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27 juin 2018 3 27 /06 /juin /2018 22:10

Une expérimentation sur 86 km a été faite entre le 1er juillet 2015 et le 30 juin 2017 avec une vitesse maximale autorisée de 80 km/h. Plusieurs organismes ont publié des rapports sur les résultats de cette expérimentation qu'on peut lire en téléchargeant les fichiers .pdf correspondant (cliquer sur les liens respectifs).


1. Rapport du CEREMA sur les vitesses observées (décembre 2017) :
http://www.securite-routiere.gouv.fr/content/download/37745/359532/version/1/file/CEREMA-Route_80_bilan_experimentation.pdf

2. Rapport de l'ONISR sur l'accidentalité (février 2018) :
http://www.securite-routiere.gouv.fr/content/download/37917/361392/version/2/file/Exp%C3%A9rimentation+80+-+Bilan+de+l%27accidentalit%C3%A9+-+ONISR.pdf

3. Rapport de l'ONISR sur l'accidentalité sur route bidirectionnelles hors agglomération (avril 2018) :
http://www.securite-routiere.gouv.fr/content/download/38000/362252/version/1/file/ONISR_Avril+2018_Accidentalit%C3%A9+routes+bidi+hors+agglo-R%C3%A9seau+principal.pdf

4. Rapport d'analyse coûts/bénéfices (mars 2018) :
https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/Th%C3%A9ma%20-%20R%C3%A9duction%20des%20vitesses%20sur%20les%20routes.pdf

Pour en savoir plus :
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180701-limitation-80-km-h.html

SR

http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20180628-experimentation-vma-80.html


 

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20 juin 2018 3 20 /06 /juin /2018 23:52

Le célèbre accidentologue, le docteur Claude Got, a rédigé une longue analyse des déclarations prononcées lors de l'audience du délégué interministériel de la sécurité routière au Sénat le 23 janvier 2018 afin de démonter les inexactitudes et les désinformations nombreuses et rarement contredites. Ce rapport a été publié le 17 mars 2018.

Cliquer sur le lien pour télécharger le dossier analyse (fichier .pdf) :
http://www.securite-routiere.org/docacrobat/2018senat23janvcommentaires.pdf

Pour en savoir plus :
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180314-vitesse-route.html

SR

http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20180123-analyse-claude-got.html




 

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17 juin 2018 7 17 /06 /juin /2018 22:08

Le décret n° 2018-487 du 15 juin 2018 relatif aux vitesses maximales autorisées des véhicules a été publié au Journal Officiel de la République Française n°0138 du 17 juin 2018.

Cliquer sur le lien pour télécharger le décret (fichier .pdf) :
https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000037076517

Pour en savoir plus :
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180701-limitation-80-km-h.html

SR

http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20180615-decret-vitesse-maximale-autorisee.html

 

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8 mai 2018 2 08 /05 /mai /2018 03:27

« Il semble que les hommes éprouvent une indignation plus vive quand ils se croient lésés par quelque juridiction que lorsqu’ils sont victimes de la violence. » (Thucydide, IVe siècle avant Jésus-Christ).


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Depuis plusieurs semaines, les centres agréés de contrôle technique automobile croulent sous le travail. C’est compréhensible. À partir du 20 mai 2018, un nouveau contrôle technique sera en application pour les automobiles de plus de quatre ans après la date de la première immatriculation.

Tout d’abord, précisons une chose. Le Président Emmanuel Macron n’y est pour rien ! Il l’aurait probablement décidé aussi, mais cette mesure a été décidée par son prédécesseur François Hollande, peu avant de quitter l’Élysée. C’est l’un des derniers cadeaux empoisonnés du nouveau commentateur en chef légué aux Français. En effet, ce nouveau contrôle technique relève de l’arrêté du 2 mars 2017 modifiant l’arrêt du 18 juin 1991 relatif à la mise en place et à l’organisation du contrôle technique des véhicules dont le poids n’excède pas 3,5 tonnes. Il concerne les opérateurs agréés pour le contrôle technique et les automobilistes.

Mis en application le 1er janvier 1992 (arrêté du 18 juin 1991 et articles R.323-1 à R.323-26 du code de la route), le contrôle technique automobile fut une mesure prise par le gouvernement de Michel Rocard en parallèle avec le principe du permis de conduire à points. Il a eu plusieurs effets. D’une part, il a mis hors d’état de nuire les véritables tombeaux roulants, des vieilles voitures jamais révisées et jamais entretenues. Ensuite, il a dopé un peu l’industrie automobile, tant du neuf que de l’occasion, en envoyant à la casse des véhicules qui n’étaient plus économiquement réparables.

Ce contrôle a-t-il été en mesure de réduire la mortalité routière ? Probablement un peu, mais certainement de manière assez marginale. Les statistiques sur l’origine des accidents mortels laissent entendre que la vétusté du véhicule serait en cause pour seulement moins de 5% des cas. La principale cause reste le comportement des automobilistes.

Le contrôle technique d’un véhicule n’empêche pas son propriétaire d’être dans l’obligation de maintenir en permanence le véhicule en bon état de marche et d’entretien conformément aux dispositions du code de la route qui existaient bien avant la mise en place du contrôle technique.

À part le contrôle des freins, de la pollution et des phares, la plupart des points de contrôle sont visuels ou manuels. Il ne s’agit donc pas d’une révision, mais seulement de points à vérifier. Ainsi, un contrôle technique sans problème ne signifie pas forcément que le véhicule n’est pas dangereux, même si de nombreux défauts dangereux sont facilement décelables ainsi.

Au fil des années, le contrôle technique s’est de plus en plus durci. La date du premier contrôle a été avancée, la régularité des contrôles a été renforcée et surtout, le nombre de points soumis à contre-visite (dans les deux mois à compter de la date du contrôle) a beaucoup augmenté. Le 20 mai 2018, le contrôle technique sera donc beaucoup plus rigoureux puisqu’il passera de 124 à 415 points de contrôle pour défaillance majeure et de 0 à 146 ponts de contrôle pour défaillance critique.

Le nouveau contrôle sera donc probablement plus cher que l’ancien puisqu’il nécessitera plus de main d’œuvre. Mais ce n’est pas cela le plus important. Le plus important, c’est que des véhicules anciens qui pouvaient encore passer après un ancien contrôle ne le pourront plus (par exemple, ceux qui présentent des petits problèmes d’étanchéité d’huile), car les réparations seront alors trop chères par rapport à la valeur du véhicule.

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Le nouveau contrôle technique du 20 mai 2018 a effectivement la particularité de créer un nouveau type de défaut. Dans quelques jours, il y aura trois types de défaut : la "défaillance mineure", signalée et devant être résolue, mais sans obligation de contre-visite, la "défaillance majeure", qui nécessite une contre-visite dans les deux mois, et, c’est ici l’innovation, la "défaillance critique", qui fait interdire de circulation à l’exception du jour même du contrôle, ce qui signifie que la contre-visite doit se faire dans les 24 heures pour pouvoir continuer à conduire le véhicule.

Ce délai ultra-court de 24 heures n’est pas du tout réaliste et a des raisons d’inquiéter la grande majorité des automobilistes. Nécessairement, les réparations concernant ces défaillances critiques ne pourraient plus se faire de manière la plus optimisante possible (recherche du garagiste, recherche des pièces, éventuellement d’occasion, etc.), sans compter qu’un garagiste prend rarement un rendez-vous du jour au lendemain.

Cette innovation de défaillance critique laisse entendre que laisser rouler un véhicule ayant un tel défaut serait un véritable danger pour la société en général : le conducteur et les passagers du véhicule et les autres automobilistes, passagers et piétons qui le croiseraient. Il faut que le défaut soit vraiment critique, c’est-à-dire qu’il constitue un danger immédiat pour la sécurité routière : ainsi, parmi les exemples, un pneu excessivement usé, une absence de rétroviseur, un jeu excessif de la direction, un risque de chute d’un élément d’échappement… mais aussi des feux stop qui ne fonctionnent pas (ce qui est généralement facile à réparer). Les difficultés, ce sont par exemple une portière qui ferme mal ou d’autres petits "inconvénients" qui, tolérés aujourd’hui, ne le seront plus demain.

La notion de défaillance critique et ses conséquences sont relativement cohérentes : si la sécurité est vraiment en jeu, deux mois de conduite dans ces conditions peuvent être vraiment dangereux. Mais un jour, c’est irréaliste dans une vie moderne actuelle. Une semaine aurait dû être choisie pour laisser un minimum de marge d’organisation au propriétaire du véhicule.

Si ce nouveau contrôle technique a été décidé par le gouvernement français dans son entière souveraineté nationale, il a aussi pour but de tendre vers un contrôle technique européen qui sera à terme harmonisé, en transposant la directive européenne 2014/45/UE du Parlement Européen et du Conseil du 3 avril 2014 relative au contrôle technique périodique des véhicules à moteur et de leurs remorques, et abrogeant la directive 2009/40/CE.

Je rappelle que le Conseil Européen est l’instance qui décide en Europe et que ce Conseil Européen est composé des chefs d’État et de gouvernement légitimement élus par tous les peuples européens. Ces décisions européennes sont donc une série de décisions nationales convergentes. Il n’y a pas un "diktat de Bruxelles". Ce sont tous les pays qui se sont mis d’accord. La responsabilité nationale reste entière.

D’ailleurs, certains avaient voulu aller plus loin dans le renforcement du contrôle technique en rendant la fréquence tous les ans au lieu de tous les deux ans. Ils n’ont heureusement pas été écoutés.

On peut voir précisément la nature et la qualification (mineur, majeur, critique) des centaines de points de contrôle en lisant attentivement l’arrêté du 2 mars 2017 (qu’on peut télécharger ici).

