il faudra que nous nous intéressions à une nouvelle mission qui est celle de l'insertion professionnelle pour les étudiants sortis de l'université, car il n'est pas possible que nous acceptions, dans notre pays, de voir, ainsi, tant et tant de dizaines de milliers d'étudiants obtenir ou ne pas obtenir un diplôme et se retrouver, ensuite, sans aucune formation professionnelle.

Cela est un problème pour la Nation et il ne s'adresse pas uniquement aux universitaires. Il s'adresse, en même temps, au tissu économique français. Nous devons bâtir, à chaque degré de sortie de l'université, les moyens de trouver une formation professionnelle et l'insertion qui va avec, afin que les étudiants ne se trouvent pas dépourvus.

En effet, je considère qu'il s'agit, là, d'un élément de démoralisation de la Nation, un des plus graves, un des plus lourds éléments de démoralisation de la Nation que de voir rompu, au fond, le premier article de ce qu'était le Pacte républicain, qui, et nous sommes nombreux à le savoir, était quelque chose de très simple.

Ainsi, dans toutes les familles, spécialement les plus modestes, celles qui n'ont ni relations, ni avantages, ni privilèges à transmettre, il y avait une règle d'or qui était que, si les enfants travaillaient bien à l'école, ils trouvaient une situation meilleure que celle de leurs parents.

Telle était la règle d'or de la République. Or, le fait que tant et tant de milliers de jeunes Français aient bien travaillé à l'école, aient fait tout ce qu'on leur demandait, aient obtenu des diplômes et se trouvent sans solution professionnelle est un élément de démoralisation de toutes les familles et de toute la Nation. À cela, il faut que nous proposions des réponses.

Je propose une troisième rime. J'ai dit faire rimer France et croissance, faire rimer France et assurance. Je propose de faire rimer France et confiance. Prononçant ce mot, je veux avoir une pensée affectueuse pour Raymond Barre, qui est sur son lit de maladie, car, en dépit de quelques événements tristes et récents, il a été un homme pour qui nombre d'entre-nous avons eu beaucoup d'affection pendant beaucoup d'années. Je voulais le dire devant vous.

Pour faire rimer France et confiance, il faut que nous nous attaquions à au moins cinq très grands sujets. Je vais les énoncer rapidement.

Tout d'abord, il faut que nous bâtissions, pour notre pays, une authentique et véritable démocratie sociale. Dans notre pays, depuis des années, depuis des décennies et, à la vérité, depuis des siècles, nous avons tous considéré ou l'histoire a considéré que c'était l'État qui était le patron de tout et que la société civile n'avait qu'une mission, celle d'obéir à l'État. On considérait qu'il fallait que l'État fût le souverain suprême et que la société civile n'avait plus qu'à obéir.

Il faut que, au contraire, nous considérions que, en face de l'État, la société civile doit être une société armée, représentée, organisée et, pour cela, il faut que toutes les décisions qui s'attachent, en particulier, au domaine économique et social, soient examinées préalablement, discutées et, s'il le faut, proposées par les partenaires sociaux, les représentants des salariés et les représentant des entreprises.

Dans ce cadre, je proposerai que soit rénové le Conseil économique et social qui est, aujourd'hui, une chambre totalement absente de la démocratie sociale, mais qu'il est nécessaire de faire revivre, puisque, après tout, elle existe. Il faut que nous considérions qu'elle doit être un lieu des débats utiles.

En outre, il faut que nous rénovions notre démocratie politique qui représente, en réalité, une faiblesse immense pour la France et pour la République. Le fait que nous ayons une démocratie confisquée où tous les pouvoirs sont concentrés entre les mêmes mains, où la nomination de ceux qui doivent être des responsables de l'État se fait, non pas en fonction des mérites, mais en fonction de l'allégeance qu'ils ont déclaré à tel ou tel parti ou à telle ou telle personnalité, est un élément de démoralisation pour la Nation et il faut que cela cesse.

