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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 19:25

Le résultat de la primaire ouverte UMP pour les élections municipales de mars 2014 à Lyon (face au maire sortant Gérard Collomb PS) organisée le dimanche 2 juin 2013 de 8h00 à 20h00 par vote traditionnel (pour 1 euro) est le suivant (sur 4 345 votants) :

Michel Havard (ancien député) : 40%
Georges Fenech (député) : 35%
Emmanuel Hamelin (ancien député) : 14%
Nora Berra (ancienne ministre) : 9%
Myriam Pleynard : 1%

Un second tour départagera Michel Havard et Georges Fenech le dimanche 9 juin 2013.

SR

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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 19:25

Le résultat de la primaire ouverte UMP pour les élections municipales de mars 2014 à Paris organisée du 31 mai au 3 juin 2013 par vote électronique (pour 3 euros) est le suivant :

Nathalie Kosciusko-Morizet : 58,2%
Jean-François Legaret : 20,4%
Pierre-Yves Bournazel : 10,7%
Franck Margain : 10,3%

Malgré les nombreuses campagnes contre elle, NKM a été largement choisie pour la bataille municipale et son principal opposant, Pierre-Yves Bournazel, a obtenu un résultat très faible.

SR

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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 07:41

Extraterrestre du paysage politique français, loin du microcosme "germanopratin" (!), un homme détone parmi les autres…


yartiDDV201301Dans la Ve République où tout converge vers l’élection présidentielle et le choix d’un homme providentiel pour diriger la destinée du pays pendant cinq ans, le choix du candidat est évidemment essentiel. Jusqu’en 2012, il se basait essentiellement sur une sorte de droit de candidature divin. Ou plutôt, de figure d’homme providentiel. Ou de femme providentielle (le raisonnement reste le même).

Évidemment, tout le monde ne pouvait avoir la légitimité historique de De Gaulle. C’est d’ailleurs pour cela que De Gaulle avait souhaité faire élire le Président de la République française par l’ensemble des citoyens, car il avait bien compris qu’après lui, seul le sacre du suffrage universel pouvait servir de légitimité politique à ses successeurs. Servir d’onction suprême et inattaquable.

Étonnamment, le parallélisme de l’homme providentiel s’esquissa également dans l’opposition avec la candidature quasi-permanente de François Mitterrand, à tel point qu’un rival comme Michel Rocard s’est senti obligé de s’effacer à deux reprises, en 1981 et en 1988.

Cela n’empêcha pas des divisions dans les différents camps, mais elles se géraient naturellement à l’occasion du premier tour de l’élection présidentielle, qui servait de "primaire à la française" : les duels entre Jacques Chaban-Delmas et Valéry Giscard d’Estaing, entre ce dernier et Jacques Chirac, puis, entre Jacques Chirac et Raymond Barre puis Édouard Balladur avaient permis de sélectionner le candidat du second tour avec plus ou moins d’élégance.

Mais la mécanique s’est vite cabrée en 2002, comme elle s’était déjà cabrée en 1969, en ne permettant pas un duel camp contre camp. La candidature de droit divin, plus prosaïquement légitimée par des sondages favorables (ce fut le cas notamment d’Édouard Balladur et Ségolène Royal), avait vécu.

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On a commencé alors à s’américaniser en imaginant un mécanisme de sélection des candidats qui n’avait plus rien à voir avec l’esprit de la Ve République (une personnalité face à son peuple) et qui va alimenter le régime des partis en leur donnant la part prédominante (d’où les réflexions sur l’intérêt d’une élection présidentielle). Cela a commencé par la primaire socialiste d’octobre 2011 qui fut un succès puisqu’elle a abouti à la victoire élyséenne de François Hollande. Et par ricochet, profondément divisée, l’UMP a elle aussi emboîté le pas le 14 mai 2013 sur le principe d’une primaire tout aussi ouverte en 2016.

Le constat ?
L’absence de personnalité providentielle.

Pourtant, l’opposition parlementaire ne manque pas de personnalités expérimentées…

À ceux qui s’inquiètent des idées de Jean-François Copé.
À ceux qui s’interrogent sur la perspicacité de François Fillon.
À ceux qui regrettent le dynamisme de Jacques Chirac.
À ceux qui ne regrettent pas le dynamisme de Nicolas Sarkozy.
À ceux qui se désolent des errements de François Bayrou.
À ceux qui doutent de la volonté de Jean-Louis Borloo.
À ceux qui sourient en écoutant Jean-Pierre Raffarin.
À ceux qui oublient l’ancienne toute puissance d’Alain Juppé.
À ceux qui trouvent encore trop jeune François Baroin.
À ceux qui estiment déjà trop âgé Édouard Balladur
À ceux qui s’étonnent du chemin pris par Nicolas Dupont-Aignan.
À ceux qui veulent ressusciter Philippe Séguin.
À ceux qui croient que Valéry Giscard d’Estaing est déjà disparu.
À ceux qui pleurent avec Simone Veil.
À ceux qui voudraient réconcilier Georges Pompidou, Edgar Faure et Jean Lecanuet.
À ceux qui refusent cette marche inaltérable du temps politique...

À tous ceux-là, on pourrait leur dire : il y a un homme, silencieux et absent, ne comprenant pas grand chose à la politique politicienne, qui, pourtant, a déjà fait beaucoup pour la politique française et qui prône l’unité nationale (comme François Bayrou) : Dominique de Villepin.

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Son âge (il va avoir bientôt 60 ans), sa formation (il est de la même promotion, à l’ENA, que Ségolène Royal et François Hollande), son aisance littéraire et sa capacité lyrique à insuffler de l’historique dans le banal (un peu à la manière d’un Jack Lang), sa stature internationale… tout pourrait en faire un parfait candidat à l’élection présidentielle en 2017… si ce n’est qu’il n’a jamais été qu’un électron libre refusant de se frotter à la dure loi du milieu politique, à savoir, rassembler ses amis dans un véritable parti. Raymond Barre, qui a un peu mieux réussi dans ses visées présidentielles, avait commis la même erreur au printemps 1985 en refusant de créer un parti spécifiquement barriste.

Pourtant, Dominique de Villepin, dont le talent national fut surtout d’avoir prononcé son important discours à l’ONU contre la guerre en Irak, n’est pas prisonnier des fatalités de la pensée ; au contraire, puisqu’il fut le seul responsable politique (en tout cas, le seul audible nationalement, avec Christine Boutin) à proposer un début de revenu universel.

Ses adversaires rappelleront évidemment le désastre politique du CPE au printemps 2006 : vote de la loi, manifestations, et non application de l’une loi pourtant promulguée ; tout pour encourager la "manif pour tous" malgré la promulgation de la loi sur le mariage des couples homosexuels le 18 mai 2013, la signature de son premier décret d’application le 24 mai 2013 et la célébration du premier mariage le 29 mai 2013 à Montpellier à grand renfort de médias, à la limite de la légalité républicain puisque juridiquement, il aurait fallu compter au moins dix jours après la publication, le 28 mai 2013, du décret d'application.

Ses adversaires rappelleront également son indigence électorale : aucun mandat électif, pas même de simple conseiller municipal d’une petite commune, et surtout, un grand mépris vis-à-vis des parlementaires. Son sens de l’État est celui du service, celui du haut fonctionnaire, dans des responsabilités confiées au mérite et pas soumises aux suffrages du moins disant.

Un peu volontaire, un peu incantatoire, un peu perspicace, un peu velléitaire, Dominique de Villepin aurait pu devenir le Raymond Barre du mandat de François Hollande, capable de donner bons et mauvais points depuis sa stature du commandeur. Mais finalement, il a tout fait pour n’être même pas un Michel Debré.

Mais où est donc Dominique de Villepin ?
La réponse vient d’être trouvée dans les écrans radar.

Il aurait récemment été aperçu au Qatar, en Afghanistan, en Turquie (parlant du génocide arménien), puis au Vietnam, et aussi en Malaisie


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (3 juin 2013)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Assurancetourix ?
République solidaire et le revenu universel.
Les moulins de l’UMP.
Le gaullisme politique.

yartiDDV201304 

 

  http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/mais-ou-est-donc-dominique-de-136558

 

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30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 07:37

Une nouvelle œuvre créationniste. Sans citer une seule fois le Président de la République, le député de Savoie a fait un bilan désastreux de la première année du quinquennat. Verbatim.


yartiDord01Il y a parfois des petits moments de saveur gratuits à l’Assemblée Nationale. Cela s’est passé ce mardi 28 mai 2013 au cours de la traditionnelle séance des questions au gouvernement.

Le député-maire UMP d’Aix-les-Bains, Dominique Dord (53 ans) a en effet fait une sortie tout à fait surprenante non sans fierté. Sans note mais à l’effet visiblement préparé, cet ancien expert en communication n’a en fait posé aucune question mais s’est amusé à pasticher la Bible, au risque de repousser son électorat chrétien, relativement important en Savoie.

Dominique Dord fut un ancien UDF-PR proche d’Alain Madelin et a commencé la politique assez tôt (il y a près de trente ans) aux côtés de Michel Barnier, ancien ministre et actuel commissaire européen, qui fut député-maire d’Albertville et aussi président du conseil général de Savoie. Conseiller régional de Rhône-Alpes en 1992, Dominique Dord a raté la mairie de Chambéry en juin 1995 face à l’ancien ministre socialiste Louis Besson à cause de la présence au second tour d’une liste du FN. Il a réussi néanmoins à se faire élire deux ans plus tard député (à 37 ans), puis maire d’Aix-les-Bains en mars 2001.

Après avoir renoncé à postuler à la présidence de l’UMP en novembre dernier (par manque de parrainages), Dominique Dord s’est positionné en faveur de l’ancien Premier Ministre François Fillon. Désigné trésorier de l’UMP le 30 août 2010 en remplacement du ministre Éric Woerth, il a démissionné avec retentissement de son poste juste après l’élection controversée du président de l’UMP du 18 novembre 2012, pour contester l’instrumentalisation de l’appareil interne en faveur de Jean-François Copé. Depuis le 3 février 2013, il est désormais secrétaire général adjoint de l’UMP dans une direction pléthorique et paritaire après la réconciliation des deux camps.

C’est clair que la tirade qu’a prononcée Dominique Dord devant ses collègues parlementaires et les membres du gouvernement n’a rien de constructif et s’expose plus dans le cadre potache de blagues de classe que de contribution décisive au débat public. Cette séance très suivie est souvent l’occasion pour des députés de base d’en rajouter dans la polémique, même pour des sujets plutôt consensuels, c’est la condition pour être bien vu de ses électeurs dans sa circonscription, en clivant artificiellement.

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Dominique Dord n’a donc pas dérogé à la règle, et contrairement à d’autres, il l’a fait avec brio.

Voici sa tirade dans son intégralité :

« Le premier jour, il est allé voir madame Merkel. Il lui a dit : "Madame Merkozy, je veux renégocier votre traité". Elle lui a dit : "Nein !". Alors, il a dit : "Au diable les Allemands, ces conservateurs égoïstes !". Et vous avez ratifié le traité.