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Mon commentaire personnel sur cette mesure : je doute qu’il y ait une réelle conséquence sur la sécurité routière elle-même. Ce nouveau contrôle technique est d’abord une mesure économique avant d’être une mesure de sécurité routière : il va nécessairement sortir plus de véhicules d’occasion de la circulation. Il est aussi une étape vers un contrôle technique européen. Il sera probablement possible (pas encore maintenant) de faire son contrôle technique dans n’importe quel pays européen (pour l’instant, l’expatrié qui a gardé sa voiture française doit faire son contrôle technique en France et pas dans le pays européen dans lequel il vit). Cela présente un intérêt très modeste.

L’autre raison évoquée de l’harmonisation européenne (en 2014), c’est l’objectif de réduire de moitié le nombre des morts sur les routes européennes en dix ans, entre 2010 et 2020. Cela me paraît illusoire : la période est presque achevée (nous sommes déjà au milieu de 2018), et s’il n’y a que des mesures sur l’état du véhicule, cela ne va pas aller très loin.

Dans tous les cas, ce nouveau contrôle technique sera plus contraignant à l’automobiliste qui a déjà beaucoup de sources de préoccupation par ailleurs (de sécurité pour la circulation mais aussi pour le stationnement, et même, maintenant, l’obtention difficile de la carte grise après la fermeture des guichets dans les préfectures, etc.). Tout sera dans la manière d’appliquer cet arrêté de la part des centres agréés. En effet, le passage entre "défaillance majeure" (deux mois) et "défaillance critique" (24 heures) est souvent arbitraire. Par exemple, un pneu "excessivement usé" est une défaillance majeure. Entre l’excessivement et le très, l’appréciation sera sémantique.

Avec l’automobile, outil souvent indispensable pour travailler et même vivre lorsqu’on habite dans certains territoires peu irrigués en transports en commun accessibles, on se retrouve de plus en plus comme avec le logement, pour lequel des mesures plus ou moins contraignantes tentent de favoriser la mise aux normes pour réduire les déperditions de chaleur en isolant, etc. Pourquoi alors ne pas permettre des exonérations d’impôts aux propriétaires d’automobile qui remettent aux normes leur véhicule, dans le but louable de la sécurité ? Le caractère ultra-contraignant du contrôle technique pourrait alors être compensé par une implication financière de l’État afin de laisser à toute la population, y compris la moins aisée, la possibilité de se mouvoir encore en automobile.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (07 mai 2018)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Le nouveau contrôle technique automobile.
Sécurité routière : les nouvelles mesures 2018.
La limitation de la vitesse à 80 km/h.
Documentation à télécharger sur le nouveau contrôle technique (le 20 mai 2018).
Documents à télécharger à propos du CISR du 9 janvier 2018.
Le comité interministériel du 9 janvier 2018.
Le comité interministériel du 2 octobre 2015.
Documents à télécharger à propos du CISR du 2 octobre 2015.
Cazeneuve, le père Fouettard ?
Les vingt-six précédentes mesures du gouvernement prises le 26 janvier 2015.
Comment réduire encore le nombre de morts sur les routes ?
La mortalité routière en France de 1960 à 2016.
Le prix du gazole en 2008.
La sécurité routière.
La neige sur les routes franciliennes.
La vitesse, facteur de mortalité dans tous les cas.
Frédéric Péchenard.
Circulation alternée.
L’écotaxe en question.
Ecomouv, le marché de l’écotaxe.
Du renseignement à la surveillance.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180520-controle-technique-automobile.html

https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/le-nouveau-controle-technique-204139

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2018/05/09/36386377.html


 

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21 mars 2018 3 21 /03 /mars /2018 21:18

« L’autorité contraint à l’obéissance, mais la raison y persuade. » (Richelieu, 1623). Première partie.



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Décidée au comité interministériel du 9 janvier 2018, jamais une mesure n’a été autant décriée et contestée pour réduire le nombre de morts sur les routes. Il s’agit de l’abaissement de la vitesse maximale autorisée sur les 400 000 kilomètres de routes à une seule voie sans séparation centrale de 90 à 80 kilomètres par heure.

Par le décret n°2018-487 du 15 juin 2018 relatif aux vitesses maximales autorisées des véhicules, signé par le Premier Ministre Édouard Philippe et le Ministre d’État, Ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, et publié au Journal Officiel (JORF n°0138) du 17 juin 2018 (à télécharger ici), cette mesure entre en application le 1er juillet 2018.

Cette décision, prise fermement par Édouard Philippe malgré les nombreuses pressions politiques, a provoqué des contestations au sein même de son gouvernement. Le Ministre d’État, Ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, numéro deux du gouvernement, avait déployé son "joker" le 17 mai 2018 à Rungis pour ne pas soutenir la mesure, et même le Président de la République Emmanuel Macron ne semblait pas convaincu par la mesure lorsqu’il a lancé le principe de l’expérimentation sur deux ans lors de son interview sur TF1 le 12 avril 2018.

Scandaleux, ce décret sur la limitation de la vitesse ? Non, ce qui est scandaleux, ce sont les très nombreuses réactions hostiles à son sujet et surtout, les réactions qui vont dans la facilité par électoralisme et démagogie.

C’est l’objet de cet article, de rétablir quelques éléments de réflexion sur le sujet. Jamais la sécurité routière n’a été autant instrumentalisée par les politiques depuis janvier 2018. Sans voir que le sujet, c’est qu’il y ait moins de morts sur les routes et que ce n’est pas un simple jeu de joutes politiciennes, c’est un sujet très grave, que des dizaines de milliers de familles connaissent parfaitement pour avoir perdu un des leurs sur la route. Cela dénote une certaine irresponsabilité d’une partie de la classe politique déboussolée par le lessivage de 2017. Je regrette d’ailleurs que mes amis de l’UDI soient beaucoup montés au créneau dans ce combat irresponsable.

De nombreux arguments sont de mauvaise foi plus ou moins assumée et dans l’ignorance scientifique plus ou moins volontaire. Il est vrai que tout le monde n’a pas forcément l’esprit scientifique (ce qui n’est pas une tare, mais la classe politique française a peu de scientifiques ; on imagine mal arriver à la tête du gouvernement en France avec un doctorat de chimie ou de physique comme en Allemagne, il est loin le temps de Paul Painlevé) et il faut aussi reconnaître que l’accidentologie est une science assez compliquée, comme les autres, et à ce titre, certains éléments sont peu connus ou peu intuitifs.

Je vais donc reprendre quelques arguments souvent utilisés, mais avant, je me sens obligé de faire quelques précisions tant personnelles que générales. Pour simplifier, je numéroterai les différents points abordés. Je garderai les deux "meilleurs" arguments de contestation qui peuvent paraître les plus pertinents à la fin (points 16 et 17).


1. Moi !

Quel manque de modestie de commencer par "moi" ! J’avoue que j’apprécie peu de parler de moi surtout quand il s’agit plutôt de parler d’un sujet général et grave. Mais il me paraît important de couper court à tous les arguments visant à discréditer votre modeste serviteur ici pour simplement dire que je suis comme tout le monde et notamment, comme tous ceux qui râlent contre cette mesure de réduction de la vitesse maximale autorisée. Je suis un automobiliste, j’utilise très régulièrement mon véhicule, je roule beaucoup hors agglomération et notamment sur les routes nationales (en zone rurale). Je parcours souvent la France pour différentes raisons. J’adore d’ailleurs admirer les paysages diversifiés qui défilent sous mes yeux.

Je reconnais que l’envie de rouler vite est souvent tentante, j’essaie de faire attention et il m’est même déjà arrivé d’avoir été sanctionné par un radar, par distraction, mais au lieu de râler contre toutes sortes de choses (contre le gouvernement, contre l’État, etc.), je ne râle que contre moi-même, je fais profil bas et je me dis que c’est une chance immense pour moi d’avoir été distrait devant un radar plutôt que devant un enfant. Conduire impose une attention soutenue permanente et l’on n’a pas le droit à la distraction. Dans une vie, payer une amende ou perdre des points n’est rien par rapport au fait d’assumer un accident, surtout s’il a entraîné des victimes. Au fil des années, les radars m’ont obligé à plus de responsabilité et plus de sagesse. Ou alors, c’est l’âge venant !

Le code de la route est l’une des règles du "vivre-ensemble" qu’il faut respecter sans discussion parce qu’il est question de vie ou de mort. On peut toujours discuter de la pertinence de telle ou telle règle, mais jamais discuter de leur application qui reste obligatoire.

Bref, désolé de commencer par moi, juste pour dire que cette mesure de limitation va m’impacter personnellement, comme d’autres millions de compatriotes, et que je ne suis pas un "bobo" parisien sans permis qui se déplacerait seulement en métro et en TGV (ou alors avec Uber).


2. Réduire la mortalité routière

Reconnaissons à tous les opposants de la mesure qu’ils sont d’accord avec l’objectif national de réduire la mortalité routière. Les familles des victimes en sont donc reconnaissantes. Il y a cette fameuse courbe du nombre de morts sur les routes françaises au fil du temps et heureusement, malgré l’augmentation du trafic, l’augmentation du parc automobile, l’ouverture des frontières, l’augmentation du nombre de kilomètres parcours, il y a eu des progrès considérables depuis une cinquantaine d’années. Ces progrès sont avant tout à mettre sous la responsabilité des politiques publiques qui ont modifié en profondeur les comportements individuels, et aussi bien sûr (j’y reviendrai dans un point), de l’amélioration continue des équipements automobiles.

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D’ailleurs, quand on analyse correctement la courbe, ce n’est pas forcément la réalité des mesures prises pour la sécurité routière mais leur annonce qui font un effet immédiat. C’est dans cette direction qu’il faut comprendre la baisse de la mortalité routière en mai 2018 par rapport à mai 2017 (mais il faut pondérer avec les conditions météorologiques et d’autres paramètres, je n’ai pas fait cette étude pour l’instant, donc, il faut évidemment rester prudent). Ce que j’écris sur l’effet d’annonce a été en revanche démontré lorsque le Président Jacques Chirac a souhaité installer des milliers de radars automatiques : le nombre de morts a immédiatement chuté, une fois l’impunité déclarée finie.

