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5 avril 2022 2 05 /04 /avril /2022 03:03

« Cela peut advenir. Ne croyez pas les sondages ou les commentateurs, qui seraient formels, qui vous disent que c’est impossible. (...) Mobilisation générale ! » (Emmanuel Macron, le 2 avril 2022 à La Défense).




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Cette semaine est cruciale pour l’élection présidentielle puisque ce sont les derniers jours de campagne avant le premier tour le 10 avril 2022. C’est à ce moment que les choix se cristallisent, tandis que certaines chaînes d’information continuent encore à ne diffuser que presque exclusivement des informations en provenance d’Ukraine. Il y a une sorte d’autisme présidentiel dans certaines rédactions, peut-être parce qu’ils considèrent que l’élection est une formalité et pliée d’avance. Il n’en est rien, évidemment, et toutes les élections présidentielles ont apporté son lot de surprises.

Un des derniers sondages d’intentions de vote, celui réalisé du 1er au 4 avril 2022 par Harris Interactive – Toluna pour "Challenges" et publié ce lundi 4 avril 2022, a de quoi inquiéter le Président sortant Emmanuel Macron et ses soutiens. En effet, il montre qu’à l’évidence, rien n’est joué, ni au premier tour, ni au second tour.

Les sondages sont ce qu’ils sont et les instituts de sondage insistent lourdement : « Les intentions de vote mesurent un rapport de force à un moment donné. Elles ne peuvent en aucun cas être considérées comme étant prédictives des résultats du scrutin. ». Donc, comme toujours, il faut les prendre pour ce qu’ils sont, une indication parmi d’autres. Toutefois, parce que nous sommes un pays de libertés, plusieurs instituts proposent des sondages en concurrence, et si les résultats absolus (les pourcentages) varient en fonction des calculs et des redressements, il y a une belle cohérence sur leurs évolutions : les tendances sont les mêmes pour tous les instituts de sondage.

Et quelles sont les tendances depuis deux semaines ? Une perte de vitesse des intentions de vote pour Emmanuel Macron, une montée très forte pour Marine Le Pen, également pour Jean-Luc Mélenchon, et un tassement pour Valérie Pécresse et Éric Zemmour. Et cela autant au premier tour qu’au second tour, et c’est cela qui est très important de comprendre.

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Dans le sondage Harris Interactive, la situation pour la majorité est très préoccupante car Marine Le Pen, avec 23% d’intentions de vote, talonne désormais Emmanuel Macron, 26,5%, tandis que Jean-Luc Mélenchon suit honorablement avec 17% d’intentions de vote. Viennent ensuite Valérie Pécresse et Éric Zemmour à 9,5% chacun, Yannick Jadot à 5%, Fabien Roussel à 2,5%, Jean Lassalle et Anne Hidalgo à 2%, etc.

Il y a manifestement une dynamique inquiétante pour Marine Le Pen, mais aussi pour Jean-Luc Mélenchon : il a phagocyté les intentions de vote pour Fabien Roussel (qui était monté jusqu’à 5%), pour Yannick Jadot (qui était monté jusqu’à 10%) et pour Anne Hidalgo (qui était montée jusqu’à 7%).

Je l’ai écrit et répété depuis longtemps : l’élection n’a jamais été jouée, y compris le premier tour. Si l’on regarde les tendances, la qualification d’Emmanuel Macron pour le second tour n’est pas d’une certitude absolue, il faut en être conscient. On peut se retrouver avec un face-à-face entre nos deux extrêmes récurrents depuis quinze ans.

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D’autant plus qu’il pourrait y avoir des calculs tordus de certains électeurs d’Emmanuel Macron. Ainsi, l’humoriste Alex Vizorek, dans sa chronique du 5 avril 2022 sur France Inter, a fait part de la discussion de ses voisines de tablée dans un restaurant parisien : l’une disait à son interlocutrice qu’elle était favorable à Emmanuel Macron mais qu’elle allait voter pour Jean-Luc Mélenchon car un second tour entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon serait plus facile pour le candidat Président ! Or, ce qu’on constate avec ce sondage, c’est qu’une telle tactique (stupide) fait descendre Emmanuel Macron et monter Jean-Luc Mélenchon, mais certainement pas descendre Marine Le Pen. C’est un petit jeu très dangereux.

Et effectivement, il peut y avoir des mauvaises surprises. Prenons "l’indice de participation au premier tour" mesuré par Harris Interactive, qui cherche à déterminer le taux de participation. Il serait de l’ordre de 70%, ce qui est faible à moins d’une semaine du premier tour, même s’il est en hausse (de nombreux électeurs se décident au dernier moment).

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Au premier tour du 21 avril 2002, il y a vingt ans, il y avait aussi une faible participation, 71,6% alors que le niveau "normal" se situe plutôt un peu en dessous de 80%. Ce faible niveau a fait le jeu des extrêmes, si bien que Lionel Jospin n’a pas pu participer au second tour. Le risque est le même pour Emmanuel Macron s’il ne parvient pas à mobiliser massivement son électorat dimanche prochain. Il est le seul représentant du gouvernement sortant et à ce titre, il attire toutes les oppositions, ce qui est commun dans ce genre d’élection (en 1981, la plupart des candidats faisaient le concours du meilleur "candidat anti-Giscard" !).

En ne faisant campagne qu’à une semaine du premier tour, Emmanuel Macron a oublié un effet important : faire campagne mobilise et fait évoluer l’élection. Toutefois, Emmanuel Macron a encore fait très peu de déplacements, et il est piégé par la stricte égalité du temps de parole qui l’empêche d’expliquer précisément tant son bilan que ses propositions, c’était le cas le 4 avril 2022 à la matinale de France Inter où il n’a même pas eu une demi-heure pour s’expliquer. Ses concurrents ont bénéficié pendant plusieurs mois d’un temps de parole illimité pendant la précampagne, de meetings retransmis en direct dans leur intégralité, etc. C’est comme si dans un banquet, les serveurs vous apportent tous les plats en même temps et vous disent : vous avez cinq minutes pour tout manger et tout digérer !

Ainsi, malgré son excellence tant sur la forme que sur le fond, tant sur le bilan, les valeurs que sur le projet, la couverture médiatique du grand meeting d’Emmanuel Macron à l’Arena de La Défense a été très mal assurée pour des raisons constitutionnelles, entre deux comptes-rendus de meeting de concurrents. Pour se faire entendre, il faut marteler, et je le répète, même De Gaulle a dû faire campagne, il a été lessivé par le premier tour en 1965 parce qu’il n’avait pas voulu faire campagne.

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Les intentions de vote pour le second tour, plus hasardeuses puisque les résultats du premier tour ne sont pas connus, montrent cependant la même tendance : Valérie Pécresse et Éric Zemmour ne sont plus dans la compétition, et les écarts se réduisent dans les duels entre Emmanuel Macron et respectivement Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. J’insiste aussi : même face à Jean-Luc Mélenchon, certes, il  a encore 16 points d’écart, mais c’est en nette diminution (c’était 34 points il y a moins d’un mois !).

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Là où il y a une réelle menace pour le Président de la République, c’est face à Marine Le Pen dont l’écart est insignifiant : un duel à 51,5% vs 48,5% quand la "marge d’erreur" est de 2,3, cela signifie que le candidat à qui on a attribué 51,5% d’intentions de vote peut avoir entre 49,2% et 52,8% (ce que Harris Interactive appelle "marge d’erreur" ou "intervalle de confiance" est pour moi en fait le demi-intervalle ou demi-marge). En clair, une victoire de Marine Le Pen est possible, d’autant plus qu’elle est en évolution ascendante.

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L’une des raisons de cette ascension de Marine Le Pen (et qui explique aussi l’effondrement d’Éric Zemmour qui n’a cessé de s’obséder sur l’immigration), c’est que le thème majeur des électeurs, on le dit depuis l’été dernier, c’est le pouvoir d’achat à un moment où la guerre en Ukraine provoque de l’inflation supplémentaire. C’est d’ailleurs une bonne nouvelle, le pouvoir d’achat : ce n’est pas l’emploi, c’est le pouvoir d’achat. C’est-à-dire qu’on a enfin un emploi, mais on reste encore dans une situation économique dégradée. C’est un signe positif du bilan d’Emmanuel Macron : le chômage est redescendu à 7,4% de la population active, c’est le plus bas depuis quinze ans, et le thème marquant du projet d’Emmanuel Macron, c’est le plein emploi dans cinq ans (plein emploi, cela signifie un taux de 5% ou moins).

C’est ce qu’a mesuré aussi Harris Interactif : la thématique qui compte le plus, à 59% des sondés, est le pouvoir d’achat, suivi de la santé 36%, les retraites 35% et l’immigration 34%. L’environnement et l’emploi n’arrivent qu’en sixième et huitième position, respectivement, à 23% et 21%. De manière incompréhensible si l’on regarde précisément son programme et son financement, Marine La Pen apparaît plus crédible qu’Emmanuel Macron sur la garantie du pouvoir d’achat, respectivement 47% et 42% des sondés (et c’est très nouveau, il y a deux semaines, c’était 38% et 44%). Donc, Emmanuel Macron doit continuer à rappeler que le pouvoir d’achat des Français a augmenté durant les cinq dernières années, qu’il a supprimé la taxe d’habitation, augmenté la prime d’activité etc. et que, en particulier, il compte amener le minimum vieillesse à 1 100 euros et tripler la "prime Macron".

L’enseignement de ce sondage parmi d’autres qui montrent la même tendance, c’est que rien n’est joué, mais on le savait déjà. Plus important, ceux des électeurs qui ne veulent absolument pas voir arriver à l’Élysée, au cœur du pouvoir, en responsabilité jusqu’à devoir utiliser ou pas une arme nucléaire en cas d’agression majeure, ceux qui ne veulent absolument pas ni de Marine Le Pen dont on a excessivement banalisé l’extrémisme d’exclusion, ni de Jean-Luc Mélenchon dont le communautarisme ferait de la France un pays profondément divisé, n’ont, dès le premier tour, qu’un seul choix, celui du candidat Emmanuel Macron, car tout autre choix sera un vote perdu, que ce soient Valérie Pécresse, Yannick Jadot, Anne Hidalgo ou d’autres.

Beaucoup d’électeurs du 21 avril 2002 ont été traumatisés par les résultats de ce premier tour et par leur comportement électoral un peu léger. Je sais que la mémoire est courte, mais ici, l’enjeu est très grave, il ne s’agit pas de se retrouver le 24 avril 2022 avec un face-à-face entre deux imposteurs professionnels Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Le choix d’Emmanuel Macron s’impose donc dès le premier tour et je souhaite que Nicolas Sarkozy prenne la parole cette semaine pour le dire clairement.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (05 avril 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Les graphiques proviennent du baromètre d’intentons de vote à l’élection présidentielle de 2022, vague 40, réalisé par Harris Interactive – Toluna pour "Challenges", publié le lundi 4 avril 2022, réalisé en ligne du 1er au 4 avril 2022 auprès d’un échantillon de 2 531 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, dont 2 200 personnes inscrites sur les listes électorales.


Pour aller plus loin :
Élysée 2022 (42) : Emmanuel Macron en danger !
Élysée 2022 (41) : Emmanuel Macron descend dans l’arène.
Élysée 2022 (37) : Emmanuel Macron n’est pas (encore) réélu !
Élysée 2022 (36) : pour qui votera Nicolas Sarkozy au premier tour ?
Élysée 2022 (35) : le projet présidentiel du candidat Emmanuel Macron.
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
Élysée 2022 (32) : Emmanuel Macron candidat !
Élysée 2022 (29) : Emmanuel Macron sera-t-il candidat un jour ?
Enfin, une vision européenne !

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220404-macron.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/elysee-2022-42-emmanuel-macron-en-240666

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/04/04/39420233.html







 

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4 avril 2022 1 04 /04 /avril /2022 03:30

« La France, c’est un bloc. On ne trie pas. On ne choisit pas. On l’aime tout entière et on la prend comme elle est. » (Emmanuel Macron, le 2 avril 2022 à La Défense).




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S’il fallait garder une seule formule, ce serait peut-être celle-ci, la France, c’est un bloc, reprenant la célèbre formule de Clemenceau sur la Révolution. Une manière de rappeler que les extrémismes qui professent l’exclusion d’une catégorie de personnes ne correspond pas à la tradition française ni aux valeurs républicaines.

C’était impressionnant de voir l’Arena de La Défense à Paris, ce samedi 2 avril 2022 après-midi, quasi-complètement remplie, seulement quelques travées étaient vides. Cette salle, inaugurée le 16 octobre 2017 et utilisée principalement pour des compétitions sportives et pour des concerts, est la plus grande d’Europe, mais les 30 000 participants n’étaient pas venus pour un match ni pour un spectacle, ou alors, si, pour un match particulier, l’élection présidentielle, et pour un spectacle particulier, celui du Président candidat Emmanuel Macron venu faire son unique grand meeting de la campagne avant le premier tour. 600 journalistes y étaient attendus.

Il faut le répéter : Emmanuel Macron adore faire campagne, il adore débattre, il adore confronter les arguments, démonter ceux de ses opposants et proposer les siens, défendre son bilan dont il n’a vraiment pas à rougir, au contraire, et exposer ses perspectives, son projet. Et face à une salle convaincue, bien sûr, il adore encore plus. Résultat, certains journalistes ont regretté cette endurance car la candidat a parlé pendant 2 heures 15 et il aurait pu continuer encore, et comme le temps de parole est désormais (depuis le 28 mars) strictement décompté à égalité des candidats, aucune chaîne de télévision n’a diffusé en direct et dans son intégralité son pourtant unique meeting, alors que ses concurrents ont eu l’occasion, pendant la précampagne de bénéficier d’une belle couverture médiatique à la télévision.

Qu’importe, car le candidat n’avait pas trop le temps. Pourtant, il reste une semaine et pendant le meeting, il a insisté lourdement : rien n’est joué, l’impossible que disent les journalistes est possible, en clair, sans le préciser explicitement, l’élection de Marine Le Pen est possible : « Cela peut advenir. Ne croyez pas les sondages ou les commentateurs, qui seraient formels, qui vous disent que c’est impossible. ». L’impossible s’est réalisé plusieurs fois : le Brexit, l’élection de Donald Trump… et même sa propre élection en 2017, personne chez les journalistes n’imaginait qu’il serait élu. Alors, méfiance des sondages, du statut de candidat favori. Il a martelé auprès de ses troupes : aucune arrogance, et durant cette après-midi, il a rappelé trois fois, aucun sifflet, aucune manifestation désagréable pour les adversaires : « Ne les sifflez pas, combattez-les par les idées, avec respect ! ».

C’était un véritable spectacle. On pouvait dire aussi une grand-messe où tout le monde est en communion. Avec sa liturgie, son clergé, et ses chants (son chant, la Marseillaise, bien sûr, chantée à la fin, mais aussi au milieu, spontanément, par la salle, quand Emmanuel Macron a évoqué les soldats morts au combat). On pourrait presque croire qu’il y avait un culte de personnalité, mais en fait, il a renoué avec ce qui fait fondamentalement la Cinquième République, à savoir la rencontre d’un homme (ou d’une femme) et d’un peuple.

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Se mettre en avant impose d’ailleurs un travail sur soi pour certains (comme Pierre Mendès France, Jacques Delors, Lionel Jospin, etc.), ou c’est totalement naturel pour d’autres (comme Jacques Chirac, François Mitterrand, Nicolas Sarkozy, etc.). Emmanuel Macron est à l’évidence dans la seconde catégorie et il a été excellent doublement, sur le fond et sur la forme.

C’est parce qu’il est jeune et qu’il réussit qui suscite autant d’opposition, et même de haine (j’y reviendrai peut-être), au-delà d’être "le punching ball" institutionnel des râleurs ; il suffit de voir, dans un but électoral très précis, ceux qui n’ont que pour slogan : "Tout sauf Macron", slogan ridicule qui rappelle en 2012 "Tout sauf Sarkozy", François Hollande n’a pas eu cette chance car il a déclaré forfait trop vite, mais la réalité, c’est que ce serait plutôt : "Tout sauf le Président que j’ai élu la fois dernière". Les candidats opposants sentent tellement que leur proposition est légère qu’ils misent seulement sur le rejet du Président sortant. Comme on le rend responsable de toutes les misères du monde, c’est plus facile. Mais cela a donné des catastrophes, justement le quinquennat de François Hollande, par exemple. Le vote par défaut a toujours été stupide, il faut adhérer à un candidat, pas s’en remettre aveuglément au candidat opposé à celui qu’on rejette, car cela risque de faire pire.

Rappel : Emmanuel Macron a été très largement élu Président de la République par le peuple français le 7 mai 2017. Il a été élu par 43,6% des électeurs inscrits (je précise, par rapport aux électeurs inscrits, donc, ce chiffre tient compte de l’abstention et du vote blanc), ce qui est très honorable : De Gaulle a été (ré)élu par 45,3% des inscrits en 1965, à peine mieux et c’était De Gaulle, et François Mitterrand, pour ne prendre que lui, a été élu par 43,1% des inscrits en 1981 et réélu par 43,8% des inscrits en 1988.

Mais il y a aussi une autre raison pour susciter tant de haine, complètement injustifiée car il a redressé la France comme aucun autre depuis quarante ans. Il "en a", je veux dire, il est martial, il a de l’autorité et est capable de prononcer un discours martial, qui porte, or, jusqu’à maintenant, ceux qui sont à discours martial, ce sont des extrémistes, ce ne sont pas des raisonnables et des modérés. Emmanuel Macron est singulier : il ose défendre une politique réaliste et non démagogique haut et fort.

Comment ne pas avoir été ému quand il a crié dans la salle pleine à craquer : « Je suis fier d’être Européen ! ». De porter haut le projet européen : « Nous ne lâcherons rien de notre combat pour l’idéal européen ! ». Ne rien lâcher « face au dérèglement du vivant avec le virus, au dérèglement écologique, au réchauffement climatique, l’érosion du vivant, le dérèglement du capitalisme avec des inégalités insupportables, le dérèglement géopolitique avec le retour des empires, des guerres avec le spectre d’un conflit mondial. ». Et en même temps, il a insisté très fermement, à l’adresse de tous les poutinolâtres de bistrot qui usent et abusent d’un antiaméricanisme primaire idéologique pour justifier les massacres des Ukrainiens : « Nous ne sommes les vassaux de personne ! ».

Pendant trente ans, les rares poids lourds de la politique française favorables à la construction européenne étaient des Européens honteux sinon faibles. C’est ce que je reproche à François Bayrou, pourtant ni honteux ni faible, de ne pas avoir fait en juin 2009 une campagne ouvertement proeuropéenne et de s’être contenté de faire de l’antisarkozysme primaire. Il faut avoir le courage d’exprimer haut et fort ses convictions européennes. L’Europe a longtemps agonisé de ne pas avoir trouvé de leader, de promoteur à la hauteur de l’enjeu historique.

C’est en refusant de l’exprimer, cette conviction européenne, tout en la mettant en pratique quand même, que pendant un quart de siècle, on a diffusé ce lourd passif, ce sentiment d’europhobie, jusqu’au rejet de 2005. Heureusement, "l’opinion publique" s’est tellement retournée qu’aucun candidat n’ose affronter ouvertement l’Union Européenne, même Marine Le Pen dont on ne comprend pas les positions successives (lire plus loin)) et avec la guerre en Ukraine, comme l’a redit samedi Emmanuel Macron, sans l’Europe, avec seulement la France, je voudrais bien vous y voir, de négocier avec Vladimir Poutine : « Bon courage à ceux qui, face à la Russie, prônent le grand repli et bon courage à ceux qui, face au retour des empires et aux défis des temps, défendent le grand rabougrissement ! ». La guerre donne toujours des prises de conscience. Dommage qu’elles sont tardives.

Alors, évidemment, c’est à la fois un meeting et un spectacle. La salle était chauffée à blanc, alors que toute la Macronie était présente, au point que certains députés LREM ont rouspété de ne pas avoir été placés au quartier VIP réservé aux ministres et aussi, aux ralliés tardifs. Il y avait même un chauffeur de salle, ce qui est un peu ridicule (tout comme le concours pour amener le plus de participants possible), mais l’animateur a réussi à faire faire la ola au premier rang, celui des anciens Premiers Ministres et ministres actuels du gouvernement. Après tout, c’est aussi une réunion familiale, et à cette occasion, on peut faire la fête même si le visage d’Emmanuel Macron était plus grave que joyeux à cause des troubles des temps nouveaux. Ce meeting était sa pause détente entre deux coups de fil pour l’Ukraine.

Néanmoins, le candidat Président n’a pas négligé la préparation de son intervention. La veille, il avait même fait une répétition, car il a innové, pas autant que Jean-Luc Mélenchon avec ses hologrammes et ses odeurs, mais un peu quand même. La tribune était au centre de la salle, avec des participants tout autour, ce qui est maintenant classique. La tribune, de forme hexagonale et tricolore, avait trois pupitres installés avec des prompteurs (il n’a pas beaucoup utilisé les prompteurs car il sortait souvent du cadre de son discours prévu initialement d’une heure), répartis à 120° chaque fois. Il allait de l’un à l’autre régulièrement, pour n’oublier personne, marchait au centre, parlait avec une constance dans la voix puissance. On pouvait comprendre l’amateur de théâtre. C’est plus facile de parler d’Europe puissance quand on a la voix puissante, et Valérie Pécresse a même fait sa Caliméro le 3 avril 2022 à la Porte de Versailles (où Nicolas Sarkozy a été sifflé à cause de son silence assourdissant) en disant en substance qu’un bon Président n’est pas un bon orateur mais un bon faiseur. Elle n’a pas compris le rôle du politique : bien sûr que si, un Président doit savoir représenter la France, et le talent du verbe est indispensable. C’est le verbe fait action, la politique.

Innovation aussi car le meeting était retransmis sur Minecraft, un jeu virtuel sur Internet, mais l’intérêt de l’exercice restait très limité car il reprenait simplement la retransmission réelle de l’Arena de La Défense, sans valeur ajoutée pour les joueurs virtuels du Web généralement déçus par cette innovation.

J’évoquais la Macronie, et effectivement, il y a eu beaucoup de beau monde à ce meeting. On peut même ressentir une certaine émotion avec la présence de Jean-Pierre Chevènement qui ne s’est pas contenté d’apporter son soutien verbalement, mais il était là, en chair et en os, à 83 ans, il a accepté de se prêter au jeu du militantisme, se lever quand il le fallait, applaudir aussi, sauf quand il s’agissait d’Europe, car son soutien n’était pas inconditionnel. Il était le rédacteur du programme commun de la gauche au début des années 1970. Avec lui, c’est carrément plus de cinquante années de vie politique qui défilent. Dommage qu’Emmanuel Macron ne l’ait pas remercié personnellement dans son discours (à ma connaissance). Il était peut-être le plus âgé présent dans la salle des responsables politiques ou anciens responsables politiques.

