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8 novembre 2020 7 08 /11 /novembre /2020 03:02

« L’autorité ne va pas sans prestige, ni le prestige sans l’éloignement. » (De Gaulle, 1932).


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Le mois de novembre 2020 est un mois De Gaulle, et cela malgré la forte actualité du moment : la pandémie de covid-19 (86 852 nouveaux cas recensés en la seule journée du 7 novembre 2020 en France !), l’élection de Joe Biden (désormais acquise, même pour Fox News, depuis le 7 novembre 2020), les attentats terroristes islamistes en Europe ; la crise économique, etc. La raison, c’est qu’il y a cinquante ans, le 9 novembre 1970, le Général De Gaulle s’est éteint en début de soirée, quelques jours avant ses 80 ans. Il était en train de faire une réussite devant la télévision, l’un de ses divertissements préférés entre deux pages d’écriture de ses mémoires.

Cette disparition, qui a été précédée par deux autres disparitions de grandes figures gaullistes, François Mauriac et Edmond Michelet, a eu notamment deux conséquences éditoriales.

D’une part, le magazine "Hara-Kiri" a titré dans son n°94 du 16 novembre 1970 : "Bal tragique à Colombey : 1 mort" reprenant d’un humour douteux la tragédie de l’incendie de la boîte de nuit de Saint-Laurent-du-Pont (près de Grenoble) qui a tué 146 personnes le 1er novembre 1970 (un fait-divers qui a ému les Français). Dès le lendemain, le ministre de l’intérieur a fait interdire le journal d’exposition et de vente aux mineurs. A pris alors le relais "Charlie Hebdo"…

D’autre part, André Malraux a publié un livre de dialogues entre De Gaulle et lui, "Ces Chênes qu’on abat…", sorti le 17 mars 1971 chez Gallimard, reprenant le fameux dessin de Jacques Faizant dans "Le Figaro" du 11 novembre 1970 représentant un chêne abattu pleuré par Marianne.

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De Gaulle aimait la France mais les Français se sont lassés de De Gaulle. Le 27 avril 1969, les électeurs lui ont dit "non" et De Gaulle est parti le lendemain. Puis est venu son voyage en Irlande pendant l’élection présidentielle (son exil à Sainte-Hélène à lui). On aurait pu dater le début de la lassitude à mai 68 (j’y reviendrai). Avec les institutions, avec les options économiques, avec les dogmatismes politiques et idéologiques, avec l’Algérie, avec sa politique étrangère, il y a eu beaucoup d’opposition et beaucoup d’opposants.

Très étrangement, beaucoup de responsables dont les formations politiques, ou leurs ancêtres, étaient parmi les plus opposées à De Gaulle (en particulier, l’extrême droite et l’extrême gauche) se trouvent aujourd’hui à se référer systématiquement au Général De Gaulle, le faisant parler dans un contexte totalement différent du sien, de son époque, de sa gloire.

De Gaulle est irremplaçable car son contexte n’est pas répétable, et heureusement. La tragédie de 1940, cette situation exceptionnelle, a permis à De Gaulle de développer et montrer son exceptionnel talent politique. Il serait peut-être resté un général anonyme sans la guerre. Probablement, ou pas. Qu’importe, ce qui est passé est passé. Mais comment peut-on regretter aujourd’hui De Gaulle sans regretter la Débâcle, la défaite de 1940, l’effondrement complet de l’État ? Il y a donc beaucoup d’hypocrisie à vouloir comparer nos responsables politiques d’aujourd’hui (et d’hier) à De Gaulle car De Gaulle était justement une exception historique.

Le pire, car les désinformateurs ne reculent devant rien, c’est de vouloir faire parler De Gaulle depuis sa tombe. De la simple récupération politique, généralement faite (comme je viens de l’écrire) par les courants qui s’opposaient à lui à l’époque. Le gaullisme, ce n’est pas une idéologie, ce n’est pas un dogmatisme, c’est juste du pragmatisme : quel est l’intérêt de la France à l’instant t ? Je ne doute pas d’ailleurs que si De Gaulle était au pouvoir aujourd’hui, il aurait toutes les tares qu’on prête à Emmanuel Macron et à ses prédécesseurs (encore une fois, on ne prête qu’aux riches), le complotisme de pacotille dans les réseaux sociaux n’ayant aucune raison d’épargner celui qui ne fut guère épargné par les journaux satiriques ou d’opposition de l’époque. Et c’est tant mieux, la liberté d’expression est à ce prix, celui souvent de la bêtise et de la désinformation.