En très gros, on est passé de 15 000 morts par an (au début des années 1970) à un peu moins de 4 000 maintenant (entre 3 500 et 4 000 ; précisément 3 684 en 2017). On peut raisonnablement se poser la question : jusqu’où une politique publique pourrait-elle faire descendre la mortalité ? Car malheureusement, à part interdire toute circulation automobile, il est impossible d’imaginer le zéro accident. C’est impossible pour plusieurs raisons. La question est donc ici de se demander quel est le "plancher" d’accidents admissible. Admissible par la société.

Si l’on prend des comparaisons avec des pays comparables (la Grande-Bretagne par exemple), on se dit qu’il y a encore des marges de progrès à conquérir. L’objectif de 2 000 morts par an, qui a été fixé le 29 novembre 2013 pour l’année 2020 et qui ne sera pas tenu, paraît néanmoins un seuil atteignable.

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Si l’on regarde la courbe, on constate qu’il y a un "plancher" depuis le début du quinquennat de François Hollande. Ce seuil montre une véritable négligence des gouvernements durant ce quinquennat (il n’y a eu qu’un seul comité interministériel de la sécurité routière, en fin de quinquennat) par l’absence de mesure efficace (j’y reviendrai à propos de la mesure de limitation de vitesse). Concrètement, les deux dernières années ont montré une stabilisation de la mortalité, après deux années d’une remontée notable.

Du reste, les mauvais résultats ont vraiment commencé dès la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy, malgré lui, lorsque des sénateurs ont introduit (contre la volonté présidentielle) un assouplissement dans la récupération des points de permis perdus, donnant un signal de laxisme qui s’est traduit immédiatement (comme les signaux de fermeté) en nombre de morts sur la route.

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Le nouveau dispositif a été finalisé par l’Assemblée Nationale le 16 décembre 2010 et l’effet a été immédiat. Plus tard, lors d’une réunion à l’Élysée le 30 novembre 2011, Nicolas Sarkozy déclara avec rage : « Le message perçu par les Français à la suite des modifications des règles de récupération des points sur le permis de conduire, a conduit à une dégradation brutale des comportements sur la route au cours des premiers mois de l’année. Ce fut une erreur lourde de conséquences, contre laquelle j’avais mis en garde. ». Ce qui a justifié la réunion du comité interministériel de la sécurité routière du 11 mai 2011 où il a été question de supprimer les panneaux signalant la présence des radars et d’interdire les avertisseurs de radars. Ces annonces ont heureusement modifié les comportements et fait baisser de nouveau la mortalité.

D’un point de vue scientifique, le seuil plancher est atteint seulement quand cela converge de manière continue vers une asymptote horizontale mais pas quand il y a une singularité dans la dérivée, par exemple, lorsqu’il y a un plateau horizontal après une descente progressive. Cette discontinuité signifie un "événement" (ici, le signal de laxisme évoqué). On est donc encore loin de cette asymptote (qu’on évalue plutôt à 2 000 morts par an, ce qui reste beaucoup mais probablement difficilement améliorable).

Notons enfin qu’il n’y a pas de contradiction entre la poursuite de l’installation de milliers de radars supplémentaires et les performances médiocres des quatre dernières années. En effet, le manque de volonté politique du précédent quinquennat et surtout, l’absence de mesure contraignante pour interdire concrètement l’utilisation d’avertisseur de radars ont laissé l’idée, auprès de certains chauffards, qu’ils pouvaient jouer avec la vitesse en se procurant l’outil embarqué adéquat.


3. Forme dans la décision du gouvernement

Passons rapidement sur la forme. Les élus protestent parce qu’il n’y a pas eu de concertation. Pourtant, les décisions gouvernementales sur la sécurité routière ont toujours été prises de la même manière depuis une cinquantaine d’années. La réunion d’un comité interministériel de la sécurité routière convoquée par le Premier Ministre, la prise de certaines décisions, traduites dans la signature de décrets d’application et leur application sur le terrain. Il n’y a donc rien de particulier dans la forme et si effectivement, certains voudraient coller au Président Emmanuel Macron une tendance à la recentralisation des décisions publiques, ce ne serait pas avec la sécurité routière qu’on pourrait l’illustrer de façon pertinente.

Par ailleurs, il n’y a pas eu une seule mesure EFFICACE de sécurité routière qui n’a pas été suivie de réactions particulièrement hostiles de la part des automobilistes, ce qui est bien compréhensible puisque ce genre de mesure les contraint nécessairement plus. Ainsi pour la limitation à 100 km/h (juin 1973) puis rapidement 90 km/h (novembre 1974) sur les routes à une voie, l’obligation de mettre la ceinture de sécurité (d’abord à l’avant en juin 1973 puis aussi à l’arrière), la limitation à 50 au lieu de 60 km/h dans les agglomérations (janvier 1990), l’institution du permis à points (juillet 1992) et l’installation des radars automatiques (décembre 2002). À chacune de ces mesures, il y a eu une discontinuité (singularité) dans l’amélioration de la mortalité routière. La mesure prise par le gouvernement de limiter la vitesse sur les routes à 80 km/h fait partie de ces mesures majeures pour obtenir une amélioration sensible. Ce qu’avaient refusé de prendre Manuel Valls et Bernard Cazeneuve.


4. Le contexte politique

Passons rapidement aussi sur le contexte politique qui donne l’occasion aux parlementaires hors de la majorité de protester énergiquement. Je mets de côté les positions du FN (RN) qui ont toujours été contre les mesures de sécurité routière (étonnant pour un parti qui prône plus de fermeté dans la sécurité, trop occupé à dénoncer les quelques dizaines de meurtres mais ne veut rien faire pour les milliers de victimes sur les routes). La raison est facile à comprendre. Protester contre cette mesure de limitation à 80 km/h est populaire : les sondages évaluent qu’environ trois quarts des sondés seraient opposés à la mesure. Protester, c’est donc aller dans le sens du poil d’une large partie de l’électorat. Non, je n’ai pas dit que c’est démagogique ni populiste. Mais je l’ai pensé très fort !

On peut expliquer par exemple pourquoi politiquement les parlementaires LR et UDI s’y opposent. Parce qu’ils sont officiellement dans l’opposition mais le gouvernement ne prend pas beaucoup de mesures qu’ils n’auraient pas prises eux-mêmes sur le plan économique et social et même sur le plan de l’immigration. Protester sur une mesure qui, sur la politique générale d’une nation, est un "détail", mais qui est très visible, un grand marqueur médiatique, c’est un bon moyen à moindre coût politique de se différencier du gouvernement. En revanche, ce n’est pas très responsable.


5. Une punition pour les territoires ?

À cela s’ajoute aussi un angle d’attaque contre la philosophie politique d’Emmanuel Macron qui peut avoir une certaine crédibilité et même efficacité. Le gouvernement ne se préoccuperait pas beaucoup des "territoires" (nouveau mot de vocabulaire pour parler des zones hors agglomération) et recentraliserait les politiques publiques. Plusieurs signes vont dans ce sens, comme la suppression de la taxe d’habitation qui retire un levier financier indispensable aux collectivités territoriales.

Le professeur Claude Got a écrit en janvier 2018 sur ce sujet avec une certaine irritation très justifiée : « Oser dire que le 80 km/h dans les territoires est une punition signifie pour moi : (…) il y a des territoires où la population est moins dense qui ont une mortalité élevée et il faut leur conserver ce privilège ! Rester en vie n’est pas une punition, c’est la mort prématurée ou le handicap. Les accidents de la route tuent des gens jeunes, ce sont le plus souvent des parents qui vont enterrer leurs enfants. Demandez à une mère si elle préfère réduire le risque de perdre son enfant ou gagner quelques minutes sur un trajet avant d’affirmer que la mesure est perçue comme une punition. ».

Et de poursuivre : « Une mesure destinée à réduire la mortalité dans les départements où son taux par million d’habitants est le plus élevé est présentée comme la décision d’un pouvoir central qui n’écoute pas les "territoires". Cette instrumentalisation du problème est un non-sens, elle revient à dire : "Touche pas à la mortalité de mon département, elle est parmi les plus élevées et j’en suis fier". Le plus surprenant dans cette démarche est son caractère suicidaire. Elle va se retourner contre ceux qui la développent. L’accidentalité a une caractéristique rare dans le domaine de la gestion politique : elle évolue rapidement, parfois d’un mois sur l’autre quand une décision pertinente est prise. Une fois le 80 km/h mis en en œuvre, le bilan de la mortalité sur les routes prouvera le bien-fondé de la mesure et l’ampleur de son efficacité. Ceux qui ont milité pour la bloquer apparaîtront alors pour ce qu’ils sont : des débiles sociaux. ».


6. Il y aurait d’autres sujets plus importants ?

Un argument souvent abordé, c’est de dire que finalement, 4 000 morts par an, c’est peu par rapport aux conséquences du tabac, de l’alcool, des drogues, voire du sucre, des graisses, du sel, et même de la pollution atmosphérique, des pesticides, de l’amiante, etc. Ou encore, que c’est peu par rapport au nombre de suicides, ou d’accidents domestiques.

Première réponse : Ce n’est pas parce que le gouvernement s’occupe de la mortalité routière qu’il ne s’occupe pas des autres problèmes de la nation et notamment des autres facteurs de mortalité. Pour l’agro-alimentaire, il y aurait sans doute à trouver un juste équilibre entre les intérêts économiques encore trop puissants aujourd’hui et une protection accrue de la santé des consommateurs.

Deuxième réponse : Si 4 000 morts par an, c’est peu (comptabilité macabre), alors pourquoi tant de bruits et de fureurs pour l’insécurité urbaine, pourquoi tant d’émotion pour les attentats terroristes qui font seulement quelques centaines de morts par an, ou pour les assassins d’enfants (seulement quelques dizaines par an) ? Pourquoi tant d'émtion pour le massacre de 60 Palestiniens à Gaza le 14 mai 2018 ? Parce que la lutte contre la mort évitable doit être le premier combat d’un gouvernement soucieux de l’intérêt général, et cela dès la première mort évitable.