Jean-Pierre Chevènement avait été chaleureusement salué, avant le début du meeting, par l’ancien Premier Ministre Édouard Philippe, également présent, ainsi que Jean Castex, Jean-Pierre Raffarin et Manuel Valls. C’est la magie d’Emmanuel Macron d’avoir su réunir dans un même meeting politique à moins de deux mètres pendant trois heures, Jean-Pierre Chevènement et Jean-Pierre Raffarin. Manuel Valls était le bon élève, très présent à l’écoute, pas de smartphone, juste bon participant, comme si tout devait être fait pour ne pas rater un futur ministère qu’il n’aura probablement jamais.

Parmi les nombreuses personnalités présentes à ce meeting, je peux citer en outre, et sans être exhaustif : Gabriel Attal (et un petit garçon sur ses genoux, qui est son demi-frère), François Bayrou, Richard Ferrand, Brigitte Macron, Roselyne Bachelot (la quasi-seule à avoir porté un masque), Stanislas Guérini, Jean-Yves Le Drian, Élisabeth Borne, Fabienne Keller, Marlène Schiappa, Jean-Michel Blanquer, Jean-Louis Bourlanges, Laurent Hénart, Olivier Véran, Amélie de Montchalin, Alain Richard, Gérald Darmanin, Christophe Castaner, Bruno Le Maire, Sébastien Lecornu, Agnès Buzyn, Éric Dupond-Moretti, Élisabeth Guigou, Renaud Muselier, Hubert Falco, Christian Estrosi, Olivier Dussopt, Éric Woerth, Geneviève Darrieussecq, Florence Parly, Barbara Pompili, Claude Malhuret, Patrick Mignola, Franck Riester, François Patriat, Karl Olive, Emmanuelle Wargon, Carole Bouquet, Claude Lelouch, Bernard Montiel, etc.

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Emmanuel Macron a eu un mot pour ses parents, ses enfants (ceux de Brigitte Macron), petits-enfants, tous présents, et surtout pour Brigitte à qui il a lancé un baiser avec la main : « l’évidence, la présence de celle qui m’importe le plus, qui m’apporte le plus dans cette singulière aventure de vie ».

Dans l’expression, Emmanuel Macron a parfois fait dans la facilité oratoire, il a usé à plusieurs reprises d’anaphores (la plus célèbre en politique a été prononcée par François Hollande le 2 mai 2012 : « Moi, Président de la République, je… »). Là, il en a fait une pour dire ce qu’était la France, et il l’a illustrée par de nombreuses personnalités décédées durant son quinquennat : la France, c’est Simone Veil ; la France, c’est Daniel Cordier ; la France, c’est Hubert Germain ; la France, c’est Arnaud Beltrame ; la France, c'est Samuel Paty  ; la France, c’est Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello, soldats morts en Afrique pour sauver des otages (il a eu une véritable larme d’émotion et la Marseillaise a été chantée dans la salle spontanément en réaction) ; la France, c’est…

Une autre anaphore a été utilisée de façon appuyée pour rassembler les Français du style : vous voulez réduire les émissions de carbone ? Venez nous rejoindre ! Vous voulez retrouver une souveraineté industrielle ? Venez nous rejoindre ! etc. Le demi-frère de Gabriel Attal a participé avec joie à cet exercice de style. Une autre anaphore encore lorsqu’il lançait une série sur : « Je ne me résoudrai jamais. Je me battrai toujours. Comme je me suis battu sans relâche depuis cinq ans. » (voir plus loin).

Pendant ce long discours, Emmanuel Macron a passé tous les sujets en revue. Il a d’abord dressé un bilan de son action, rappelé la baisse du chômage, la réindustrialisation de la France, la hausse du pouvoir d’achat, l’accélération de la réduction des émissions de carbone (« Nous avons doublé le rythme de réduction des émissions de gaz à effet de serre ces cinq dernières années »), la gestion des crises qui ont été nombreuses et graves : « C’était notre projet, et c’est maintenant notre bilan, nous l’avons fait (…). Malgré les crises, nous avons tenus nos promesses. (…) Le taux de chômage est au plus bas depuis quinze ans. ».

Mais il n’est pas resté seulement sur cette défense du bilan, même si certains mots ont eu pour but de répondre à certaines critiques, notamment celle de l’accompagnement par le cabinet McKinsey. Il a en particulier critiqué ceux qui utilisaient ce mauvais argument alors qu’eux-mêmes utilisent dans les collectivités qu’ils gèrent ou ont gérées le même genre de cabinet (il y aurait beaucoup à dire sur le sujet et je trouve que sur cette critique, il n’a pas apporté une réponse efficace) : « Je voulais rappeler à tous ceux qui s’en indignent, qu’ils les ont à chaque fois utilisés dans leur collectivité ou au gouvernement. ».

Ensuite, il a parlé des principes qui guident son action et aussi qui guident celle de tous ceux qui l’ont rejoint. En particulier, l’humanisme et le progrès. Il a rappelé que les Premiers Ministres de son quinquennat ne l’avaient pas soutenu en 2017 et pourtant, il a su les rassembler autour de principes forts. Il a appelé les gaullistes, les sociaux-démocrates et les écologistes à venir le rejoindre. Il a assuré porter un projet de dépassement : « Car depuis le début, nous n’avons qu’un parti, c’est notre pays ! ». Il a aussi fustigé les extrêmes : « Il n’y a pas plus puissant que la force tranquille de la fraternité. » et a loué le rassemblement : « La France unie, c’est celle qui se regarde en face, dans sa pluralité. ». Il a appelé à la « mobilisation générale ». Bien sûr, le clin d'œil avec les slogans de François Mitterrand est clair (force tranquille en 1981, France unie en 1988).

Il a attaqué l’extrême droite en disant qu’il faut rappeler ce qu’est l’extrême droite, ne pas s’habituer aux discours de haine et d’exclusion. Il a aussi dit que la France était un tout, voir au début de l’article. Au-delà de l’obsession du repli sur soi et du « grand rabougrissement », Emmanuel Macron a taclé fort : « Nous nous sommes habitués à voir des responsables politiques raconter n’importe quoi sur le covid, tenir les pires discours complotistes sur le vaccin, au risque de mettre la vie de nos compatriotes en danger, ils peuvent le matin sortir de l’euro, le soir venir dans l’Europe, personne jamais ne relève leur incohérence. Le programme, pourtant, ruinerait les petits épargnants, effondrerait leur pouvoir d’achat, amènerait à la faillite leurs retraites. ».

Aussi en parlant de l’Histoire de France : « quelques moments de bravoure et quelques mots d’amour ». Ou encore en s’interrogeant avec force sur la nature d’un pseudo-patriotisme : « Nous nous sommes habitués à laisser des candidats se dire patriotes, tout en faisant financer leur projet et leur parti par l’étranger. ». Le "nous" est une fait une critique des médias, des journalistes qui laissent dire des énormités sans rien à y redire.

La menace extrémiste est bien réelle : « Le danger extrémiste aujourd’hui est d’autant plus grand que depuis plusieurs années, la haine, les vérités alternatives, se sont banalisées dans le débat public. Nous nous sommes habitués à voir défiler, sur certains plateaux de télévision, des auteurs antisémites, d’autres racistes (…). Non au politiquement correct, non au politiquement abject. ».

Une attaque aussi pour l’extrême gauche, en martelant la devise de la République et en y incluant un quatrième principe : liberté, égalité, fraternité, laïcité, et il a condamné ceux qui, à gauche, sont tombés dans la logique communautariste, ceux « qui se réclament de Jaurès ou de Clemenceau qui cessent de défendre la laïcité et versent dans le communautarisme ».

Cela n’a pas empêché le Président de noter que le Ramadan commençait le jour même, il a été très vivement applaudi. On peut être pour un État neutre et vouloir que les citoyens pratiquent leur culte en toute liberté selon leur foi.

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Puis est venue la partie des perspectives d’avenir, très dense également, je n'insiste pas trop car j'y reviendrai. Emmanuel Macron a voulu miser sur l’école et sur la santé : il a proposé de recruter 50 000 infirmières pour accompagner les personnes âgées dans les EHPAD. Sur la maltraitance des personnes âgées dans les EHPAD, il a repris un slogan du NPA : « Leurs vies valent plus que tous les profits (…). Je ne me résoudrai jamais à ce qu’on puisse faire des économies sur les Français les plus précaires, les plus modestes. ». Sur le climat, son ambition est d’être la « première grande nation à sortir des énergies fossiles » en s’appuyant sur l’énergie nucléaire. Il a aussi développé son ambition européenne. Il veut faire la rénovation thermique de 700 000 logements tous les ans.

Emmanuel Macron a bien sûr évoqué les deux seuls points de son projet qui ont été médiatisés, pour être critiqués. La retraite à 65 ans, qui est le moyen de ne pas augmenter les impôts ni augmenter la dette, qui répond à une logique sociale, celle de préserver le modèle social français qui ne sera préservé que si son financement est pérennisé. Et il a rappelé que dans son projet, il a proposé le minimum retraité à 1 100 euros. Son courage, il vient de cette conviction : « Il n’y a pas d’État social, il n’y a pas d’État providence, s’il n’y a pas un État productif (…). Alors, j’assume, oui, de vous dire qu’il faudra travailler plus. ». Sur le RSA, Emmanuel Macron a rejeté le procès d’être antisocial : « Il s’agit tout simplement de tendre la main et d’offrir à tous les bénéficiaires des perspectives. ».

Il n’a pas non plus été sans écoute sur le pouvoir d’achat : « Je ne me résoudrai jamais à ce que des Français qui travaillent voient tous leurs salaires partir en pleins d’essence, en factures, en loyers, et renoncent finalement à offrir un cadeau à leurs enfants, c’est injuste ! ». D’où ses propositions de tripler la "prime Macron" et de revaloriser à 550 euros de plus au niveau du SMIC pour les travailleurs indépendants (et la revalorisation du minimum vieillesse indiquée plus haut).

Comme le discours a été très long, il est difficile, pour les journalistes, tenus à la rigoureuse égalité de traitement des candidats, de pouvoir détailler tout ce qui a été dit à l’Arena de La Défense, mais ce discours, unique en son genre, aura marqué et si, comme je l’espère, Emmanuel Macron est réélu le 24 avril 2022, il servira de base référence pour son second quinquennat, un peu comme le discours du Bourget pour le quinquennat de François Hollande, avec, à mon sens, s’il fallait le réduire, trois formules chocs qui feront date.

1. « Nous ne sommes les vassaux de personne ! ».
2. « Nous ne lâcherons rien de notre combat pour l’idéal européen ! ».
3. « La France, c’est un bloc. On ne trie pas. ».


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (03 avril 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Élysée 2022 (41) : Emmanuel Macron descend dans l’arène.
Meeting d’Emmanuel Macron à Arena à La Défense le 2 avril 2022 (vidéo et texte intégral).
Jacques Delors.
Dominique de Villepin.
Élysée 2022 (37) : Emmanuel Macron n’est pas (encore) réélu !
François Léotard.
Bertrand Delanoë.
Manuel Valls.
Jean-Pierre Chevènement.
Jean-Pierre Raffarin.
Éric Woerth.
Élysée 2022 (36) : pour qui votera Nicolas Sarkozy au premier tour ?
Élysée 2022 (35) : le projet présidentiel du candidat Emmanuel Macron.
Présentation du projet présidentiel d’Emmanuel Macron le 17 mars 2022 à Aubervilliers (vidéo).
Projet du candidat Emmanuel Macron pour 2022 (à télécharger).
Élysée 2022 (34) : la liste officielle des 12 candidats.
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
Élysée 2022 (32) : Emmanuel Macron candidat !
Lettre du candidat Emmanuel Macron à tous les Français le 3 mars 2022 (texte intégral).
Ukraine en guerre : Emmanuel Macron sur tous les fronts.
Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron sur la guerre en Ukraine le 2 mars 2022 (vidéo et texte intégral).
Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !
La repentance nucléaire : Emmanuel Macron à Belfort.
Élysée 2022 (29) : Emmanuel Macron sera-t-il candidat un jour ?
Enfin, une vision européenne !








https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220402-macron.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/elysee-2022-41-emmanuel-macron-240621

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/03/29/39410475.html








 

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3 avril 2022 7 03 /04 /avril /2022 03:40

« Je propose simplement d’élever Nicolas Hulot au rang de père de la nation, et même, profitant des bonnes relations qu’entretient le Président de la République avec le pape, de le canoniser. Il serait en effet prudent de le mettre à l’abri de la justice, qui risque de lui demander un jour des comptes : car c’est bien l’argent des grands spéculateurs les plus pollueurs qu’il blanchit, ou verdit, dans sa fondation ! » (Jean Lassalle, le 9 octobre 2008 à l’Assemblée Nationale).



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Cette envolée caustique du député était adressée aux ministres Jean-Louis Borloo et Nathalie Kosciusko-Morizet qui présentaient le Pacte écologique du futur ministre Nicolas Hulot, bien avant que ce dernier fût impliqué dans une affaire d’agression sexuelle. Elle donne une idée du député, de sa verve, de son caractère, de son envie de provoquer, de parler et parfois, de dire n’importe quoi.

La candidature de Jean Lassalle (67 ans dans un mois), député des Pyrénées-Atlantiques depuis juin 2002 et maire de son village natal Lourdios-Ichère de 1977 (il avait 21 ans) à 2017 (à cause de la loi sur le cumul des mandats), a de quoi surprendre, d’autant plus que c’est la seconde fois qu’il se présente. Personne ne semble comprendre les motivations profondes qui l’ont poussé à se présenter sinon cette envie insatiable de se projeter médiatiquement.

Avec un accent et une voix rocailleuse, il est parfois difficile de le comprendre (sa langue maternellle est l'occitan du Béarn, il n'a appris le français qu'à 6 ans), mais son sourire, sa bonne humeur, semblent effacer ces premières difficultés. Dans les discours, il parle de rassemblement, de conseil national de la Résistance (il a fondé un parti en octobre 2016 qui s’appelle Résistons !), de rebâtir l’État, etc.

Paradoxalement, non seulement il a eu sans difficulté ses 500 parrainages (comme en 2017), mais aujourd’hui, la majorité des sondages le place en intentions de vote au-dessus de la candidate du parti socialiste Anne Hidalgo qui, elle, jouit d’un parti de professionnels très expérimentés ! Il y a un mois, certains sondages le plaçaient même à 3% d’intentions de vote, la plupart autour de 2%, ce qui n’est pas rien. Le 23 avril 2017, il avait obtenu 435 365 voix, soit 1,2% suffrages exprimés, au premier tour de l’élection présidentielle.

Comment a-t-il réussi, en 2017 et en 2022, à obtenir ses parrainages ? Parce que le positionnement de Jean Lassalle est indéterminé (j’y reviens plus loin), en particulier, pas aux extrêmes, et donc, parrainer Jean Lassalle au mieux suscite des haussements d’épaules mais certainement pas une indignation plus ou moins sincère. Son incarnation est celle d’un maire rural, et ses parrains sont principalement des maires ruraux de toute la France.

Mais la raison principale de ses parrainages, c’est sa marche de 5 000 kilomètres, à pieds donc, du 10 avril 2013 au 11 décembre 2013, à parcourir la France et rencontrer les Français. Il a ainsi pu recueillir des milliers de témoignages de personnes peu écoutées, oubliées, laissées pour compte, bref, il s’est senti la mission de représenter les sans-voix. Il a ainsi pu se constituer tout un réseau d’élus locaux sur tout le territoire. Son initiative était très intéressante, très anticipatrice, et fait penser au grand débat organisé par Emmanuel Macron en 2019. Jean Lassalle, c’est le candidat de la proximité.

En 2014, il a récidivé, mais cette fois-ci, il a fait le Tour d’Europe, en visitant ses concitoyens européens, et il y a rencontré notamment Angela Merkel. Il en est revenu avec beaucoup de colère contre la bureaucratie européenne, la complexité technico-juridique des institutions européennes, le manque de démocratie que vaut en fait cette opacité des sources de pouvoirs et d’influences, et aussi, le manque d’identité européenne. Alors qu’il a milité pendant des dizaines d’années dans le parti le plus ouvertement pro-européen, Jean Lassalle a tourné par la suite vers l’euroscepticisme et a dénoncé la "dictature européenne" lors de sa campagne présidentielle de 2017.

À l’origine, Jean Lassalle était un professionnel de la politique, un élu rural et montagnard, bercé au bon air des Pyrénées, tombé dès la fin de l’adolescence dans les mandats électifs aussi prenants que passionnants. Il a été suppléant du député RPR Michel Inchauspé pendant de longues années, de 1988 à 2002, avant de lui succéder. Il a été président du comité départemental du tourisme. Il a été président du parc national des Pyrénées de 1989 à 1999. Maire pendant quarante ans, député depuis vingt ans, il a été élu aussi conseiller général de son département pendant trente-trois ans de 1982 à 2015, dont dix ans, entre 1991 et 2001 comme vice-président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques sous la présidence de François Bayrou.

Ah, justement, François Bayrou a beaucoup compté pour lui, et si j’ai évoqué un positionnement "neutre", c’est parce qu’au départ, il était UDF, du même parti que François Bayrou dont il a soutenu la candidature à l’élection présidentielle. En particulier, en juin 2007, il fut le seul, avec François Bayrou lui-même, a avoir été réélu (ou élu) député du MoDem, le nouveau parti issu de la candidature de 2007, les autres députés UDF sortants ayant soutenu Nicolas Sarkozy au second tour et se revendiquant de sa majorité au sein du Nouveau centre. Sa réélection en juin 2007 n’était pas "évidente" puisqu’il a gagné lors d’une triangulaire au second tour contre un candidat UMP et un candidat PS. De mars 2010 à août 2016, il était même vice-président du MoDem, très proche de François Bayrou tant localement que politiquement.

Toutefois, en décrivant sa trajectoire politique, j’ai oublié l’essentiel. Car celle-ci, ainsi décrite, est ordinaire et commune à la grande majorité des parlementaires de l’ancien monde (le nouveau monde est confronté à la limitation des mandats, donc, impossible de faire des décennies de double ou triple mandat). J’ai oublié d’insister sur la personnalité particulièrement singulière de Jean Lassalle. C’est un entêté, c’est un original, c’est un chaleureux. Je n’aurais bien sûr pas la prétention de décrire son tempérament, et cette description n’en serait de toute façon qu’une perception de l’homme public, bien sûr, mais on peut dire que c’est quelqu’un d’authentique, qui dit les choses franchement, crûment parfois.

Pour donner un exemple, son clip de campagne officielle, qui passe en ce moment à la télévision publique, commence avec lui sur fond de belle vallée pyrénéenne. Très belle, comme en vacances, au point que je me suis dit : oui, c’est tout lui, on a envie d’aller chez lui… mais c’était trop lui, beaucoup trop lui, et beaucoup trop conformiste ! Quelques secondes plus tard, il enlève ce décor artificiel, et montre un horrible fond blanc et vert pomme, avec en arrière-plan un porte-manteau et son (célèbre) manteau (j’écris célèbre car ce manteau fait l’homme, on sent un diplomate, quasi-brejnévien, en tout cas, cela le présidentialise, un chef d’État avec son écharpe rouge, à la Mitterrand, à la ride malicieuse). Cette simplicité affiche en fait une communication politique très étudiée et éprouvée.

C’est cet anticonformisme qui est son principal atout et probablement l’origine de sa notoriété nationale. Car comme député, il n’a pas chômé, mais pas forcément en travail parlementaire. Plutôt, en soutien au peuple, en tout cas, de son point de vue. J’avais évoqué son tour de France puis son tour d’Europe (pendant ce temps, il n’a pas beaucoup participé à l’élaboration des lois ni au contrôle du gouvernement), mais il a pris beaucoup d’autres initiatives.

Par exemple, du 7 mars au 14 avril 2006, Jean Lassalle a fait une grève de la faim pour s’opposer à la fermeture de l’usine Toyal de la vallée d’Aspe, une filiale d’un groupe japonais d’aluminium qui employait 150 personnes, pour se réimplanter à 70 kilomètres de là. Le 14 avril 2006, il a été hospitalisé dans un état critique et les pouvoirs publics (Jacques Chirac, Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy) sont parvenus à convaincre les dirigeants industriels d’abandonner le projet de transfert.

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Le 3 juin 2003, il a chanté une chanson béarnaise en pleine séance des questions au gouvernement dans l’hémicycle quand Nicolas Sarkozy, Ministre de l’Intérieur, prenait la parole, pour s’opposer au projet de fermeture d’une gendarmerie au tunnel du Somport. Défenseur des services publics dans les zones rurales, Jean Lassalle a ainsi utilisé son mandat de député pour des causes très identifiables et populaires.

Dans le même genre de coup médiatique, le 21 novembre 2018, au début du mouvement des gilets jaunes, encore à une séance de questions au gouvernement où Christophe Castaner, Ministre de l’Intérieur, prenait la parole, Jean Lassalle a porté un gilet jaune et a refusé obstinément de le retirer malgré l’ordre du Président de l’Assemblée Nationale Richard Ferrand, ce qui lui a valu une sanction financière de 1 500 euros.

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En politique étrangère, Jean Lassalle a également bousculé la diplomatie française en se rendant deux fois en Syrie, en novembre 2015 et en janvier 2017. À la dernière visite, accompagné de deux autres députés, Thierry Mariani (passé au RN) et Nicolas Dhuicq, Jean Lassalle a échappé de peu à des tirs d’obus. Le 8 janvier 2017, il en a profité pour rencontrer le Président syrien Bachar El-Assad. Une initiative qui l’a rendu sympathique auprès de la Russie et de Vladimir Poutine.

L’une des explications du score non négligeable dans les sondages de Jean Lassalle, c’est peut-être le ralliement de sa collègue ex-LREM Martine Wonner à sa candidature. En effet, Jean Lassalle a fustigé la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement, critiquant le passe sanitaire et mettant même en cause le vaccin Johnson & Johnson qui lui aurait provoqué une fragilité cardiaque, selon certains cardiologues. Sur France 2 le 31 mars 2022, il a même déclaré qu’il hésitait encore à déposer une plainte sur le sujet après la campagne présidentielle. Mais sa critique du gouvernement n’a pas beaucoup convaincu, car lorsqu’il parlait de lits supprimés en pleine crise covid, il oubliait que dans les chambres doubles, lorsque l’un des deux patients est contaminé, il est mis à l’isolement et donc, le second lit de la chambre est inopérant. Et lorsqu’il proposait en solution de créer 100 000 emplois d’infirmiers et d’aides-soignants, là encore, au-delà des moyens budgétaires, il oubliait qu’il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton, il faut les former et on manque de candidats à ces professions. Le sursaut dans les sondages pourrait donc s’expliquer par sa position très hostile et un tantinet populiste envers la politique sanitaire du gouvernement pourtant largement plébiscitée par les Français.