Le deuxième jour, il a voulu casser tout ce qu’avait fait Nicolas Sarkozy. Finies, les heures supplémentaires pour 8 millions d’ouvriers et d’employés ! Il a dit : "Au diable, le pouvoir d’achat des classes moyennes !"

Le troisième jour, il a levé 30 milliards d’impôts. Tous les riches ont quitté le pays et il a dit : "Au diable les riches ! Qu’ils aillent dépenser leur argent en Angleterre !"

Le quatrième jour, il s’est fait plaisir. Il a levé 7 milliards de dépenses, en créant, par exemple, 60 000 postes dans l’éducation. Il a dit : "Je refuse de céder au diktat des 3% ! Nous serons à 3,6% !". On apprend aujourd’hui qu’il est à 3,9%. Il a dit : "Vive les déficits et vive les marchés financiers !"

Le cinquième jour, il a récompensé madame Royal : il a fait d’elle une banquière, parce qu’elle le vaut bien ! Et il a dit : "Au diable la République irréprochable !"

Le sixième jour, il a envoyé la police contre les familles qui tentaient de s’accrocher au peu de repères qu’elles avaient encore. Et il a dit : "Au diable les familles, les religions, les conservateurs et les rétrogrades ! Vive le progrès ! Vive les LGBT !"

Enfin, le dernier jour, comme le veut la tradition, il s’est reposé. Il est monté sur le mont Corrèze avec Valérie pour contempler son œuvre, et là, il a vu une France en ruine, des Français sans un sou, sans espérance, sans avenir, sans fraternité. Et il a eu cette phrase historique, il a dit : "Je sais que je tiens le bon cap". Alors, il est revenu à Paris en train, comme il l’avait promis ! »

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À chaque phrase, quelques parlementaires de la majorité et quelques ministres montraient leur indignation plus que leur sens de l’humour et à la fin de cette "question" (sans point d’interrogation), le Président de l’Assemblée Nationale Claude Bartolone s’est cru obligé de rappeler qu’on ne devait pas évoquer ainsi le Président de la République dans cette enceinte, en ces termes : « Monsieur Dord, je vous rappelle qu’il est de tradition, dans notre hémicycle, de ne pas mettre en cause le Président de la République. Cette tradition a toujours été appliquée, notamment par mon prédécesseur. ».

Un peu plus tard, le député UMP Yves Albarello venait à la rescousse de son collègue savoyard en rappelant, avant de poser sa question, ceci : « Monsieur le Président, je voudrais d’abord rappeler de façon dépassionnée que, tout au long du précédent mandat présidentiel, les membres de l’actuelle majorité n’ont eu de cesse de salir la personne de Nicolas Sarkozy ! ». Cela fait un peu "cour de récréation" (du genre "c’est celui qui le dit qui l’est").

Cela dit, Dominique Dord a quand même reçu une réponse à sa non question, prononcée par le Ministre de l’Économie et des Finances Pierre Moscovici :

« Monsieur le député, la vraie réponse vient d’être apportée par le Président de l’Assemblée Nationale.

Il ne s’agissait d’ailleurs pas d’une question, mais d’une simple parabole, d’une fable totalement polémique, comportant en outre des aspects personnels totalement indignes d’un membre de cette assemblée ! Peut-être êtes-vous tout à coup envahi par l’enthousiasme d’avoir appris à manifester, ce que vous ne saviez pas faire ! Puis vous êtes entré dans une espèce d’exubérance irrationnelle qui vous conduit à toutes les exagérations, à toutes les piques et à toutes les insultes. Ce que vous dites, en réalité, n’a aucun sens, si ce n’est peut-être que ce chemin des sept jours, c’est celui que vous avez parcouru au cours des cinq années précédentes !

Les Français vous ont mis au repos, compte tenu de l’échec retentissant de votre politique sur les déficits, le chômage, la dette, l’emploi, l’industrie et la compétitivité.

Votre question ne mérite pas d’autre réponse, si ce n’est pour dire que ce gouvernement, sous l’impulsion du Président, travaille à redresser un pays… que vous avez laissé dégradé, affaibli et divisé. Il travaille à relancer la compétitivité et l’emploi et, s’agissant de l’Europe, il travaille à redonner un sens à la construction européenne.

Monsieur Dord, la conclusion vous appartient : puisque vous êtes au septième jour, reposez-vous, car vous en avez besoin ! »

Comme on le voit, Pierre Moscovici n’a pas montré un sens particulièrement aigu de l’humour. Bien entendu, Dominique Dord n’avait rien dit de constructif, ai-je rappelé au début de ce verbatim, mais son interlocuteur du gouvernement non plus. Il n’est pas forcément stupide de s’amuser un peu entre deux épisodes de tension dans les débats parlementaires, non ?



Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (30 mai 2013)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
François Hollande.
Conférence de presse du 16 mai 2013.
Pierre Moscovici.
François Fillon.
Mariage pour les couples homosexuels.

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http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/la-genese-selon-dominique-dord-136547

 

 

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29 mai 2013 3 29 /05 /mai /2013 07:07

Voici une attaque très claire contre la dérive droitière observée ces dernières années à l’UMP. En ligne d’horizon, l’élection présidentielle de 2017 et le projet du futur candidat de l’UMP.


yartiBaroinA01Après l’accord sur l’organisation d’une primaire présidentielle ouverte prévue pour 2016 et l’acceptation "molle" de laisser Jean-François Copé présider l’UMP jusqu’en septembre 2015, les fillonistes ne désarment pas et continuent la pression sur les copéistes. Après le manque de leadership soulevé par Laurent Wauquiez le 26 mai 2013, voici qu’un autre baron du fillonisme embraie de manière très explicite sur les valeurs.

À bientôt 48 ans, le député-maire de Troyes, successeur attitré de Roger Galley, disparu le 8 juin 2012, l’un des recordmans de longévité ministérielle (entre le 30 mai 1968 et le 13 mai 1981), François Baroin a tout pour être heureux.

Au look perpétuel de Harry Potter, compagnon de la comédienne Michèle Laroque, François Baroin était avant tout le protégé du Jacques Chirac qui l’a nommé ministre lorsqu’il avait à peine 30 ans. Après avoir été sorti du gouvernement quelques mois plus tard avec les "Juppettes", François Baroin a poursuivi une carrière politique classique qui l’a ramené au gouvernement de Dominique de Villepin du 2 juin 2005 au 15 mai 2007 puis, bien que chiraquien, il fut rappelé après la défaite des régionales, le 22 mars 2010 par Nicolas Sarkozy à Bercy, d’abord au Budget puis à l’Économie et aux Finances.

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Après un passage éclair à l’Intérieur (26 mars au 15 mai 2007), François Baroin avait réussi à entrer dans la cour des grands le 29 juin 2011 en succédant à Christine Lagarde nommée directrice générale du FMI après la démission tonitruante de Dominique Strauss-Kahn. Place Beauvau et Bercy sont deux places fortes ministérielles essentielles pour les personnalités ambitieuses (qu’avait obtenues notamment Nicolas Sarkozy entre 2002 et 2007).

Partisan d’une droite modérée et d’un cordon sanitaire à l’égard du Front national, François Baroin s’était éclipsé du jeu des ego après le printemps 2012 : principal membre de la "bande à Copé", François Baroin (comme Valérie Pécresse) avait préféré rejoindre l’ancien Premier Ministre François Fillon dans la perspective de l’élection présidentielle de 2017.

Refusant toute responsabilité dans une UMP entachée d’irrégularités, il a surtout voulu occuper le terrain des idées et des valeurs. Or, s’il s’est éloigné de Jean-François Copé (ce qui a été sans doute pour ce dernier le plus amer dans cette bataille interne), c’est pour une raison simple qui peut être associée aux petites phrases qui laissaient clairement entendre que Jean-François Copé voulait faire du "Sarkozy puissance dix" dans la récupération de l’électorat du FN.

Il a sonné la charge cette semaine dans une interview à l’hebdomadaire "L’Express" du 30 mai 2013 en étant parfaitement clair sur les valeurs. Il regrette la ligne Buisson depuis 2007 et souhaite avant tout revenir à l’inspiration des fondateurs de l’UMP, à savoir Jacques Chirac, Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin : « Le FN, c’est l’extrême droite, l’ennemi irréductible des gaullistes, donc de l’UMP. Il faut rétablir le barrage établi par Jacques Chirac, qui a eu pour effet de faire éclater le FN en deux [avec le MNR de Bruno Mégret en décembre 1998]. » (il faut noter le mot très fort d’ennemi alors que dans le débat politique, on parlerait plutôt d’adversaire).

Ce qui inquiète François Baroin, c’est surtout la trop grande puissance médiatique de la "Droite forte" (qui a remplacé dans les médias la "Droite populaire"), avec « beaucoup de gens à l’UMP, rémunérés, battus ou non représentatifs, qui parlent sans légitimité » pour fustiger notamment Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, mais aussi Patrick Buisson, l’ancien conseiller présidentiel de Nicolas Sarkozy, « qui n’a aucune légitimité pour parler au nom d’un peuple qu’il n’a jamais rencontré » et pour insister sur le fait que « son influence est nocive, nous devons le combattre ! ».

Mais implicitement, il s’en prend avant tout à la ligne des pains au chocolat de Jean-François Copé, et à cette doctrine du ni-ni instaurée depuis le 20 mars 2011 qui voudrait que dans un duel électoral de second tour entre un candidat du FN et un candidat socialiste, l’UMP ne choisisse personne : « Nous devons revoir cette affaire du ni-ni » même s’il admet quelques exceptions : « il sera impossible de demander à nos militants de voter pour un candidat d’extrême gauche ou un candidat qui a des casseroles, l’abstention sera donc le refuge naturel ».

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Pour François Baroin, ce sujet dresse un réel clivage au sein de l’UMP : « Il y a aujourd’hui, à la droite de l’UMP, une trop grande porosité avec les positions traditionnelles de l’extrême droite. ». Et d’observer « une vraie ligne de fracture (…) entre ceux qui veulent déplacer le centre de gravité vers la droite et ceux qui, comme Alain Juppé, François Fillon, moi-même et bien d’autres, naturellement, souhaitent conserver l’esprit du pacte des fondateurs ».

Évidemment, dans ses propos, l’ancien Ministre de l’Économie et des Finances n’a pas voulu s’en prendre directement à Nicolas Sarkozy lui-même, pourtant à l’origine de cette droitisation de l’UMP depuis 2004, et plus particulièrement une fois élu à l’Élysée, tant dans une rhétorique de stigmatisation que dans son discours de Grenoble.

François Baroin ne l’épargne cependant pas puisqu’il le presse de dire clairement, dès 2015, s’il veut ou pas revenir dans le jeu politique et se présenter à l’élection présidentielle de 2017. François Baroin, lui, semble avoir déjà choisi François Fillon dont il se verrait bien, au même titre que Valérie Pécresse, le Premier Ministre...