Troisième réponse : On a réussi à réduire énormément le nombre de morts par accidents du travail grâce à une législation adaptée qui rend les entreprises responsables et soucieuses de la sécurité de leurs salariés. Dans ce domaine, il n’y a pas de fatalité, seul, le volontarisme politique peut apporter des réponses efficaces.

Quatrième réponse : Il suffit d’en parler avec les familles de victimes d’accidents de la route pour avoir la meilleure réponse…


7. Les causes de la baisse de la mortalité routière depuis les années 1970

Le professeur Claude Got a donné un résumé des causes de l’amélioration : « Les gains de sécurité obtenus depuis 1973 ont été très importants. La mortalité au milliard de kilomètres parcourus est passée de 75 en 1972 à 5 en 2016, soit une division par 15 en 44 ans. Le trafic s’est accru, mais l’accidentalité a été réduite dans des proportions plus importantes à partir des réformes de 1973. Ce succès exceptionnel a été obtenu par la modification des comportements sous l’influence de la réglementation, l’amélioration de la sécurité des véhicules, et l’amélioration des infrastructures (suppression des points noirs, création d’autoroutes et de giratoires avec priorité à l’anneau). ».

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Certains affirment que les mesures politiques de sécurité routière (ceinture de sécurité, limitation de la vitesse sur les routes nationales, permis à points, radars automatiques) ne sont pas les premières causes de cette amélioration très forte de la sécurité des routes. Ils affirment ainsi que la modernisation des véhicules, leurs nouveaux équipements de sécurité (freins ABS, airbags, correction de la tenue de route, etc.) en sont la cause. Il ne faut pas oublier que dans la progression dans le temps, il y a plus de routes, plus de voitures et plus de kilomètres parcourus.

Il est sûr que les équipements automobiles ont été un facteur de progression mais ce facteur est évalué à environ 10 à 15% de la baisse de la mortalité routière (11% selon un expert de Renault). Il y a un moyen assez simple de détecter la part de l’équipement automobile du reste dans la courbe de mortalité. Le parc automobile ne se transforme pas en un jour ni en un an. On évalue à huit ans le renouvellement de la moitié du parc automobile. Les effets d’une amélioration d’un équipement automobile modernisé sont donc très lents. Ce sont donc des progressions lentes, réelles, mais ce facteur ne peut pas être la cause de décrochages rapides, singuliers, de la courbe de mortalité (qui proviennent avant tout des comportements, une meilleure prise de conscience par les automobilistes de leur responsabilité).


8. La vitesse, facteur accidentogène

Venons-en au cœur de la mesure : la vitesse est un facteur d’accidents de la route. Oui, évidemment. Mais les caricatures vont jusqu’à dire : eh bien, alors, imposons la limitation à 0 km/h, comme cela, il n’y aura plus d’accident. Oui, c’est vrai. Mais la caricature reste la caricature. Un gouvernement doit prendre des décisions selon l’intérêt général. Or, il y a plusieurs injonctions contradictoires. La liberté de circulation en est une. La réduction du nombre de morts en est une autre. La responsabilité d’un gouvernement, c’est justement de trouver l’équilibre, le juste équilibre, le bon réglage du curseur, entre plusieurs objectifs qui peuvent être antagonistes.

Passer de 90 à 80 km/h va forcément avoir un impact (économique, social, etc.), j’y reviendrai dans un prochain point, mais l’impact sera assez faible par rapport à l’amélioration attendue de la mesure sur la mortalité routière (j’y reviendrai aussi).

Pourquoi ne pas vouloir aussi réduire la vitesse sur autoroute ? Des études ont été faites sur une réduction à 120 km/h comme c’est pratiqué dans certains pays (en Suisse et en Belgique, par exemple). La raison la plus simple, c’est que les accidents mortels sont assez "rares" sur autoroute en France : en 2017, seulement 8,2% des personnes tuées sur la route l’ont été dans un accident sur autoroute, au contraire de 62,5% sur les routes hors agglomération et à 29,3% en agglomération. On voit que l’enjeu se trouve sur ces routes hors agglomération. Les autoroutes sont dimensionnées pour faire de la vitesse (largeur des voies, rayon de courbure des virages, qualité du revêtement, etc.). Ce qui n’est pas le cas des routes nationales. Notons aussi que les autoroutes suisses, par exemple, sont dimensionnées pour du 120 km/h (contrairement aux autoroutes françaises).

Certains disent aussi avec raison que la vitesse n’est pas le premier facteur des accidents actuels et que l’alcool et les stupéfiants sont des causes plus importantes déclarées. C’est vrai. Une courbe est intéressante : la baisse de la mortalité due à l’alcool est de même ampleur que la baisse de la mortalité quand l’alcoolémie est convenable (inférieure à 0,5 g/l). Cela signifie bien que la vitesse a un effet même sur les accidents mortels dus à l’alcool, puisque la baisse provient de l’installation des radars automatiques.

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Quelle que soit la cause d’un accident, vitesse ou pas vitesse, la vitesse a TOUJOURS une conséquence aggravante. Deux raisons à cela. La distance de freinage est plus courte à une vitesse moindre (donc, un accident dû à une autre cause peut parfois être évité). Et en cas de choc, la vitesse du choc sera inférieure si la vitesse d’origine est plus faible. Ceux qui ont des rudiments de mécanique savent que ce qui compte, c’est l’énergie dissipée lors d’un accident, elle est l’énergie cinétique qui est proportionnelle au carré de la vitesse. Cela veut dire qu’une vitesse deux fois moindre (120 à 60 km/h par exemple) aboutit à quatre fois moins de dégâts (c’est considérable). On peut évidemment raisonner dans l’autre sens (traverser une agglomération à 100 km/h au lieu de 50). La réduction à 80 km/h (11%) fait réduire l’énergie en jeu de 21% !

Donc, dans TOUS les cas, la vitesse est un facteur aggravant. La limiter réduit donc systématiquement l’étendue des dégâts. Par ailleurs, elle reste un facteur important d’accidents, et surtout, elle est le facteur le plus facilement contrôlable.

À part mettre un gendarme ou un policier tous les cent mètres, il est difficile d’interdire l’utilisation de smarphone, "l’oubli" du clignotant, la trop courte distance de sécurité avec le véhicule de devant, etc., alors qu’on peut automatiser le contrôle de la vitesse (d’ailleurs, si on devait limiter la vitesse en fonction de la distance de sécurité moyenne observée, on devrait rouler au pas !). En revanche, il existe des pistes pour "automatiser" le contrôle de l’alcoolémie des conducteurs (comme un démarreur branché sur un éthylotest).


9. Ce qui compte, la vitesse moyenne pratiquée

La France s’est doté depuis une quarantaine d’années d’un dispositif d’analyse statistique des accidents de la route très précis et affiné (l’Allemagne n’a pas ce genre de dispositif). Les statistiques sur la mortalité par route sont accessibles, par exemple. Cela permet d’avoir des données très précises. Et en particulier, il est possible de calculer la vitesse moyenne pratiquée annuelle sur une route.

Ce n’est pas la vitesse maximale autorisée qui a un effet sur la mortalité routière mais la vitesse moyenne pratiquée des automobilistes. Or, sur les 500 milliards de kilomètres parcourus sur les routes de France par an, il y a 70 000 accidents. En accidentologie, il est prouvé que la réduction de 1% de la vitesse moyenne pratiquée a pour conséquence la réduction de 4% du nombre des accidents mortels (Présentation des modèles de Nilsson et Elvik téléchargeable ici).

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Ce constat (conforme à d’autres études internationales) a été largement illustré en France avec la limitation des routes à 100 puis 90 km/h au début des années 1970, puis avec l’installation des radars automatiques au début des années 2000. La dernière mesure n’avait pas modifié la vitesse maximale autorisée mais la vitesse moyenne pratiquée a baissé cependant d’une dizaine de kilomètres par heure, les automobilistes roulant plus prudemment pour éviter d’être flashés par un radar (c’est valable sauf pour un pourcentage irréductible de chauffards).


10. Un nouveau racket ?

L’argument est étrange. On dit qu’en baissant la vitesse maximale autorisée, on va encore faire payer les automobilistes. On rajoute souvent "dans les territoires" qui sont déjà les parents pauvres de la République (avec la désertification des services de l’État). On donne comme élément l’augmentation du prix du carburant, et donc, une augmentation du coût du transport automobile.

Pourquoi une telle argumentation ? Car a priori, on considérerait que les automobilistes vont se faire prendre par les radars et qu’ils vont devoir payer plus d’amendes. Il y a pourtant un moyen très sûr de ne pas payer plus : il suffit de respecter le code de la route. Même mieux : en réduisant la vitesse sur les routes à une voie, les automobilistes vont réduire leur consommation de carburant. Ce n’est donc pas une double peine mais une mesure qui compense, au contraire, l’augmentation du prix du carburant.

Parler de racket de l’État, de toute façon, est très démagogique, car l’État, c’est nous, et je préfère que l’État gagne de l’argent que je peux éviter de payer plutôt que je sois imposé par la contrainte.

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Autre racket évoqué : puisqu’il y aurait plus de risque d’amende, cela contraindrait à prendre les autoroutes, forcément payantes (à condition qu’il y en ait). Disons plutôt qu’il y a plus de risque à rouler sur une route nationale qu’à rouler sur une autoroute qui est beaucoup plus sûre. Mais il y a aussi des radars sur les autoroutes, donc rien ne dit que l’État ne "racketterait" pas autant l’automobiliste négligent ou distrait sur autoroute que sur route.

Par ailleurs, on parle de racket de l’État et l’on pleure sur les 6 à 12 millions d’euros que coûterait le remplacement des 11 000 panneaux de signalisation alors que le gouvernement s’est engagé à rembourser aux collectivités territoriales cette dépense. Calculons plutôt le coût financier (sans compter évidemment le coût psychologique) pour la nation d’un mort sur la route, et même, d’un blessé à vie sur la route… Selon Claude Abraham, ingénieur général honoraire des Ponts et Chaussés, dans un article de "La Tribune" du 16 janvier 2018, la réduction à 80 km/h ferait gagner 350 vies humaines et 4,8 milliards d’euros par an. Drôle de racket !