Portons maintenant attention à son programme (qu’on peut télécharger ici) : 24 pages assez creuses et floues, avec ce sentiment diffus qu’il réinvente tout, la politique, l’administration, la science, etc. Par exemple, la reconnaissance du vote blanc est déjà faite depuis 2013, qui est distingué du vote nul au moment du dépouillement, et dans son idée, si le vote blanc est majoritaire, il faut revoter, mais jamais dans un scrutin le vote blanc n’a été majoritaire. Il veut aussi le référendum d’initiative citoyenne (RIC), avec un seuil de 700 000 pétitionnaires, l’accepterait pour interdire la chasse le week-end, mais le refuserait pour rétablir la peine de mort.

Jean Lassalle propose, en outre, une réforme du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) « en lui donnant un rôle d’incubateur, un lieu de réflexion dans lequel infuseraient des idées issues de la recherche et des aspirations citoyennes » alors que c’est justement ce qu’a déjà fait le Président Emmanuel Macron en chargeant le CESE de mener à bien la Convention citoyenne sur le climat en 2020.

Plus généralement, Jean Lassalle a construit son programme pour "rebâtir l’État" autour de sept axes : « refonder et revivifier la démocratie ; développer la recherche, fondamentale et appliquée ; améliorer la transmission du savoir ; rétablir le service national universel, militaire ou civil ; simplifier et articuler au mieux les collectivités territoriales ; résorber les écarts entre les territoires ; replacer les oubliés au cœur du lien social ». On note que la transition écologique est la grande oubliée de son programme.

Jean Lassalle souhaite être le candidat du terrain, de la France d’en bas, des quartiers et des campagnes. Et finalement, il décrit la Cinquième République avec une certaine mesure : « Observez la dimension irrationnelle et affective du pouvoir. Un lien quasi-mimétique unit un peuple à son dirigeant. Bonne vivante sous Chirac, nerveuse sous Sarkozy, la France est placide sous Hollande, acerbe sous Macron. Cette identification aliène ou motive les initiatives économiques et artistiques. Dans le même temps, il s’agit pour un élu de savoir lire dans le cœur du peuple pour incarner ses manières de voir et d’espérer. Et s’en faire aimer. Réhabilitons notre devise ; finissons-en avec les rapines et les normes pour revenir à une vision plus noble. ».

Que viennent faire ici les "rapines" et les "normes" et à quoi font-elles référence ? Mystère. Ces quelques phrases traduisent toute l’ambiguïté de la candidature de Jean Lassalle : à la fois authentique et sincère, charnel presque, il use parfois de démagogie sans lien avec ce qui précède. Qu’importe, c’est le terroir qui l’emporte. Son discours n’est pas très structuré, on ne voit ni les grands principes qui l’inspirent ni où il veut en venir, beaucoup de journalistes restent d’ailleurs perplexes et dans l’incompréhension, mais l’essentiel, comme on dit, c’est de participer !

Invité de Jean-Pierre Elkabbach le 12 mars 2022 sur Europe 1, Jean Lassalle s'est senti considéré comme « un candidat de merde et inutile », « comme s'il pouvait y avoir en France des candidats réels et de candidats de merde dont on n'a pas besoin », car la chaîne TF1, le 11 mars 2022, avait annoncé que seulement huit des douze candidats participeraient à l'émission sur la guerre en Ukraine programmée le 14 mars 2022, évacuant ainsi les "petits candidats" : « Il y a un profond mépris dans cette décision, un mépris de classe. », ajoutant : « Je ne regarderai plus jamais de ma vie TF1. ». Toujours ce tempérament fougueux, indigné par les injustices et un peu caliméro sur les bords !

Mais c'est probablement dans son interview de la matinale le 1er avri l2022 sur BFM-TV que Jean Lassalle a livré sa réelle motivation de candidat : « Je suis candidat car sinon, je n'aurais pas su pour qui voter. ». C'est une réflexion saine et de bon sens : si on considère qu'aucune offre électorale ne correspond à ses propres convictions, alors, il faut se présenter. C'est une bonne leçon aux abstentionnistes qui s'abstiennent pour de mauvaises raisons. Pas étonnant que le candidat béarnais souhaite rassembler les abstentionnistes...


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (02 avril 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Jean Lassalle.
Programme 2022 du candidat Jean Lassalle.
Petits candidats et grands candidats.
L'abstention, c'est grave, docteur ?
Élysée 2022 (34) : la liste officielle des 12 candidats.
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
Sondage Ipsos publié le 5 mars 2022 à télécharger.
François Bayrou, le parrain de Marine Le Pen.
Situation des parrainages pour les candidats de la présidentielle de 2022 (arrêtée au 7 mars 2022).
Le serpent de mer des parrainages pour la présidentielle.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220402-jean-lassalle.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/elysee-2022-40-jean-lassalle-le-240599

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/03/29/39410432.html









 

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2 avril 2022 6 02 /04 /avril /2022 18:20

(verbatim et vidéo)

Pour en savoir plus :
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220402-macron.html





Discours du candidat Emmanuel Macron le 2 avril 2022 à Paris La Défense


Discours d’Emmanuel Macron à Paris La Défense Arena le samedi 02 avril 2022.



EMMANUEL MACRON

Merci d’être là ! Est-ce que vous entendez la ferveur ?

LE PUBLIC

Oui ! Et un, et deux, et cinq ans de plus ! Et un, et deux, et cinq ans de plus ! Et un, et deux, et cinq ans de plus !…

EMMANUEL MACRON

Merci. Merci d’être venus des quatre coins du pays, de toutes les régions, et je sais pour certains même de nos Outre-mer ! Je suis heureux, heureux d’être parmi vous aujourd’hui. Et tandis qu’à a quelques heures de Paris on bombarde la démocratie, tandis…

(Sifflets du public)

EMMANUEL MACRON

Non, on va tout de suite se redonner une règle que vous connaissez… (Applaudissements du public)

EMMANUEL MACRON

La guerre en Ukraine, nous faisons tout chaque jour pour pouvoir l’arrêter. Evidemment nous la condamnons, mais ici quand nous sommes tous ensemble, nous ne sifflons pas, personne, jamais. Jamais ! Parce que la démocratie, ce sont des combats, historiques parfois comme ceux que nous menons mais toujours avec le respect et l’exigence.

Certains aujourd’hui, je le disais, bombardent à quelques heures de Paris. D’autres voudraient nous ramener en France des années en arrière. Et vous êtes là tous, militants de l’idéal, nous sommes là dans la plus grande salle d’Europe pour dire que nul ne nous fera reculer. Nous sommes là dans ce moment marqué par la guerre, la gravité pour rappeler que la France a toujours quelque chose à dire au monde.

Nous sommes là pour affirmer que nous, Français, n’en avons fini ni avec l’humanisme. ni avec les Lumières. Nous sommes là, mes amis, à 8 jours du premier tour de cette élection présidentielle pour convaincre, pour mobiliser. Nous sommes là pour faire advenir un projet de progrès, d’indépendance, d’avenir pour notre France et pour notre Europe.

Alors vous vous en souvenez, en 2017 nous portions un projet d’émancipation, de lutte contre l’assignation à résidence, de progrès. Comme disait certains, c’était même notre projet. Les amis, malgré les crises nous n’avons jamais renoncé. Malgré les crises, nous avons tenu nos promesses. Pour mettre fin à ce mal français qui était le chômage de masse, il fallait s’attaquer aux vieux tabous sur la fiscalité, le droit du travail, l’assurance chômage. Nous l’avons fait et le taux de chômage est au plus bas depuis 15 ans.

Pour en finir avec la désindustrialisation, il fallait lever les freins à l’entreprenariat, à l’innovation, à l’investissement. Nous l’avons fait et pour la première fois depuis 30 ans s’ouvre davantage d’usines qu’il ne s’en ferme. Pour que le travail paie mieux et permette à chacun de vivre dignement, il fallait baisser les cotisations, l’impôt sur le revenu, supprimer la taxe d’habitation. Nous l’avons fait ! Et le pouvoir d’achat a augmenté de manière historique, notamment pour les travailleurs les plus modestes.

Pour relever le défi du climat, il fallait accompagner les Français pour rénover leur logement, changer leur voiture : on l’a fait. Et les émissions de gaz à effet de serre ont baissé deux fois plus vite qu’avant. Pour offrir les mêmes chances à nos enfants, il fallait prendre des décisions radicales, passer le congé paternité de 14 à 28 jours, la scolarité obligatoire de 6 à 3 ans, réduire les effectifs des classes en CP-CE1 dans les quartiers les plus pauvres Nous l’avons fait. Pour permettre à notre jeunesse de trouver sa voie, il fallait développer l’apprentissage jusqu’à doubler le nombre d’apprentis, nous l’avons fait.

Pour protéger les Français du terrorisme, il fallait continuer de changer nos lois, renforcer nos services de renseignements, nous l’avons fait. Et je n’oublie à ce moment aucune des victimes de tous nos attentats, nos blessés, les familles de toutes ces victimes. Nous sommes à leurs côtés. Pour garantir la sécurité pour tous, il fallait investir dans notre police, dans notre justice, recruter 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires, augmenter de 30 % le budget de notre justice, bâtir une justice de proximité plus forte, nous l’avons fait.

Pour répondre à la crise des Gilets jaunes, à la demande de proximité, il fallait organiser le retour de l’Etat, des services publics dans nos territoires avec une maison France Services par canton, le transfert dans nos villes de province de plusieurs services et de milliers de fonctionnaires, nous l’avons fait.

Pour faire face à la crise sanitaire, il fallait protéger tout à la fois la santé, les emplois, l’éducation de nos enfants, nos étudiants, avec l’investissement dans nos hôpitaux et la mobilisation extraordinaire de nos soignants, avec… – applaudissez-les. Avec le quoi qu’il en coûte pour les travailleurs, les indépendants, les artisans et pour ne laisser personne au bord du chemin, avec l’école ouverte pour nos enfants, avec le repas à 1 euro pour nos étudiants, nous l’avons fait. Et tant d’autres quotidiens ainsi améliorés.

Ce jeune garçon en situation de handicap qui ne pouvait aller à l’école et qui grâce au recrutement, à la titularisation de milliers d’accompagnant suit désormais la classe avec les autres. Ils sont 100 000 de plus par rapport à 2017 à pouvoir ainsi aller comme lui à l’école, au collège, au lycée. Cette jeune adolescente qui, grâce au pass culture, a trouvé le chemin d’une librairie. Ils sont plus d’un million, plus d’un million, à avoir comme elle découvert une œuvre, un art, une vocation parfois.

Cette maman seule qui était à découvert le 10 du mois et qui grâce aux services publics des pensions alimentaires vit désormais plus sereinement. Ce couple de femmes qui grâce à la procréation médicalement assistée a pu avoir l’enfant dont elles parlaient depuis des années. Et cette femme battue par son mari qui s’était enfermée dans le silence et qui grâce aux points d’accueil mis en place dans les commissariats, à la formation de nos policiers, de nos gendarmes a enfin trouvé la force de parler, de déposer plainte, d’être défendue.

Oui mes amis tout cela et tant de choses, c’était notre projet et c’est maintenant notre bilan, nous l’avons fait.

Alors je sais bien, je sais bien ce qu’on nous dit, je sais bien qu’on nous dit qu’on ne gagne pas sur un bilan, mais c’est le votre, celui de votre travail, de votre engagement, malgré les crises nous ne nous sommes jamais arrêtés, soyez en fiers. Pourtant comme vous je vis encore tant de vies empêchées, comme vous, comme vous, je sis toutes les lenteurs qui alimentent l’impatience, tant de blocages qui nourrissent la colère et moi aussi vous savez comme vous, je me suis parfois impatienté. Ca allait trop lentement et ça n’allait pas assez loin. Mais mes amis comme vous je sais toutes ces vies encore empêchées, bloquées, comme vous je vois les difficultés à finir le mois, les situations d’insécurité, les difficultés qui se multiplient parfois et tant de progrès à accomplir pour faire reculer l’extrémisme, c’est pourquoi mes amis, c’est pourquoi notre projet pour 2022 sera à nouveau un projet de droit réel, un projet de solidarité, un projet de progrès social. Oui comme vous, comme vous mes amis, je ne me résoudrais jamais à ce que des Français qui travaillent voient tous leurs salaires partir en plein d’essence, en factures, en loyers et renoncent finalement à offrir un cadeau à leurs enfants, c’est injuste. Alors dès cet été, alors d’abord nous n’avons pas attendu, face à ce défi du pouvoir d’achat, le gouvernement s’est déjà mobilisé depuis des mois, c’est l’équivalent de plus de 20 milliards d’euros par an pour protéger les ménages face aux hausses d’électricité, de gaz et les bloquer. C’est aussi ce qui a permis de résister face à toutes les augmentations dont celle de l’essence, c’est depuis hier la ristourne décidée, mais il nous faut aller plus loin, le vrai pouvoir d’achat, c’est celui qui vient du travail, qui est durable, par lequel quand on travaille on gagne plus. C’est pourquoi dès cet été je veux permettre aux travailleurs de pouvoir toucher une prime de pouvoir d’achat allant jusqu’à 6000 euros sans charge, ni impôt. Dès cet été les travailleurs indépendant gagneront davantage, 550 euros de plus chaque année au niveau du Smic.

Et parce qu’à nouveau ces cinq années de plus doivent être les cinq années du travail, du mérite, de la liberté nous devons continuer d’avancer et nous créerons le compte épargne temps universel. Ce compte suivra chaque salarié tout au long de sa vie, il sera mobilisable dans les moments clé de la vie, soit pour souffler, avoir du temps, soit pour accélérer ses projets et avoir de l’argent. Oui je ne me résoudrais jamais, jamais à ce qu’après une vie de travail des retraités puissent encore manquer d’argent et devoir aller à l’aide alimentaire, c’est injuste.

Nous avons pu durant ces cinq années, améliorer plusieurs minimas sociaux et améliorer certaines retraites pour nos paysans, pour nos artisans. Mais dans les prochains mois ensemble, je veux que nous portions à 1100 euros la pension minimale de retraite pour une carrière complète, c’est justice. Et nous prendrons en compte les carrières longues, l’invalidité, les métiers les plus pénibles. Je ne me résoudrais jamais à ce que des mères renoncent à leur carrière parce qu’elles veulent fonder une famille, c’est injuste.

C’est pourquoi nous créerons un droit opposable à la garde d’enfant, nous accompagnerons nos mères qui font un travail exceptionnel comme sur beaucoup d’autres en la matière et nous revaloriserons de 50 % l’aide versée aux mamans seules. Je ne me résoudrais jamais à laisser des familles dans l’angoisse, rester sans solution face au grand âge, c’est injuste.

Nous le savons, l’un des défis des années qui viennent est ce vieillissement. C’est une chance mais un défi, nous prendrons en charge les travaux pour adapter les logements des personnes les plus âgées ; nous proposerons deux heures d’aide à domicile en plus par semaine pour tous pour que tous ceux qui le peuvent puissent rester chez eux !

Permettre à tous nos compatriotes qui font ces métiers si difficiles, si essentiels du soin, de l’accompagnement de nos aînés de le faire mieux, d’être mieux rémunérés. Et permettre à tous nos ainés qui le peuvent de vieillir chez eux avec leurs proches. Et quand ils ne peuvent plus alors de les accompagner dans des établissements dignes et pour cela nous recruterons 50 000 infirmiers et aides-soignants et nous renforcerons les contrôles. Car tous, tous nous avons été indignés par les révélations faites sur certains établissements. Cela ne vaut pas pour tous et beaucoup font un travail admirable mais cela ne doit plus exister, jamais ! Nos vies, leurs vies valent plus que tous les profits.

Je ne me résoudrai jamais, jamais à ce qu’on puisse faire des économies, faire des économies au détriment des Français les plus précaires, les plus modestes tandis que d’autres fraudent, c’est injuste. On a tout entendu sur nos aides sociales tout mais nous avons appris ensemble durant ces 5 années, nous avons mis en place le fameux prélèvement à la source, il a permis d’être plus juste et de lutter contre la fraude, eh bien, maintenant ce que je veux faire pour les 5 années qui viennent, c’est la solidarité à la source, celle qui permettra de manière plus simple, plus efficace de verser ces aides à toutes celles et ceux qui en ont besoin et de lutter contre tous les fraudeurs.

Je ne me résoudrai jamais à ce que face aux crises, notre jeunesse sombre dans la solitude, le désespoir parfois. C’est injuste, c’est pourquoi la santé mentale sera une priorité nationale. Je ne me résoudrai jamais non plus à ce que nos étudiants abandonnent parce qu’ils se sont livrés à eux-mêmes dans le maquis des premières années de l’université, c’est injuste, c’est pourquoi nous donnerons la priorité à l’orientation, les places dans les filières seront fixées en fonction des besoins de la Nation, l’autonomie des universités franchira une nouvelle étape.

Je ne me résoudrai jamais à voir des quartiers entiers de notre République être stigmatisés, n’avoir parfois pas les mêmes chances, c’est injuste.

A Marseille, nous avons lancé une dynamique inédite, ce que j’appellerais un laboratoire de volonté« Marseille en Grand » qui depuis la rénovation urbaine jusqu’à l’école en passant par le sport, la culture, le soutien à l’économie, va révolutionner la politique de la ville. Alors oui nous nous appuyons sur cette expérience mais aussi sur ce que nous avons fait en doublant le budget de la rénovation urbaine, en ouvrant 300 cités éducatives, en formant à l’emploi, nous irons plus loin.

Je ne résoudrai pas davantage à ce que nos campagnes, elles aussi, soient envoyées à l’isolement, parfois aux préjugés ou n’aient pas les mêmes chances, nous aimons nos ruralités. Nous avons tant fait avec leurs habitants. Alors oui, nous finirons de couvrir tout le territoire en très haut débit en réseau mobile comme nous poursuivrons la réouverture des petites lignes ferroviaires.

Je ne me résoudrai jamais à ce que certains de nos compatriotes puissent vivre dans l’insécurité. La présence des forces de l’ordre sur la voie publique sera doublée, 200 brigades de gendarmerie nouvelles installées. Des forces d’action républicaine mobilisées pour les quartiers les plus en difficulté. Et la sécurité, ne l’oubliez jamais, c’est aussi notre justice. C’est pourquoi nous créerons 8 500 postes de magistrats, de personnels de justice pour juger plus vite, en proximité pour que nulle part, il ne puisse plus y avoir quelque impunité.

Je ne me résoudrai jamais, jamais comme vous, je ne me résoudrai jamais, je me battrai toujours. Oui ! Et comme nous nous sommes battus sans relâche durant ces 5 années je veux, mes amis, que nous continuions à voir grand, que nous continuions à tenir cette promesse française de justice, de progrès, voilà ce que je voulais en quelques mots à la cavalcade vous présenter des progrès concrets, que nous avons ensemble à bâtir.

Mais tous ces progrès, tous ces progrès du quotidien qui sont indispensables ne doivent pas nous faire oublier quelques grandes causes essentielles, ce que nous avons, sans relâche là aussi, conduit durant ces 5 années.

La grande cause de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la lutte contre les violences à l’égalité salariale et tant et tant d’autres combats, nous l’avons menée, nos associations se sont mobilisées mais nous devrons faire plus, nous devrons faire plus. C’est pourquoi à nouveau l’égalité femmes / hommes sera la grande cause du quinquennat qui s’ouvre.

Mener ces grandes batailles de progrès, corriger les inégalités à la racine, permettre l’égalité des chances, c’est cela aussi notre identité, ne pas simplement les corriger. Investir dans l’humain en quelque sorte.

Alors oui, je veux que le deuxième grand combat, ce soit celui pour nos enfants, la protection la protection de l’enfance, la protection de nos enfants.

Plusieurs ici mènent ce combat depuis tant et tant d’années et nos enfants si longtemps avaient été les oubliés, les oubliés de nos politiques publiques. Je suis fier avec vous d’avoir lancé ce qu’on appelle les « 1 000 premiers jours », ce grand projet qui depuis l’extension du congé paternité jusqu’à l’accompagnement des mères vise à donner les mêmes chances à chacun, quelle que soit sa naissance. Mais il nous faut, au-delà de ce que nous avons commencé, aller plus loin, aller plus fort. Il nous faut protéger nos enfants des violences qu’ils subissent, des réseaux sociaux, du harcèlement dont ils sont trop souvent victimes.

Protéger, protéger nos enfants de tous ceux qui, dans les silences trop longtemps tenus, ont commis le pire et continuent d’abuser d’eux, je sais, parce qu’à travers le pays, tant de fois, peut-être quelques-uns d’entre vous qui sont ici dans cette salle m’ont interpellé, tiré la manche pour me confesser ce qu’ils avaient vécu, avec la honte, la honte de l’avoir vécu, avec la douleur de ne pas l’avoir transmis, de n’avoir trouvé aucune oreille pour l’entendre, aucun adulte pour le recevoir, cette honte-là elle changera de camp, cette honte-là elle changera de camp. C’est pourquoi les recommandations de la commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles seront suivies d’effet, notre enjeu sera de bâtir avec les médecins, les enseignants, les soignants, les associations, une vraie culture française de la protection de nos enfants pour prévenir ces violences, ces incestes, ces harcèlements, et pour les guérir, pour accompagner, pour réparer. Nous agirons aussi pour prémunir les enfants des contenus de haine qui circulent sur les réseaux sociaux, de ces insultes incessantes, qui vont jusqu’à enlever l’envie de vivre à certains de nos enfants, la lutte contre le harcèlement sera accentuée, avec la mise en place de délégués dans chaque collège, la formation, que nous avons déjà commencée, qui sera renforcée, de nos enseignants, et l’extension des numéros et des plateformes d’appel, et le contrôle parental que nous avons constitué sera installé par défaut sur chaque appareil. Oui, protéger nos enfants.