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (29 mai 2013)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Le petit-fils spirituel de Jacques Chirac (mars 2007).
Retour au gouvernement (mars 2010).
Colère à Bercy (juin 2011).
Roger Galley.
Jacques Chirac.
Nicolas Sarkozy.
François Fillon.
Jean-François Copé.
L’UMP.
Peut-on récupérer l’électorat du FN ?

yartiBaroinA04

 

 

  http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/ump-francois-baroin-veut-enterrer-136505

 

 

 

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14 mai 2013 2 14 /05 /mai /2013 00:53

Né le 30 novembre 1922 à Strasbourg, André Bord était issu d'une famille ouvrière et, habitant l'Alsace, a refusé l'incorporation dans l'armée allemande. Il s'est alors engagé à 19 ans dans la Résistance en 1941 en Dordogne où il fut condamné à mort par contumace. Il s'occupa d'organiser la Résistance en Alsace et en Lorraine (à Ronchampt, dans les Vosges etc.) et participa aux combats en janvier 1945 en Alsace et même en Allemagne jusqu'à la fin de la guerre.

Il entama ensuite une carrière politique en se faisant élire député UNR à quasiment 36 ans en 1958, mandat qu'il garda jusqu'en 1981. André Bord fut membre du gouvernement sans discontinuité du 8 janvier 1966 au 6 avril 1978, l'un des records de longévité, dans des postes cependant mineurs (surtout chargé des Anciens combattants). Il fut ensuite conseiller européen de Jacques Chirac en 1981 et fut un défenseur inlassable de la construction européenne et de l'amitié franco-allemande.

Il fut également un grand élu local, élu président du conseil général du Bas-Rhin de 1967 à 1979 (conseiller général depuis 1961), mais fut battu sur son canton en 1979 par le centriste Daniel Hoeffel (qui lui succéda à la présidence du conseil général). André Bord fut également le premier président du conseil régional d'Alsace le 15 décembre 1973 et fut régulièrement élu conseiller municipal de Strasbourg de mars 1959 à mars 1989. Il fut également député européen de 1961 à 1966 (non élu, délégué par le Parlement français) et de 1982 à 1984 (élu).

SR


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20 mars 2013 3 20 /03 /mars /2013 20:47

Le président de l'UMP Jean-François Copé a prononcé un discours assez combatif contre la politique du gouvernement Ayrault lors de la discussion de la motion de censure déposée par l'UMP à l'Assemblée Nationale le mercredi 20 mars 2013.


Cliquer sur le lien pour télécharger le discours (fichier .pdf) :

http://www.u-m-p.org/sites/default/files/fichiers_joints/articles/2013-03-20_-_ump_-_discours_-_jean-francois_cope_-_motion_de_censure.pdf



SR


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4 mars 2013 1 04 /03 /mars /2013 07:16

Finie la rivalité avec Jean-François Copé, finie la soumission à Nicolas Sarkozy. François Fillon a montré qu’il savait cogner dur contre le gouvernement, parfois avec une ironie mordante, et qu’il savait exprimer clairement son ambition présidentielle au service d’un projet solide. Métamorphose d’un suiveur en leader. Seconde partie.


yartiFillon2013022602Après les attaques contre le pouvoir, François Fillon a bâti ses propositions par une série de "nœuds" qu’il fallait trancher.


Puissance internationale vs puissance régionale

Il y a le nœud « qui nous fait hésiter entre le choix d’assumer la mondialisation et la tentation de la rejeter ». Pour lui, il ne faut pas d’ambiguïté et affirmer clairement vouloir que la France reste une puissance internationale en s’organisant au sein d’une Europe puissante au lieu de subir « les coups qui sont réservés aux puissances régionales ». L’Europe, c’est « un levier décisif pour le rayonnement de la France ». Cela passe selon lui par un "noyau dur politique" avec l’Allemagne, en appelant de ses vœux une « confédération entre nos deux patries ».

François Fillon s’est montré conscient des crispations sur le projet européen mais « l’euroscepticisme et le repli sur nous-mêmes sont tellement dans l’air du temps, mais l’air du temps ne fait pas l’Histoire. Il la subit ! ».

Il voit trois strates à l’organisation européenne : un espace homogène entre la France et l’Allemagne, l’Europe des 28 (il a dit 27 mais la Croatie sera membre le quatre mois), et au-delà, il souhaite « bâtir les structures d’une Europe continentale » avec une association entre l’Union Européenne et deux États essentiels, la Russie et la Turquie.


Compétitivité vs privilèges sociaux de certains

Il y a aussi le nœud « qui nous fait hésiter entre la productivité nationale et la protection de nos acquis ». C’est probablement le seul clivage qui donne encore du sens à l’opposition droite/gauche.

Rejetant le statu quo qui ferait croire à la préservation d’acquis alors que ces derniers ne sont réservés qu’à une catégorie de plus en plus restreinte de la société, François Fillon a tenu un discours de raison forcément peu populaire mais courageux : « Si la croissance et l’emploi sont véritablement notre objectif absolu, alors assumons des changements de fond ! ».

Parmi les changements de fond, la décentralisation du dialogue social, la fin des 35 heures (retour aux 39 heures), qui constitue, il faut bien le reconnaître, un serpent de mer pour la droite depuis plus de dix ans, la réorganisation de la formation professionnelle, l’intégration des universités dans le monde économique, la "vraie" refondation de l’école : « Ce n’est pas de centralisme démocratique dont l’école a besoin mais d’autonomie et de liberté. ».


Ne plus croire aux trésors cachés

Le nœud des déficits publics et sociaux est parmi les plus douloureux à traiter. François Fillon a fait ce diagnostic : « Cette schizophrénie nationale qui nous conduit à ne plus supporter les impôts mais à demander toujours plus à l’État et à la solidarité sociale ne doit plus durer. Arrêtons de croire qu’il y a des trésors cachés que l’on peut débusquer pour rester une nation fraternelle. ».

yartiFillon2013022603

Pour l’ancien Premier Ministre, la solution pour remettre sous contrôle les finances publiques est de réduire la voilure de l’État et des collectivités publiques : relever l’âge de la retraite à 65 ans (à condition que les "seniors" puissent trouver du travail !), reposer la question de la dégressivité des allocations chômage (ce qui ne me paraît pas très pertinent), réduire les effectifs (en particulier dans les collectivités locales qui ont multiplié les doublons) et simplifier le mille-feuilles territorial : « Nous n’échapperons pas (…) à la fusion des régions et des départements et à celle des communes et des communautés. ».


La sécurité, c’est nous

En parlant du nœud « qui enserre notre civisme et nos responsabilités », François Fillon a voulu évoquer les enjeux de la sécurité en affirmant que l’État devait être ferme avec les délinquants, mais aussi en considérant que c’était aussi l’affaire de tous : « La sécurité, c’est aussi nous ! (…) Avant de tout exiger de l’école, bien des familles feraient mieux de ne pas détourner leurs yeux de l’éducation de leurs propres enfants. ».

Le tonnerre d’applaudissements qui a suivi cette phrase a illustré les difficultés des enseignants à faire respecter leur autorité face à des élèves indisciplinés qui sont soutenus par leurs parents (et parfois par le chef d’établissement pour ne pas faire de vague).


Transcender nos origines

Le dernier nœud qu’a traité François Fillon est sans doute le plus intéressant et le plus original en faisant une opposition entre le patriotisme, « seule façon de transcender nos origines, nos races, nos religions » (au passage, il a commis une grossière erreur en parlant des races humaines au pluriel), et le nationalisme, mené « par un vent de démagogie et de xénophobie » et servi par un populisme européen avec une multiplicité des « voix de la radicalité ».

François Fillon, qui a observé que ce populisme s’est exprimé dans beaucoup pays d’Europe (en Italie encore la veille), n’en a pas démordu : « De l’extrême droite à l’extrême gauche, ce ne sont que des appels au protectionnisme, à l’exacerbation nationale, à la revanche sociale. Comme si la France pouvait trouver son salut dans le repli et la colère. Être populaires sans être populistes, c’est le défi des républicains que nous sommes ! ».

Au lieu de s’être jeté à corps perdu dans les abysses de la démagogie sécuritaire, c’est ce discours de bon sens, un peu plus digne sur l’unité nationale, qu’aurait dû tenir Nicolas Sarkozy pendant sa campagne présidentielle de 2012 s’il avait voulu convaincre le petit million d’électeurs qui lui ont fait défaut pour gagner.


Force républicaine

Cette ligne programmatique étant posée, François Fillon a expliqué comment il comptait arriver, en 2016, à être l’homme de la situation pour le prochain quinquennat.

En particulier, en faisant renaître son club de réflexion "France 9" qu’il a rebaptisé en "Force républicaine".

yartiFillon2013022605

Cette expression n’est pas tellement heureuse ni originale (François Bayrou avait transformé le CDS en Force démocrate le 25 novembre 1995 à Lyon ; Jean-Christophe Lagarde avait repris l’expression le 10 juillet 2012 en rajoutant "européen"), et pourrait lui procurer quelques déboires juridiques car c’est aussi la marque d’un candidat aux législatives du 10 juin 2012, dans sa propre circonscription parisienne, qui, certes, n’avait recueilli que 28 voix mais qui a déposé l’expression sémantique à l’INPI comme marque commerciale et qui exploite également le nom de domaine rattaché (François Fillon a acheté des noms de domaine approchés).

C’est là la marque d’un curieux amateurisme en communication politique (avant d’annoncer une nouvelle "marque", il vaut mieux la verrouiller juridiquement et sur Internet) et d’autant plus curieux que l’expression avait été mise en compétition avec une autre qui paraissait bien plus prometteuse : "France futur".


Doute mais détermination

Le discours de la Mutualité de ce 26 février 2013 a donc été un véritable discours fondateur qui marquera les esprits politiques (au même titre que le discours du Bourget du 22 janvier 2012 pour François Hollande). Ce n’est que le point de départ de la présidentialisation de François Fillon.

Bénéficiant d’une cote de popularité encore enviable, dépassant de loin celle de Jean-François Copé, François Fillon a donné aux sympathisants de l’opposition une nouvelle vision de l’avenir : d’une part, qu’il y avait bien une opposition contre un gouvernement brouillon et inefficace ; d’autre part, qu’il y avait un homme capable d’incarner le changement de politique.

La détermination de François Fillon a pu étonner ceux qui ne voyait en lui qu’une personnalité fade et sans aspérité. Cela ne l’a pas empêché de douter de lui, en faux modeste, pour rester prudent : « Serai-je prêt le moment venu, et les Français seront-ils au rendez-vous ? Aujourd’hui, je ne le sais pas. Mais je me lance ! ».