11. Désinformation sur des pays européens

Beaucoup de désinformation a été diffusée, ces derniers temps, sur un certain nombre de pays européens.

Ainsi, on a dit qu’au Royaume-Uni, l’État désactivait des radars. C’est vrai, les anciens radars sont retirés parce que de nouveaux ont été installés directement autonomes et reliés par satellite, qui gardent en mémoire les plaques d’immatriculation et dont le fichier est utilisé pour obliger les automobilistes à payer les amendes éventuelles. Le Ministère de l’Intérieur britannique a en effet déclaré 8 500 caméras reconnaissant et enregistrant les numéros d’immatriculation de tous les véhicules en circulation avec gestion automatique et informatisée des données. Le Royaume-Uni a donc adopté un traçage généralisé du type des ex-portiques de l’écotaxe, bien plus intrusif que les radars fixes français ordinaires.

Au Danemark, une expérimentation a eu lieu sur certains tronçons où l’on a relevé de la vitesse maximale autorisée de 80 à 90 km/h et il n’y a pas eu plus de morts qu’auparavant (toutefois, légèrement plus que dans les tronçons restés à 80 km/h). Là encore, c’est vrai mais c’est insuffisant pour avoir une bonne compréhension : la vitesse moyenne pratiquée n’a pas varié malgré l’augmentation de la vitesse limite (ce n’est pas en France qu’on aurait cela !), si bien que les résultats en termes de mortalité sont en effet bons, directement en rapport avec la vitesse moyenne pratiquée.

Dans un prochain article, j’évoquerai des arguments plus sérieux contre la limitation à 80 km/h.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (28 juin 2018)
http://www.rakotoarison.eu

Sources : CNSR et ONISR. Certains arguments de cet article ont été repris de l’excellent accidentologue Claude Got, universitaire et spécialiste reconnu en la matière, ancien membre du cabinet ministériel de Jacques Barrot.


Pour aller plus loin :
Décret n°2018-487 du 15 juin 2018 relatif aux vitesses maximales autorisées des véhicules (à télécharger).
Rapports sur l’expérimentation de la baisse à 80 km/h (à télécharger).
Documentation sur la sécurité routière (à télécharger).
Argumentaire sur la sécurité routière du professeur Claude Got (à télécharger).
La nouvelle réglementation sur les routes à une voie.
Le nouveau contrôle technique automobile.
Sécurité routière : les nouvelles mesures 2018.
La limitation de la vitesse à 80 km/h.
Documentation à télécharger sur le nouveau contrôle technique (le 20 mai 2018).
Documents à télécharger à propos du CISR du 9 janvier 2018.
Le comité interministériel du 9 janvier 2018.
Le comité interministériel du 2 octobre 2015.
Documents à télécharger à propos du CISR du 2 octobre 2015.
Cazeneuve, le père Fouettard ?
Les vingt-six précédentes mesures du gouvernement prises le 26 janvier 2015.
Comment réduire encore le nombre de morts sur les routes ?
La mortalité routière en France de 1960 à 2016.
Le prix du gazole en 2008.
La sécurité routière.
La neige sur les routes franciliennes.
La vitesse, facteur de mortalité dans tous les cas.
Frédéric Péchenard.
Circulation alternée.
L’écotaxe en question.
Ecomouv, le marché de l’écotaxe.
Du renseignement à la surveillance.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180314-vitesse-route.html

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2018/06/29/36524117.html
 

 

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14 janvier 2018 7 14 /01 /janvier /2018 17:28

L'actuel gouvernement d'Édouard Philippe a pris dix-huit mesures au cours du Comité interministériel de la sécurité routière qui a eu lieu à Matignon le mardi 9 janvier 2018 à 16 heures. Par ailleurs, par l'arrêté du 2 mars 2017, le gouvernement de Bernard Cazeneuve avait pris la décision de renforcer le contrôle technique, décision applicable le 20 mai 2018.

Cliquer sur les liens pour télécharger les documents source (fichiers .pdf).


Les 18 mesures annoncées au CISR le 9 janvier 2018 :
http://www.gouvernement.fr/sites/default/files/document/document/2018/01/dossier_de_presse_-_comite_interministeriel_de_la_securite_routiere_-_mardi_9_janvier_2018.pdf


L'arrêté du 2 mars 2017 relatif à l'organisation du contrôle technique prévoit qu'à compter du 20 mai 2018, le nombre de points de contrôle passera de 124 à 400. Par ailleurs, en cas de défauts considérés comme critiques (c'est-à-dire constituant un danger immédiat pour la sécurité routière), le délai pour effectuer les réparations sera réduit à 24 heures sous peine d'immobilisation du véhicule.

Arrêté du 2 mars 2017 modifiant l'arrêté du 18 juin 1991 relatif à la mise en place et à l'organisation du contrôle technique des véhicules dont le poids n'excède pas 3,5 tonnes :
https://www.legifrance.gouv.fr/jo_pdf.do?id=JORFTEXT000034154584


Pour en savoir plus :
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180109-securite-routiere.html

SR

http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20180109-cisr-dix-huit-mesures.html

 

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9 janvier 2018 2 09 /01 /janvier /2018 05:28

« Je sais que si nous annonçons cette mesure, je serai critiqué. Mais je sais qu’elle va sauver des vies, et je veux sauver des vies. Je comprends les arguments, et même la mauvaise humeur, mais je ne le fais pas pour augmenter les recettes de l’État, d’ailleurs, nous annoncerons des choses à ce sujet. Et si pour sauver des vies, il faut être impopulaire, j’accepte de l’être. » (Édouard Philippe, "Journal du dimanche" du 7 janvier 2018).


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La sécurité routière, en France, est un sujet très sensible et très passionnel. Normal : la plupart des Français (pas tous) ont une voiture et conduisent quotidiennement. La voiture, parfois attribut de puissance, certains diraient même de virilité, est un symbole de liberté. Cette liberté, j’en bénéficie et j’en use, mais comme toute liberté, sans responsabilité, elle ne vaut rien.

L’histoire de la conduite automobile se confond avec l’histoire de la sécurité routière en France. Tout est une question de nombre : lorsque cela ne concerne qu’une petite minorité, les mesures à prendre ne sont pas les mêmes que lorsque cela concerne une quasi-unanimité de la population. On le retrouve aussi avec la télévision, devenue un outil de communication extraordinaire dès lors que plus de 90% de la population en possède une. Entre les deux guerres, quand l’État a institué le permis de conduire, mon arrière-grand-père, furieux qu’on empiétât ainsi sa liberté de circulation et refusant de passer l’examen, rangea sa traction-avant dans son garage et ne reconduisit plus une seule fois.

Comme on le voit, l’argument de la liberté n’est pas nouveau et sera probablement ressasser cette semaine très importante pour la sécurité routière. Pourquoi ? Parce que ce mardi 9 janvier 2018, le Comité interministériel de la sécurité routière (CISR) se réunit et va probablement adopter la réduction de la vitesse limite de 90 à 80 kilomètres par heure sur les 400 000 kilomètres du réseau des routes à une voie dans les deux sens. On imagine que l’argument de la liberté va encore se déployer.

Mais comment parler de liberté sans parler de responsabilité ?

En 2016, il y a eu 3 477 morts sur les routes françaises : c’est encore beaucoup trop. Les statistiques de la mortalité sur les routes de France entre 1960 et 2016 (le nombre de morts en 2017 devrait être connu à la fin du mois de janvier 2018) sont assez éloquentes : hausse continue, sans doute en proportion des kilomètres roulés (plus de voitures en circulation, plus de routes disponibles). Jusqu’à un pic d’environ 16 500 morts pour l’année 1972. Ce qui était très élevé (45 morts par jour !).

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Ce fut le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas qui a pris les premières mesures "contraignantes" applicables en juin 1973 : l’obligation de la ceinture à l’avant (sur route) et la limitation de vitesse en ville et sur le réseau routier. Ces premières mesures, ainsi que d’autres de moindre importance ont permis progressivement de faire baisser la mortalité, mais toujours trop lentement.

La deuxième mesure très efficace pour accentuer cette baisse a été prise en juillet 1992 par le gouvernement de Michel Rocard avec l’instauration du permis de conduire à points, points qui seraient retirés à chaque contravention.

Enfin, la troisième mesure forte fut en décembre 2002 l’installation de milliers de radars automatiques et surtout, l’automatisation de la sanction des excès de vitesse (et la fin des amnisties présidentielles à partir de 2002). Ces dernières mesures ont été très efficaces puisque la mortalité a baissé de moitié dans une période courte de cinq ans. Certes, d’autres causes ont renforcé cette tendance (l’amélioration technique des véhicules et l’amélioration du réseau routier), mais les experts en accidentologie ont montré scientifiquement que ces causes, réelles, avaient une part assez faible (de l’ordre de 20 à 30%) dans les causes d’une si forte baisse.

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À la peur du gendarme, qui était une sorte de jeu du chat et de la souris (les plus rusés gagnaient), s’est substituée la certitude que l’infraction sera systématiquement verbalisée avec, en enjeu, des retraits de points jusqu’au retrait du permis de conduire (ce qui n’empêcherait cependant pas certains automobilistes de continuer à conduire).

Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy ont ainsi montré, entre 2002 et 2012, que la sécurité routière pouvait être renforcée par un véritable volontarisme gouvernemental et n’était pas soumise à une sorte de fatalisme, de "pas d’chancisme" que rien n’arrêterait. La fermeté paie toujours.

Cependant, la courbe de la mortalité s’est infléchie de manière inquiétante à partir de la fin de l’année 2012 et est à la hausse jusqu’à maintenant : certes, sur les cinq dernières années (2012 à 2016), il n’y a jamais eu aussi peu de morts sur la route dans l’histoire récente de l’automobile, mais en fait, la tendance est à la hausse durable depuis quatre années, ce qui est tout à fait inédit depuis 1972 (et donc très inquiétant). Pire : il a fallu attendre le 2 octobre 2015 pour que fût réuni le seul CISR du quinquennat de François Hollande (le précédent avait eu lieu quatre ans et demi auparavant). En 2012, Manuel Valls avait pourtant fixé l’objectif d’atteindre moins de 2 000 morts par an d’ici à 2020 : on en est encore très loin en 2018.