Et quand je parle d’enfants, bien sûr, je n’oublie pas ce qui sera un immense combat des années qui viennent, ce troisième grand combat, au-delà de tous les progrès que je vous décrivais, celui de l’éducation. Depuis 5 ans nous l’avons mené sans relâche et je suis fier de notre action, nous tous, avec le gouvernement, avec les parlementaires, avec vous toutes et tous, avec nos enseignants. Je suis fier d’avoir limité à 12 le nombre d’élèves par classe dans les quartiers, fier d’avoir porté les devoirs faits pour les collégiens, quand leurs parents ne pouvaient pas les accompagner, fier d’avoir permis l’ouverture de 300 internats d’excellence, de campus des métiers, d’avoir battu cette école inclusive, fier avec vous de tout cela, mais je suis lucide, l’ascenseur social reste encore trop en panne, trop de professeurs sont encore découragés, trop de parents inquiets, trop d’élèves malheureux, c’est pourquoi nous renfoncerons l’enseignement des savoirs fondamentaux, français, mathématiques, et ce jusqu’au baccalauréat. Nous généraliserons le sport à l’école, une demi-heure par jour à l’école primaire, dès septembre, car nous devons faire de notre pays cette grande nation sportive, pour la santé de nos enfants, de nos adolescents, du pays. Nous renforcerons l’enseignement artistique et culturel, tout en déployant le Pass culture au collège, car la culture à l’école c’est permettre à un enfant, à un adolescent, dont la famille n’a pas de bibliothèque, qui elle n’a pas pu apprendre, d’accéder au beau, à ce qui nous dépasse, ce qui nous donne une raison de vivre, même quand tout semble perdu, notre culture. Nous ferons du collège le lieu où l’on apprend à mieux connaître les métiers et à s’orienter, et nous accompagnerons mieux les adolescents dans ces moments charnières, en particulier la classe de sixième, comme la classe de seconde. Nous ferons une révolution complète, complète, du lycée professionnel, une voie d’excellence, les enseignants, comme les lycéens, le méritent. Mais surtout, surtout, nous ferons différemment, nous ferons en nous appuyant sur nos enseignants, à qui nous devons tant, et à qui la nation doit tant, oui vous pouvez les applaudir.

Oui, nos enseignants, ceux qui nous ont parfois, par une main tendue, un regard bienveillant, permis de devenir ce que nous n’étions pas censé devenir, ces artisans de la République qui permettent à chaque destin d’enfant, parfois de conjurer le sort, nous leur avons tant demandé. Quand nous avons voulu rouvrir l’école le 11 mai 2020, je sais ce que nous leur avons demandé et je veux ici peut-être tout particulièrement et tout personnellement les en remercier. Alors, pour leur permettre d’exercer pleinement leur mission, instruire nos enfants et faire des républicains, nos instituteurs, nos professeurs, seront mieux rémunérés et plus libres de proposer, libres d’innover, d’expérimenter, comme ils sont tant à vouloir le faire, d’essayer d’autres méthodes, dans la classe, et de pouvoir les partager, libres de leur carrière, libres de choisir un établissement pour son projet pédagogique singulier et de s’extraire des mouvements géographiques qui parfois les assignent à résidence.

Oui, cette révolution de l’école, nous la ferons avec des chefs d’établissement, eux-mêmes plus libres, de bâtir des projets, de conduire des équipes, de les réunir, oui, pour ce grand chantier de l’école je veux que nous donnions enfin, aux enseignants, aux directrices et directeurs d’établissements, aux maires, aux parents, aux associations, qui s’occupent souvent du périscolaire, à nos enfants eux-mêmes, les moyens de réussir en inventant au plus près du terrain des solutions adaptées, nouvelles, fortes, ambitieuses. Alors, je vous rassure, le système nous dira que c’est impossible, on nous expliquera que ça n’a jamais été fait, qu’il faut faire comme avant, discuter depuis Paris, tout décider depuis Paris, mais comme c’est impossible, nous le ferons, parce que nous l’avons déjà fait.

Et puis investir dans l’humain, corriger les inégalités à la racine, c’est évidemment parler de notre santé, ce quatrième grand chantier, celui qu’avec vous je veux bâtir. Je suis fier, fier grâce à notre projet d’il y a cinq ans, d’avoir lancé dès 2018 une stratégie pour décloisonner médecine de ville et hôpital. Fier d’avoir décidé avec les gouvernements successifs le Ségur pour des investissements historiques pour l’hôpital et pour des augmentations historiques pour les salaires de nos soignants.

Mais soyons lucides là aussi. Soyons lucides là aussi. Sans doute avons- nous bien fait mais sans doute était-ce tard et nous ne pouvons pas ne pas regarder en face l’épuisement de tant de soignants et j’ai une pensée pour eux, émue, mobilisée parce qu’ils continuent de se battre dans les hôpitaux, dans leur cabinet, pas simplement contre le Covid qui continue à sévir, contre les formes de Covid long et contre toutes les maladies que nous ne pouvons pas oublier. Applaudissez nos soignants !

Mais nul n’ignore leur épuisement, parfois la perte de sens parce que trop de postes manquent ! Ils manquent pourquoi ? Parce qu’il y a eu des découragements, parce que les vacataires – c’est vrai ce que vous dites – ont trop souvent été pris, mais parce que les emplois pérennes n’étaient pas assez bien payés ou parfois pas pourvus, parce que le système s’est bloqué lui-même sur ses incohérences, soyons clairs sur parfois la bureaucratisation, les règles devenues absurdes. Donc oui, nous devons aller plus loin pour notre santé parce qu’aujourd’hui, nous avons à la fois la perte de sens du côté des soignants et les pertes de chances du côté des patients avec ce qu’on appelle les déserts médicaux dans tant de nos campagnes, dans tant de quartiers, nos compatriotes ne trouvent plus les soins à portée de rendez-vous. Dans tant de nos campagnes, dans tant de nos quartiers, y compris parmi les plus âgés, les plus vulnérables, ils ne trouvent plus de médecins, c’est une réalité. Ces déserts médicaux, on sait ce que ça produit : de l’inégalité, de l’inégalité devant la maladie parce qu’on sait comment ça se passe : on renonce à un rendez-vous parce qu’il n’y a pas de consultation possible et un deuxième, et puis ce qui aurait pu être arrêté ou prévenu, s’aggrave. Les pertes de chances, c’est cela ce que nous vivons et l’inégalité en matière de santé ne pourra être combattue que si précisément nous arrivons à conjurer ces déserts médicaux.

C’est contre cela, contre ces inégalités d’accès aux soins indignes, indignes de nous, que nous agirons. C’est pour cela d’abord que nous développerons la prévention. Nous avons déjà mis en place des diagnostics qu’on appelle DYS pour nos jeunes enfants. Nous avons mis en place des diagnostics dont nous sommes si fiers, à juste titre, en particulier pour détecter plus tôt les différentes formes d’autisme chez nos enfants et chez les plus jeunes. Et en disant cela, la salle s’éclaire de ce bleu qui va avec en effet ce jour de l’autisme où nous sommes et je veux ici que nous pensions à tous nos compatriotes qui sont atteints d’autisme, quelle qu’en soit la forme, qui vivent au milieu de nous, avec nous – avec nous – et dont nous sommes fiers et je veux dire à leur famille, à leurs enseignants, à leurs soignants que nous en sommes fiers. Alors nous continuerons dans la prévention, les diagnostics à 25 ans, à 40 ans, à 60 ans, qui seront pris en charge par la Sécurité sociale parce qu’investir sur les diagnostics à ces âges critiques de la vie, c’est permettre de prévenir tant et tant de maladies ; c’est un investissement dans l’humain mais un investissement rentable aussi ! Bien moins coûteux que d’aller ensuite guérir trop tard. Et nous agirons avec force pour faire reculer ces déserts médicaux.

Partout où je me déplace, d’Aulnay à Amiens, depuis – Guillaume – à Mulhouse, de Marseille à Tours, on m’en parle ! Alors il n’y a pas de recette miracle en la matière, on le sait bien. Il y a le bon sens et la volonté. Le bon sens et la volonté de permettre à des infirmiers et des infirmières, à des pharmaciennes et des pharmaciens de pouvoir dégager nos médecins de certaines tâches, de faire eux davantage pour que nos médecins puissent prendre plus de patients. Il y a le bon sens et la volonté qui consistent à dire que les gardes ne sont peut- être pas un mauvais système et d’ailleurs il se trouve qu’on n’est pas moins malade la nuit ou le week-end qu’on ne l’était il y a 15 ans mais qu’il faut peut- être nous réorganiser sur les territoires, savoir les payer justement mais retrouver sur chaque territoire une offre de soins continue. Le bon sens et la volonté qui doivent nous conduire à redonner plus de responsabilités à l’hôpital, aux soignants, à changer la gouvernance de nos hôpitaux, à décloisonner entre l’hôpital et la médecine de ville, nos organisations, à permettre à des jeunes médecins qui veulent s’installer, d’être salariés encore davantage, de travailler un peu à l’hôpital et un peu à la ville, d’inventer sur le territoire, au plus près, les solutions innovantes et de le faire là aussi avec nos élus qui connaissent cette problématique, en lien avec eux, de le faire entre médecins, paramédicaux, associations de patients, citoyens. Le bon sens et la volonté consistent à dire que si nous voulons qu’à la fin de leurs études, de jeunes médecins s’installant en zones rurales ou dans les quartiers les plus difficiles, nous pouvons en créer les conditions. Voilà ce qu’il nous reviendra de construire ensemble ! Et là aussi, pas de manière uniforme, pas depuis Paris, non, sur le terrain en redonnant de la liberté, du pouvoir, au niveau de l’hôpital aux services et au niveau d’un territoire, à des objectifs qui sont définis, là où les gens vivent, là où les besoins sont connus, où les solutions sont bâties.

Oui mes amis, oui mes amis, je vous rassure, malgré vos applaudissements, là aussi, le système viendra nous dire que c’est impossible et nous le ferons ! Alors je vous rassure, je viens de vous parler là de progrès de chaque jour, de nouvelles conquêtes que nous voulons faire, de ces quatre grandes causes que nous allons porter et sur lesquelles nous allons nous battre et innover. Mais pour y arriver, pour financer cela, il n’y a pas d’argent magique et j’ai une mauvaise nouvelle : il n’y en a pas davantage aujourd’hui qu’il n’y en avait il y a cinq ans.

Et donc moi je préfère être clair, pour financer tout cela, il n’y aura pas de hausse d’impôt, non nous les baisserons. Et je peux vous le dire avec crédibilité car nous l’avons fait pendant cinq ans. Pour financer cela, il n’y aura pas de hausse de notre dette, non. La dette comme tous les autres pays, nous en avons constitué une durant la période du Covid, il fallait le faire, elle est là et nous la remboursons dans le temps en l’amortissant sur plusieurs décennies, mais notre dette, celle qui dépend de nos déficits courants, nous devons elle y répondre, c’est pourquoi nous tiendrons nos objectifs, nous nous y attaquerons parce que nous ne pouvons laisser à nos enfants une dette qui aura augmenté. A partir de 2026 nous la baisserons.

Non tout ce que je viens de vous décrire, nous ne le ferons qu’en travaillant davantage, qu’en produisant, c’est ça la vérité. Et c’est cela qui a toujours été notre fils directeur durant ces cinq dernières années. Alors parfois c’est agréable à entendre, parfois ce n’est pas agréable à entendre, je sais, mais oui, il n’y a pas d’Etat social, il n’y a pas d’Etat providence s’il n’y a pas un Etat productif, fort, s’il n’y a pas une France qui invente, qui produit, qui travaille, qui crée de la richesse pour pouvoir la redistribuer. ON ne reprendra pas le contrôle de nos vies, du progrès, s’il n’y a pas tout cela, alors j’assume oui de vous dire qu’il faudra travailler plus.

Et d’abord travailler plus longtemps parce que nous vivons plus vieux, eh oui comme l’ont déjà fait l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne, tant de nos voisins, il faudra de manière concertée, bien sûr de manière progressive et visible passer l’âge de notre retraite à 65 ans, parce que c’est ainsi d’abord que nous pourrons financer tous les progrès que j’évoquais, que notre nation sera plus forte, nous le ferons de manière progressive avec des mesures de justice que nous voulons fortes, mais c’est la conditions et c’est la condition d’abord pour consolider notre modèle de retraite par répartition, cette solidarité entre les générations. Et c’est la condition pour améliorer nos pensions, alors je vous le dis, ne croyez pas ceux qui vous expliquent qu’ils feront la retraite à 60 ans ou à 62 ans, d’ailleurs on n’est plus tellement au clair, et que tout ira bien, ça n’est pas vrai.

Mais travailler plus, c’est aussi travailler plus nombreux, j’assume oui de viser l’objectif du plein emploi car grâce à tout ce que nous avons fait ensemble, durant ces cinq années, pour la première fois depuis le milieu des années 70, notre pays peut dire dans les cinq années qui viennent qu’il atteindra le plein emploi, oui c’est possible.

Voilà pourquoi nous continuerons de mener les réformes indispensables sur l’assurance chômage, pour le marché du travail, voilà pourquoi nous continuerons de donner plus de liberté à tous nos entrepreneurs, voilà pourquoi aussi nous mettrons en place pour les bénéficiaires du RSA de 15 à 20 heures par semaine des activités de formation, d’insertion, de réinsertion sur le modèle de ce que nous faisons depuis le 1er mars avec le contrat d’engagement jeunes pour les 18-25 ans. Il ne s’agit pas comme l’ont prétendu certains de travaux d’intérêt général, non, encore moins de vouloir couper des aides à ceux que la vie a trop abimé pour exercer une activité et qui y auront toujours droit de manière inconditionnelle, il s’agit tout simplement de tendre la main et d’offrir à tous les bénéficiaires du RSA des perspectives, un espoir, la possibilité de faire et enfin de bien faire comme plusieurs déjà le font dans leur département ou dans leur commune, le travail d’accompagnement, de réinsertion qui fait que toute personne qui n’a plus de travail, qui est en fin de droit et qui n’a même plus son chômage, est malgré tout un citoyen qui a le droit d’être accompagné pour pouvoir réapprendre , retrouver des perspectives et retourner vers l’emploi.

Nous le ferons car la France est une nation solidaire, une nation humaine, une nation qui ne laisse personne au bord du chemin.

Mes amis, mes amis, le travail au service du progrès, voilà ce qui nous tient, voilà ce qui nous fait Nation, c’est pourquoi oui c’est par le travail, par la production que durant ces cinq années qui viennent nous pourrons augmenter notre croissance, créer plus de richesses et pouvoir continuer le progrès, l’humanisme au service du progrès, voilà ce qui nous unit, voilà pourquoi nous nous battons. Un humanisme qui part du réel, qui regarde les difficultés en face, assume les choix à faire, mais ne cède jamais rien de son idéal, travail, humanisme, progrès, voilà ce que nous voulons faire ensemble, voilà ce qui nous rend si fiers, si fiers d’être Français.

(Diffusion d’un clip)

EMMANUEL MACRON

Merci Nathalie.

Nous ne sommes pas tout à fait les mêmes qu’en 2017, ni vous ni moi !

(Cri de joie d’un militant)

EMMANUEL MACRON

Il y en a qui ont toujours autant d’énergie ! Et vous et moi …

(Ovations)

EMMANUEL MACRON

Mais ces 5 années, nous le savons, ont été rudes pour nous tous et pour certains, si rudes, si injustes. Elles ont été à coup sûr parmi les plus bouleversantes que nous ayons connues depuis un demi-siècle. Et je suis là aujourd’hui avec vous au milieu de vous. Et pas un jour et pas un jour de ces 5 années, je n’ai oublié vos visages, qu’on voyait tout à l’heure, vos regards.

MILITANTS

MACRON, on t’aime !

EMMANUEL MACRON

Ces regards parfois si amicaux, si affectueux, quelquefois fois aussi interrogatifs, je le sais, d’autrefois en colère aussi. Et quand nous nous croisons, je regarde toujours vos yeux, vous le savez, je touche souvent les bras aussi, je le sais. Et quand on est le responsable, qu’on est celui à qui forcément on demande des compte, c’est une chance incroyable que d’être accompagnés par les regards de ceux qui vous ont choisi comme par les regards de ceux qui ne vous ont pas choisi. Alors, je veux vous remercier tous, militants, élus, engagés depuis tant d’années à mes côtés, vous remercier tous.

Je veux avoir un mot plus particulier pour mes compagnons de fortune et d’infortune. Leur affection et leur présence m’ont été chaque jour si précieuses. Alors chacune et chacun a son style, certains impénétrable, d’autres passionné, certains militants, de bon caractère ou de moins bon caractère. Il y a ceux qui montent à l’assaut ; ceux qui ont le silence des sages. Mais je veux leur dire à tous et toutes que sans eux, je n’aurais pas pu faire ce chemin, il y a malheureusement quelques-unes et quelques-uns qui ne sont plus là. Mais il y a tous ceux, compagnons de nuit d’échanges et de travail, chefs de gouvernement, membres de gouvernement, compagnons de lutte politique, parlementaires, équipes, à tous, je veux qu’ils sachent la place qu’ils ont prise à mes côtés. Je ne le dis pas suffisamment, je le dis parfois mal mais de celles et ceux des premiers combats impossibles, jusqu’à celles et ceux qui ont rejoint ces dernières semaines qui sont là, celles et ceux dont les nuits n’ont plus existé, qui travaillent à mes côtés, au Mouvement ou ailleurs, merci !

Et je pense aussi à celles et ceux qui n’ont pas pu être là ce soir. Non mais je vais y venir, ne vous inquiétez pas. Je vais y venir, ne vous inquiétez pas. Et j’ai une pensée aussi pour celles et ceux qui ne sont pas là ce soir à nos côtés, mais dans les vies de combat nous permettent d’être là. Je veux que ma famille, mes parents, nos enfants, nos petits enfants, mes frères et sœurs, tous ceux à

qui je fais vivre depuis tant d’années des vies de contraintes qu’ils n’ont pas choisies, je veux leur dire simplement ma reconnaissance et mon affection. Merci. Et puis vous savez tous, sans qu’il soit besoin d’en dire plus, l’évidence, la présence de celle qui m’importe le plus, qui m’apporte le plus dans cette singulière aventure de vie : Brigitte.

(Applaudissements)

Alors oui, pouvons-nous être vraiment les mêmes qu’il y a 5 ans ? Pouvons-nous être vraiment les mêmes après avoir décidé à quelques-uns de confiner tout un pays pour tenter de sauver des vies qui pouvaient l’être ? Pouvons-nous être les mêmes quand on a eu à regarder dans les yeux les familles de nos soldats morts au Mali pour notre liberté ? Lorsque nous avons connu la décapitation d’un professeur, Samuel PATY, par la conspiration funeste de la folie des hommes et de l’idéologie terroriste islamiste, pour Samuel PATY et sa famille.

(Chant de La Marseillaise par le public)

Non, nous ne sommes plus les mêmes face au retour de la guerre en Europe, aux martyrs de Marioupol, à ces femmes, à ces enfants ukrainiens, qui laissant toute leur vie derrière eux fuient les armes et attendent le cœur serré des nouvelles de leur mari, de leur père, et merci, merci à tant de familles, à tant de nos communes, de les accueillir sur notre sol, c’est notre devoir. Oui, le monde paix que nous avions fini par croire éternel, le monde de marche en avant continue du progrès que nous avions fini par croire inébranlable, tout cela semble se défaire sous nos yeux. Oui, ce que nous vivons c’est une forme de grands dérèglements, dérèglement du vivant avec une épidémie qui nait d’un virus passé de l’animal à l’homme, nous a ramené aux méthodes du Moyen-âge parfois, dérèglement écologique, avec le réchauffement climatique, l’érosion de la biodiversité et la multiplication des catastrophes, dérèglement du capitalisme avec la montée d’inégalités insupportables, gérant tensions et divisions dans nos sociétés, dérèglement géopolitique, avec le retour des guerres, des rêves d’empires et le spectre peut-être d’un conflit armé global, dérèglement enfin des consciences, quand le religieux nourrit la haine et les meurtres, quand l’universalisme se fracasse sur le complotisme, quand les réseaux sociaux isolent, plutôt qu’ils ne libèrent, oui, grands dérèglements.

Alors, face à ce retour du tragique dans l’Histoire, nous ne sommes pas, nous, de ceux qui attisent les peurs et recherchent des bouc-émissaires, ça ne sert à rien. Nous ne sommes pas non plus de ceux qui nous résignent, nous nous battons, mais nous nous battons avec l’esprit critique, le goût de l’universalisme, l’amour de la vérité, car nous pensons que les crises sont des moments d’accélération, de cristallisation, où soudain ce qui semblait impossible devient possible, où paradoxalement il est possible de faire avancer des progrès immenses, nous l’avons fait d’ailleurs pendant la pandémie, rappelez-vous, notre Europe a connu une avancée inédite en mutualisant une dette à venir pour financer ce que nous n’avions pas quelques mois plus tôt, nous l’avons fait là aussi au moment de la pandémie quand nous avons redécouvert ensemble l’importance de la production industrielle, de la souveraineté industrielle sur notre sol et que nous avons relocalisé. Alors oui, nous pensons que les crises sont des moments où ceux qui savent voir loin pensent le temps long, font preuve d’optimisme, peuvent initier des changements d’époque, voilà notre ambition, et ce changement d’époque, mes amis, il se fera par l’Europe, il se fera par la France.

C’est pourquoi, c’est pourquoi nous ne lâchera rien de notre combat pour l’idéal européen. Oui, qui mieux, qui mieux que l’Europe, qui a su vacciner sa population en un temps record, mettre en place un plan de relance historique, se montrer généreuse et exporter, donner ses vaccins pour faire face aux crises qui viennent ? Qui mieux que l’Europe pour s’immiscer dans le duopole qui s’installe entre les Etats-Unis et la Chine ?

Qui, qui mieux que notre Europe, ce petit bout de terre, qui a inventé l’humanisme, les Lumières, pour faire émerger un modèle de régulation d’Internet, qui chasse les discours de complots, de haine, de désinformation, pour défendre l’esprit critique, la liberté de la presse ? Ce combat c’est celui que notre présidence est en train de porter en faisant adopter, grâce au Parlement européen, deux textes historiques en la matière, et nous continuerons.