En voulant dire : ah, il nous manque un De Gaulle !, certains en fait regrettent l’époque gaullienne, celle des années 1960, les Trente Glorieuses, la prospérité économique, l’absence de chômage, l’absence de guerre (sauf en Algérie quand même !), l’absence de pandémie (sauf en 1969 quand même ! mais tout le monde s’en est moqué, médecins, politiques et …malades parfois décédés), et pourtant, l’insécurité était déjà très forte, en tout cas, le sentiment d’insécurité (il suffit de revoir les débats parlementaires du début des années 1970). C’est vrai qu’il n’y avait pas Daech, mais il y avait aussi d’autres formes de terrorisme. Globalement, de toute façon, les époques ne se comparent pas, et les générations passent. Ce que les plus âgés peuvent regretter, ce ne sont pas les périodes passées, c’est simplement leur jeunesse !

Alors, je reviens rapidement sur cinq idées fausses concernant De Gaulle (dont certaines que j’avais déjà évoquées précédemment).


1. De Gaulle a bâti la Constitution de la Cinquième République à son image !

Justement, non ! De Gaulle avait la légitimité historique du 18 juin 1940. En gros, il était Jeanne d’Arc et le savait très bien. Par conséquent, personne ne pouvait lui contester sa légitimité, notamment de prendre une part active au gouvernement de la France en tant que Président de la République pourtant élu par seulement quelques dizaines de milliers de notables provinciaux. Qui aurait remis en cause sa légitimité ? Concrètement, lors de son premier septennat, il avait une légitimité politique qui aurait été à peine supérieure à celle d’un Président de la Quatrième République s’il n’avait pas eu cette légitimité historique exceptionnelle.

Son analyse et sa lucidité, c’était de se dire que ses successeurs, nécessairement, n’auraient pas sa légitimité historique. Par conséquent, être élu par quelques milliers de notables locaux ne pouvait tenir lieu de légitimité institutionnelle. Quand on voit qu’on remet même en cause la légitimité d’Emmanuel Macron pourtant élu par 66,1% des électeurs (soit 20,7 millions de voix !), imaginons quelle serait sa légitimité s’il avait élu exactement comme De Gaulle le 21 décembre 1958 : à savoir élu par 62 394 voix sur 79 470 suffrages exprimés, sur 81 290 votants, sur 81 764 inscrits !

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La Constitution de la Cinquième République, ce n’est donc pas une constitution taillée sur mesure pour De Gaulle et qui serait trop "grande" pour ses successeurs, c’est justement le contraire. Cette constitution a été conçue pour remplacer la légitimité historique intransmissible de De Gaulle par ce qu’il y a encore de mieux dans une démocratie, à savoir une légitimité populaire : l’élection du Président de la République au suffrage universel direct.

C’est un contresens d’imaginer le contraire. La preuve que la vision de De Gaulle fut correcte, c’est que malgré les nombreuses crises de tout ordre, et j’ai l’impression qu’il y en a de plus en plus ces temps-ci, les institutions ont tenu bon. C’est simple, c’est à peu près la seule chose de très efficace en France et tous ceux qui veulent les remettre en cause sont, pour moi, des traîtres de l’intérêt national, car c’est le dernier pilier qui tient, et il tient bon, et cela quelle que soit la tendance politique arrivée au pouvoir, même les nouvelles tendances (en 2017).


2. De Gaulle était contre l’Europe !

Là encore, gros contresens historique. Le Traité de Rome fut signé le 27 mars 1957. Autant dire que ratifié ou pas (toutes les ratifications ont été acquises avant la fin de l’année 1957 et le traité fut applicable le 1er janvier 1958, peu avant son retour au pouvoir), De Gaulle pouvait saboter le traité et l’invalider ou l’oublier. Or, ce ne fut pas le cas, au contraire. Il avait bien compris que l’intérêt de la France passait par la construction européenne. À l’époque, il était plus question de politique que d’économie même si les bases concrètes de cette alliance nouvelle étaient économiques (charbon, acier, énergie nucléaire, etc.). À l’époque, il n’y avait encore pas d’États continents pouvant faire concurrence commerciale (Chine, Inde, Brésil, etc.).

Pour De Gaulle, il était nécessaire de stabiliser l’Europe dans un ensemble qui restât en paix durable. Ce fut la raison de cette extraordinaire démarche, personnelle, de se réconcilier avec l’Allemagne, grâce aussi à Konrad Adenauer. L’amitié franco-allemande est un acquis inestimable de De Gaulle. Ce sont pourtant les souverainistes de pacotille qui osent se référer à De Gaulle qui sont aujourd’hui les premiers à exprimer une certaine "germanophobie", "germanophobie" qu’ils oublieront d’ailleurs quant il s’agira de dire que l’Allemagne fait mieux que la France (pour la pandémie, pour l’économie, pour l’éducation, etc.).