Cela ne lui a pas résolu son problème insoluble sur la prochaine élection du président de l’UMP en septembre 2013 : faudra-t-il y aller ou pas ? La réanimation de son club politique semble avoir parlé pour lui…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (1er mars 2013)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
François Fillon n’est-il qu’un simple collaborateur ?
François Fillon, le sauveur de l’UMP ?
François Fillon à Matignon.
François Fillon, rigueur et vérité.
François Fillon candidat à la présidence de l’UMP.
L’UMP réconciliée ?
François Fillon et le syndrome Raymond Barre.
Discours de François Fillon à la Mutualité le 26 février 2013 (texte intégral).
Interview de François Fillon au journal "Le Monde" daté du 27 février 2013 (texte intégral).

yartiFillon2013022607


http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/l-envol-presidentiel-de-francois-131668



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2 mars 2013 6 02 /03 /mars /2013 01:11

Finie la rivalité avec Jean-François Copé, finie la soumission à Nicolas Sarkozy. François Fillon a montré qu’il savait cogner dur contre le gouvernement, parfois avec une ironie mordante, et qu’il savait exprimer clairement son ambition présidentielle au service d’un projet solide. Métamorphose d’un suiveur en leader. Première partie.


yartiFillon2013022601C’était la semaine de rentrée politique de l’ancien Premier Ministre François Fillon après plus de deux mois de silence médiatique qui sortir des vapeurs de la crise à l’UMP : une (courte) intervention au journal de 20 heures de Claire Chazal le dimanche 24 février 2013 (où il n’a pas dit grand chose sinon ne renoncer à rien), une interview au journal "Le Monde" publiée dans l’après-midi du mardi 26 février 2013 et un grand meeting à la Mutualité de Paris, le même jour à 19h00.


Salle bondée

Le choix de la date et de l’heure pouvait surprendre (en pleine semaine, un mardi, à 18h30, juste avant les vacances d’hiver pour les Parisiens) : était-ce le meilleur moment pour mobiliser le plus de monde ? Paraphrasant André Malraux à propos du gaullisme, François Fillon a même remarqué, petite pique contre Jean-François Copé : « L’UMP est loin d’être la maison des Français qui se pressent dans le RER de 18 heures . ».

Pourtant, la foule a été au rendez-vous et la salle, qui compte deux mille sièges, remplie à craquer, beaucoup de participants devant rester debout. Non seulement François Fillon a réussi son pari de mobiliser ses troupes mais il a réussi à mobiliser un large aréopage de hiérarques de l’UMP : Laurent Wauquiez, Valérie Pécresse, Gérard Larcher, Christian Poncelet, Bernard Accoyer, Hervé Gaymard, François Baroin, Jérôme Chartier, Éric Ciotti, Christian Estrosi, Gérard Longuet, Jean Tibéri, Pierre Lellouche, Jean Leonetti, Éric Woerth, Patrick Devedjian, Bernard Debré…

La "guest star" fut évidemment Nathalie Kosciusko-Morizet qui, par sa présence, a apporté son soutien à François Fillon tandis que ce dernier, réciproquement, a apporté le sien à la candidature de l’ancienne ministre à la mairie de Paris. Ce fut l’occasion pour François Fillon d’annoncer qu’il ne souhaitait pas concourir pour Paris, qu’il ne voulait pas cumuler les mandats et qu’il était favorable au renouvellement des générations.

yartiFillon2013022606

Ovationné lors de son arrivée dans la salle (la même où Nicolas Sarkozy avait annoncé sa défaite électorale le 6 mai 2012) et englouti par la mare jaillissante des journalistes et photographes, François Fillon a prononcé un discours très construit, très combatif, clair dans ses intentions, incisif, avec la prétention d’être le véritable leader de l’opposition (lire le texte intégral du discours ici).


Désormais à son compte

La mue s’est réalisée lentement, progressivement mais sûrement. François Fillon est un homme réservé, courtois, élégant et semble avoir toujours eu des scrupules lorsqu’il voulait avancer ses ambitions. Jusqu’à maintenant, il avait toujours cheminé dans le sillage d’un autre : Joël Le Theule (1978-1980), Philippe Séguin (1981-2001), Jacques Chirac (2001-2004) et Nicolas Sarkozy (2004-2012). Le voici maintenant libéré de ses parrains et seul, seul face à son ambition nationale.

Pour bien le faire comprendre, il a même dû décocher quelques flèches pour prendre son envol en solitaire ; que ce soit Nicolas Sarkozy ou lui, ils sont maintenant au même niveau, dans l’opposition, sans pouvoir de décision sur l’avenir de la nation : « Nos lauriers sont à terre. Il n’y a plus ni préséance, ni hiérarchie. (…) Ne cherchons pas d’excuses ou de sauveur suprême car en République, ce sont les citoyens eux-mêmes qui se sauvent ou qui se perdent. ».

L’entourage de Nicolas Sarkozy a même dû réagir en rappelant que les deux hommes ne seraient pas de la même catégorie. Pourtant, une telle réaction va dans le sens de François Fillon et a mis en valeur justement le début de cette aventure solitaire, histoire de faire comprendre que Nicolas Sarkozy appartient au passé comme Valéry Giscard d’Estaing a appartenu au passé depuis sa défaite du 10 mai 1981. Et malgré cela, l’avenir n’est pas vide.


Stature présidentielle

Aujourd’hui, François Fillon trace désormais son propre sillage avec une double cible : l’élection présidentielle de 2017 en passant par une primaire ouverte de l’UMP en 2016, primaire qui avait tellement favorisé médiatiquement le candidat socialiste en 2011.

Homme d’État, il n’a plus rien à prouver sur sa capacité personnelle à décider au plus haut niveau du pouvoir : « J’ai vécu dans l’intensité des responsabilités gouvernementales, au point de me sentir parfois dépossédé d’une part de moi-même. (…) L’épopée du Général De Gaulle, c’est elle qui avait fait de moi un militant… Trente-cinq ans plus tard, vous êtes à Matignon, dans votre bureau, face à votre époque. Les marges de manœuvre sont réduites à néant par la crise. (…) Le pays tape à votre porte pour qu’on l’aide et le protège. Vous l’aidez, vous le protégez du mieux possible, mais vient le moment où vous dites "non". (…) Mais ce "non" fait de vous un homme qui fait passer ses responsabilités avant ses intérêts. Ce "non" vous transforme. ». Il a également affirmé assumer tout le quinquennat précédent : « Nous avons évité à notre pays le drame que vivent les Grecs, les Espagnols, les Irlandais. ».


Un discours très réfléchi

Sur la forme, François Fillon a lu un peu trop souvent ses notes mais s’est montré globalement un bon orateur, lançant ses attaques en plein dans le mille ou distillant ses intentions personnelles bien plus clairement que d’habitude.

Sur le fond, son discours a été très bien construit intellectuellement, en n’étant pas seulement une critique du gouvernement actuel mais aussi un mode d’emploi pour construire son projet présidentiel. Son leitmotiv a été de vouloir trancher des nœuds qui minent la société française. On ne peut pas s’empêcher, bien sûr, de mettre en perspective cette construction avec le fameux "nœud gordien" de Georges Pompidou dont François Fillon se veut le lointain héritier.

yartiFillon2013022608

Prenons d’abord les critiques contre le pouvoir actuel.


Vous aimez Voltaire ? On nous prend pour Candide !

François Fillon a mis les rieurs à ses côtés en critiquant la nomination de Ségolène Royal comme vice-présidente de la BPI (la banque publique d’investissement). Elle est issue de la même promotion à l’ENA que le président de la BPI, Jean-Pierre Jouyet mais aussi de son ancien compagnon et actuel Président de la République François Hollande, de la directrice de cabinet de celui-ci (Sylvie Hubac), du Secrétaire Général de l’Élysée (Pierre-René Lemas) et du Ministre du Travail MIchel Sapin (même promo par ailleurs que Dominique de Villepin).

Il a été très dur ses les fausses promesses d’exemplarité : « Il est vrai qu’on vient de créer une Banque publique d’investissement. Mais c’est aussitôt pour en confier la direction à la promotion Voltaire. "Moi, Président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit exemplaire !". Je ne savais pas que madame Royal si experte des circuits financiers… Vous aimez Voltaire ? Vous feriez bien, car on nous prend pour Candide ! ». C’était pourtant prévisible dès le début de la campagne électorale.

yartiFillon2013022604

Cette petite phrase n’est pas venue par hasard : quelques heures auparavant, François Hollande décorait effectivement à l’Élysée, entre autres (il a aussi décoré Edgar Morin), un ancien de sa promo, Dominique Villemot, à qui il a dit, pour plaisanter : « Une fatalité pèse sur vous : vous êtes sorti de la fameuse promotion Voltaire de l’ENA. Toute distinction d’un de ses membres devient suspecte. Elle apparaît comme une faveur, une indulgence pour ne pas dire une connivence, un privilège. Je m’en voudrais presque d’avoir réussi le concours cette année-là si ça devait effacer la lucidité des commentateurs sur les mérites des anciens élèves issus de cette promotion qui ne me doivent rien, à qui je doit peut-être beaucoup. » (en disant cela, d’ailleurs, François Hollande ne s’est pas aidé, car décorer des personnes à qui l’on doit beaucoup, cela pourrait s’apparenter à du renvoi d’ascenseur, pour ne pas dire plus).


Il n’y aura plus assez de sapins

La principale critique a porté sur la politique économique désastreuse : « Les socialistes préfèrent demander aux ménages et aux entreprises de payer la note des déficits plutôt que d’exiger de l’État qu’il se serre la ceinture. (…) Le gouvernement stigmatise et surtaxe le capital mais supplie les investisseurs étrangers de venir sauver nos entreprises malades. Voilà la contradiction du socialisme : d’un côté, la démagogie fiscale dans l’Hexagone ; de l’autre, la course aux financements extérieurs. ».

François Fillon a violement fustigé les prévisions du gouvernement : « Il aura suffi de six mois pour pulvériser les hypothèses de croissance que le gouvernement avait érigées en objectifs centraux de son action. Le taux de croissance sera proche de 0% et le déficit de 3,7%. On appréciera au passage la nouvelle cacophonie gouvernementale, avec Fabius qui ouvre le bal en livrant son pronostic sur le taux de croissance, Moscovici qui voit passer les balles, et Ayrault et Hollande qui pédalent. (…) François Hollande s’était engagé à réduire le déficit. (…) Un engagement de campagne de plus aux oubliettes ! Le cimetière des promesses électorales non tenues s’étend chaque jour. Bientôt, il n’y aura plus assez de sapins ! ».


À côté de l’urgence

Autre critique, celle contre le mariage pour les couples homosexuels : « La récession nous guette, l’Europe stagne, et sur le plan intérieur, la France se déchire sur la question du mariage. Derrière ce mariage (…), je vois poindre une vision de la société à laquelle j’oppose ma conception de la République. Je veux parler de cette société où l’extension des droits l’emporte sur tout autre considération. (…) Je ne veux pas caricaturer tous ces sujets qui sont sensibles et sur lesquels aucune réflexion n’est en soi illégitime. Mais je pose une question : à quand un projet de loi où figure le mot "devoir" ? Il y a une dérive inquiétante à voir un gouvernement se pencher sur les attentes de chacun sans jamais s’interroger sur l’unité de la nation. ».

Craignant que la conception de la « citoyenneté à géométrie variable » du gouvernement n’entraîne le communautarisme et l’égoïsme, François Fillon voudrait un pays qui se sente solidaire : « Dans un monde de sept milliards d’habitants, tout notre objectif est au contraire de solidifier nos repères communs. Les soixante-cinq millions de François ne doivent pas être encouragés à dire "et moi, et moi, et moi", mais entraînés à dire "et nous" ! ».