Cela donne la mesure de l’importance du CISR de ce 9 janvier 2018. Cela fait plusieurs années qu’une seule mesure phare pourrait être vraiment efficace pour réduire considérablement la mortalité sur les routes, c’est cette diminution à 80 kilomètres par heure sur les routes secondaires.

Cette mesure est du bon sens pour deux raisons : d’une part, c’est sur ces routes à une voie que la moitié des morts ont eu lieu ; d’autre part, c’est un fait que la réduction de la vitesse moyenne réduit mécaniquement le nombre de morts.

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Un très léger bagage en mécanique suffit pour savoir que l’ampleur des dégâts provient de l’énergie cinétique des véhicules, qui s’exprime par la moitié du produit de la masse par le carré de la vitesse. Cela signifie que si l’on double la vitesse (par exemple, passage de 50 à 100 kilomètres par heure), on quadruple les énergies en cause et donc, l’exposition aux risques corporels en cas d’accident s’amplifie considérablement (ce n’est pas linéaire !).

Sur ce dernier point, si l’on va à la limite, en réduisant à 0 kilomètre par heure (donc, en interdisant tout mouvement, c’est-à-dire toute circulation), on réduirait sans doute à néant la mortalité. Bien entendu, cela remettrait en cause justement les principes de la liberté de circulation. Le rôle du gouvernement, c’est de toujours veiller à un juste équilibre entre liberté et sécurité. Réduire le nombre de morts n’a jamais été impopulaire, étrangement, dans les familles qui ont été touchées de plein fouet par un accident de la route : 3 500 personnes en meurent chaque année, et 70 000 personnes sont hospitalisées plus d’une journée pour cette raison. Quel gâchis humain !

Certains voudraient mettre en avant d’autres morts, les suicides, les accidents domestiques, etc. : quelle idée de comparer les morts ! N’est-il donc pas possible de lutter sur plusieurs fronts pour augmenter la sécurité de tout le monde ? N’est-il pas non plus possible d’imaginer que certains malheurs seraient liés ? Comme ce père de famille qui se suiciderait parce qu’il a perdu ses enfants et son épouse dans un accident de la circulation ?

Rappelons d’ailleurs que dans ce domaine, les mesures les plus efficaces ont été prises dans le domaine des accidents du travail, parce qu’en faisant payer les entreprises très fortement en cas d’accident, celle-ci, pour la plupart, ont pris des mesures internes très efficace pour renforcer au maximum la sécurité de ses employés (qui, eux, ont le droit de ne pas travailler s’ils considèrent que le risque est trop élevé pour leur sécurité ou celle de leurs collègues ou usagers, c’est le droit de retrait).

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Revenons à la politique. Encore une fois, la gouvernance du Président Emmanuel Macron montre le contraste avec celle, indécise, de son prédécesseur. Le Premier Ministre Édouard Philippe avait déjà annoncé la couleur le 11 décembre 2017 : « Je suis favorable aux 80 kilomètres par heure sur les routes bidirectionnelles nationales et départementales : deux tiers des accidents se concentrent sur ces tronçons de route. », complétant aussitôt, lors d’un déplacement à Coubert, en Seine-et-Marne : « À titre personnel, j’y suis favorable. ».

Sur France Info le 11 décembre 2017, le délégué interministériel à la sécurité routière Emmanuel Barbe a justifié une telle mesure : « Le fait que cela ferait baisser le nombre de morts et le nombre d’accidents ne fait pas l’ombre d’un doute. (…) C’est une donnée scientifique qui a été mesurée par de nombreuses études dans le monde. Si on fait baisser de 10% la vitesse moyenne, on obtient une baisse de 4,6% du nombre de morts. ». Cela explique d’ailleurs pourquoi le Conseil national de la sécurité routière avait recommandé cette mesure dès 2014 (comme pour l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, François Hollande a toujours voulu repousser.sans arrêt la décision pour de bien navrantes raisons électoralistes).

Il y a d’ailleurs une relation entre la baisse de la vitesse limite autorisée (notamment par le fait que la sanction devient inéluctable) et la baisse de la vitesse moyenne réelle : entre début 2002 et fin 2008, la vitesse moyenne estimée des véhicules légers, tous réseaux confondus, a chuté de 91 à 80 kilomètres par heure, tandis que la mortalité a suivi la même pente, de 7 720 morts annuels au bout de 30 jours, en janvier 2002, à 4 275 morts en janvier 2009. 300 personnes par mois ont été sauvées !

Emmanuel Barbe ne comprenait d’ailleurs pas la raison de la polémique : « C’est tout à fait logique. Si les vitesses baissent, on a plus de temps pour éviter des accidents. C’est ce qui va faire soit qu’on peut éviter un accident, soit qu’il sera moins grave. C’est du simple bon sens (…), c’est assez mécanique et c’est curieux comme cette constatation fait l’objet d’un déni. » (11 décembre 2017).

La mesure de réduire à 80 kilomètres par heure a aussi d’autres justifications que celle, principale, de réduire la mortalité des routes : elle pourra mieux fluidifier certains tronçons et ainsi, aucun ralentissement pénalisant n’aura lieu (l’expérimentation, pendant deux ans dans la Drôme, la Nièvre et la Haute-Saône, qui s’est achevée en juillet 2017 semblerait le démontrer). Par ailleurs, elle aura un impact très positif tant économique (réduction de la consommation de carburant) qu’environnemental (moins de pollution).

Le professeur Claude Got, grand expert en accidentologie, faisait d’ailleurs remarquer sur France Inter le 5 janvier 2018 que la vitesse moyenne sur le périphérique parisien a paradoxalement augmenté depuis que la vitesse limite a été réduite en janvier 2014 de 80 à 70 kilomètres par heure, car cela a fluidifié la circulation et réduit les bouchons. Donc, l’argument de "l’homme pressé" n’en est pas un pour refuser la mesure préconisée qui devrait, selon les associations de sécurité routière, sauver entre 350 et 450 vies par an.

Certaines personnalités ont lancé un appel ce vendredi 5 janvier 2018 pour mettre en œuvre cette mesure d’abaissement à 80 kilomètres par heure : « Plus d’un tué sur deux, le tiers des blessés hospitalisés plus de 24 heures, voilà le triste bilan de l’accidentologie du réseau bidirectionnel. Il n’y a aucun argument pour renoncer à cette mesure, sauf à considérer que l’on peut se priver d’un gain de 350 à 400 vies chaque année. (…) Tous les travaux des experts, les éléments d’analyse en situation confirment que la réduction des vitesses de circulation entraîne une réduction du nombre et de la gravité des accidents : moins de perte de contrôle ou de trajectoire, réduction des distances d’arrêt, énergie cinétique moindre lors d’un choc donc lésions corporelles moindres, voilà quelques évidences scientifiques qu’il ne faut pas oublier à l’heure de décider. ». Parmi les signataires de l’appel, l’ancien Premier Ministre Manuel Valls (qui n’a rien fait d’efficace à ce sujet quand il était au pouvoir), mais aussi Frédéric Péchenard, ancien directeur général de l’UMP (et proche de Nicolas Sarkozy) qui fut également délégué interministériel à la sécurité routière.

Le Premier Ministre Édouard Philippe s’est exprimé plus récemment encore, dans une interview au "Journal du dimanche"du 7 janvier 2018 : « Il y a 3 500 morts et 70 000 blessés par an. 70 000 ! Après des décennies de progrès, nos résultats se sont dégradés. Eh bien, je refuse de considérer cela comme une fatalité. Chaque fois qu’un responsable politique a eu le courage de s’engager, les résultats ont été spectaculaires. ». Cela a le mérite de la franchise et de la clarté. Et aussi du courage.

Il a en outre assuré que l’idée du gouvernement n’était pas de remplir les caisses de l’État (l’augmentation du gazole le 1er janvier 2018 a été bien plus rentable !). D’ailleurs, l’argument pécuniaire est assez odieuse et provient des chauffards et des "cancres" de la route : il suffit de respecter le code de la route pour ne pas avoir à payer d’amende et ne pas financer l’État plus que les impôts et taxes habituels. Les trois quarts des automobilistes n’ont jamais eu de points retirés sur leur permis de conduire et 90% ont gardé au moins dix points sur les douze de leur permis, ce qui prouve bien que ceux qui râlent avec cet argument pécuniaire sont certes bruyants mais ultra-minoritaires, et chauffards par-dessus le marché puisqu’ils ne respectent pas le code de la route (et en semblent même fiers).

Dans le même temps, certains se demande combien va coûter le remplacement des panneaux de limitation de vitesse, un argument totalement contraire à l’État qui spolierait les automobilistes. Quand on veut critiquer, on trouvera donc toujours un angle. Mais quand on veut sauver des vies ?

Au-delà du respect des limitations de vitesse, il y a bien sûr d’autres recommandations à suivre pour respecter la vie sur la route : mettre sa ceinture (en 2016, 345 personnes mortes sur la route n’avaient pas mis leur ceinture), augmenter la distance avec le véhicule de devant, signaler un changement de direction avec le clignotant, ne pas absorber de substance qui altère les réflexes ou la perception de la réalité, comme l’alcool, le cannabis et d’autres drogues (ou médicaments parfois contre-indiqués), etc.





La réalité, c’est que chaque nouvelle mesure contraignante (ceinture de sécurité, contrôle technique, radars automatiques, etc.) nécessite de changer son comportement personnel. Moi comme les autres, j’ai eu aussi envie de rouler plus vite que la musique, j’ai cru aussi que la vitesse était un élément de ma propre liberté. Mais c’était sans compter sur les autres, sans compter que je ne suis pas seul sur les routes, que le respect des autres, mais aussi de moi-même, de mes proches, m’oblige à changer mon comportement.