3. De Gaulle a fait quitter la France de l’OTAN !

Encore faux ! De Gaulle a fait quitter la France du commandement intégré de l’OTAN le 7 mars 1966. Ce qui a eu pour conséquence que la capitale opérationnelle de l’OTAN, initialement basée à Paris depuis le 4 avril 1949, a dû quitter la France et a été transférée à Bruxelles. Cela signifiait plus un mouvement de mauvaise humeur diplomatique qu’un changement radical d’alliance stratégique, puisqu’il n’était pas question de quitter l’OTAN et que des accords de coopération ont été signés par la suite (accords Ailleret-Lemnitzer du 22 août 1967).

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Pendant plus d’une quarantaine d’années, la France a donc continué à participer à des opérations militaires de l’OTAN (notamment en ex-Yougoslavie ou au Koweït) mais sans avoir la possibilité de prendre part aux décisions du commandement intégrée (la vie des soldats français mise en jeu sans aucune influence française sur les décisions prises). Par exemple, les effectifs militaires français correspondaient en 1988 à 24% des forces e l’OTAN en Europe centrale (soit 267 000 hommes), un peu plus que les Américains et deux fois plus que les Britanniques. C’est pour cette raison que Nicolas Sarkozy et François Fillon ont fait réintégrer la France dans le commandement intégré de l’OTAN le 4 avril 2009 (après l’adoption définitive par le Parlement français le 17 mars 2009), afin d’avoir une influence française politique et opérationnelle nettement plus importante.

Du reste, si l’OTAN est parvenue à survivre à la chute du mur de Berlin et de l’URSS, il n’est pas certain que cette alliance garde un sens à brève échéance avec une Turquie, pourtant alliée, qui s’éloigne de plus en plus des intérêts de l’Europe et des États-Unis dans un but évident et regrettable de démagogie islamiste.


4. Avec De Gaulle, ce n’était pas la technostructure qui avait le pouvoir !

Hélas, c’est plutôt faux. De Gaulle était un militaire, il avait le génie du stratège et du tacticien mais il n’était ni un homme politique, ni un entrepreneur, ni un artiste, ni… (ce qui, d’ailleurs, est normal, on ne peut pas avoir tout fait). De Gaulle, au contraire, a construit savamment toute cette technostructure. Il a recruté ses ministres parmi les énarques, les normaliens et les polytechniciens. Il était très intimidé par les titres et diplômes, ainsi que par ce genre d’arguments d’autorité. Il était intimidé par les écrivains, surtout s’ils étaient académiciens ou Prix Nobel. C’est enfin lui, dès les premiers mois de gouvernement après la guerre, qui a créé l’ENA (École nationale d’administration) pour rassembler tous les concours de postes de hauts fonctionnaires dans une seule préparation dans un but de démocratiser son assise (ce fut Michel Debré qui l’a créée). En quelque sorte, De Gaulle a fait la deuxième tentative du mérite républicain, après le premier réalisé par Jules Ferry.

C’est donc (malheureusement) à son actif (ou passif) qu’on doit aujourd’hui cette technostructure, mais aussi aux années des mandats de François Mitterrand le pantouflage généralisé où les hauts fonctionnaires quittaient la France (à comprendre l’intérêt de la France) pour leur intérêt personnel en dirigeant de grands groupes privés en oubliant le service à l’État et aux Français.


5. De Gaulle et les gilets jaunes ?

Petite uchronie intéressante : qu’aurait fait De Gaulle face à la crise des gilets jaunes en hiver 2018-2019 ? Cette crise a commencé il y a deux ans, mais avec la crise sanitaire, les attentats, la crise économique, elle est désormais complètement oubliée même si certains croient encore défiler avec cette couleur certains samedis (ce mouvement a fait la preuve qu’il était incapable de se traduire politiquement et que les mouvements politiques d’opposition étaient incapables de le récupérer de manière efficace et utile).

Bon, comme je ne veux pas moi-même faire parler De Gaulle depuis sa tombe, je ne sais pas franchement comment il aurait réagi, et Emmanuel Macron a sans doute été celui qui aurait le mieux réagi de tous ceux qui auraient pu se retrouver à sa place : organiser des débats participatifs dans toute la France. Idée ingénieuse politiquement qui a suffi à apaiser les sentiments de révolte et d’injustice parfois tout à fait légitimes.