Pour l’ancien Premier Ministre, le souci réel est la priorité de l’action publique : « Nous sommes sur la pente du déclin, et je n’accuse pas François Hollande d’en être le seul responsable, je ne l’accuse même pas d’être socialiste, je l’accuse d’être à côté de l’urgence ! ». Une phrase qui redonnait sens aussi à son évocation du suicide d’un demandeur d’emploi devant une agence de Pôle Emploi de Nantes ou à celle de la guerre au Mali.


Foucades ministérielles

François Fillon a tenu des propos sans concession contre les saillies intempestives du Ministre de l’Éducation nationale Vincent Peillon : « L’urgence n’est pas de créer des zones pour les vacances d’été mais de recentrer l’école sur les savoirs fondamentaux, sur l’apprentissage du respect des autres et de l’autorité, l’ouvrir sur le monde du travail, la placer au cœur de la République » pour observer : « Quelle autre école dans le monde vit au rythme des foucades d’un ministre qui affectent douze millions d’élèves et leurs familles ? ».


C’est évidemment toujours facile de jouer au chamboule-tout quand on est dans l’opposition. Toutefois, François Fillon a passé une grande partie de son meeting, au contraire, à chercher des pistes de proposition pour redresser la France, que je détaillerai dans le second article consacré à cette intervention publique.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (1er mars 2013)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
François Fillon n’est-il qu’un simple collaborateur ?
François Fillon, le sauveur de l’UMP ?
François Fillon à Matignon.
François Fillon, rigueur et vérité.
François Fillon candidat à la présidence de l’UMP.
L’UMP réconciliée ?
François Fillon et le syndrome Raymond Barre.
Discours de François Fillon à la Mutualité le 26 février 2013 (texte intégral).
Interview de François Fillon au journal "Le Monde" daté du 27 février 2013 (texte intégral).

yartiFillon2013022609
 



http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/l-envol-presidentiel-de-francois-131639

 

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26 février 2013 2 26 /02 /février /2013 21:21

(verbatim)


Discours de François Fillon de la Mutualité à Paris le 26 février 2013 (texte intégral)


 

 

Mesdames et messieurs,
Mes chers amis,

Nous sommes donc à nouveau là !
Vous êtes très nombreux ce soir, et c’est un message lancé aux Français.
Contre le désenchantement et le découragement, vous êtes en résistance.
Mais qu’est-ce qui vous fait tenir ainsi, se demandent certains ?
Eh bien, vous êtes des militants de la France, et pour vous, l’amour du pays n’est pas une valeur qu’on négocie à la hausse ou à la baisse au gré des circonstances.
Votre confiance et votre ténacité forcent le respect.
C’est pourquoi je vous dis qu’être parmi vous est bien plus qu’un plaisir, c’est un privilège.      

Merci pour votre loyauté et votre amitié, merci à vous, élus de Paris et de toute la France qui se sont joints à nous.
Nous sommes réunis pour réagir ensemble.
Nous avons tout perdu : l’Elysée, le gouvernement, le Parlement, mais nous avons notre honneur et nos convictions.
L’échec fait partie de la vie, et la démocratie est là pour rappeler que la République n’appartient à personne. C’est nous qui lui appartenons, et notre vocation est d’être toujours utile à notre pays.

Mes amis, comme vous, j’aime la France. Je l’aime de toutes mes fibres, et je l’ai servi durant cinq années.
J’ai vécu dans l’intensité des responsabilités gouvernementales, au point de me sentir parfois dépossédé d’une part de moi-même.
La politique peut vous broyer.
L’épopée du général de Gaulle, c’est elle qui avait fait de moi un militant … 35 ans plus tard, vous êtes à Matignon, dans votre bureau, face à votre époque.
Les marges de manœuvre sont réduites à néant par la crise.
Vous réformez dans l’urgence, parfois sans lisibilité. Et le pays tape à votre porte pour qu’on l’aide et le protège.
Vous l’aidez, vous le protégez du mieux possible, mais vient le moment où vous dites «non». Et vous savez que ce « non » fera mal, qu’il sera incompris.
Mais ce «non», fait de vous un homme qui fait passer ses responsabilités avant ses intérêts.
Ce « non » vous transforme.
Je me souviens que lorsque j’ai parlé de «faillite», j’ai suscité une sacrée polémique et attiré les mêmes critiques que celles que j’entends aujourd’hui au regard de ma stratégie.
Mais au fond de moi, j’étais soulagé d’avoir dit ma vérité.
Car c’est elle qui permet d’être cohérent avec soi-même et avec les Français.
Sans la vérité, les responsables politiques sont condamnés à subir cet écart dévastateur entre le temps de la conquête du pouvoir où tout peut être dit pour s’attirer des suffrages, et le temps de l’exercice du pouvoir où tout ne peut être fait.
J’ai cherché à être fidèle à cette exigence de vérité.
Ce ne fut pas toujours facile, pas toujours possible, mais du moins, je ne crois pas avoir été atteint par le cynisme.

J’assume ce quinquennat.
Je l’assume avec ses réussites et ses revers.
Nous avons évité à notre pays le drame que vivent les grecs, les espagnols, les irlandais.
Nous avons préservé les chances de l’Euro.
Nous avons commencé à déverrouiller la société française.
Autonomie des universités, réforme des retraites, service minimum, défiscalisation des heures supplémentaires, réduction du nombre de fonctionnaires, lutte contre l’insécurité: la France était tellement plus audacieuse du temps de Nicolas Sarkozy car Nicolas avait du courage, de la fougue, une vision.

Pour autant, nous pouvons avoir des regrets et il faut les méditer : celui de ne pas être allé suffisamment loin dans l’assouplissement du droit du travail qui reste un obstacle mortel à l’embauche des jeunes; celui de ne pas avoir débarrassé la France de ses pesanteurs réglementaires; celui de ne pas avoir refondé le financement et le fonctionnement de notre modèle social; celui de ne pas avoir défendu, comme il le fallait, l’idéal de la justice.

Nous avons perdu la bataille de la solidarité face à une gauche mensongère et perdu la bataille du bon sens face à une extrême-droite démagogique. La crise économique a fait le reste, et nos lignes ont été enfoncées.
Je regarde lucidement le passé, je regarde ce qui a marché et ce qui n’a pas marché, et je m’en sens pour partie comptable car je ne me défausse pas.  

Non, je ne regrette rien de ces années de service, de fidélité, d’abnégation.
Mais ce chemin étroit a pris fin.
Nos lauriers sont à terre. Il n’y a plus ni préséance, ni hiérarchie.
La défaite présidentielle et législative nous remet tous à notre place, et il faut nous réinventer, nous désaccoutumer du passé pour repartir sur de nouvelles bases.
Ne cherchons pas d’excuses ou de sauveur suprême car en République ce sont les citoyens eux-mêmes qui se sauvent ou qui se perdent.  

Nous devons tous refaire nos preuves, moi le premier.

Quant à notre parti, l’UMP, il doit lui aussi se repenser de fond en comble.
Dix ans de défaites aux élections locales se soldent par une impressionnante hémorragie en hommes et en talents, et laissent apparaître de plus en plus d’espaces perdus sur la carte électorale.
Autrefois, les partis politiques étaient d’immenses chaudrons où se forgeaient les idées, les projets, les rêves d’action.
Ils reflétaient la société et la faisaient avancer.

Aujourd’hui tout se fait en vase clos.
Qui élabore les projets, les programmes ?
Qui reçoit les doléances des entrepreneurs, qui écoute les économistes, les philosophes, les chercheurs ?
Qui accueille et remotive les étudiants et les salariés ?
L’UMP est loin d’être la maison des Français qui se pressent dans le RER de 18 heures.

Ce qui se faisait autrefois à chantier ouvert, dans le chahut des salles de banquet et des tonitruants discours, se fabrique maintenant à quelques-uns, dans de petits cercles, à partir d’expertises, de séquences et de communicants.
Dès lors, comment s’étonner de la fracture entre l’opinion et la politique ? Comment s’étonner que l’administration et les médias aient pris les rênes du débat ?
 
Pourtant, le déclin des partis politiques n’est pas inexorable !
Notre ambition doit être de donner aux Français une raison d’adhérer à notre mouvement qui est fait pour eux et pas pour lui, qui est fait pour porter des idées et pas seulement acclamer ses leaders.

Pour réconcilier notre parti et le pays, nous partons de loin.
L’élection interne de novembre devait nous relancer, mais le processus démocratique a tourné au fiasco.
J’avais le choix : me taire ou me révolter.
Se taire, cela aurait été plus confortable pour moi et pour nous tous… Mais se taire, c’était accepter l’idée que la démocratie à l’UMP n’était qu’une façade.  Personne ne serait sorti grandi d’une telle capitulation morale.
Alors, je me suis battu pour rendre justice à nos adhérents et faire en sorte que ce qui s’est passé ne se reproduise plus jamais !

Je n’ai pas aimé ce combat qui nous a blessé, mais je l’ai mené pour nous tous. A présent, nous avons trouvé les moyens de sortir de cette crise douloureuse mais salutaire pour notre formation politique qui va refonder ses statuts et instaurer des règles électorales transparentes et exemplaires.
Le pouvoir de choisir reviendra pleinement entre vos mains, afin que jamais plus les adhérents et les Français n’aient à douter de l’UMP.

Pour ma part, je redeviens un militant parmi les militants.

Dans la direction collégiale, je n’ai aucun poste et n’en réclame aucun.
Je suis libre !
Certains en ont profité pour me prédire une «traversée du désert», comme si l’enfer s’ouvrait sous mes pas du seul fait de s’éloigner de l’arène pour prendre un peu de recul.

Le «désert», «l’enfer», «l’arène», la «guerre des chefs»… Pour faire le spectacle, les formules ne manquent jamais !

Je ne suis pas un novice en politique, mais que valent ces péripéties par rapport à cet homme qui s’immole devant Pôle Emploi; que valent nos fièvres partisanes par rapport à l’angoisse des salariés dont l’entreprise ferme ses portes; que vaut cette comédie par rapport à nos soldats qui risquent leur vie en Afghanistan et au Mali; que valent nos polémiques devant la sauvagerie de ceux qui n’hésitent plus à prendre des enfants en otages pour faire plier les démocraties devant l’obscurantisme ; que valent toutes ces bisbilles quand la seule cause qui vaille est de sortir la France de sa dépression économique, sociale et civique.

L’actualité politique peut tourbillonner, moi, je n’ai pas changé.
Ce que je crois, c’est que les circonstances sont décisives.
La vieille Europe est en train de sortir des radars de l’Histoire.
Chaque soir, nous nous demandons de quoi sera fait demain. Et chaque matin, en Asie, en Inde, au Brésil, des centaines de millions d’hommes et de femmes se lèvent en se disant que le progrès est à portée de leurs mains.
En Occident, nous ne savons même plus ce que ce terme signifie ! Pire que cela, l’idée même du progrès nous angoisse.

Je veux que nous retrouvions le goût de croire au progrès et de nous battre pour lui, et cette bataille exige plus de foi en nos atouts productifs, scientifiques, technologiques. Plus de foi dans notre capacité, tant de fois vérifiée au cours des siècles, à surprendre le monde par notre indépendance de ton, par notre culture, notre ingéniosité, notre art de vivre.