Ce changement de comportement, c’est aussi un changement de mentalité. On passe de l’inacceptable fatalité qui mène à la passivité des pouvoirs publics (c’était assez marquant sous De Gaulle) à l’indispensable série de mesures qui pourraient empêcher cette fatalité, du moins pour en réduire les plus néfastes effets. C’est un changement "sociétal" radical, comme il y en a eu pour le tabac où il a fallu une vingtaine d’années pour que tous les fumeurs respectent les non fumeurs sans énervement. Notons le changement inimaginable : avant 1992, les non fumeurs étaient des rabat-joie et des tue-liberté. Il suffit de revoir des films des années 1970 ou 1980 pour prendre conscience de cette révolution silencieuse (on fumait même dans les avions en plein vol !).

Respecter la vie sur la route aussi nécessite un changement de comportement personnel. Depuis 2002, la sagesse l’a emporté sur la vitesse : personne n’a jamais remis en cause l’existence des radars automatiques, et la plupart des automobilistes (à part une proportion de hors-la-loi irréductibles qui se croient tout permis et plus forts que les autres) maintenant respectent les limitations de vitesse, ce qui a permis de sauver des milliers de vies et d’éviter de traumatiser à vie des dizaines de milliers de personnes.

Perdre quelques minutes dans un trajet de plusieurs heures, d’un côté, sauver une ou plusieurs vies, d’un autre côté : l’enjeu est suffisamment grave pour que la sagesse, en définitive, après peut-être le temps de la "mauvaise humeur", l’emporte sur l’irresponsabilité. C’est d’ailleurs  la condition de cette liberté tant mise en avant : être responsable pour respecter les autres, tous les autres.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (08 janvier 2018)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Le comité interministériel du 9 janvier 2018.
Le comité interministériel du 2 octobre 2015.
Documents à télécharger à propos du CISR du 2 octobre 2015.
Cazeneuve, le père Fouettard ?
Les vingt-six précédentes mesures du gouvernement prises le 26 janvier 2015.
Comment réduire encore le nombre de morts sur les routes ?
La mortalité routière en France de 1960 à 2016.
Le prix du gazole en 2008.
La sécurité routière.
La neige sur les routes franciliennes.
La vitesse, facteur de mortalité dans tous les cas.
Frédéric Péchenard.
Circulation alternée.
L’écotaxe en question.
Ecomouv, le marché de l’écotaxe.
Du renseignement à la surveillance.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20180109-securite-routiere.html

https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/securite-routiere-sauver-des-vies-200396

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2018/01/09/36028336.html

 

 

 

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4 juillet 2016 1 04 /07 /juillet /2016 06:58

« Le repos, l’opulence, tous les avantages pour les riches ; pour les pauvres, la fatigue, la misère, et une fosse au bout. » (Félicité de Lamennais, "Le Livre du peuple", 1838).



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La présidente du conseil régional d’Île-de-France Valérie Pécresse a annoncé le 27 juin 2016 que Pass Navigo, qui permet à un Francilien de prendre les transports en commun de toute l’Île-de-France quelle que soit la zone d’éloignement, passerait de 70,00 à 73,00 euros à partir du 1er août 2016.

Cette décision, qui limite les dégâts car il était parfois question d’une augmentation de 15 euros et pas de seulement 3 euros (ce qui a rassuré la plupart des associations de défense des usagers), était nécessaire puisque le principe du Pass Navigo universel avait été pris par le prédécesseur socialiste Jean-Paul Huchon dans un but purement électoraliste sans aucun moyen de financement (il manquait plusieurs centaines de millions d’euros).

Valérie Pécresse avait considéré que le tarif unique devait être préservé pour soutenir les foyers modestes habitant généralement dans des banlieues éloignées de Paris mais elle avait besoin de pouvoir le financer.

Dans "Le Parisien" du 2 juillet 2016, le Premier Ministre Manuel Valls a d’ailleurs annoncé qu’il a signé avec Valérie Pécresse un plan État-région pour moderniser les lignes de RER, étendre les lignes de métro et de tramway, créer de nouvelle ligne pour le Grand Paris, en lâchant perfidement : « J’aurais pu parler de "taxe Pécresse", mais je ne le ferai pas car ce dossier du transport francilien impose un sens des responsabilités. » (néanmoins, il l’a dit quand même !).

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Apparemment, la maire de Paris, Anne Hidalgo, ne doit pas avoir le même sens des responsabilités que son camarade Premier Ministre. Pire, je trouve qu’elle ne manque pas de toupet. Concernant cette hausse du Pass Navigo, Anne Hidalgo a en effet considéré dans "Le Journal du dimanche" du 3 juillet 2016 que cette augmentation était « difficilement acceptable » et qu’elle « va directement impacter les foyers les plus modestes ». On croit rêver en lisant cela !

Ancienne inspectrice du travail (à la retraite depuis cinq ans), élue première femme maire de Paris le 5 avril 2014 à l’âge de 55 ans, Anne Hidalgo, proche à la fois de François Hollande et de Martine Aubry, avait particulièrement choqué lorsqu’elle avait reçu la reine d’Angleterre Élisabeth II le 7 juin 2014 à Paris : alors qu’il pleuvait des cordes, Anne Hidalgo trouvait tout à fait normal d’avoir un huissier payé spécialement pour lui porter un parapluie …tandis que la reine Élisabeth, modeste malgré ses prestigieuses fonctions, portait simplement le sien. La monarchie n’est pas forcément le pays qu’on croit. L’ancienne première adjointe de Bertrand Delanoë avait d’ailleurs raison quand elle disait le 15 avril 2016 : « Sauf miracle, il y aura une alternance ! » en parlant de 2017.

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Représentant jusqu’à la caricature une partie de la population parisienne, de moins en moins populaire et de plus en plus aisée, souvent appelée bourgeoise-bohème pour ses idées supposées progressistes mais au portefeuille bien rempli, Anne Hidalgo ferait bien, avant de critiquer Valérie Pécresse, de balayer devant sa porte.

Car sa décision d’interdire dans les rues de Paris, à partir de ce vendredi 1er juillet 2016, tous les véhicules automobiles mis en circulation avant le 1er janvier 1997 touche évidemment les personnes les moins aisées qui ne peuvent pas se payer de voiture neuve. Des familles modestes, mais aussi des personnes âgées qui ne roulent pas souvent, qui ont un véhicule ancien, souvent soigneusement entretenu, mais peu polluant (car ils roulent peu), vont être les premières victimes d’une décision qui n’a aucun sens d’un point de vue écologique.

En cas d’infraction, cela coûtera une amende de 68 euros. 6% des véhicules de la région parisienne sont touchés par cette mesure : 300 000 familles, souvent parmi les plus modestes, vont terriblement être "impactées" (selon la terminologie technocratique d’Anne Hidalgo) par cette mesure qui privilégie avant tout les fortunés au lieu des non polluants.

Parmi les conséquences très négatives de cette interdiction, le prix de revente de ces véhicules va s’effondrer de 30% selon une étude, engageant une perte de 1 000 euros en moyenne par véhicule, au point que l’association 40 millions d’automobilistes est prête à déposer une plainte contre la ville de Paris.

Dans les faits, les études montrent que le chauffage individuel (en particulier les cheminées) pollue beaucoup plus que les automobiles dans la ville de Paris et la Ministre de l’Écologie Ségolène Royal avait même annulé le 9 décembre 2014 l’interdiction des feux de cheminée à Paris : cette "gauche caviar" des beaux quartiers veut bien lutter contre la pollution à condition de garder leur mode de vie luxueux.

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D’ailleurs, non seulement un 4x4 neuf pourra toujours traverser Paris, mais les voitures de collection de plus de trente ans auront, elles aussi, toujours le droit de rouler dans Paris (elles ne sont que quelques centaines), et on imagine que ce n’est pas un RMIste qui pourrait se payer le luxe d’avoir des voitures de collection à sortir d’un garage juste deux ou trois jours dans l’année.

S'il faut interdire des véhicules pour protéger l'environnement, cela doit se faire sur la base de la pollution réelle du véhicule, pas à partir de sa date de mise en circulation qui ne signifie rien sur ses capacités de nuisances atmosphériques, et les contrôles techniques sont déjà contraignants pour contenir une potentielle pollution due à l'ancienneté du véhicule.

Trois euros par mois, c’est la moitié ou un tiers d’une place de cinéma, pour permettre la pérennisation de l’égalité de tous les Franciliens dans l’usage des transports en commun, c’est faible. Alors qu’interdire aux plus modestes de rouler dans Paris, souvent nécessaire quand ils se rendent de banlieue en banlieue, cela aura un coût, pas seulement financier mais surtout social. Les constructeurs automobiles et les taxis, eux, en revanche, se frottent les mains…


« Dieu a dit : il faut partager. Les riches auront la nourriture, les pauvres de l’appétit. »
(Coluche).


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (04 juillet 2016)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Anne Hidalgo.
Valérie Pécresse.
François Hollande.
Le COP21.
Sécurité routière.
Comment réduire encore le nombre de morts sur les routes ?
La neige sur les routes franciliennes.
Circulation alternée.
L’écotaxe en question.
Ecomouv, le marché de l’écotaxe.
Du renseignement à la surveillance.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20160704-anne-hidalgo.html

http://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/anne-hidalgo-reine-des-bobos-182560

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3 octobre 2015 6 03 /10 /octobre /2015 06:05

« Les routes de France ne peuvent pas être un cimetière pour nos jeunes et les familles. » (Manuel Valls, le 2 octobre 2015).


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Les statistiques de la sécurité routière sont catastrophiques depuis plusieurs mois. L’année 2014 a été la première année pire que la précédente en nombre de morts depuis la mise en place des radars automatiques avec 3 384 personnes tuées, soit une augmentation de 116, c’est-à-dire de 3,5% par rapport à l’année 2013 et les huit premiers de l’année 2015 ne sont pas meilleurs avec une augmentation de 99 morts par rapport à l’année dernière, soit une hausse de 4,6%. Il y a eu en particulier 335 personnes tuées en août 2015 (soit une augmentation de 9,5% par rapport à août 2014) et 360 personnes tuées en juillet 2015 (soit une augmentation de 19,2% par rapport à juillet 2014).