Qui, qui mieux que notre Europe, ce petit bout de terre, qui a inventé l’Etat providence pour encadrer le capitalisme, lutter contre les inégalités, comme nous avons commencé à le faire en obtenant, en Européens, la mise en place d’un impôt minimal sur les sociétés pour éviter l’évasion fiscale, en Européens ? Ces derniers jours j’ai entendu parler beaucoup d’évasion fiscale, et de cabinets américains, bon ! simplement, je voulais rappeler à tous ceux qui s’en indignent, qu’ils les ont à chaque fois utilisés dans leur collectivité ou au gouvernement, mais, surtout, s’indigner sur l’absence d’impôt minimal, vouloir se battre, vouloir se battre contre l’évasion fiscale, on ne le fait pas en français, ce n’est pas vrai, parce que l’entreprise contre laquelle on se bat, elle va s’installer en Belgique, elle va s’installer à nos frontières, elle délocalise, mais elle continue de sévir, ces gens-là n’ont donc plus compris comment le monde fonctionnait, non, il ne faut pas simplement s’indigner, il faut agir, l’impôt minimal en Européens, nous nous sommes battus, nous l’avons fait, et cet impôt minimal, c’est celui qui fera que toutes les sociétés internationales devront payer un minimum d’impôt là où de la valeur est créée, en Européens, car c’est ainsi qu’il faut agir.

Qui, qui mieux que notre Europe pour bâtir, avec la rive sud de la méditerranée, une nouvelle alliance d’investissement et de solidarité ? Notre Méditerranée que nous aimons tant doit redevenir un continent d’ambitions, de culture, d’échanges, oui, c’est par l’alliance entre l’Europe et l’Afrique que nous le ferons.

Qui, qui mieux que l’Europe pour répondre à la crise alimentaire mondiale qui est en train de commencer, à cause de la guerre ? Plusieurs pays, du Caucase, au Proche et Moyen-Orient, jusqu’à l’Afrique, sont en train de manquer, c’est en Européens, par l’Europe, que nous répondrons à cette crise qui vient.

Qui, qui mieux que l’Europe pour réussir la neutralité carbone en 2050, pour entraîner les nations du monde dans le combat climatique, le combat du siècle ? Et je suis fier que notre pays ait été parmi les premiers, au printemps 2018, à avoir porté cette ambition européenne de la neutralité carbone 2050, nous y sommes tous et nous le ferons.

Qui, qui mieux que l’Europe pour protéger nos frontières en engageant une refondation de l’espace Schengen, en préservant l’asile véritable, pour accueillir les combattants de la liberté, que nous devons accueillir et protéger, et en combattant les mafias qui font trafic des êtres humains, en luttant contre l’immigration clandestine ? Sur ce sujet, nous n’avons aucune leçon à recevoir.

Nous avons doublé nos forces de sécurité intérieure aux frontières pour les protéger ; nous avons parfois même mobilisé notre armée quand c’était nécessaire. Nous avons agi en Européens pour démanteler les filières mais si nous voulons aller plus loin et nous le ferons, alors oui, nous devons engager une simplification drastique de nos procédures, rendre notre politique de lutte contre l’immigration clandestine plus efficace, mais en Européens ! Bâtir ce nouvel espace de protection et de sécurité !

Qui mieux que l’Europe qui sait combien les guerres emportent de souffrances indélébiles, pour nous protéger du retour des empires ? L’Europe sera là pour assurer notre indépendance au travers d’une défense commune et repenser un ordre international nouveau.

Mes amis, nous étions les seuls en 2017 à agiter le drapeau européen ! Nous avons été critiqués quand nous avons mis le drapeau européen sous l’Arc de Triomphe ! Eh bien nous l’assumons ! Et aujourd’hui, encore, vous le voyez et pour les cinq années qui viennent, nous sommes fiers d’être Européens ! Fiers de brandir la bannière bleue étoilée aux côtés de notre drapeau national ! Et bon courage à ceux qui face à la Russie, prônent le grand repli ! Et bon courage qui face au retour des empires et aux défis des temps, défendent le grand rabougrissement ! Nous continuerons à nous engager pour que notre Europe avance ! Mais mes amis, notre Europe avancera mais rien, rien de tout cela… rien de tout cela n’est possible, rien ne pourra se faire sans la France, sans ranimer la flamme de cet esprit si singulier qu’est l’esprit français. Face à ceux qui veulent asservir les peuples, étouffer les consciences, faire taire les différences, il n’y a pas plus puissant en effet que la force inspirante de la liberté.

Face à un monde fou où la naissance détermine trop souvent les destins, où les succès ne se construisent pas assez par le mérite mais par l’héritage, où les milliards vont encore trop souvent aux milliards et la pauvreté trop souvent à la pauvreté, il n’y a pas plus puissant que le goût de l’égalité. Face à ceux qui tentent de semer le poison de la division, de fragmenter, de fracturer les hommes, il n’y a pas plus puissant que la force tranquille de la fraternité. Face au fanatisme islamiste qui sème la mort, face au séparatisme qui veut installer dans la République la règle de quelques-uns et le règne du plus fort, il n’y a pas plus puissant que la vigueur apaisée de la laïcité !

Liberté, égalité, fraternité, laïcité ! Je suis sûr d’une chose mes amis, je suis sûr d’une chose : c’est que nos valeurs sont les meilleurs réponses aux défis des temps, elles sont profondément modernes. Liberté, égalité, fraternité, laïcité : je suis sûr d’une chose, c’est que ces valeurs ne sont pas des acquis, non, elles doivent être défendues sans relâche, elles sont une conquête de chaque matin ! Je suis sûr d’une chose : c’est que nos valeurs ne vivront que si la France est forte, indépendante, puissante ! Voilà pourquoi notre projet est aussi un projet d’indépendance et de puissance française, oui, pour pouvoir porter ces valeurs pour nous-mêmes et pour le monde.

Puissance militaire d’abord : après un effort budgétaire inédit depuis 2017, nous continuerons d’investir pour nos armées, à la fois pour améliorer la vie du soldat, son équipement, pour assurer notre dissuasion, pour financer les matériels les plus innovants. Nos armées. Nous généraliserons le service national universel et réaffirmerons le lien armée-Nation. Notre objectif est clair : nous préparer dans le nouveau contexte que nous vivons, à affronter une guerre qui peut advenir et nous préparer aussi à toutes les nouvelles menaces du Cyber aux nouvelles conflictualités maritimes ou spatiales.

Puissance diplomatique de paix et d’équilibre aussi. C’est parce que la France a son histoire, ce modèle d’armée complète, sa place dans le concert des Nations que nous pouvons jouer ce rôle. Et je le dis ici avec beaucoup de clarté : nous sommes une Nation européenne, fière de l’être, bâtissant en Europe notre ambition et nous nous sommes les vassaux de personne ! Nous poursuivrons donc une politique et une diplomatie indépendantes, assumant de parler à tout le monde, tout le temps. Oui, je l’assume, le rôle de la France est de ne pas céder aux grands clivages qui paralysent mais de savoir échanger avec chaque région, chaque puissance, de continuer à bâtir des alliances nouvelles de l’Indopacifique aux Proche et Moyen-Orient, de continuer à agir pour inventer des solutions pour le Liban tant aimé, l’Arménie si proche, de continuer à œuvrer pour bâtir ce nouvel ordre international multilatéral qui dans les années qui viennent devra être repensé.

Puissance et indépendance. Puissance de savoir et de sciences aussi. Nous ne cesserons pas de défendre la science ouverte. Nous investirons dans notre recherche fondamentale comme dans notre recherche appliquée en modernisant nos universités, nos organismes de recherche.

Allons-y, nous y sommes prêts, nous le ferons.

Puissance agricole car nous ne pouvons pas non plus dépendre des autres pour nous nourrir et nos agriculteurs, nos agriculteurs qui nous ont nourri durant la pandémie et vous pouvez les applaudir.

Allons-y, nous y sommes prêts, nous le ferons !

Puissance agricole car nous ne pouvons pas non plus dépendre des autres pour nous nourrir et nos agriculteurs, nos agriculteurs qui nous ont nourri durant la pandémie et vous pouvez les applaudir…. Nos agriculteurs continueront d’être là pour assurer la puissance agricole française, relever les nouveaux défis et nous serons à leurs côtés pour continuer d’investir et les accompagner dans cette troisième révolution agricole, conciliant environnement et production. Puissance d’innovation et puissance industrielle, car il n’y a aucune fatalité : nous avons en quelques années, fait de la France la grande Nation européenne des start-up ! Nous avons recréé des emplois industriels dans notre pays, relocaliser des productions industrielles ; alors nous pouvons dans notre pays, dans les prochaines années, faire que les calculateurs quantiques, les objets connectés, les champions de santé numérique, les véhicules électriques, les champions de l’intelligence artificielle, du cyber, les avions zéro carbone, les bio-médicaments, les petits réacteurs nucléaires, les éoliennes, les panneaux solaires, que tout cela puisse être Français et Européen !

Pour tout cela, nous continuerons de baisser les impôts et d’investir car c’est la clef pour créer de l’activité et être cette puissance productive et industrielle et indépendante que nous voulons. Puissance écologique : oui, en rénovant 700.000 logements par an sur le quinquennat qui vient, en proposant à chaque Français, à chaque Française une offre de location de voiture électrique à moins de 100 euros, en investissant sur la sobriété énergétique, en relançant la construction de réacteurs nucléaires pour notre indépendance, en planifiant le déploiement de sources d’énergies renouvelables sur les vingt années qui viennent pour notre indépendance et émettre moins ! Oui, nous deviendrons la première grande Nation à sortir des énergies fossiles. Nous le pouvons ! Nous le ferons ! En accompagnant les grandes transitions d’usage vers les produits recyclés et réutilisés, en protégeant nos écosystèmes sur terre comme en mer, nous pourrons devenir une puissance de l’économie circulaire et de la biodiversité.

Puissance culturelle, oui aussi, surtout ! Que de grandes multinationales puissent imposer leurs règles, parfois bafouent les droits d’auteur, remettent en cause la création française, une certaine manière de penser le monde, nous ne l’accepterons jamais ! Alors oui, nous porterons ce combat pour l’exception culturelle, ce combat qui est le nôtre ! Oui, nous continuerons le combat pour les droits d’auteur et les droits voisins ; le combat qui fut cette intuition génial de Beaumarchais, cette conviction de Genevoix puis de Malraux, nous l’avons défendue, menée, renforcée en Européens là aussi ! Oui, continuer de faire de la France une puissance de culture, c’est défendre nos auteurs, notre création ; c’est permettre de bâtir un métavers français, européen qui ne dépende pas des normes, des codes imposés par d’autres, mais c’est permettre de continuer de créer, d’avoir notre imaginaire, de continuer de porter notre singularité et une certaine idée de l’homme.

Oui mes amis, c’est ainsi, par la France, par cette puissance, que nous pourrons être ce que nous avons toujours été et notre vocation : une puissance de rêve ! Alors mes amis, ne vous trompez pas : faire tout cela, bâtir une France indépendante dans une Europe puissante n’a rien d’une évidence. Nul ne nous attend ; ni les empires qui veulent revenir, ni les grands groupes privés qui voudraient diriger à la place des Nations. Ensuite, parce que bâtir la puissance, construire l’indépendance, supposent que nous retrouvions collectivement le goût du courage. Oui, le goût du courage ! Effort immense tant le matérialisme est devenu l’idéologie dominante, la course effrénée au confort, le rythme comme naturel de nos sociétés contemporaines ; effort crucial pourtant si nous voulons affronter l’époque : il nous faut renouer avec cette part de devoir, cette part d’effort, cette force d’âme qu’emporte la citoyenne française.

Il nous faut renouer avec une forme de spiritualité française ; voilà pourquoi je tiens tant depuis cinq ans à célébrer nos héros passés et récents parce que leur exemple doit nous guider en particulier dans le moment historique que nous vivons.

Notre France. Notre France a le visage de Maurice Genevoix et de ceux de 14 partis dans les tranchées comme le firent nos arrière-grands-parents. Notre France. Notre France a le visage de Daniel CORDIER, Hubert GERMAIN, derniers compagnons de la Libération, qui à 17 ans – 17 ans ! – ont tout quitté pour rejoindre le Général de GAULLE, gagner Londres et défendre la France libre. Notre France a le visage de Joséphine BAKER qui renonça au confort de la vie de vedette pour entrer en Résistance et défier la mort pour des valeurs plus grandes que soi ! Notre France a le visage de Simone VEIL qui réchappa des camps d’Auschwitz et trouva malgré tout en elle la force de faire avancer la cause des femmes et consacrer sa vie à la défense de l’idéal européen !

Notre France a le visage d’Arnaud BELTRAME, victime de l’hydre islamiste à Trèbes, qui se sacrifia pour sauver ses compatriotes. Notre France a le visage de Cédric de PIERREPONT et Alain BERTONCELLO, envoyés au combat pour sauver des otages et dont la bravoure dans le sacrifice honora le destin du soldat.

Et s’il nous faut nous inspirer du courage de tous ces héros mes amis, alors nous le ferons. Nous le ferons pour nous-mêmes et nous le ferons pour le monde car la France n’est pas n’importe quelle nation. Regardez, regardez tous ceux qui aspirent à vivre libres, tous les opprimés. Pour eux, la France est une espérance car, oui, la France c’est le peuple de Patay, du nom de cette bataille de 1429 où à quelques milliers des cavaliers mirent fin à des décennies d’occupation ennemie. La France c’est le peuple de 1789 qui proclama un jour d’août la fin des privilèges pour lui-même et pour l’humanité entière. La France, c’est le peuple des Glières, de ces 465 résistants qui ont défendu la liberté sur les cimes enneigées des Alpes seuls contre tous.

Oui, nous sommes cette lueur d’espoir. Nous sommes cette lueur d’espoir qui ne faiblit jamais, même lorsque tout semble perdu. Ce pays qui même dans les temps les plus troubles ne cède jamais rien de son idéal. C’est cela à la fin, la France, la flamme de la résistance, la force de l’espérance, une singularité qui inspire, une générosité qui emporte. La France, au fond, ce sont des moments de bravoure et quelques mots d’amour.

(Diffusion d’une vidéo)

Alors mes amis enfin, pour bâtir tout cela et relever nos défis, il nous faudra savoir bâtir notre unité. Combat difficile tant les forces de division sont nombreuses qui opposent les Français les uns aux autres, ceux qui sont nés en France et les autres, les plus modestes aux plus riches, les urbains aux ruraux, les musulmans pour lesquels le ramadan commence en ce jour aux autres croyants. Et combat nécessaire si nous ne voulons pas diluer notre force dans nos divisions.

Depuis 2017, nous n’avons cessé d’agir pour une France unie et cette tâche est comme sans fin mais je l’assume. Je me suis souvent demandé, au fond, ce qu’était dans notre pays au plus profond de lui-même être présidé. Ce que ça signifiait. Depuis tout à l’heure je défends tant de projets, tant de progrès que je pourrais et tant de batailles que je pourrais vous dire chacune d’entre elles. C’est d’essayer d’œuvrer je crois profondément pour qu’à chaque instant tous nos compatriotes se souviennent pourquoi ils vivent ensemble et se sont unis. C’est cela, s’il n’y avait qu’une fonction. Alors notre unité, nous la bâtirons en mobilisant nos forces à travers les crises. Nous l’avons vécu, les crises réunissent et je veux que nous puissions dans la durée tenir cette unité.

C’est pourquoi je veux pour les cinq ans qui viennent un grand plan de mobilisation citoyenne et civique qui permettra de mobiliser beaucoup plus, de service civique, les réserves citoyennes et de recenser les compétences de chacun, d’enregistrer les capacités de nos entreprises, les stocks stratégiques. Cette unité, c’est la lutte contre les discriminations que nous allons amplifier car la France unie c’est celle qui se regarde en face dans sa pluralité. La France unie, c’est celle qui sait que renoncer à lutter contre les discriminations serait retrancher une part d’elle-même.

Notre unité, c’est aussi le travail de reconnaissance, d’histoire, pour toutes les mémoires et les souffrances de notre passé comme nous l’avons fait patiemment ensemble. Pour toutes les mémoires de la guerre d’Algérie comme du génocide rwandais. Notre unité, c’est notre patrimoine culturel et naturel pour lesquels nous ne cesserons d’investir pour préserver et restaurer. Notre unité, c’est de continuer à nous voir tels que nous sommes, ce pays monde dont les contours disent la vocation universelle, cet archipel unique qui s’étend sur tous les continents grâce à nos Outre-mer. Nos Outre-mer grâce auxquelles nous sommes un trésor de biodiversité et la deuxième puissance maritime mondiale. Et je ne peux pas ici avoir une pensée fraternelle pour tous nos compatriotes de Nouvelle-Calédonie qui après trois référendums ont choisi la France.

Notre unité c’est notre langue, langue de liberté, langue de l’universel, langue rayonnante aux quatre coins du monde pour laquelle nous avons bâti cette cité internationale de la langue française et de la francophonie là où tout a commencé à Villers-Cotterêts. Pour en faire un lieu d’hospitalité et de transmission de création de notre francophonie. Oui, face à tous ces défis l’unité de la France est essentielle. Une unité forte de nos différences, de nos singularités, assumant notre histoire à travers tous les continents et embrassant toutes nos diasporas car la France est un bloc fait de tant et tant d’affluents, c’est un bloc fait de tant et tant de différences mais qui aspire à l’universel et défend l’universel. La France, c’est un bloc et on ne trie pas, on ne choisit pas. On l’aime tout entière ! On la prend comme elle est !

Notre France c’est notre langue, notre culture, notre Etat, notre volonté commune et c’est cette unité que je veux pour nous dans les cinq ans qui viennent pour agir, pour bâtir, pour rassembler et mener tous les projets dont je viens de vous parler, ceux-là. Alors, il nous faudra une méthode nouvelle, je l’ai esquissée à la cavalcade en présentant chacun des grands chantiers, cette méthode nouvelle, j’y crois profondément et je pense qu’elle correspond à l’aspiration de tous nos compatriotes. Nous l’avons vécu au moment de la crise des Gilets jaunes, lorsque nous avons ensemble innové, du grand débat, aux conventions citoyennes, aux grandes réformes ; il y a une volonté d’être associé, de participer, d’agir, je l’ai senti chez nos maires, nos élus locaux qui ne veulent plus que les instructions tombent de Paris, qui considèrent que la bureaucratie, c’est quand la norme est toujours la même, trop compliquée, ne laissant pas place aux différences.

Associer, c’est reconnaître le rôle de toutes les parties prenantes, des associations, des bénévoles qui jouent un rôle si fondamental dans notre pays et c’est faire que celles et ceux qui agissent puissent aussi décider et faire pour eux- mêmes. Et ces grands chantiers de l’école ou de la santé que j’évoquais tout à l’heure, ce sont aussi des méthodes radicalement de faire différentes. Oui, ce que je veux que nous puissions bâtir, c’est au fond en quelques mois de définir les grands axes, les objectifs et les moyens que nous mettrons et de donner la liberté sur le terrain d’apporter les réponses, de le faire autour des élus qui savent le faire dès qu’il y a une crise, nous l’avons vu, au moment des inondations, des incendies, que se passe-t-il ? On n’attend pas la circulaire qui descend pour agir, nos pompiers, nos forces de sécurité intérieure, nos militaires sont à l’action, formidables ! Nos élus réagissent, avec eux leurs équipes mais nous savons faire sans contraintes parce que l’intelligence collective est là qui réagit, invente. Cette méthode, c’est celle que nous devons ensemble collectivement inventer. C’est pourquoi, vous l’avez compris, « avec vous », n’est pas simplement un slogan, c’est une méthode profonde exigeante à laquelle je me livrerai et comme vous le constatez, pour ceux qui en doutaient, l’énergie est encore là et à laquelle le gouvernement, les administrations se livreront. C’est une réforme de l’Etat profonde, inédite à laquelle je crois profondément, elle ne passe pas par des textes compliqués, par des grandes lois, par des grands décrets. C’est une méthode de réforme, de culture radicale ; je crois que c’est celle à laquelle notre pays aspire !

Nous le ferons, et associer cette méthode, c’est aussi celle que je veux dans le champ politique. Nos élus, nos parlementaires et membres du gouvernement qui sont là, toutes les formations politiques et les bénévoles le savent, c’est l’histoire qui est la nôtre, ce à quoi je crois pour notre pays. D’abord, nous avons créé une formation politique nouvelle, elle ne venait pas de nulle part, elle était la convergence de tant et tant de volontés. Les uns venaient de gauche, du centre, de la droite, de l’écologie politique, de la société civile. Certains avaient eu plusieurs mandats, d’autres n’en avaient jamais eu. Le centre politique nous a ensuite rejoint, puis des personnalités politiques, nos gouvernements se sont nourris de talents venant de tous horizons et les deux Premiers ministres ici présents, cher Edouard, cher Jean, les deux Premiers ministres, je le dis parce que souvent les médias l’oublient aucun d’eux n’était à mes côtés il y a cinq ans. Et c’est une réalité et beaucoup de ministres n’ont plus mais nous l’avons fait, nous avons agi, dépassé, et ils ont mis et les jours et les nuits en œuvre un projet qui était porté par d’autres mais il y a cinq ans, ils l’ont rejoint, porté avec conviction et nous avons continué de dépasser et je sais combien, cher Richard, cher François, cher Stanislas, cher Christophe vous tant d’autres soldats de la première heure, vous avez considéré que ce dépassement était important et qu’il nous fallait poursuivre, eh bien, nous allons continuer de le faire. Et le dépassement politique n’est pas l’effacement des différences, il se nourrit en profondeur des inspirations de chacune et chacun. Je cite ces grands auteurs, je suis inspiré. Le dépassement politique, c’est l’union pour notre pays au-delà des cultures, des héritages, des différences, de certains désaccords pour faire ensemble. Cela, nous le continuerons. C’est pourquoi j’appelle toutes celles et ceux aujourd’hui de la social-démocratie au gaullisme en passant par les écologistes, ils ne nous ont pas encore rejoints, à le faire car depuis le début, nous n’avons qu’un parti, c’est notre pays, notre volonté d’agir, de porter nos valeurs.