Notre premier ennemi est en nous: il est dans cette façon nocive de persifler notre propre pays, cette propension à douter de tout et de nous complaire dans la discorde.
Il est aussi dans cette façon lâche d’éluder les faits les plus têtus.

Il aura fallu 25 ans pour réformer nos universités alors que tout le monde savait depuis longtemps que leur organisation était caduque ; 15 ans pour commencer à réformer nos retraites malgré les rapports successifs qui tiraient le signal d’alarme.

Combien de temps faudra-il pour comprendre que la compétitivité est la mère de toutes les victoires ?
Combien de temps faudra-t-il pour réformer notre système social qui est à bout de souffle ?
Combien de temps faudra-t-il pour comprendre qu’une nation surendettée est une nation vulnérable ?
Combien de temps attendrons-nous pour responsabiliser nos concitoyens ?
Nous sommes l’un des pays au monde qui compte le plus de réglementations.
Chez nous, tout est encadré, calibré, surveillé : de la cueillette des champignons à l’extension de votre terrasse, des conditions d’embauche d’un jeune à la surface  des escaliers de secours, de l’organisation des taxis à la gestion du personnel d’une PME.
Cela, c’est la marque d’une société qui se défie de tout, et surtout d’elle-même ! Or, une République sans confiance est une République civiquement faible.
Oui, mes Amis, combien d’années et combien d’illusions et de désillusions faudra-t-il pour comprendre que la France que nous aimons n’est pas éternelle ?   

Ce que je crois, c’est que la situation est périlleuse.
Voilà dix mois que François Hollande est responsable de l’Etat.
Notre pays s’enfonce dans les marais de la récession sans qu'aucune décision forte n'intervienne pour organiser son sauvetage.

Alors que nous devrions accélérer sur l’investissement, sur la compétitivité et le  désendettement, la France redevient championne d’Europe des impôts et des dépenses publiques.
La gauche promettait monts et merveilles.
J’ai rencontré les délégués syndicaux de Petroplus…
Pour eux comme pour d’autres, rien n’est pire que ces faux espoirs qu’on fait miroiter, rien n’est pire que ces rodomontades et cette mielleuse empathie de gauche qui masque l’hésitation des pouvoirs publics.
Mieux vaut la sincérité et l’action que la compassion et la communication !

La stratégie économique du gouvernement est mauvaise.
Le moteur de la consommation est noyé par l’augmentation des impôts.
Les socialistes préfèrent demander aux ménages et aux entreprises de payer la note des déficits plutôt que d’exiger de l’Etat qu’il se serre la ceinture.
On réembauche 65.000 fonctionnaires, on garantit à la fonction publique qu’elle n’aura plus de jour de carence en cas d’arrêt maladie, contrairement aux salariés du privé…
Ce renoncement est plus qu’une faute financière, c’est une faute morale car nos agents publics ne doivent pas donner le sentiment d’être dispensés des efforts fournis par tous les Français.
Je dénonce cette politique corporatiste qui accroit le fossé entre la France qui sert l’Etat et la France exposée qui sert notre économie.

Quant au moteur de l’investissement, il est paralysé par les récriminations incessantes contre les entrepreneurs et les investisseurs.
Le gouvernement stigmatise et surtaxe le capital mais supplie les investisseurs étrangers de venir sauver nos entreprises malades.
Voilà la contradiction du socialisme: d’un côté, la démagogie fiscale dans l’hexagone, de l’autre la course aux financements extérieurs.

Il est vrai qu’on vient de créer une Banque Publique d’Investissement.
Mais c’est aussitôt pour en confier la direction à la promotion Voltaire.
« Moi Président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit exemplaire ! »

Je ne savais pas Madame Royal si experte des circuits financiers…
Vous aimez Voltaire ?
Vous feriez bien, car on nous prend pour Candide.


Contrairement à ce qui est dit, la croissance n'est pas au coin de la rue, et la France est la seule des grandes économies européennes dont le décrochage s'accroît.
Nous sommes enfermés dans une spirale déflationniste marquée par la baisse cumulative de l'activité et de l'investissement, de l'emploi et des revenus.
L'engrenage de la paupérisation s’accélère et notre PIB recule alors qu’il est en hausse aux États-Unis et en Allemagne.
Ni la faiblesse de la croissance, ni l'effondrement des marges des entreprises, ni la désindustrialisation, ne datent de l'élection de François Hollande…
Mais sa responsabilité est entière dans l’affaiblissement de notre appareil de production.

Il aura suffi de 6 mois pour pulvériser les hypothèses de croissance que le gouvernement avait érigées en objectifs centraux de son action.
Le taux de croissance sera proche de 0 et le déficit de 3,7%.
On appréciera au passage la nouvelle cacophonie gouvernementale, avec Fabius qui ouvre le bal en livrant son pronostic sur le taux de croissance, Moscovici qui voit passer les balles, et Ayrault et Hollande qui pédalent.


C'est grave pour notre crédibilité économique, mais sur le terrain politique ça l’est aussi.
François Hollande s’était engagé à réduire le déficit. «Moi président», 3% en 2013 !
Un engagement de campagne de plus aux oubliettes !  
Le cimetière des promesses électorales non tenues s'étend chaque jour. Bientôt, il n’y aura plus assez de sapins.

Fallait-il prendre des engagements de réduction des déficits pour avouer aujourd'hui qu'on continue à vivre à crédit ?
Fallait-il promettre de renégocier le Traité européen pour le ratifier aussitôt ?
Fallait-il parler de réduction des dépenses pour finir par admettre qu'on ne sait qu'augmenter les impôts ?
Fallait-il se boucher le nez devant la TVA compétitivité que nous avions mise en place pour annoncer une "réforme des taux" qui ne trompe personne ?
Fallait-il se poser en pourfendeur des banques pour présenter aujourd’hui une petite loi bancaire sans conséquences ?
Fallait-il aller plastronner devant les usines menacées de fermeture pour devenir le président des plans sociaux ? Fallait-il garantir aux Français que le chômage allait bientôt se stabiliser pour  devenir le Président du record absolu du nombre des demandeurs d’emploi ?
Fallait-il se poser en champion de la croissance en Europe pour accepter à Bruxelles un budget dicté par les réalités ? 
Mais qui va encore croire ce gouvernement ?
Sur la scène internationale, notamment en Europe, plus personne ne semble se préoccuper de ce qu’il dit.
Pourquoi ?
Parce que sa politique n’est exemplaire en rien : plus d’impôts, plus de dépenses publiques et pas de réformes structurelles… qui voulez-vous que ça impressionne ?

Le Président de la République ne comprend pas que l’Etat providence dont nous avons hérités des Trente glorieuses est à bout de souffle.
Nous l’avons maintenu sous perfusion en accroissant l’endettement; on l’a même surchargé de nouvelles responsabilités.
Les recettes nécessaires à son entretien n’existent plus, ou alors elles risquent d’engloutir l’essentiel de la croissance. Et la ponction finira de nous achever tous.
Cette vérité, le pouvoir actuel ne veut pas la regarder en face.
Du coup, le gouvernement nous rejoue en permanence « le Salaire de la Peur » : on conduit le pays comme on conduit un camion bourré d’explosif au bord des précipices.
A la moindre défaillance tout peut basculer, et la France se retrouver au banc des nations défaites, sommée d’accepter la potion amère que d’autres entreprendront de lui faire avaler sous la contrainte de Wall Street ou des investisseurs chinois.

Pour ses alliés, la France devrait faire partie de la solution, non du problème. Elle devrait être entraînante. Or elle se retrouve isolée.
Parmi les nations développées, elle est seule à poursuivre l'augmentation de ses coûts de production.
Seule à abaisser l'âge de la retraite quand tous les autres l'ont porté entre 65 et 69 ans.
Seule à surtaxer le capital.
Seule à refuser de réformer l’Etat.
Seule avec ses 35 heures.
Ainsi va la petite France de M. Hollande avec ses petites blagues et ses petites gesticulations, sans ambition, sans audace, sans cap… Normale ! 
Evidemment, la «normalitude» ne fait pas bon ménage avec l’exactitude allemande.
Le couple franco-allemand connaît la plus grave crise de ces trente dernières années.
L’anniversaire du traité de l’Elysée a révélé l’absence totale de volonté commune pour imposer un pilotage serré de la zone euro et imaginer une stratégie économique concertée.
La décision de David Cameron d’organiser un référendum sur l’appartenance de la Grande Bretagne à l’Union Européenne n’a fait l’objet d’aucune réaction commune de la France et de l’Allemagne.
 
En cherchant à isoler Angela Merkel dans le débat sur le Budget de l’Union, François Hollande a réussi l’exploit de permettre au Royaume Uni, pour la première fois dans l’histoire de l’Union Européenne, de dicter ses conditions.
François Hollande juge l’Allemagne à l’aune de la couleur politique de la Chancelière. C’est une faute car le pacte franco-allemand n’a jamais été un pacte partisan, c’est un pacte historique !

La récession nous guette, l’Europe stagne, et sur le plan intérieur, la France se déchire sur la question du mariage.
Derrière ce mariage pour tous que nous combattons au nom d’une tradition qui n’est pas démodée et qui protège la filiation, je vois poindre une vision de la société à laquelle j’oppose ma conception de la République.
Je veux parler de cette société où l’extension des droits l’emporte sur toute autre considération.

Le gouvernement nous parle du droit au mariage pour tous, du droit de vote des étrangers non communautaires, du droit de pouvoir se droguer dans des conditions dignes, du droit des prisonniers à pouvoir bénéficier de peines de substitution, et voici à présent qu’on évoque un droit à mourir en fin de vie. 

Je ne veux pas caricaturer tous ces sujets qui sont sensibles et sur lesquels aucune réflexion n’est en soi illégitime. 
Mais je pose une question : à quand un projet de loi où figure le mot «devoir» ?

Il y a une dérive inquiétante à voir un gouvernement se pencher sur les attentes de chacun sans jamais s’interroger sur l’unité de la nation.
Pour moi, l’intérêt général n’est pas la somme de toutes les requêtes ! Il est un axe autour duquel nous devons tous faire l’effort de nous adapter et de nous fédérer.
La France est déjà suffisamment émiettée et déboussolée comme cela pour ne pas attribuer à chacun le goût de se retrancher sur lui-même.
Je m’oppose à cette vision communautarisée, parcellisée, ghettoïsée de la vie française.
Je m’oppose à cette citoyenneté à géométrie variable.

Dans un monde de 7 milliards d’habitants, tout notre objectif doit être au contraire de solidifier nos repères communs.
Les 65 millions de Français ne doivent pas être encouragés à dire «et moi et moi et moi», mais entrainés à dire « et nous» !

«Nous plutôt que moi !», «tous ensemble plutôt que chacun pour soi !» : cela, c’est le cœur de la rupture culturelle que je voudrais enclencher avec vous.     