En revanche, il est intéressant à se repencher sur la période de mai 1968. Pour situer le clivage, il y a eu le camp des pragmatiques, dirigé par Georges Pompidou, qui considérait qu’il fallait éteindre en douceur la révolte étudiante et que cela ne valait surtout pas la mort d’un homme (et heureusement, il n’y a eu aucun mort). L’autre camp, celui de la fermeté, c’était De  Gaulle qui, au contraire, de manière hors sol, considérait que les étudiants étaient contre les institutions et qu’il fallait les mater (c’était un militaire). La plupart des ministres (qui étaient du côté de Pompidou) savaient que s’ils allaient envoyer les troupes face aux manifestants, il y aurait des morts.

Du reste, De Gaulle était allé s’assurer le 28 mai 1968 auprès du général Massu à Baden-Baden si effectivement, les troupes françaises stationnées en Allemagne le suivraient (et la réponse fut oui ; heureusement, il n’a pas eu à le vérifier).

Pour avoir une idée intéressante et réelle de la situation, le témoignage du ministre Alain Peyrefitte est irremplaçable puisqu’il a pu interroger De Gaulle à de très nombreuses reprises pour le but de mieux comprendre son action.

Daté du 14 juin 1968, voici le précieux témoignage d’Alain Peyrefitte (en parlant de De Gaulle) : « Je me répète sa phrase : "Il fallait que l’armée d’Allemagne soit une carte maîtresse, mais il valait mieux ne pas avoir à s’en servir". L’armée d’Allemagne : un ensemble solidement organisé, conçu pour le mouvement, commandé par un soldat équilibré, un bon chef, un homme sûr. Mais face à un déchaînement de violence, la meilleure des armées ne sait faire qu’une chose : tirer. Comme en 1795, quand Bonaparte canonne les royalistes sur les marches de Saint-Roch. Comme en juin 1848, quand Cavaignac mitraille les ouvriers. Comme en 1871, quand Galliffet reconquiert Paris contre les communards. De Gaulle savait ce que ces fractures avaient d’irréparable. Mais il ne fallait pas dire d’avance qu’elle ne  tirerait en aucun cas. Et il fallait être sûr que, l’ordre de tirer venant, elle l’exécuterait "sans hésitation ni murmure". Et que personne ne puisse en douter. Il voulait que l’on sût que l’armée était prête à intervenir si la rue voulait s’emparer du pouvoir hors des règles de la Constitution, qui donne la souveraineté au peuple tout entier et non à une fraction du peuple, si audacieuse soit-elle. ».

Une observation qui a de quoi faire froid dans le dos…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (07 novembre 2020)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
La France, 50 ans après De Gaulle : 5 idées fausses.
La fin du gaullisme d’État.
Pierre Simonet.
Edgard Tupët-Thomé.
Seconde Guerre mondiale.
Le courage exceptionnel de deux centenaires.
Quand Albin Chalandon se faisait rabrouer par De Gaulle.
18 juin 1940 : De Gaulle et l’esprit de Résistance.
Le patriotisme.
L’année De Gaulle : le général Macron à Montcornet.
Brexit Day : J – 3 …et De Gaulle dans tout ça ?
Alain Peyrefitte, De Gaulle et les communistes.
La Libération de Paris.
Discours du Général De Gaulle le 25 août 1944 à l’Hôtel de Ville de Paris (texte intégral).
Débarquement en Normandie.
Hubert Germain.
Daniel Cordier.
Le programme du Conseil National de la Résistance (CNR).
De Gaulle, kamikaze référendaire au nom de la démocratie.
Les élections législatives de mars 1967.
Le retour au pouvoir en mai 1958.
La proportionnelle éloigne les élus du peuple.
Montesquieu, Alain Juppé et l’esprit des institutions.
Valéry Giscard d’Estaing et sa pratique des institutions républicaines.
Les risques d’un référendum couplé aux européennes.
De Gaulle : soixante ans de Constitution gaullienne.
Institutions : attention aux mirages, aux chimères et aux sirènes !
Ne cassons pas nos institutions !
Non à la représentation proportionnelle aux élections législatives !
Vive la Cinquième République !
L’amiral François Flohic.
Jean Moulin.
Le maréchal Philippe Leclerc.
De Gaulle et le Québec libre.
Philippe De Gaulle.
L’ambition en politique.
De Gaulle réélu.
Halte à la récupération de De Gaulle !
La première élection présidentielle française.
Faut-il supprimer l’élection présidentielle ?
Le quinquennat.
La Ve République.
De Gaulle face à l’Histoire.
L’appel du 18 juin.
De Gaulle Président.
Les valeurs du gaullisme.
L’héritage du gaullisme.
Péguy.
Le Comité Rueff.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20201109-de-gaulle.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/la-france-50-ans-apres-de-gaulle-5-228448

https://rakotoarison.canalblog.com/archives/2020/11/03/38628193.html




 

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