Mais associer, ce sera aussi, dans la méthode, entendre davantage la minorité, permettre que la minorité comprenne davantage la majorité, que la majorité prenne en compte les voix de la minorité. C’est infiniment difficile et j’ai sans doute parfois échoué mais ce combat, nous devons à chaque fois l’entreprendre car une société ne peut pas avancer unie et avancer au fond si nous ne sommes pas nous tous les dépositaires de ce respect, de cette bienveillance, de cette volonté, même comme majoritaires, de travailler, d’œuvrer avec les minoritaires mais de continuer à avancer et de convaincre les minoritaires qu’un chemin existe. C’est aussi pourquoi je veux de manière transpartisane que nous puissions conduire ensemble dans les cinq ans qui viennent une réforme institutionnelle qui s’impose, laquelle donnera justement une plus grande place à toutes les sensibilités politiques, à tous les courants philosophiques dans notre assemblée. Je sais, cher François, que c’est le combat d’une vie et donc je ne l’abandonnerai pas ! Je veux un Parlement plus représentatif, des pouvoirs mieux équilibrés, une souveraineté populaire mieux reconnue et jamais limitée par des organes d’experts ; c’est essentiel. Je veux un exécutif qui puisse trancher et décider, c’est une force de la Ve, elle est indispensable et je sais que nous sommes quelques-uns à y tenir aujourd’hui ici aussi. Au fond, je crois à l’ « en même temps », du jacobinisme et du girondisme, à l’ « en même temps » des fidélités gaullistes et béarnaises. On doit pouvoir y arriver. Mais tout cela, c’est pour unir, nous permettre d’agir, de faire et du décider en crise. Alors, mes amis, toutes ces promesses, ces progrès pour chacun, cette Nation de l’engagement, cette unité française, cette Europe forte, tout ce que je viens de vous décrire, n’est pourtant pas une certitude. Vous pensez que ce que je dis là est impossible ? Pourtant, cela peut advenir. Ne croyez pas les sondages ou les commentateurs qui seraient formels qui vous disent que ce serait impossible, impensable, que l’élection est déjà jouée, que tout va bien se passer. Regardez-nous, regardez-vous, il y a cinq ans, on le disait impossible ! Regardez du Brexit à tant d’élections ce qui paraissait improbable et a pu advenir. Alors, je vous le dis avec beaucoup de force ce soir : rien n’est impossible mais je ne veux ni l’arrogance ni le défaitisme. Je veux la mobilisation générale, la volonté et l’action !

Je n’écoute ni ceux qui ont déjà gagné ni les Cassandre ; non, mais il nous faut ensemble relever le défi du combat. Le pire, mes amis, est d’avoir une âme habituée, disait PEGUY. Or, nous nous sommes habitués, le danger extrémiste aujourd’hui est d’autant plus grand que depuis plusieurs mois, plusieurs années, la haine, les vérités alternatives se sont banalisées dans le débat public. Nous nous sommes habitués, nous nous sommes habitués à voir défiler sur certains plateaux de télévision des auteurs antisémites, d’autres racistes, maniant à longueur de journée …(face aux sifflements). Non, pas davantage, ne les sifflez pas, ne les sifflez pas , combattez-les par les idées avec respect !

Mais nous nous sommes habitués à leurs contre-vérités crasses, leurs théories nauséabondes ! Nous nous sommes habitués à voir des responsables politiques raconter n’importe quoi sur le Covid, tenir les pires discours complotistes sur le vaccin, au risque de mettre la vie de nos compatriotes en danger ! Le lendemain, ils sont réinvités ! Ils peuvent un matin sortir de l’euro, le soir revenir dans l’Europe, personne jamais ne relève leur incohérence !

Leur programme pourtant ruinerait les petits épargnants, effondrerait leur pouvoir d’achat, amènerait à la faillite la retraite ; mais nul ne s’en émeut. Nous nous sommes habitués, oui, à laisser des candidats se dire patriotes tout en faisant financer leur projet et leur parti par l’étranger !

Nous nous sommes habitués à ce que d’autres qui se réclament de Jaurès ou de Clémenceau, cessent de défendre la laïcité et bercent dans le communautarisme encourageant complaisamment les mouvements indigénistes et profondément anti-républicains !

Nous nous sommes habitués à ce que l’extrême droite se réclame de Charles de GAULLE alors que tout dans son histoire, son parcours, l’éloigne du gaullisme ; alors qu’elle est précisément, l’extrême-droite, l’héritière de ce qu’a combattu le Général !

Pendant tant d’années, une pensée molle, celle du politiquement correct, a cru qu’on pouvait combattre l’extrême droite en faisant des leçons de morale à ses électeurs ; ça ne marche pas. Je n’ai d’ailleurs jamais été partisan du politiquement correct. Mais désormais, au prétexte d’y échapper, ils voudraient – parfois les mêmes – nous faire croire que les contre-vérités, que les idées les plus choquantes, que les discours au fond légitimes le seraient parce qu’ils sont alternatifs, atroces… .Eh bien non ! Non au politiquement correct mais non au politiquement abject !

Oui à un débat républicain éclairé où les arguments s’échangent, où les nuances sont permises, où la dialectique permet de bâtir le bien commun ; oui à ce qui est précisément une politique exigeante ; oui à cette exigence qui consiste à respecter tous nos compatriotes, quoi qu’ils pensent, quoi qu’ils votent mais aller les chercher ! Aller les convaincre !

Mes amis, vous l’avez compris ! La mobilisation, c’est maintenant ! Le combat, c’est maintenant ! C’est le combat du progrès contre le repli ! Le combat du patriotisme et de l’Europe contre les nationalistes !

Les choix d’avril sont simples au fond : vous voulez une France de la parité, de l’écologie, du progrès ? Alors aidez-nous ! Rejoignez-nous ! Vous voulez une France puissance éducative, culturelle et sportive ? Alors aidez-nous ! Rejoignez-nous ! Vous voulez une France puissance indépendante, agricole, industrielle, technologique, énergétique ? Alors aidez-nous ! Rejoignez-nous ! Vous voulez une France numérique, du travail ? Alors aidez-nous ! Rejoignez- nous ! Vous voulez une France qui protège, qui assure la sécurité, nos valeurs ? Alors aidez-nous ! Rejoignez-nous ! Vous voulez une France plus forte, plus juste, dans une Europe nouvelle ? Alors aidez-nous ! Rejoignez-nous !

Les 10 et 24 avril, la France a rendez-vous avec son histoire, ses valeurs, son destin ! Les 10 et 24 avril, faisons ensemble le choix de l’espérance ! Les 10 et 24 avril, faisons ensemble le choix d’une nouvelle époque pour la France et pour l’Europe !

Vive la République ! Et vive la France !

Emmnanuel Macron, le samedi 2 avril 2022 à Paris La Défense.

Source : site du candidat AvecVous.
https://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20220402-meeting-macron.html


 

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2 avril 2022 6 02 /04 /avril /2022 03:07

« On n’est jamais vieux quand on regarde la télévision, on est juste déjà mort. Le corps ne sert à rien et le cerveau non plus, le temps passe, on joue à se faire croire qu’on s’amuse alors qu’on n’a jamais ressenti un ennui si profond, si intime. » (Nicolas Ancion, "Les ours n’ont pas de problème de parking", éd. Le Grand Miroir, 2001).




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Il ne reste plus qu’une semaine de campagne électorale avant le premier tour de l’élection présidentielle le 10 avril 2022 et le moins qu’on puisse dire, c’est que les médias en parlent très peu. Il suffit de zapper sur les chaînes d’information continue pour se rendre compte à quel point nous ne sommes pas en campagne, ou alors, il faut comprendre le mot campagne de façon guerrière : nous sommes en pleine guerre en Ukraine.

Il y a donc manifestement une grande responsabilité des médias à parler aussi peu de la campagne présidentielle. Parfois, on occupe l’antenne sur l’Ukraine jusque de manière très dérisoire, alors que le choix du prochain Président de la République est d’une importance historique. On ne se rend pas compte que le temps est bref.

Certains ont considéré que ce temps de campagne a été dénaturé par le Président sortant Emmanuel Macron, mais je pense que c’est une erreur de reporter cette responsabilité sur lui. D’une part, il ne continuerait pas à agir sur le plan diplomatique qu’il serait fortement critiqué. D’autre part, et on le voit dans les sondages depuis deux semaines, ne pas faire campagne se fait à son détriment et pas à son profit, tout comme De Gaulle en 1965. Ne pas faire campagne, c’est en quelque sorte mépriser les Français, et Emmanuel Macron en est d’ailleurs tout à fait conscient et persuadé qu’il faut agir, aller à la rencontrer des Français.

Les pleureuses qui fustigent le comportement d’Emmanuel Macron à ce sujet sont assez ridicules. Jamais François Fillon n’aurait porté un jugement sur la non-campagne d’un concurrent pour la bonne raison que cela l’avantagerait et que lui ne s’occupait pas de ses adversaires, il menait campagne avec son propre fil conducteur, ce qui avait fait son succès à la primaire LR. Si la campagne de Valérie Pécresse n’imprime pas, ce n’est certainement pas à cause d’Emmanuel Macron, c’est à cause d’elle, de ses thèmes de campagne (trop insistants sur l’immigration, pas assez sur le pouvoir d’achat). Si un candidat doit exister uniquement en se positionnant par rapport à un autre, alors, il est inexistant.

Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont continué à faire campagne, Emmanuel Macron candidat déclaré ou pas, la guerre en Ukraine déclarée ou pas, ils ont mené leur entreprise jusqu’au bout avec leur programme. On pourrait dire de même avec Éric Zemmour qui a multiplié les meetings ces dernières semaines, si ce n’est que, comme Valérie Pécresse, il n’a pas pris le thème de campagne le plus attendu des électeurs. Quant à Anne Hidalgo, si les résultats du premier tour se confirment et sont conformes aux sondages actuels, ce sera une véritable énigme : comment une candidate d’un parti aussi installé aura pu faire aussi bas ? (du reste, personnellement, je m’en réjouis).

Mais je crois qu’il ne faut pas reporter toute l’inconsistance de la campagne présidentielle sur la guerre en Ukraine (qui reste un événement historique d’importance mondiale et la première crise que le candidat élu le 24 avril 2022, ou la candidate, aura à gérer).

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Il y a à mon sens une autre raison plus structurelle, provenant des médias eux-mêmes, mais aussi de la réglementation institutionnelle de plus en plus loufoque. Elle est régie principalement par deux lois, la loi organique n°2016-506 du 25 avril 2016 de modernisation des règles applicables à l’élection présidentielle et la loi n°2016-508 du 25 avril 2016 de modernisation de diverses règles aux élections. En particulier, le temps de parole est sévèrement contrôlé pendant la campagne électorale et la nouvelle réglementation applicable déjà à l’élection présidentielle de 2017 a introduit le concept d’équité du 1er janvier 2022 au 7 mars 2022, puis d’équité renforcée du 8 mars 2022 au 27 mars 2022, le 8 mars 2022 étant la date de publication de la liste officielle des candidats à l’élection présidentielle.

L’équité est un critère difficile à appréhender, elle pondère l’importance de chaque candidat en fonction de sa représentativité à la dernière élection et de l’activité du candidat (s’il ne fait aucun meeting, aucune déclaration publique, il est normal de ne pas en parler dans les médias). Elle ne dépend pas des sondages d’intentions de vote, ce qui permet à Anne Hidalgo d’avoir été beaucoup mieux traitée avant le 28 mars 2022 que Jean Lassalle, par exemple, alors qu’elle navigue dans les mêmes estimations électorales.

Invité de Guillaume Erner le 28 mars 2022 sur France Culture, Anne Grand d’Esnon, membre de l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique qui vient de remplacer le CSA) et présidente du groupe de travail "Pluralisme, déontologie, supervision des plateformes en ligne", a expliqué le régime d’après le 28 mars 2022 : « Chaque candidat et ses soutiens doivent avoir exactement le même temps d’antenne et de parole afin de ne pas défavoriser un candidat par rapport à un autre, et ce pendant quinze jours. (…) Dès qu’il y a diffusion sur une antenne, c’est comptabilisé, que ce soit la reprise d’un programme passé ou n programme originel. ». Donc, également quand ce programme est repris sur Internet.

Du 28 mars 2022 au 8 avril 2022, pendant la campagne officielle, on n’est effectivement plus en régime d’équité renforcée mais d’égalité absolue des temps de parole, ce qui paraît normal puisque chaque candidat doit être placé dans les mêmes conditions. On aurait pu d’ailleurs imaginer que ce régime de stricte égalité soit applicable dès la publication de la liste officielle des candidats.

Ainsi, Emmanuel Macron aurait dû faire son grand meeting à La Défense une semaine avant, le 26 mars 2022 au lieu du 2 avril 2022 après-midi, car cela lui aurait permis d’avoir une retransmission en direct et dans son intégralité sur les chaînes d’information continue. Après le 28 mars 2022, impossible pour les chaînes de diffuser intégralement un long meeting sans le faire également pour les onze autres candidats dans les mêmes créneaux horaires, c’est techniquement impossible ! Et c’est là le problème, car il n’y a pas un temps infini d’antenne, d’autant plus que l’équilibre (l’égalité) doit se faire à chaque tranche horaire (ce qui est normal, sinon, on mettrait les "petits candidats" en pleine nuit et les "grands candidats" en "prime time").

Mais il y a une différence dans l’application de cette règle par rapport à 2017, car les dispositions ont été complétées par la recommandation du CSA du 6 octobre 2021 : sont pris en compte non seulement le temps de parole du candidat et de ses soutiens, représentants ou revendiqués (la hantise des journalistes, c’est d’interviewer une personnalité supposée neutre qui annonce son soutien à l’un des candidats, car il faut ensuite rééquilibrer avec les onze autres candidats !), mais aussi le temps d’antenne consacré à ce même candidat, par exemple, quand un éditorialiste commente un fait ou une proposition d’un candidat.

Ainsi, c’est le moins disant qui fait la référence : une chaîne de télévision ou une station de radio serait incapable de passer autant de temps d’antenne sur les faits et gestes de Jean Lassalle que sur la politique sécuritaire ou migratoire d’Éric Zemmour comme l’électeur téléspectateur en a été inondé pendant tout l’automne dernier. Alors, la guerre en Ukraine est une aubaine pour ces antennes d’en faire le moins possible sur la campagne présidentielle pour simplifier leurs tâches, mais cela n’aide pas la démocratie.

La campagne est donc monotone car elle ne fait pas preuve de beaucoup d’originalité. L’ordre d’arrivée au premier tour sera probablement l’ordre des candidats qui auront fait le mieux campagne, exception faite du Président sortant dont le statut spécial peut l’avantager ou, au contraire, le désavantager.

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Rappelons donc qui sont les différents candidats et lisons aussi leur programme, même si je considère que l’élection présidentielle désigne une personne et pas un parti politique, et je préfère plutôt connaître les valeurs et les principes qui animent le candidat plutôt qu’il se cadenasse avec un programme qui sera immédiatement périmé dès qu’il sera en mesure de l’appliquer, car à part pour les sortants ou proches des sortants, aucun candidat ne peut avoir une vision réaliste et précise de la situation de la France, base de toute action future.

Sur les douze candidats, sept étaient déjà candidats en 2017, dont cinq également en 2012 : Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Nicolas Dupont-Aignan, Philippe Poutou et Nathalie Arthaud. Il n’y a qu’en France qu’on reprend les mêmes (perdants) et on recommence. C’est vrai, François Mitterrand et Jacques Chirac ont été élue à la troisième tentative (les seuls réélus au suffrage universel direct d’ailleurs), mais la troisième tentative a été souvent une tentative de trop : François Bayrou, Jacques Cheminade, sans compter les multirécidivistes Arlette Laguiller (6 candidatures) et Jean-Marie Le Pen (5 candidatures) ! Mais la règle de première élection, en général, c’est de se faire élire dès la première candidature (pour six Présidents de la République sur huit).

Parmi les cinq "primocandidats" (premières candidatures), un est chef de parti (Fabien Roussel), probablement le moins connu des candidats, un est un polémiste hypermédiatisé à la télévision depuis près de vingt ans (Éric Zemmour), deux ont été des seconds couteaux au rôle important (Anne Hidalgo, maire de Paris ; Valérie Pécresse, ancienne ministre et présidente du conseil régional d’île-de-France), et un a été tête de la liste aux dernières européennes arrivée en troisième position (Yannick Jadot).

Contrairement à ce que les sondages semblent indiquer, l’issue de l’élection est beaucoup plus incertaine qu’imaginée, les écarts se réduisent dans les sondages et l’enjeu reste important. Cette incertitude va sans doute réveiller quelques électeurs pris au piège du à-quoi-bonisme.

En clair, on ne peut pas dire que nos candidats sont des inconnus de la vie politique. Et les moins connus ne sont pas forcément ceux qui auront le moins de voix, car parfois, c’est parce qu’on connaît trop bien un candidat qu’on ne veut surtout pas qu’il soit au pouvoir. Tous les candidats sont très différents et le choix reste crucial pour l’histoire et l’avenir de la France. Qu’ils prennent des forces, c’est le sprint final !


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (02 avril 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Relevé du temps de parole des douze candidats de 2022 dans l’audiovisuel, par l’Arcom.
Élysée 2022 (39) : programme minimum pour la campagne présidentielle ?
Emmanuel Macron.
Projet du candidat Emmanuel Macron pour 2022 (à télécharger).
Marine Le Pen.
Programme 2022 de la candidate Marine Le Pen (à télécharger).
Jean-Luc Mélenchon.
Programme 2022 du candidat Jean-Luc Mélenchon.
Valérie Pécresse.
Programme 2022 de la candidate Valérie Pécresse (à télécharger).
Éric Zemmour.
Programme 2022 du candidat Éric Zemmour (à télécharger).
Yannick Jadot.
Programme 2022 du candidat Yannick Jadot (à télécharger).
Fabien Roussel.
Programme 2022 du candidat Fabien Roussel (à télécharger).
Jean Lassalle.
Programme 2022 du candidat Jean Lassalle (à télécharger).
Nicolas Dupont-Aignan.
Programme 2022 du candidat Nicolas Dupont-Aignan (à télécharger).
Anne Hidalgo.
Programme 2022 de la candidate Anne Hidalgo (à télécharger).
Philippe Poutou.
Programme 2022 du candidat Philippe Poutou (à télécharger).
Nathalie Arthaud.
Programme 2022 de la candidate Nathalie Arthaud (à télécharger).
Petits candidats et grands candidats.
L'abstention, c'est grave, docteur ?
Élysée 2022 (34) : la liste officielle des 12 candidats.
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
Sondage Ipsos publié le 5 mars 2022 à télécharger.
François Bayrou, le parrain de Marine Le Pen.
Situation des parrainages pour les candidats de la présidentielle de 2022 (arrêtée au 7 mars 2022).
Le serpent de mer des parrainages pour la présidentielle.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220402-temps-parole.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/elysee-2022-39-programme-minimum-240601

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/04/01/39415426.html











 

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1 avril 2022 5 01 /04 /avril /2022 03:38

« Je vais vous le dire mes chers amis : s’il y avait un Philippe de Villiers par région, la France serait sauvée ! Car la Vendée rayonne aussi grâce à l’incontournable, l’inévitable, l’immanquable… Puy du Fou ! Probablement l’une des plus belles réussites française de ces dernières années et qui rend fiers tous nos compatriotes, quelles que soient leurs opinions politiques. Et j’insiste sur ce point ! » (Éric Zemmour, le 8 janvier 2022 aux Sables-d’Olonne).




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Depuis le 11 décembre 2021 et son voyage en Arménie avec le candidat de Reconquête, Philippe de Villiers semble vivre une nouvelle jeunesse. Lui, le jeune énarque sous-préfet devenu sous-ministre a passé sa vie à batailler en politique pour la droite de la droite. Depuis 2010, il est en retrait de la vie politique, et alors qu’il vient d’atteindre 73 ans, voici celui qu’on nommait au choix l’agité du bocage ou le chouan de la culture (selon qu’on l’apprécie ou pas) revenu en campagne pour soutenir son ami Éric Zemmour.

Et les derniers sondages notent un rebond étonnant après l’enlisement pour cause de guerre en Ukraine (il faut dire que l’idée de refuser a priori d’accueillir des réfugiés ukrainiens n’a pas été très bien perçue dans son propre électorat plutôt chrétien). En effet, si l’IFOP le laisse encore loin derrière les autres grands candidats avec 13% d’intentions de vote, Ipsos, BVA et Elabe le placent entre 16% et 18%, en troisième position, talonnant Marine Le Pen qui pourtant bénéficie d’un vent favorable. L’embellie éclair dont jouit le polémiste est à la mesure du dynamisme de sa campagne dont le point d’orgue fut son grand meeting au Trocadéro le 27 mars 2022 en revendiquant 100 000 participants.

C’est la dernière ligne droite qui compte et Éric Zemmour s’est entraîné à sprinter. Il croyait dur comme fer qu’il parviendrait au second tour et son rêve est en train de se réaliser. Accueilli par Philippe de Villiers le 8 janvier 2022 aux Sables-d’Olonne où il a fait l’éloge du grand spectacle du Puy du Fou, le candidat polémiste s’est permis d’être effronté avec le Président de la République : « Il y a quelques années, Emmanuel Macron était venu au Puy du Fou si je me souviens bien ? Si vous voulez mon avis, il faut l’inviter à nouveau, car il aurait bien besoin de quelques leçons supplémentaires sur l’Histoire de France ! ». Ce qui, de la part d’un révisionniste récidiviste de l’Histoire de France, ne manque pas de piment !

Alors qu’à l’époque, il n’était que Ministre de l’Économie et des Finances, Emmanuel Macron, accompagné de sa femme, était allé à la rencontre de Philippe de Villiers le 19 août 2016, partageant le spectacle et le dîner ensemble. Il avait salué l’entrepreneur culturel et le maître de Vendée, très touché, avait été tout de suite séduit par le jeune homme plein de dynamisme et d’intelligence. S’il n’avait pas appelé à voter pour l’actuel Président de la République, Philippe de Villiers montrait en tout cas une très étrange complicité alors que tout les séparait, de l’Europe à l’immigration. Une complicité qui a dû s’effriter au fil de l’exercice du pouvoir, un peu comme avec Dominique de Villepin. Je me demande si le fait d’être énarque donne un préjugé favorable, dans ce cas ?

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En tout cas, Éric Zemmour ne lésine pas pour remonter dans les sondages ; avec 118 290 adhérents à son nouveau parti Reconquête en près de quatre mois, il a réussi à collecter un trésor de guerre suffisant pour faire une campagne sur tout le territoire. Il s’était comparé à Donald Trump et c’est bien ce qu’il devient. À Châteaudun le 7 janvier 2022, à Saint-Quentin le 10 janvier 2022, à Calais le 19 janvier, à Cannes le 23 janvier 2022, à Chaumont-sur-Tharonne le 28 janvier 2022, à Lille le 5 février 2022, à Saulieu le 12 février 2022, au Mont-Saint-Michel le 19 février 2022, à Chambéry le 25 février 2022, à Toulon le 6 mars 2022, à Agen le 12 mars 2022, à Metz le 18 mars 2022, partout, il sent arriver la vague de confiance que les Français vont lui apporter le 10 et 24 avril 2022. À chaque meetng, il poursuit sa métamorphose en homme d’État. Il n’y a pas de fatalité, pas même dans les sondages !