Le présent et l’avenir de notre pays m’alarment.
La France doit être plus compétitive pour échapper à la récession.
La France doit être rigoureuse pour libérer ses enfants du poids de la dette.
La France doit être réformée pour échapper à l’emprise du chômage de masse. 
La France doit être plus innovante pour se forger un avenir industriel.
La France doit être plus européenne pour répondre à la mondialisation.

Nous sommes sur la pente du déclin, et je n’accuse pas François Hollande d’en être le seul responsable, je ne l’accuse même pas d’être socialiste, je l’accuse d’être à côté de l’urgence !  
Que sera la France dans 4 ans ?
Si rien n’est fait, nous subirons une chute brutale du niveau de vie qui peut déboucher sur une conflagration civile qui peut mettre en péril notre pacte républicain.
Face à ce risque, face à un pouvoir impuissant, face à la montée du populisme et des extrémistes qui rêvent de rééditer le coup du 21 avril 2002, la reconstruction de la droite républicaine, unie et populaire, n'est plus une question partisane, elle relève de l'intérêt national !

Le devoir de l’opposition est de se préparer et de préparer la France à se relever.
Cela ne se fera pas avec des petits ajustements.
L’heure n’est pas au programme clé en main, mais je sais les nœuds que nous devrons trancher pour relancer notre pays.

D’abord, trancher le nœud qui nous fait hésiter entre le choix d’assumer la mondialisation et la tentation de la rejeter.
Notre ambiguïté nous démotive et nous trompe !
Il faut s’organiser pour être une puissance internationale, sinon nous subirons les coups qui sont réservés aux puissances régionales.
Etre une puissance internationale, c’est choisir l’Europe. Et la choisir vraiment ! En l’utilisant comme un levier décisif pour le rayonnement de la France.

Trop souvent, nous voyons l’Europe comme un mal nécessaire alors qu’elle est notre protection et notre tremplin dans le monde.
Trop souvent, nous la ressentons comme une mécanique, alors qu’elle est une civilisation millénaire.
L’Europe a besoin d’une vision, et la France a besoin d’un dessein stratégique.

Quels pourraient être nos objectifs ?
D’abord créer avec l’Allemagne un noyau dur politique.
Il faut – je pèse mes mots- une forme de confédération entre nos deux patries qui doit nous amener à créer un espace le plus homogène possible, en matière économique, fiscale et sociale.
Autour du cœur franco-allemand, la zone euro doit être dotée d’un gouvernement économique digne de ce nom qui fixe les buts communs, les calendriers et qui s’assure de leur respect par tous.
L’Europe à 27 doit quant à elle poursuivre son chemin sur la voie d’un marché unique aussi efficace que possible.
 
Et au-delà de cette Europe à 27, je crois à l’intuition du Général de Gaulle.
Il conviendrait de bâtir les structures d’une Europe continentale avec l’appui de deux Etats qui joueront un rôle crucial dans les prochaines décennies: je veux parler de la Russie et de la Turquie.

La première, la Russie, est soumise directement à la pression de la Chine et elle ne peut pas, un jour ou l’autre, ne pas s’interroger sur son destin européen.
La seconde, la Turquie, est à la frontière de toutes les tensions qui agitent le Proche et le Moyen Orient.
Elle ne peut pas, elle aussi et nous aussi, ne pas réfléchir à une association continentale.
En disant tout ceci, je mesure les débats et les crispations que je peux faire naître.
L’euroscepticisme et le repli sur nous mêmes sont tellement dans l’air du temps, mais l’air du temps ne fait pas l’Histoire. Il la subit !    

Mes amis, il est également nécessaire de trancher le nœud qui nous fait hésiter entre la productivité nationale et la protection de nos acquis.
Ceux qui vous disent qu’on peut tout conserver en l’état sans faire de choix vous trompent.  
Si la croissance et l’emploi sont véritablement notre objectif absolu, alors assumons des changements de fond.

Il faudra décentraliser le dialogue social et sortir des 35 heures pour aller vers les 39 heures, en modulant le temps de travail pour tenir comptes des réalités économiques et des aspirations sociales.
Il faudra repenser notre fiscalité : celle qui pèse sur le travail, mais aussi celle qui pèse sur les ménages. Il faut d’un côté alléger le cout du travail et de l’autre élargir les bases fiscales et les simplifier.
Nous devrons nous réconcilier avec le capital et l’investissement, et cela ne se fera pas sans une double ambition: celle de respecter ceux qui créent des richesses et celle d’élargir les voies d’un capitalisme populaire.  
Nous devrons réformer radicalement la formation professionnelle en brisant les clivages et les chapelles qui gèrent le système.
Les règles qui régissent les professions réglementées devront être réformées car c’est toute une partie de notre activité nationale qui est bridée.

Universités et recherche: une nouvelle étape de leur autonomie devra être enclenchée, et elle devra assurer un lien quasi organique avec le monde économique qui a besoin de s’appuyer de façon concrète sur des qualifications intellectuelles et professionnelles.

Quant à l’Ecole, elle devra être la priorité de notre projet de redressement national.
Le pitoyable feuilleton des rythmes scolaires dont chaque épisode nous éloigne un peu plus de la «refondation» promise par François Hollande, est le concentré de tous les maux qui accablent l’école de la République.
Quelle autre école dans le monde vit au rythme des foucades d’un ministre qui affectent 12 millions d’élèves et leurs familles ?
Ce n’est pas de centralisme démocratique dont l’école a besoin mais d’autonomie et de liberté.

L’urgence n’est pas de créer des zones pour les vacances d’été mais de recentrer l’école sur les savoirs fondamentaux, sur l’apprentissage du respect des autres et de l’autorité, l’ouvrir sur le monde du travail, la placer au cœur de la République.

Mes amis,
Rien de tout cela ne sera possible, si le nœud des déficits publics et sociaux n’est pas tranché.
Cette schizophrénie nationale qui nous conduit à ne plus supporter les impôts mais à demander toujours plus à l’Etat et à la solidarité sociale ne doit plus durer.
Arrêtons de croire qu’il y a des trésors cachés que l’on peut débusquer pour rester une nation fraternelle.
La remise sous contrôle de nos finances publiques est impossible sans une profonde refonte de l'Etat-providence dont les dépenses atteignent 33% du PIB, soit près de 600 milliards d'euros, tandis que la dette sociale s'élève à 200 milliards d'euros et se creuse année après année.
L’Etat doit dépenser moins, et il ne doit pas hésiter à dire ce qui est prioritaire et ce qu’il ne l’est pas.
Il doit réduire ses effectifs et revoir ses structures.
Parmi elles, il y a le mille feuille de la décentralisation.
En dix ans, nos collectivités locales ont embauché 350.000 fonctionnaires supplémentaires et la redondance de leurs politiques s’est accrue.
Ni l’efficacité territoriale, ni la maîtrise des dépenses publiques, ni la démocratie locale ne sortent grandies par notre absence de choix. 
Nous n’échapperons pas éternellement à la fusion des régions et des départements et à celle des communes et des communautés.

Quant à nos comptes sociaux, ils sont en pleine dérive.
Notre réforme des retraites a permis d’éviter le crash financier de notre régime par répartition. Mais l’âge de départ à la retraite doit être relevé à 65 ans, en revoyant de fond en comble le travail des seniors qui doit être adapté à leurs capacités et leurs expériences.
Il faut engager un travail d'évaluation des dispositifs d'aide qui se sont superposés, à l'exemple du Revenu de solidarité active qui s'ajoute à l'impôt négatif institué par la prime pour l'emploi.
L’assurance chômage est menacée d’effondrement.
Qu’on le veuille ou non, la question de la dégressivité des allocations est posée.

Et puis, il faut trancher le nœud qui enserre notre civisme et nos responsabilités.
L’Etat ne peut pas tout faire et la République ne peut pas tout prendre à sa charge.
Il est temps que les citoyens prennent en partie le relais.
La sécurité pour tous et partout n’est pas négociable. La guerre à la délinquance et à l’impunité relève de la puissance publique.
Pas de faiblesse !  Pas de démagogie ! Un voyou est un voyou avant d’être une victime de la société.
Mais la police, la gendarmerie, la justice ne peuvent pas tout.
La sécurité, c’est aussi nous !
Pour moi, l’insécurité commence quand dans le métro un voyou agresse un voyageur et que chacun détourne les yeux.
Il en est de même pour l’instruction de nos enfants.
Avant de tout exiger de l’Ecole, bien des familles feraient mieux de ne pas détourner leurs yeux de l’éducation de leurs propres enfants.
Sur l’essentiel, l’Etat et ses services publics répondent naturellement présent !
Mais je voudrais convaincre les Français que tout ne peut pas venir d’en haut, surtout dans une période difficile comme la nôtre.
Depuis trente ans, nous avons augmenté la dépense publique souvent sans progrès décisif.
Pourquoi ?
Parce que nous oublions qu’une part de la solution dépend de chacun de nous, de notre éthique, de notre conscience morale et civique.
Nous devons donc refonder la société républicaine en commençant par le début, et je dirais par l’essentiel, l’esprit citoyen.

Enfin, il y a ce nœud qui étrangle l’unité française.
Il y a des moments en France, et il y a des lieux en France, où le sentiment d’appartenir à la même nation est complètement oublié et même méprisé.  
La faute est partagée.
Partagée par ceux des Français qui n’ont que faire de leur pays au lieu de le respecter comme tout citoyen loyal et responsable.
Mais elle est aussi le fait d’une immigration qui a été trop longtemps incontrôlée et qui n’a pas toujours su ou voulu s’approprier l’identité de la France.
Du coup, trop de nos concitoyens ont le sentiment de ne plus se sentir chez eux et bien des étrangers ne se sentent pas Français.
Il faut être clair !
L’immigration doit être réduite à son strict minimum en fonction de nos capacités d’accueil et de nos besoins économiques car il n’y a aucune générosité à laisser entrer des étrangers qui sont condamnés à la pauvreté et au déracinement.
Le mot assimilation – c’est-à-dire le goût et le devoir de devenir un Français comme tous les autres – doit être préféré à celui d’intégration qui n’est qu’une formule déguisée pour éluder le défi qui est devant nous, qui est d’unir la nation française.

Filtrer nos frontières, casser les ghettos et rénover les cités qui sont devenues des cocottes minutes, imaginer pour nos banlieues des incitations puissantes à la création d’entreprises, exiger de l’Islam comme de toutes les religions qu’il distingue la foi et la politique, tout cela est nécessaire mais ne servira à rien si nous ne redonnons pas à la France le patriotisme qu’elle mérite !

Le patriotisme est la seule façon de transcender nos origines, nos races, nos religions.
La droite républicaine est parfaitement dans son rôle lorsqu’elle défend l’histoire et les valeurs du drapeau tricolore qui appartient à tous ceux qui l’aiment.
Elle est parfaitement dans son rôle lorsqu’elle met en avant l’extraordinaire génie de notre pays qui a bâti des cathédrales, qui a inspiré l’Europe au siècle des Lumières, qui a porté sur les barricades de Paris et du monde l’étendard des droits de l’homme, qui a brillé et qui continue de briller dans les arts, les sciences et les technologies, qui oppose aux terroristes et aux tyrans sa force morale et militaire.       