Il y a eu une augmentation de la vitesse moyenne pratiquée (+1%) et une hausse des infractions au code de la route. En 2014, le nombre de délits routiers a augmenté de 17,6%. Les deux causes principales des accidents mortels restent toujours la vitesse excessive et la conduite sous emprise d’alcool. Par ailleurs, en 2014, il y a eu une hausse de 13,8% des délits pour défaut de permis de conduire et de 19,3% de délits pour défaut d’assurance.

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Beaucoup de négligence et boulettes ont été le fait du gouvernement. Ainsi, la Ministre de la Justice Christiane Taubira avait annoncé au conseil des ministres du 31 juillet 2015 vouloir assouplir les sanctions des personnes qui conduisaient sans permis de conduire, ce qui a provoqué un véritable tollé pendant l’été (elle vient juste de revenir sur son intention), mais plus gravement, un rapport de l’Inspection générale de l’administration indiquait en juillet 2014, révélé cet été par le "Journal du Dimanche", un manque de collaboration interministérielle en matière de sécurité routière.

Le gouvernement n’avait en effet pas réuni de comité interministériel de la sécurité routière (CISR) depuis 2011 ! Enfin, il s’est réuni à Matignon ce vendredi 2 octobre 2015 à 10 heures et il était très attendu. C’est le premier du quinquennat de François Hollande qui pourtant s’achève.

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Vingt-deux mesures principales et trente-trois mesures complémentaires ont été validées (on peut les télécharger ici) en plus des vingt-six qui avaient été décidées le 26 janvier 2015. Aucune n’est réellement "révolutionnaire", en particulier, la vitesse limite sur route à deux voies sans séparation centrale n’a pas été abaissée de 90 à 80 kilomètres par heure comme cela avait été initialement envisagé et vivement soutenue par Chantal Perrichon, la présidente de la Ligue contre la violence routière, en raison du caractère très impopulaire de la mesure.

Même si elles vont dans le bon sens (et donc, que c’est "mieux que rien"), la plupart des mesures relèvent plus du gadget que d’un changement de paradigme comme le furent l’obligation de la ceinture à l’avant, le permis à points et l’installation des radars automatiques qui formalisa la fin de l’impunité.

Les principales mesures sont donc les suivantes.

1. Dans les trois prochaines années, 500 nouveaux radars automatiques seront installés (passage du parc de 4 200 à 4 700 radars) ainsi que 10 000 à 12 000 faux radars, des leurres, pour multiplier par quatre les zones radars. En outre, sera atteint fin 2016 le nombre de 250 radars autonomes déplaçables. L’objectif est de réduire la vitesse moyenne qui a augmenté ces dernières années, or, il existe une relation directe entre la vitesse moyenne pratiquée (dont les calculs s’avèrent assez compliqués à déterminer) et le nombre de personnes tuées. 26% des accidents mortels ont pour cause principale une vitesse trop élevée ou inadaptée. En 2014, il y a eu une augmentation de 11,3% des infractions liées à la vitesse.

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2. La fin de l’impunité pour les infractions au volant des véhicules de fonction ou d’entreprise. Une nouvelle amende sera créée si l’entreprise refuse de désigner le conducteur responsable de l’infraction (650 euros).

3. Le port du casque pour les enfants de moins de 12 ans à vélo sera obligatoire. Une mesure qui aurait dû être prise depuis longtemps et pas seulement pour les enfants mais aussi pour les adultes (l’obligation évite les discussions sans fin dans les familles en cas de désaccord sur l’intérêt d’un casque). Le port du casque réduirait de 70% les risques de blessures à la tête pour les enfants.

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4. Un permis à point virtuel sera institué pour les conducteurs étrangers et lorsque le nombre de points sera nul (avec le même barème que le permis à points classique), il sera interdit au conducteur étranger de rouler sur une route française. Les véhicules étrangers sont susceptibles de commettre deux fois plus d’infractions que les véhicules français. Effectivement, en 2014, il y a eu 3,13 millions d’infractions par des véhicules étrangers, soit 12,5% du nombre total alors qu’ils ne représentent que 6,7% du trafic en France. Le recouvrement des amendes impayées sera facilité par la mise en place d’un fichier et d’un contrôle auprès des contrevenants étrangers. Enfin, une meilleure coopération européenne sera proposée pour harmoniser le permis à points.

5. De nouveaux tests salivaires seront réalisés contre les drogues au volant, ce qui réduira la durée de la procédure et permettra d’augmenter le nombre de contrôles (généralisation de l’expérimentation menée dans onze départements entre décembre 2014 et juin 2015). En 2014, 125 000 contrôles avaient été réalisés dont 50 000 positifs. 13% des accidents mortels ont pour cause principale la conduite sous emprise de produits stupéfia,ts. En 2014, il y a eu une hausse de 44,1% des délits liés à cette cause.

6. Le recours à un éthylotest anti-démarrage (EAD) sera étendu sur décision judiciaire ou préfectorale pour les "contrevenants d’habitude". En 2014, il y a eu 11 millions de dépistages d’alcoolémie et une hausse de 12,7% du nombre d’alcoolémies délictuelles (supérieure à 0,8 gramme par litre).

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7. Au stade d’expérimentation, des drones détecteront les "conduites à risques" sur les grands axes. Ils feront les mêmes contrôles que les hélicoptères, pour un coût très inférieur (30 euros par heure au lieu de 1 500 euros par heure). Les contrôles concerneront l’excès de vitesse, le non-respect des distances de sécurité, l’absence de clignotants, le doublement par la droite, etc.

Cette mesure n’aura probablement aucun impact avant plusieurs années et avant qu’elle soit fiabilisée et généralisée, mais sera sans doute la plus importante à long terme car elle permettra de déterminer la réalité d’une infraction au contraire d’un radar automatique. Notamment pour les distances de sécurité, car beaucoup de chauffards peuvent doubler une voiture qui roule correctement et se rabattre directement devant elle, sans laisser une distance de sécurité suffisante, or un radar aura du mal à détecter qui est le fautif dans ce cas-là.

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8. Sera étendu le nombre des infractions pouvant être constatées sans interception en bord de route, notamment, au-delà des radars, par la vidéoverbalisation.

9. Un contrôle technique pour un deux-roues motorisé sera obligatoire lors de la revente. Le port de gants homologués sera également obligatoire pour les deux-roues motorisés. Sept heures d’entraînement minimum en moto-école seront obligatoires pour piloter une moto de plus de 56 chevaux. Alors qu’ils ne représentent qu’environ 3% du trafic, les motards paient un lourd tribut sur l’autel des accidents mortels avec environ 20% des personnes tués sur la route.

10. Un délit spécifique de conduite avec un faux permis ou avec un permis falsifié sera créé permettant la confiscation du véhicule. De même, un fichier des véhicules assurés sera créé pour consultation lors du contrôle automatisé de la vitesse ou par des lecteurs automatiques de plaque d’immatriculation pour lutter contre le défaut d’assurance. La présentation d’une attestation d’assurance sera obligatoire lors de l’immatriculation du véhicule ou du retrait d’un véhicule mis en fourrière.

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Dans sa conférence de presse à l’issue du comité interministériel, le Premier Ministre Manuel Valls a déclaré notamment : « En matière de sécurité routière, il ne faut jamais ralentir nos effort. Les résultats s’obtiennent par la ténacité et la fermeté. ». Un nouveau CISR est prévu dans un an avec un bilan de mi-parcours dans six mois.

L’objectif est ambitieux puisqu’il reste le même qu’auparavant, c’est-à-dire réduire en dessous du seuil de 2 000 morts par an d’ici 2020 alors qu’on en est au double et que le nombre s’accroît depuis 2014 (sur les huit derniers mois, c’est une hausse de 4,6% par rapport aux huit premiers mois de 2014) : « [Cet objectif] ne pourra être tenu que si deux éléments indissociables sont réunis : la responsabilité des conducteurs et l’action déterminée des pouvoirs publics. ». Il était donc temps que les pouvoirs publics se réveillassent pour réaffirmer leur fermeté en la matière...


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (3 octobre 2015)
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Pour aller plus loin :
Le comité interministériel du 2 octobre 2015.
Documents à télécharger à propos du CISR du 2 octobre 2015.
Cazeneuve, le père Fouettard ?
Les vingt-six précédentes mesures du gouvernement prises le 26 janvier 2015.
Comment réduire encore le nombre de morts sur les routes ?
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Frédéric Péchenard.
Circulation alternée.
L’écotaxe en question.
Ecomouv, le marché de l’écotaxe.
Du renseignement à la surveillance.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20151002-securite-routiere.html

http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/securite-routiere-enfin-le-172521

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2015/10/03/32719750.html


 

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2 octobre 2015 5 02 /10 /octobre /2015 14:07

Le Premier Ministre Manuel Valls a présidé le comité interministériel pour la sécurité routière (CISR) du 2 octobre 2015.

Cliquer sur le lien pour lire le dossier de presse du CISR (fichier .pdf) :
http://www.securite-routiere.gouv.fr/content/download/34876/334230/file/Lire%20le%20dossier%20de%20presse%20du%20CISR.pdf

Cliquer sur le lien pour lire le dossier du CISR (fichier .pdf) :
http://www.securite-routiere.gouv.fr/content/download/34877/334237/file/Lire%20le%20dossier%20du%20CISR.pdf

Cliquer sur le lien pour le bilan des mesures du 26 janvier 2015 (fichier .pdf) :
http://www.securite-routiere.gouv.fr/content/download/34878/334244/file/Lire%20le%20bilan%20des%20mesures%20du%2026%20janvier%202015.pdf

Pour en savoir plus, lire :
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20151002-securite-routiere.html

SR
 

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