Dans son dernier meeting à Vichy, il a réaffirmé sa volonté de créer un ministère de la remigration, afin de monter encore d’un cran dans la surenchère : « Ce ministère sera donc chargé d’appliquer la politique que j’ai déjà proposée depuis des mois et je trouve révélateur que toute la classe politique, de la France insoumise au Rassemblement national, s’oppose au renvoi de ces étrangers délinquants ou criminels qui menacent nos parents, nos enfants et nos petits-enfants. ». Il avait évoqué cette proposition dès le 21 mars 2022 et elle a semblé bien comprise de ses électeurs puisqu’il remonte en flèche dans les intentions de vote. Cette mesure est plébiscitée dans de récents sondages, à 66% et à 55% des sondés, selon l'institut de sondages.

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Il en a profité pour annoncer que son Premier Ministre serait nommé peu de temps après l’élection car il n’y a pas de temps à perdre pour sauver la France. Il a même dévoilé le nom du Premier Ministre, Philippe de Villiers qui a l’avantage d’avoir déjà été ministre (dans le gouvernement de Jacques Chirac), et cette expérience ainsi que celle de l’énarque sorti à la préfectorale, seront précieuses pour être opérationnel immédiatement.

Ce choix peut surprendre surtout à cause de l’âge alors qu’Éric Zemmour devrait pouvoir compter pour le second tour du soutien de nombreux ténors de LR (beaucoup plus jeunes), en particulier de Laurent Wauquiez et Éric Ciotti qui auraient eu un profil mieux adapté pour diriger le gouvernement de la France. Mais le candidat Zemmour n’entend pas oublier les fidèles de la première heure.

Et il nourrit une certaine rancœur envers ceux qui auront soutenu Valérie Pécresse : « La droite, la droite… La véritable droite ! Celle que nous incarnons, enracinée, fière, identitaire ! Cette droite qui refuse de parler comme la gauche. Cette droite qui refuse de se compromettre avec le centre ! Cette droite qui ne cherche pas à se faire accepter par les bien-pensants, mais qui cherche à gagner pour la France. Écoutez-moi bien : j’offre une caisse de cidre à celui qui me trouve une véritable différence de fond entre Valérie Pécresse et Emmanuel Macron ! Être la "centriste techno" et le "centriste bobo", entre celle qui fait de l’islam "une religion française" et celui qui affirme qu’il n’y a "pas de culture française". ». Il faut remarquer qu’encore une fois, la critique contre Emmanuel Macron sur la culture française, c’était une maladresse de sa campagne de 2017, avant d’être Président de la République et apparemment, rien de ce qu’il a fait après semble sujet à critique, ce qui, pour le Président sortant, est une source de satisfaction supplémentaire.

Le choix de Philippe de Villiers à Matignon, c’est la consécration de l’engagement d’un homme qui, seul, parfois moqué, a su relever la France aux pires moments, comme lors du référendum sur le Traité de Maastricht. C’est aussi le choix d’un homme qui, dès novembre 2016, avait imaginé l’importance de la remigration pour sauver la France.

Toutefois, la nomination de Philippe de Villiers serait aussi très audacieuse dans le contexte international actuel. En effet, comme beaucoup d’autres personnalités politiques française, en particulier le candidat polémiste, l’ancien président du conseil général de Vendée était un grand ami et admirateur de Vladimir Poutine au point d’avoir fait le déplacement, le 14 août 2014 à Yalta, en Crimée, pour le rencontrer alors que le Président de la Fédération de Russie souhaitait la réalisation d’un "spectacle patriotique" en Crimée comme au Puy du Fou, dans le but de célébrer le nationalisme russe en Crimée. Rappelons que ce voyage est intervenu cinq mois après l’annexion de la Crimée à la Russie. Il avait obtenu alors un accord pour construire deux parcs, l'un à Moscou et l'autre en Crimée.

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À l'occasion de ce voyage en Russie, Philippe de Villiers avait lancé sur Twitter le 18 août 2014 : « J'ai dit à Vladimir Poutine que le Puy du Fou venait poser devant lui un acte de paix. ». Et dans une interview à "Valeurs actuelles" parue le 4 septembre 2014, il a qualifié Vladimir Poutine de « plus grand chef d'État actuel » en expliquant : « Il se comporte comme un vrai chef d'État, patriote, cherchant à restaurer les valeurs politiques, culturelles et morales de la grande Russie. Le fait que Poutine ait souhaité implanter en Russie des parcs sur le modèle du Puy du Fou plutôt que des parcs d'attraction sur le modèle américain témoigne, lui aussi, de son attachement à l'âme de son pays. Il est l'homme qui a fait sortir la Russie de l'ère communiste et qui lui rend sa grandeur. Pendant qu'en Europe, il s'ouvre un MacDonald's par jour, il se construit une église orthodoxe par jour en Russie. Poutine est assurément le plus grand chef d'État actuel (...). Quitte à se battre, il vaudrait mieux le faire contre le califat irakien que contre Poutine, qui est le seul chef d'État à faire reculer l'islamisme. Mais il ne faut pas oublier la défense de notre territoire. La France devra bientôt envoyer l'armée "nettoyer" les banlieue où le djihad se prépare. » [Je fais remarquer qu'en 2022, Poutine recrute des Tchétchènes et des Syriens pour massacrer les Ukrainiens].

À ceux de ses amis, parmi les conseillers proches, en particulier Guillaume Peltier et Gilbert Collard, qui lui déconseilleraient une telle nomination, Éric Zemmour dit au contraire qu’il faudra bien renouer un jour des relations commerciales avec la Russie et demander au plus amoureux du peuple russe et au plus souverainiste du peuple français serait un gage pour reconstruire l’amitié franco-russe d’avant-guerre.

Pour Éric Zemmour, Philippe de Villiers, qui a réchappé d’une terrible épreuve de santé, est le symbole même du retour de la France dans son Histoire : « Car ce sera tout l’enjeu de la prochaine élection présidentielle : entre ceux pour qui la France est une réalité tangible, sensible, presque charnelle, et ceux pour qui la France n’est désormais qu’un concept vague, une simple abstraction vouée à s’adapter pour mieux disparaître. ». Déjà au Trocadéro, le 27 mars 2022, il concluait : « Français, nous avons fait en trois mois ce qu’aucun politicien n’avait jamais réussi à faire en quinze ans. Nous allons faire en quatorze jours ce qu’aucun autre ne pourra faire. Impossible n’est pas français ! ».


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (01er avril 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Dossier de presse de Reconquête.
Retransmission du meeting à Vichy (vidéo et texte intégral).
Programme 2022 du candidat Éric Zemmour.
Philippe de Villiers, futur Premier Ministre d’Éric Zemmour.
Marine Le Pen.
Éric Zemmour.
Debout la Patrie.

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30 mars 2022 3 30 /03 /mars /2022 03:13

« Parier sur l’idée qu’il n’y a pas d’alternative à Emmanuel Macron est une faute politique. » (Dominique de Villepin, le 25 juin 2019 sur BFM-TV).




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Il y a cinq ans, le 20 avril 2017, quelques heures avant le premier tour de l’élection présidentielle, l’ancien Premier Ministre Dominique de Villepin était sorti du bois et avait annoncé son soutien in extremis au candidat Emmanuel Macron au détriment de son successeur à Matignon, François Fillon. Il partageait avec Emmanuel Macron des relations amicales et un diagnostic politique sensiblement identique : il faut gouverner à droite et à gauche en même temps. Est-ce que pour 2022, celui qui a ouvert une galerie d’art à Hongkong pour exposer les œuvres du grand peintre Zao Wou-Ki, dont il est l’ami de la veuve, aura le même raisonnement ? Pas sûr.

En ce moment, on peut revoir sur les écrans Dominique de Villepin. Écrivain, diplomate, haut fonctionnaire, homme d’État, Dominique de Villepin s’est retiré de la vie politique après avoir échoué à recueillir les 500 parrainages en 2012 et est devenu un confortable avocat international, considéré même comme un proche du Président chinois Xi Jinping, pour sa passion de la Chine qu’il dispute avec Jean-Pierre Raffarin. Mais ses interventions médiatiques sont évidemment pour commenter la guerre en Ukraine. Figure mythique du refus aux Américains de la guerre en Irak, l’ancien Ministre des Affaires étrangères a une parole qui vaut son pesant de cacahuètes dans ce monde interdépendant : comment préserver à la fois son indépendance et la protection effective de son peuple ?

En tout cas, sur franceinfo le 13 mars 2022, il n’a pas ménagé l’actuel Président de la République à l’issue du Conseil Européen de l’avant-veille à Versailles : « Le message adressé par Versailles, aussi sympathique que soit ce rassemblement et aussi grave qu’il ait été, n’est pas forcément un message de circonstance. ». Il pensait même que c’était une erreur : « Durcir ne suffit pas. Il faut dans le même élan renforcer notre main en matière de négociations. Je crains que nous soyons à contretemps et à contre-signal. (…) Dans ces circonstances-là, on fait sobre ! On affiche une détermination qui ne va pas de pair avec des dîners de famille ou des banquets ! ».

En attaquant sur les dîners, Dominique de Villepin a fait dans la démagogie et dans le commentaire stérile. En effet, lorsqu’on réunit des dirigeants européens plusieurs jours, il faut bien qu’ils déjeunent et dînent ensemble et on peut se douter que ce n’est pas au MacDo de la zone commerciale. Cela n’interfère en rien avec la pertinence ou pas des décisions prises et question luxe, on est très loin du faste quasi-monarchique imposé par François Mitterrand dans le but d’en mettre plein la vue lors du sommet du G7 à Versailles le 9 juin 1982.

Continuant dans la critique frontale contre Emmanuel Macron, Dominique de Villepin a ajouté : « La politique étrangère est devenu pour trop de pays en Europe et en Occident un exercice de politique intérieure. Il faut retrouver la dimension mondiale de notre diplomatie. Nos diplomates doivent aller vers le monde et ne pas se cantonner à Paris ou dans des réunions, aussi sympathiques soient-elles. ». Cette dernière phrase est typiquement creuse et sans intérêt, et on imagine bien que ce n’est pas au nombre de missions à l’étranger ou au nombre de réunions forcément élevé dans un pays à réunionite qu’on juge la pertinence d’une politique.

En revanche, cela donne un signe sur l’intention de voir favorablement ou défavorablement la candidature d’Emmanuel Macron. Y aurait-il de la déception dans l’air ? Déjà le 29 avril 2018 sur BFM-TV, il disait effectivement : « On a maintenant un an de pratique de la Présidence Macron et nous constatons une situation de surchauffe, à la fois diplomatique et militaire. Surchauffe diplomatique parce que la France est présente sur tous les fronts, le Président multiplie les rencontres, les discours, les voyages. ». Il proposait alors : « Il faudrait rajouter un organe, une institution, qui peut être une sorte de Conseil national de sécurité, soit en liaison avec les deux ministères [Affaires étrangères et Armées], soit auprès du Président de la République [pour donner] un temps d’avance par rapport aux crises qui se multiplient et aux tensions qui s’ajutent les unes aux autres. ». Un conseil dont il refuserait la présidence si éventuellement on le lui proposait car sa suggestion était bien sûr désintéressée.

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La perception de la vie politique chez Dominique de Villepin aurait-elle changé pour l’élection de 2022 ? En tout cas, il semble maintenant rejeter la politique du "en même temps". Sur BFM-TV le 25 juin 2019, l’ancien Premier Ministre argumentait devant Jean-Jacques Bourdin en donnant les raisons d’avoir un parti Les Républicains fort pour rompre le clivage mortifère de 2017 entre « un hypercentre, un extrême centre » et « un mouvement populiste qui risque de faire la synthèse entre l’extrême droite et l’extrême gauche ».

Fustigeant alors les dizaines voire centaines de maires LR qui ont annoncé leur soutien à Emmanuel Macron (dès juin 2019), Dominique de Villepin a regretté ces ralliements : « Le risque pour eux [élus LR], c’est la perte de sang-froid, c’est de céder aux sirènes de l’entourage du Président de la République qui cherche à débaucher les uns et les autres. Ça, c’est mortel, la lâcheté est toujours mortelle. ». Une déclaration qui ne manquait pas de sel provenant de cet ancien haut responsable LR qui avait rallié Emmanuel Macron dès 2017 !

En 2022, Dominique de Villepin votera donc peut-être pour la candidate LR Valérie Pécresse… mais cette fois-ci, peut-être que c’est elle-même qui rejetterait un tel soutien. En effet, Valérie Pécresse a confié dans son livre "Et c’est cela qui changea tout" (coécrit avec la journaliste Marion Van Renterghem et publié le 14 novembre 2019 chez Robert Laffont) pourquoi elle s’était fabriqué une carapace épaisse pour résister aux duretés de la vie politique, surtout lorsqu’on est une femme.

Sur France Inter le 12 novembre 2019, elle a expliqué que Dominique de Villepin avait été son "recruteur" pour travailler à l’Élysée, au cabinet du Président de la République Jacques Chirac à la fin des années 1990. L’entretien de recrutement (racontée dans le livre) semble correspondre à un autre entretien de recrutement, cette fois-ci raconté dans la bande dessinée "Quai d’Orsay".

Valérie Pécresse s’est vu notifier qu’elle était la favorite au poste car elle était une femme, mais son interlocuteur a poursuivi : « Vous, vous ne ferez jamais de politique, parce que vous êtes une femme normale : vous avez un mari, des enfants. En politique, il n’y a pas de femmes normales, il n’y a que des névrosées ! (…) Pensez-vous vraiment être faite pour cette vie-là ? ». Le diagnostic s’est avéré faux : Valérie Pécresse s’est émancipée, élue députée, ministre qui comptait entre 2007 et 2012, elle a été élue présidente du conseil régional d’Île-de-France et est aujourd’hui la candidate du parti de Jacques Chirac à l’élection présidentielle. Pas sûr que cette réussite incontestable du parcours de la "femme normale" aidera dans le choix de Dominique de Villepin à choisir la bonne personne dans quelques jours…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (27 mars 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Dominique de Villepin votera-t-il pour Emmanuel Macron ?
Quai d’Orsay.
Cassandre ?
Mais où est donc Dominique de Villepin ?
Assurancetourix ?
République solidaire et le revenu universel.
Les moulins de l’UMP.
Le gaullisme politique.

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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220327-dominique-de-villepin.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/dominique-de-villepin-votera-t-il-240487

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/03/27/39408589.html














 

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28 mars 2022 1 28 /03 /mars /2022 03:59

« Nous constatons, aujourd’hui, que la Russie, tournant le dos à ses engagements et à la voie diplomatique, fait le choix de la confrontation déstabilisatrice pour l’ensemble du continent. Par ses décisions unilatérales et ses actions militaires, la Russie contrevient à ses engagements internationaux et remet en cause le principe cardinal du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États, le fondement même de l’ordre européen et international. » (Message du Président de la République Emmanuel Macron aux membres du Parlement français, le 25 février 2022).



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Comment peut-on convaincre qu’on ne se trompera plus alors que lorsque la sécurité vitale de la France était en jeu, on s’est toujours trompé dans le passé ? C’est le défi actuel de Marine Le Pen, candidate récurrente à l’élection présidentielle, troisième fois elle-même, huitième fois sur son nom.

Depuis quelques semaines, Marine Le Pen jouit d’un vent plutôt favorable alors que la vérité crue est en train de se révéler : durant ces longues années depuis 2011, elle n’a jamais défendu les intérêts des Français et de la France. En effet, l’invasion russe de l’Ukraine a remis sur le devant de la scène cette vérité terrible pour ceux des responsables politiques français, et il y en a eu beaucoup, dont trois candidats importants à cette élection présidentielle, qui fricotaient avec le Président de la Fédération de Russie.

Pas de chance pour la candidate du Rassemblement national, ex-Front national de sinistre mémoire, ses militants allaient mettre dans les boîtes aux lettres 1,2 million d’exemplaires d’un tract de 8 pages intitulé "La France qu’on M !". En fait, il aurait fallu mettre "La Russie qu’on M !", car hélas pour elle, en page 4, on y lit deux paragraphes vaguement flatteurs vantant sa prétendue "stature internationale" avec quatre photographies, des clichés d’ailleurs anciens, d’avant l’élection présidentielle de 2017 pour les trois quarts, qui montrent surtout qu’il demeure toujours laborieux de rencontrer des chefs d’État quand on s’appelle Le Pen (il y a cinq ans, elle avait même fait le chemin des États-Unis pour rien alors qu’elle voulait rencontrer le Président américain Donald Trump qui l’avait finalement snobée dans la fameuse Tour Trump !).

Ces quatre photographies illustrent le petit texte qui insiste sur : « Elle travaille à construire des relations fortes et durables avec de nombreux chefs d’État (…). ». On y voit Michel Aoun, Président du Liban qui s’était fait piéger par sa courtoisie, le 20 février 2017, Idriss Déby, Président du Tchad, le 22 mars 2017 (ce qui a échappé à la candidate RN, c’est que ce dernier est mort le 20 avril 2021, assassiné au cours d’un putsch raté), et seule personnalité rencontrée après l’élection de 2017, le Premier Ministre de Slovénie Janez Jansa, qu’a salué Marine Le Pen à Bruxelles le 22 octobre 2021.

Sur la page suivante, on y voit aussi trois photographies moins surprenantes, Marine Le Pen avec en 2019, Matteo Salvini, considéré maintenant dans son pays comme un loser et détesté des Polonais, et en 2021, Viktor Orban, le Premier Ministre hongrois, aujourd’hui très ennuyé de sa dépendance énergétique avec Vladimir Poutine alors qu’il sollicite le renouvellement de son mandat dans quelques semaines, ainsi que le banquier Mateusz Morawiecki, Premier Ministre de Pologne, le premier allié de l’Ukraine.

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Parmi les quatre premiers clichés, le dernier est le plus important bien sûr, c’est celui de sa rencontre (unique assure-t-elle) avec Vladimir Poutine le 24 mars 2017 (donc avant avril 2017), alors reçue à Moscou. À l’époque, le dirigeant russe ne songeait qu’à déstabiliser les démocraties libérales en soutenant les mouvements extrémistes et populistes et en fabriquant des usines à désinformation (qu fonctionnent encore). Pour l’élection de 2022, Vladimir Poutine a délaissé un peu ses sbires d’allégeance, trop occupé à massacrer le peuple ukrainien.

De plus, Marine Le Pen est allée se faire financer sa campagne de 2017 avec des banques russes inféodées au pouvoir central, ce qui laisse un doute très fort sur son patriotisme français et son indépendance politique vis-à-vis des intérêts russes, alors qu’elle-même ne cesse de prôner l’indépendance par rapport à l’Union Européenne (ce qui est stupide que la France est partie de l’Union Européenne) et par rapport aux Américains. Cela ressemble un peu à un Charles Maurras revendiquant son patriotisme français et finalement, l’Histoire a retenu qu’il n’était, dans les faits, qu’un nationaliste vendu aux Allemands.

Avec la guerre en Ukraine, le paradigme poutinien s’est donc renversé. Marine Le Pen assure désormais condamner l’invasion par l’armée russe alors qu’en 2014, elle avait reconnu l’annexion pure et simple de la Crimée par la Russie (pourtant prélude à une annexion projetée de l’Ukraine par la Russie). Cherchez l’erreur. Elle a beau soutenir que Vladimir Poutine a changé, c’est complètement faux depuis 2012, il a au contraire minutieusement préparé son "anschluss ukrainien", dont les ratés en sont d’autant plus surprenants.

Si on peut lui reconnaître la sincérité, alors, on peut simplement affirmer que la leader du RN avait manqué gravement de discernement en faisant confiance à ce que le Président américain Joe Biden a appelé un "boucher". On imagine comment elle aurait réagi le 24 février 2022 si elle avait été élue en 2017 grâce à ses amis poutiniens. La France aurait alors commis l’une des fautes géostratégiques majeures du siècle à cause des pressions politiques mais aussi financières russes. Et elle ose encore parler de souveraineté de la France !

Pour ôter tout doute, Marine Le Pen s’est même posé publiquement la question de savoir si le RN allait continuer à rembourser son prêt russe. Mais souvent, la nature revient au galop. À l’annonce de l’intervention du Président ukrainien Volodymyr Zelensky devant les parlementaires français, Marine Le Pen avait réagi trop vite en affirmant que, pour ne pas cautionner le Président Zelensky, elle serait naturellement absente de l’hémicycle pendant cette séance (ce qui, du reste, est très fréquent depuis qu’elle a été élue en juin 2017)… mais ses conseillers ont hurlé de stupeur en l’apprenant : pas question de montrer le moindre doute sur le soutien aux Ukrainiens. Par dépit et de façon visiblement fort hypocrite, la candidate a donc finalement assisté à la séance qui a vu l’ovation debout du Président Zelensky. Ce qu’il ne faut pas faire quand on veut être Présidente. Qui est donc la bonne Marine Le Pen : la poutinophile ou la désormais zelenskyphile ?

Le plus grave, c’est l’absolue ignorance des enjeux géopolitiques dans laquelle la France doit évoluer dans un monde trouble et incertain. Si Marine Le Pen a révisé (encore très laborieusement) ses fiches économiques, il lui manque de connaître les rudiments des enjeux militaires et la sécurité et la protection des Français est remise en cause lorsque, par un antiaméricanisme démagogique sinon sincère, elle souhaite s’extraire de l’alliance atlantique au profit d’une soumission totale au nouvel ordre (ou désordre plutôt) de Poutine.

Et le tract, me direz-vous ? Si vous l’avez reçu dans votre boîte aux lettres, surtout, gardez-le, il est collector et se vendra cher dans quelques mois sur eBay. Mais il y a peu de chance, car le stock a été mis à la déchetterie. Il ne faut prendre aucun risque, lisser tout de la candidate Le Pen, des fois que, après sept échecs, la victoire viendrait dans le champ des possibles…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (26 mars 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Élysée 2022 (38) : Marine Le Pen et la Russie de Vladimir Poutine.
François Bayrou, le parrain de Marine Le Pen.
Robert Ménard.
Éric Zemmour et l’obsession de l’immigration.
Faut-il craindre un second tour Éric Zemmour vs Marine Le Pen ?
Jean-Marie Le Pen.
L’effet majoritaire.
Florian Philippot.
Bruno Mégret.
Jean-Frédéric Poisson.
Christine Boutin.
La création de Debout la Patrie.
Marion Maréchal.
Patrick Buisson.
Nicolas Dupont-Aignan.
Choisis ton camp, camarade !
Fais-moi peur !
Peuple et populismes.
Les valeurs de la République.
Être patriote.