Nous devons trancher le nœud du populisme qui confond patriotisme et nationalisme.  
Une large partie de l’Europe est traversée par un vent de démagogie et de xénophobie.
Contre la mondialisation, contre l’euro, contre les financiers, contre l’étranger… les voix de la radicalité sont différentes, mais toutes ont pour caractéristique d’improviser des réponses binaires qui n’en sont pas.
De l’extrême droite à l’extrême gauche, ce ne sont que des appels au protectionnisme, à l’exacerbation nationale, à la revanche sociale. Comme si la France pouvait trouver son salut dans le repli et la colère.
Etre populaire sans être populiste, c’est le défi des républicains que nous sommes !

Mes Amis,
Tous ces nœuds qu’il faut trancher et  toutes ces mesures que je viens d’évoquer sont difficiles à entendre, elles seront difficiles à faire accepter et à mettre en œuvre car elles remettent en cause nos acquis, nous placent en situation de responsabilité et d’effort.
Je ne doute pas que le cortège des conservateurs et des prestidigitateurs ne manquera pas de dire que tout cela peut être évité.
Les complices du déclin sont subtiles, et ils savent détourner notre instinct de survie… 

Peut-on les affronter en disant la vérité ?
Peut-on vaincre en allant à l’encontre de nos habitudes et de nos conforts ?
Peut-on battre la gauche, non par défaut, non par le biais des promesses intenables mais en voulant tirer la France vers le haut?
Les experts et les sondages vous diront que non.
Ils vous diront que la démocratie est ainsi faite que l’art de flatter et d’adoucir les esprits est le plus sûr moyen d’être élu; et en la matière, les socialistes sont passés maîtres.

On vous dira «non», et moi je dis «oui» !
Oui, nous pouvons faire partager à notre pays l’idée du redressement national, et il faut commencer maintenant !
Bâtir un projet pour relancer la France, construire une dynamique gagnante capable de rassembler les Français et de leur faire partager la volonté de se dépasser, c’est le défi qui m’obsède, c’est le défi que je porte en moi et pour lequel je suis déterminé.
C’est le défi que je me lance et que je vous lance ! 
 
Cette entreprise ne se fera pas en quelques mois, à la fin du quinquennat.
Il faudra du temps pour retrouver notre crédibilité, pour faire mûrir les esprits, pour enraciner nos convictions dans le cœur de chacun et pour changer la France de l’intérieur.
Je parle de la changer de l’intérieur, car on ne redressera pas notre pays du sommet et seulement avec l’UMP.
Nous devrons fédérer toutes les forces du pays.

Je veux aller vers la jeunesse qui se détourne de la politique, mais qui ne demande qu’à y croire.
Je veux soutenir les entrepreneurs pour les encourager.
Je veux redonner confiance aux agriculteurs et au monde rural qui ne sont pas les derniers vestiges d’une France disparue.
Je veux convaincre les ouvriers que la compétitivité est l’alliée de leur industrie.
Je veux débattre avec les syndicalistes pour régénérer le dialogue social.
Je veux nous réconcilier avec les intellectuels pour revigorer le débat politique.
Je veux réveiller la vocation des fonctionnaires qui servent l’Etat et le bien public.
Je veux être aux côtés des familles qui sont le creuset de la France qui veut de l’éducation, de l’autorité, du travail pour ses enfants.

Je veux que nous investissions ces zones périurbaines où les classes moyennes, de moins en moins en moyennes, se sont réfugiées en silence.
Je veux que nous réinvestissions les banlieues qui sont cadenassées par les bandes et les intégristes.
Dans nos cités, il existe des citoyens courageux qui en appellent à plus de République, plus d’instruction, plus de fermeté !
Ils ne votent pas Taubira !
A nous de les convaincre que nous sommes là: intraitables sur la sécurité, inflexibles sur l’unité nationale et la laïcité, décidés à ouvrir les portes aux initiatives.  

Je veux aller vers les abstentionnistes qui sont le premier parti de France.
Vers les électeurs modérés qui nous ont lâchés. Vers les électeurs du Front national qui pensent que la France est fichue. Vers les électeurs socialistes qui se mordent les doigts.
Je veux percuter les lignes partisanes; je veux écouter et débattre, convaincre et rassembler.
Je veux le faire sur nos valeurs, sans chercher à copier la gauche pour nous donner bonne conscience, sans chercher à dupliquer l’extrême-droite car on ne rassemblera pas la France avec des tactiques mais autour d’un projet solide et longuement muri.

C’est à ce travail que je veux me consacrer.
J’ai un fils qui a onze ans.
Quel avenir puis-je lui promettre ?
Cette question, je la porte en moi lorsque je regarde la France.
Je souhaiterais qu’il grandisse dans un pays enfin débarrassé de la hantise du déclin.
Un pays audacieux, qui se réforme pour conserver la maîtrise de sa souveraineté.
Un pays à la fois moderne et respectueux de toutes ses traditions qui nous rappellent que notre histoire est profonde.  
Un pays où le dépassement de soi est encore possible. Où le goût de la liberté est plus fort que la peur de l’échec.
J’aimerais qu’il vive dans une France fraternelle, où les individus sont jugés sur leurs mérites et leur civisme et non sur leurs origines, leur puissance ou leur fortune d’un jour.
Je souhaiterais qu’il soit porté par les lumières de la culture et de la raison et qu’il échappe aux superficialités et aux brutalités de son époque.
J’aimerais qu’il se sente ébloui par nos paysages, et qu’il se souvienne des sentiers que nous empruntions ensemble le long de la Vègre.
Je souhaiterais qu’il soit fier de son pays et fier d’être citoyen d’une Europe brillante et protectrice.
Si je poursuis mon itinéraire politique, c’est pour tout cela, et c’est pour une certaine idée de la France à laquelle je crois et pour laquelle je veux me battre.

En 2016, il y aura des primaires ouvertes à l’UMP pour désigner votre candidat à l’élection présidentielle.
C’est encore loin, mais comment ne pas avoir ce rendez-vous en tête ?
Personne ne peut prétendre devenir l’homme de la nation. Cela ne se décrète pas !
C’est l’aboutissement d’un engagement qui n’a de sens que s’il est porté par un projet.
C’est un chemin exigeant et c’est un travail de tous les jours qui nécessite de nouer avec les Français une relation de confiance.

Si on veut servir son pays, si on veut le convaincre que votre démarche est intègre, on ne doit pas monter dans tous les trains qui partent.
Je sais que les Français ne supportent plus de voir les responsables politiques cumuler tous les combats, viser toutes les fonctions, courir après tous les postes.
C’est pour cette raison là que je vous dis avec franchise et amitié, que je ne veux pas être candidat à la mairie de Paris.
Ca n’est ni la peur d’affronter le suffrage, ni la crainte d’attaquer le bilan de M. Delanoë qui me conduise à ce choix.
C’est tout simplement qu’on ne peut pas tout faire, sauf à mentir, ce que je ne veux pas.

Etre candidat à la mairie de Paris, c’est s’engager auprès des électeurs à être maire de Paris et rien d’autre.
Or je veux essayer de servir mon pays et pas uniquement Paris.
Cette franchise, je la dois aux Parisiens et à tous mes amis de la capitale.
D’autres que moi auraient certainement joué sur tous les tableaux comme si c’étaient des tableaux de chasse.
Je ne crois plus à cette façon de faire de la politique.

Je serai à vos côtés pour gagner les municipales mais pas à votre tête.
J’irai partout où nos candidats parisiens me solliciteront, et partout en France où il faudra défendre nos couleurs dans ces élections municipales.  
Sachez-le et mettez cela dans votre âme de combattant: à Paris, je crois à nos chances de victoire parce que la gestion actuelle de la ville est poussiéreuse.

Paris vit avec de tout petits rêves.
La ville n’est plus, ni populaire, ni dynamique. Quant aux classes moyennes, elles ont été les oubliées de la gestion socialiste.
On a embouteillé l’activité et la vie des familles. Les touristes flânent pendant que les Parisiens sont à la peine. 
La capitale est barricadée, congestionnée, fossilisée, et l’espoir du Grand Paris est en train de couler.
 
Paris mérite une autre politique, une autre équipe.
J’ai choisi de soutenir la candidature de Nathalie Kosciusko-Morizet, parce que c’est une femme innovante qui a la volonté d’apporter des réponses aux questions qui se posent à Paris.

Maintenant, mes amis, je vais me consacrer pleinement à la tâche que je me suis assigné.
Je vais engager un tour de France, et j’entends nous donner les moyens de créer une dynamique collective.
France.9, l’association qui m’a soutenu dans tous mes combats devient « Force Républicaine » car c’est bien l’énergie de la République qui rassemblera et soulèvera la France.

Ses équipes vont être élargies, notamment aux parlementaires, élus et militants qui sont engagés depuis plusieurs mois à mes côtés.
Et à ce titre, je veux les saluer avec amitié, avec reconnaissance, et avec la certitude que notre aventure ne fait que commencer.

Notre organisation va être décentralisée: dans chaque département, Force Républicaine aura son antenne locale. 
Ses objectifs vont être revus : il s’agit d’attirer tous les Français qui ne se reconnaissent pas dans les structures actuelles et qui veulent contribuer à redresser le pays.
Au côté de l’UMP et pour l’UMP, j’entends ainsi ouvrir nos capacités d’attirer d’autres citoyens qui cherchent de nouvelles raisons de s’engager.

D’ici 2017, nous devons rassembler des milliers d’adhérents de toutes professions, de toutes sensibilités, qui seront autant de relais capables de prendre leurs responsabilités pour la France, capables d’aller au contact de nos compatriotes pour défendre un projet et des valeurs, capables de créer des synergies partout où règnent les divisions.  
Je veux que ces militants se sentent dépositaires d’une mission personnelle qui est de transmettre au pays leur foi et leur volonté.
Il faut que la vague du redressement national vienne des Français eux-mêmes, et ce sera le rôle de ces militants d’en être les aiguillons.

La politique est souvent à l’image du pays.

Lorsque les Français exigent la vérité, la vérité s’impose.
Lorsque les Français exigent les réformes, on arrête les réformettes
Lorsque le peuple est courageux, les politiques le deviennent.
C’est donc à nous tous de prendre en main la France car la France aura le destin pour lequel vous êtes prêts à vous battre.

Nous avons trois années pour réussir.
Mes amis, serai-je prêt le moment venu, et les Français seront-ils au rendez-vous?
Aujourd’hui, je ne le sais pas. Mais je me lance, et je vous demande à vous, qui m’avez si souvent témoigné votre confiance: êtes-vous prêts ?
Etes-vous prêts à marcher, à mes côtés, sur le chemin du rassemblement et de la reconquête ?
Etes-vous prêts à traverser les doutes, les attaques, les vents contraires ?
Etes-vous prêts à tenter cette aventure ?
Si vous l’êtes, alors nous irons au-devant de toutes les forces françaises, et nous les réveillerons, nous les entrainerons, et vous verrez qu’elles nous porteront au-delà de nos propres espérances.

Nous serons alors, tous ensemble, la République en action qui s’engage pour la France !     
Vive la France et vive la République.

François Fillon, Paris le 26 février 2013

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