C'est la raison pour laquelle je proposerai, en effet, les changements institutionnels qui s'imposent. Je proposerai que le Parlement de la République retrouve la plénitude de ses droits, que le Parlement devienne maître de son ordre du jour, qu'il ait les moyens de légiférer, qu'il puisse contrôler le Gouvernement, y compris avec l'aide de la Cour des Comptes dans le cadre, Jean Arthuis, de la fameuse LOLF dont tout le monde sait qu'elle a été inventée de manière transpartisane par un certain nombre de ceux qui sont là.

Je proposerai que le Parlement retrouve sa dignité et que, en France, désormais, on ne puisse plus voter à l'Assemblée Nationale ou au Sénat si l'on n'est pas physiquement présent.

Je proposerai -là, les parlementaires vont être un peu moins enthousiastes, je vous le promets, en tout cas-, pour les membres de l'Assemblée Nationale, que soit mis un terme au cumul des mandats qui est, en France, me semble-t-il, une faiblesse…

Ils applaudissent avec un sourire mitigé !

Je proposerai, pour que le Parlement retrouve la plénitude de ses légitimités, que nous adoptions, enfin, une loi électorale juste qui fasse que tous les grands courants d'opinion, dès l'instant qu'ils auront atteint le seuil de 5 % des voix, puissent siéger à l'Assemblée Nationale et représenter toutes les opinions, y compris celles que je n'aime pas.

Je considère, par exemple, qu'il est anormal qu'un mouvement comme celui des Verts, quelles que soient les turbulences et les difficultés qu'il rencontre, doive, pour obtenir son groupe parlementaire, aller quémander auprès de son allier le plus puissant, le Parti Socialiste, et ne puisse pas obtenir son groupe parlementaire du droit des citoyens qui, même minoritaires, doivent être représentés dans les assemblées de la République.

En effet, pour moi, la démocratie, ce n'est pas la représentation exclusive des majorités. La démocratie commence avec la protection des minorités. Nous sommes tous citoyens et nous ne sommes pas plus ou moins citoyens, selon que nous sommes plus ou moins d'accord avec les deux partis majoritaires.

C'est au nom de cette citoyenneté que nous avons le droit d'être représentés et cela assurera, je l'espère en tout cas, la diversité des sexes, l'équilibre entre les hommes et les femmes, la parité nécessaire, de même que la représentation de la diversité au sein de nos assemblées de la République.

Je dis cela, même et y compris pour les mouvements politiques dont j'ai, toute ma vie, combattu les idées. Je considère qu'il vaut mieux une confrontation ouverte, à ciel ouvert, devant les Français, plutôt que de voir cheminer souterrainement un certain nombre d'idéologies. Cela évitera qu'on les retrouve, après, dans les programmes d'autres candidats, d'autres courants qui devraient être des remparts et qui sont des complices.

De la même manière, ayant construit notre démocratie sociale, ayant reconstruit notre démocratie politique, je vous dis qu'il va falloir que nous assurions la moralisation de la vie économique dans notre pays, car un certain nombre de pratiques sont, en effet, scandaleuses, profondément choquantes pour tous les salariés, profondément choquantes pour les petits actionnaires. Or, un certain nombre de ces pratiques se retournent, en réalité et d'abord, contre l'image de l'entreprise. C'est l'image de toutes les entreprises, petites et moyennes, qui se trouve affectée par le manque d'éthique d'un certain nombre de dirigeants qui ne respectent pas les engagements et la modération qui devraient être les leurs.

Ayant retrouvé la confiance ou permis de retrouver la confiance dans la démocratie sociale, dans la démocratie politique et dans la vie économique de notre pays, trois chapitres absolument essentiels, il faudra, alors, que nous accomplissions l'œuvre historique que le monde attend de notre génération. Il faut que nous fassions renaître la confiance entre les Français et l'idéal Européen.


La suite du discours.

 

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