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27 mars 2022 7 27 /03 /mars /2022 03:07

« L’attaque massive des armées russes contre l’Ukraine, État pacifique, européen et indépendant, est sans précédent depuis 1945. (…) Dans ce contexte dramatique, ma responsabilité comme Président de la République et Président du Conseil de l’Union Européenne est de consacrer toute mon énergie à rechercher une issue à ce conflit et à vous protéger en rendant la France et l’Europe plus fortes. Mais ce retour brutal du tragique dans l’Histoire ne doit pas étouffer le nécessaire débat démocratique autour des visons et des propositions que permet l’élection présidentielle. J’irai à votre rencontre, défendre mon bilan et mon projet pour la Nation. (…) Tirer les leçons des crises inédites que nous avons traversées ensemble et de l’action que, malgré les circonstances, nous n’avons cessé de conduire. Projeter le pays vers l’avenir. » (Emmanuel Macron, le 17 mars 2022).




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Nous sommes à deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle du 10 avril 2022. L’élection est-elle pliée ? Bien évidemment, non ! Une élection, cela sert à ça, que les électeurs se prononcent, et tant qu’ils ne se sont pas prononcés, quelle que soit la fiabilité de sondages d’intentions de vote, rien n’est acquis, rien n’est déterminé. Tout reste ouvert. Le rôle du favori est d’ailleurs très instable : sa position ne mobilise pas l’électorat.

Ceux qui pensent que la réélection du Président sortant Emmanuel Macron est acquise ont donc tort deux fois. La première fois parce qu’ils méprisent le suffrage des Français en donnant plus de poids à des "enquêtes d’opinion" qui n’ont rien de formel et de fiable. La seconde fois parce qu’ils oublient le rôle essentiel d’une campagne électorale. Et même trois fois tort, car l’expérience montre que les urnes provoquent presque toujours des surprises.

Quelle est la tendance aujourd’hui, si près du but ?
On pourrait voir les choses de deux manières.

D’un côté, Emmanuel Macron surplombe tous les autres candidats, très nettement, dans les sondages. En tête des intentions de vote au premier tour, en tête des intentions de vote au second tour quelle que soit la configuration du second tour qui peut être quadruple (face successivement aux candidats Marine Le Pen, Valérie Pécresse, Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour). Donc, Emmanuel Macron est effectivement le favori.

Beaucoup d’explications peuvent se tenter : Président sortant dans plusieurs crises d’ampleur mondiale (Ukraine, économique, covid), il bénéficie de "l’effet drapeau" (unité de la Nation derrière le chef de la Nation) et aussi de l’expérience présidentielle dans une situation qui a besoin de subtilité et d’intelligence. Il est aussi Président du Conseil de l’Union Européenne, et en ce sens, l’un des très grands de ce monde, même si c’est pour six mois …ou moins. De plus, il est le seul à proposer un projet cohérent, raisonnable, rationnel qui ne reprenne pas des vieilles lunes. Il aurait pu être rivalisé sur sa droite par Valérie Pécresse et sur sa gauche par Anne Hidalgo, mais ces deux candidates pourtant d’anciens partis gouvernementaux, ont préféré adopter des attitudes étonnamment radicalisées tant sur l’extrême droite que sur ce que j’appellerais "l’extrême sociétal" de gauche. Ce qui fait que le centre droit et le centre gauche ne peuvent se reconnaître que dans la seule candidature d’Emmanuel Macron.

Mais d’un autre côté, la situation, en seconde analyse, est loin d’être aussi confortable pour Emmanuel Macron, ce qui peut me désoler et m’inquiéter.

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Premièrement, est-il sûr qu’Emmanuel Macron soit qualifié au second tour ? Je l’espère et tous les sondages semblent lui accorder cette garantie, mais la réalité électorale est toujours troublante et étonnante. Lionel Jospin "devait" gagner l’élection de 2002, il y a vingt ans, et c’est seulement deux ou trois jours avant le premier tour que les plus fins analystes ont commencé à envisager que rien ne serait certain pour le premier tour. Certes, Emmanuel Macron jouit encore d’une bonne avance, et la guerre en Ukraine plus sa déclaration de candidature (je pense que c’est le premier facteur, le second facteur était un non-événement) lui ont fait faire un bond de 5 à 10 points, ce qui est exceptionnel à un mois et demi du premier tour. Mais cette avance aujourd’hui s’effrite de jour en jour. La position n’est en rien acquise, ni permanente.

Deuxièmement, et c’est là ma principale inquiétude, Emmanuel Macron est-il certain de gagner le second tour ? Face à Valérie Pécresse, Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron jouit d’une confortable avance d’une vingtaine de points. Certes, il est maintenant à environ 60% contre Jean-Luc Mélenchon alors qu’il y a une semaine, il était à 66%. Il s’effrite aussi. Mais l’écart est trop grand. En revanche, face à Marine Le Pen, l’écart se resserre dangereusement : il était à 57% contre elle il y a une semaine, il est maintenant à 53%, je donne des indications de sondages, il faudrait faire des moyennes, ou étudier les enquêtes de chaque institut de sondage, c’est une approximation. À 53% vs 47%, dans un sondage, autant dire que c’est du 50% vs 50% avec les incertitudes de calculs.

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Donc rien n’est joué. Absolument rien. Je vois deux raisons à cette lente mais réelle érosion de la candidature d’Emmanuel Macron. D’une part, il a présenté son projet présidentiel, et dans ce projet, certaines mesures concrètes peuvent rencontrer des oppositions réelles (retraite à 65 ans, réforme du RSA, etc.). Notons que s’il n’avait présenté aucun projet ou un projet consensuel immobiliste à la François Mitterrand (ni-ni), on l’aurait aussi blâmé car un candidat se présente pour réaliser des réformes pendant le quinquennat à venir, si c’est pour ne rien faire, autant qu’il reste chez lui. D’autre part, Emmanuel Macron ne fait pas campagne, et cela donne une perception assez mauvaise de la situation. Il doit se défendre, lui-même, pas par ministres interposés.

Certes, Emmanuel Macron doit continuer à gérer les affaires du monde, et en ce moment, il a de quoi faire. Mais il faut se méfier du "syndrome Churchill". En pleines négociations d’après-guerre, Churchill a été remercié comme un malotru par ses électeurs et a dû rendre son tablier. Rien n’interdit qu’Emmanuel Macron, alors qu’il se démène auprès de nos partenaires européens et américains sur la guerre, auprès des Français pour réduire l’effet collatéral sur l’économie, subît le même sort, certes ingrat mais la vie politique a toujours été ingrate.

Ne pas faire campagne serait une faute considérable. Laisser juste une vidéo en guise de participation à un meeting (à Marseille) est même méprisant sinon arrogant dans sa relation avec les Français, alors qu’il ne l’est pas, il nourrit au contraire une grande empathie envers les Français. Même De Gaulle, qui ne voulait pas "se mettre en pyjama devant les Français", a pris une douche froide le 5 décembre 1965 en refusant de faire campagne pour le premier tour (même pas 45% des suffrages exprimés, 37% des inscrits !) et a dû se résoudre à faire campagne entre les deux tours (avec des entretiens savoureux, trois fois, avec Michel Droit, il y a montré une autre facette de sa personnalité qui a beaucoup plu, le De Gaulle goguenard).

Il faut se rappeler le syndrome Balladur. Édouard Balladur, Premier Ministre de cohabitation, "surplanait" dans tous les sondages pendant l’année précédant l’élection présidentielle de 1995 tandis que le PS était KO et son rival Jacques Chirac démonétisé dans "l’opinion publique". Aucun concurrent de taille à faire contrepoids au Premier Ministre. En janvier 1995, à trois mois du premier tour, certains envisageaient même une élection dès le premier tour (ce qui était ridicule puisque même De Gaulle n’a pas été élu dès le premier tour). Le résultat, c’est que dès la fin du mois de février, Édouard Balladur a été dépassé par Jacques Chirac et la logique de campagne l’a emporté sur la logique des sondages. Jacques Chirac était une bête de campagne, alors qu’Édouard Balladur, visiblement, n’était pas fait pour faire campagne !

Ce syndrome Balladur s’est retrouvé à de nombreuses reprises après 1995 : en 2002, Lionel Jospin en a été victime ; en 2011, Dominique Strauss-Kahn également (il aurait été probablement été plus prudent avec son comportement personnel s’il n’était pas donné largement gagnant dans les sondages) ; enfin, en 2016, Alain Juppé en a été également une victime consentante, sa campagne n’ayant jamais eu comme argument que les sondages. On peut du reste dire qu’en 2021, Xavier Bertrand en a été aussi une victime, en ce sens qu’il était donné comme le meilleur candidat LR pour l’élection présidentielle (mais il n’en était pas le favori).

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Emmanuel Macron pourrait, lui aussi, être victime du syndrome Balladur s’il ne faisait pas campagne en y mettant toutes ses forces et sa sincérité, d’autant plus que son projet présidentiel, dense et solide, demande aussi à être défendu, au même titre que son bilan, même si un bon bilan n’a jamais fait une élection (j’y reviendrai).

On pourrait toutefois dire qu’Édouard Balladur s’est effondré dès février 1995, deux mois avant le premier tour, c’est vrai, et que si Emmanuel Macron "s’effrite", perd quelques points, il ne s’effondre pas et on est à deux semaines du premier tour. Mais il ne faut pas décontextualiser : en 1995, il n’y avait pas de chaîne d’information continue, il n’y avait pas de réseaux sociaux ni d’Internet en général, les seules informations étaient temporisées par les journaux télévisés ou à la radio et encore par la presse écrite. Aujourd’hui, tout va plus vite, la moindre information tourne en boucle sur le Web dès la première minute et au bout d’une heure, il y a déjà la surréaction de toute la classe politique. Deux semaines, c’est donc encore très long à l’échelle de l’info.

Ce qui a nui à la campagne est probablement du fait et de la responsabilité des médias qui ont passé beaucoup de temps à évoquer la guerre en Ukraine. Le sujet est très important (il est un événement historique qui marquera l’histoire du monde et l’entrée d’une nouvelle époque assurément), mais cela ne doit pas non plus empêcher d’informer sur la campagne présidentielle, et en ce sens, beaucoup de médias sont en défaut à ce sujet.

En outre, cette absence de campagne dans les médias n’avantage pas forcément le candidat qu’on croit : en réduisant au maximum ses déplacements et ses meetings électoraux, Emmanuel Macron n’imprime pas dans sa campagne même s’il imprime en tant que Président de la République. Il est donc urgent que le Président de la République fasse campagne pour rassembler tous ceux qui, nombreux (on l’a vu avec des personnalités de tout horizon, de Jean-Pierre Chevènement à Éric Woerth, de Bertrand Delanoë à Jean-Pierre Raffarin, de Manuel Valls à Christian Estrosi, et peut-être même avec Nicolas Sarkozy après François Léotard), sont à la fois favorables à sa candidature, à son projet, à ses perspectives de redonner à la France sa souveraineté nationale au sein d’une Europe forte, et inquiets de voir un grand nombre de candidats radicalisés qui, élus, seraient une catastrophe pour l’avenir des Français, et on a bien vu pour l’Ukraine à quel point il ne fallait pas transiger sur la dissuasion nucléaire, sur le jeu des alliances et sur la fermeté face à la Russie. Tous les candidats qui ont transigé sur l’alliance atlantique et notre alliance avec les États-Unis ont trahi la sécurité des Français, on le comprend bien aujourd’hui.

Heureusement, le candidat Macron ne reste pas inerte. Annoncé depuis quelques jours, Emmanuel Macron participera à un grand meeting le samedi 2 avril 2022 après-midi, à une semaine du premier tour, avec une mobilisation virale qui pourrait prêter à sourire mais qui peut être très efficace. Il n’a pas lésiné sur ses ambitions puisque ce grand rassemblement aura lieu à la salle Arena de Paris La Défense, une salle récente, inaugurée le 16 octobre 2017, ce qui est très ambitieux, car cette salle, la plus grande salle d’Europe, peut accueillir près de 40 000 participants ! Ce sera probablement une démonstration de force (on peut s’inscrire ici).

Dans sa plaquette de 24 pages présentant son projet présidentiel (qu’on peut télécharger ici), Emmanuel Macron termine son introduction ainsi : « Quels que soient le lieu où vous habitez, le métier que vous exercez, votre histoire, le prénom que vous portez, la France a besoin de vous. Durant ces cinq années, je n’ai jamais perçu dans le pays la résignation, le renoncement sur lesquels certains prospèrent. Je vous ai toujours vu passionnés et volontaires, animés de la volonté de prendre part à cette belle aventure collective qui s’appelle la France. Je vous ai vu armés de l’esprit de résistance comme de l’esprit de conquête. ». C’est une véritable déclaration d’amour à tous les Français. Rien à voir avec l’arrogance qu’on lui a collée stupidement à la peau et aux aigreurs et défaitismes de la plupart de ses concurrents à l’élection présidentielle.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (26 mars 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Le syndrome Balladur.
Élysée 2022 (37) : Emmanuel Macron n’est pas (encore) réélu !
S’inscrire (gratuitement) au meeting d’Emmanuel Macron le samedi 2 avril 2022 à 14 heures 30 à Arena de Paris La Défense.
François Léotard.
Bertrand Delanoë.
Manuel Valls.
Jean-Pierre Chevènement.
Jean-Pierre Raffarin.
Éric Woerth.
Élysée 2022 (36) : pour qui votera Nicolas Sarkozy au premier tour ?
Élysée 2022 (35) : le projet présidentiel du candidat Emmanuel Macron.
Présentation du projet présidentiel d’Emmanuel Macron le 17 mars 2022 à Aubervilliers (vidéo).
Projet du candidat Emmanuel Macron pour 2022 (à télécharger).
Élysée 2022 (34) : la liste officielle des 12 candidats.
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
Élysée 2022 (32) : Emmanuel Macron candidat !
Lettre du candidat Emmanuel Macron à tous les Français le 3 mars 2022 (texte intégral).
Ukraine en guerre : Emmanuel Macron sur tous les fronts.
Allocution télévisée du Président Emmanuel Macron sur la guerre en Ukraine le 2 mars 2022 (vidéo et texte intégral).
Nous Européens, nous sommes tous des Ukrainiens !
La repentance nucléaire : Emmanuel Macron à Belfort.
Élysée 2022 (29) : Emmanuel Macron sera-t-il candidat un jour ?
Enfin, une vision européenne !

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25 mars 2022 5 25 /03 /mars /2022 03:43

« Je crois qu’il y a chez Macron une extraordinaire bonne volonté. (…) L’énergie et l’intelligence du Président Macron sont incontestables. Il a assumé avec dignité ses responsabilités à la fois nationales et européennes. » (François Léotard, le 5 mars 2022 dans "Le Point").




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Qui se souvient encore de François Léotard ? En retrait de la vie politique depuis plus d’une vingtaine d’années, probablement que son opinion aura peu d’influence sur l’électorat, du moins l’électorat jeune, des moins de 40 ans. Ce samedi 26 mars 2022, l’ancien ministre fête ses 80 ans, un âge canonique pour celui qui était le génie précoce de la politique française, né électoralement en 1977 avec la mairie de Fréjus (une revanche sur le sort de son père) et en 1978 avec son premier mandat de député du Var qui lui assura rapidement un écho national.

Ancien séminariste et toujours dans le doute (ce qui contrevient aux usages et coutumes de la classe politique), il est très étrange qu’il ait fait une telle carrière politique, frôlant les plus hauts sommets : énarque, député, ministre, d’abord à la Culture (1986 à 1988) puis à la Défense (entre 1993 et 1995) qui lui a valu son procès dans l’affaire Karachi. Il a été condamné le 4 mars 2021 en première instance à deux ans de prison avec sursis et 100 000 euros d’amende par la Cour de Justice de la République (CJR), mais l’affaire n’est pas encore jugée définitivement et il rejette toute responsabilité d’acte illégal dans le volet financier pour lequel il a été poursuivi. Dans un entretien à "Paris Match" le 3 février 2011, il précisait à propos des contrats dans l’affaire Karachi : « Tout le monde y était associé, Mitterrand, Balladur, Juppé. Le choix des intermédiaires a été avalisé par les plus hautes autorités de l’État. ».

Dès 1984, François Léotard, bombardé deux ans plus tôt par Valéry Giscard d’Estaing à la tête du Parti républicain (PR), lui-même ayant refusé de le nommer ministre avant la réélection qui n’a jamais eu lieu !, faisait partie des présidentiables pour l’élection de 1988, fustigeant dès 1987 dans un psychodrame gouvernemental les "moines soldats" du RPR et sur le point de rompre avec Jacques Chirac. Mais le changement de génération n’était pas pour 1988 (il a fallu attendre 2007 !), et François Léotard, trop apparatchik, a raté le train des Rénovateurs du printemps 1989, mais pas celui du balladurisme triomphant. Il croyait en ses chances d’être le Premier Ministre d’un Président élu principalement par l’UDF, Édouard Balladur, même si Matignon restait à l’époque promis à des ténors du RPR (Charles Pasqua, Alain Juppé ou Nicolas Sarkozy).

En 1995, la défaite d’Édouard Balladur (qui a apporté son soutien à Valérie Pécresse le 13 février 2022) a été le début de l’effondrement de l’influence politique de François Léotard. Président de l’UDF entre 1996 et 1998, il a cherché à conquérir la présidence du conseil régional de PACA pour la lourde succession de Jean-Claude Gaudin, mais refusant de s’allier avec les élus FN, il a perdu la présidence au bénéfice des socialistes. Contesté sur cette stratégie anti-FN au sein même de son parti (création de Démocratie libérale par Alain Madelin), il a quitté la présidence de l’UDF (reprise par François Bayrou avec son soutien) et mis fin définitivement à ses mandats électifs après la mort de son frère Philippe Léotard en été 2001, de gros ennuis de santé et des accusations folles et fausses (deux journalistes mal informés l’avaient accusé d’avoir commandité l’assassinat de l’ex-députée FN Yann Piat). Depuis cette date, il passe son temps à écrire ou à réfléchir, sans nourrir d’autres ambitions que de goûter la vie avec authenticité. De sa "bande à Léo" des années 1980 (Alain Madelin, Gérard Longuet, Philippe de Villiers, Jean-Jacques Descamps, Claude Malhuret, etc.), seul Gérard Longuet continuerait à le voir encore régulièrement.

De ce quart de siècle d’expérience politique, François Léotard en a tiré quelques ouvrages, en particulier "Ça va mal finir" (éd. Grasset) en 2008 : « Dans le monde sauvage des animaux politiques, il ne faut pas être sur le passage d’un prédateur. Je le sais, j’ai traversé imprudemment la savane. Chirac était un carnassier débonnaire. Avec lui, on était mort mais c’était sans rancune. Chacune de ses victimes, antilope déchiquetée et consentante, devenait digne d’une amitié nouvelle définitivement inoffensive. ».

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L’entretien assez long que François Léotard a accordé à Florent Barraco et publié dans "Le Point" le 5 mars 2022 n’avait pas pour objectif de parler de l’élection présidentielle mais plutôt de la guerre en Ukraine. En tant que libéral assumé, François Léotard a été de toutes les batailles de libéralisation politique dans des pays sous dictature : « J’ai été aux côtés de Vaclav Havel à Prague, de Sakharov avec Élie Wiesel à Moscou, de Walesa en Pologne, au Liban contre l’invasion syrienne, etc. Si j’étais plus jeune, je recommencerais et j’irais me battre en Ukraine, même si tout cela est symbolique. À l’époque, il s’agissait de comprendre et, si possible, de soutenir ces révoltes. Voilà revenir le temps de l’engagement personnel et collectif. ».

Pour François Léotard, il était impossible de négocier avec Vladimir Poutine : « Poutine a choisi, comme tous les dictateurs, le mensonge comme l’un des outils de son pouvoir. C’est un menteur biologique e nostalgique… Macron, qui est à peu près le contraire de cet homme-là, a tout tenté avec bonne foi pour défendre l’idée même de la paix et du dialogue. C’est à la fois son honneur et son péril, car Poutine n’écoute que la force. Il est comme un enfant qui a triché et qui ne veut pas entendre qu’on le lui reproche. Et nous parlons à un voyou avec naturellement le plus grand respect. (…) Le char d’assaut est son véritable et unique argument. ». Pour finir par conclure : « On peut l’appeler pendant des heures, mais une fois qu’il raccroche, il fait le contraire. On discute et, pendant ce temps, les chars avancent ! ». Ou reculent, d’ailleurs.

La plus grande fermeté face à la Russie aurait probablement été plus efficace. François Léotard a toutefois noté deux changements de paradigme très encourageants. En premier, l’Allemagne va se remilitariser : « L’Allemagne a pris un tournant historique. C’est un sursaut salvateur. J’ai beaucoup travaillé à l’époque avec le Chancelier Kohl et le Ministre de la Défense, monsieur Volker Rühe. L’Allemagne voulait être la puissance pacifique au cœur de l’Europe. Ils s’étonnaient de nos efforts militaires. C’est nous qui avions raison. ».

L’autre changement, c’est la perspective d’une véritable défense européenne, annoncée au Conseil Européen du 11 mars 2022 à Versailles : « Emmanuel Macron a raison : nous devons arriver à une défense européenne qui soit crédible. J’en ai rêvé, j’espère qu’il va le faire. Il y a bien sûr la question de la langue, de la culture militaire de chaque pays. Il y a des difficultés très concrètes qui feront que ce sera long à se mettre en place. ».

Et Emmanuel Macron alors ? François Léotard a été clair et précis : « Dieu merci, ça bascule du côté d’Emmanuel Macron. Et il le mérite ! (…) Dans le chaos qui entoure cette crise, c’est le seul qui en sort indemne. Mon choix est fait : c’est Macron, mais sans aveuglément. ». Un soutien sans ambiguïté dans une course présidentielle pour laquelle il n’a aucune illusion : « Au fond, qu’est-ce que c’est que cette histoire d’élection d’un Président au suffrage universel ? Je parle de la nôtre, la française, la plus stupide dans sa brutalité même. On sait maintenant que cela rend les candidats fous et les électeurs légèrement ivres… » ("Ça va mal finir", 2008).


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (20 mars 2022)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
La posture libérale en France.
Son frère.
François Léotard.
Claude Malhuret.
Valéry Giscard d’Estaing, le rêveur d’Europe.
Jean-Pierre Raffarin.
Jean-Pierre Fourcade.
Jean de Broglie.
Christian Bonnet.
Gilles de Robien.
La France est-elle un pays libéral ?
Benjamin Constant.
Alain Madelin.
Les douze rénovateurs de 1989.
Michel d’Ornano.
Gérard Longuet.
Jacques Douffiagues.
Jean François-Poncet.
Claude Goasguen.
Jean-François Deniau.
René Haby.
Charles Millon.
Pascal Clément.
Pierre-Christian Taittinger.
Yann Piat.
Antoine Pinay.
Joseph Laniel.

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