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25 novembre 2016 5 25 /11 /novembre /2016 06:15

Il ne reste plus que François et Alain dans le bateau. Chacun cherche à s’emparer du gouvernail. Afin d’aller vers la même direction… Ensemble.


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Le quatrième et dernier débat de la primaire organisée par "Les Républicains", et unique débat entre les deux tours, a été diffusé en direct ce jeudi 24 novembre 2016 sur TF1, France 2 et France Inter. Les journalistes Gilles Bouleau (TF1) et David Pujadas (France 2), ainsi qu’Alexandra Bensaid (France Inter), ont animé le duel télévisé entre François Fillon, le favori, et Alain Juppé, l’ancien favori des sondages. Un duel sans précédent qui opposait deux leaders de l’ancien RPR.

Encore une fois, comme dans les trois précédents débats, ce débat fut d’une grande tenue pour tenter de comprendre le projet des deux candidats. Au contraire des premiers jours de la campagne du second tour, le duel resta sur les hauteurs tout en abordant les quelques sujets qui ont fâché l’un ou l’autre candidat. La discussion fut apaisée et a montré à l’évidence qu’il n’y aurait pas de problème d’unité à la fin de la primaire, bien au contraire de la primaire socialiste et du duel entre François Hollande et Martine Aubry. Ce débat socialiste avait en effet très mal tourné le 12 octobre 2011 ; Martine Aubry avait soupçonné son adversaire de vouloir "empapaouter" les Français (quelle visionnaire !) en rappelant un dicton de sa grand-mère : "Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup".

François Fillon est resté égal à lui-même, traçant son sillon, ne cherchant pas à s’éloigner de son fil, et il faut bien reconnaître que cela lui a réussi car il est ainsi devenu le point de référence : c’était sur son programme que le débat a eu lieu.

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Alain Juppé, en position très compliquée pour gagner, s’est adressé directement à François Fillon, le tutoyant et lui disant qu’ils ont, depuis trente ans, nourri une certaine amitié (au point qu’un des plus proches d’Alain Juppé est l’actuel directeur de campagne de François Fillon, Patrick Stéfanini), mais qu’elle n’empêchait pas de se poser des questions et de demander des clarifications.

François Fillon, lui, préférait parler à Alain Juppé à la troisième personne (Alain Juppé l’a fait aussi pour François Fillon), et s’adressait plutôt aux journalistes ou à la caméra, rarement à son interlocuteur. Parfois, François Fillon parlait de lui-même à la troisième personne, notamment pour se défendre du procès contre lui sur l’avortement.

Venons-en justement aux sujets qui ont fâché au début de la semaine. François Fillon a dû plusieurs fois parler de "caricature" aux journalistes qui tentaient de décrire son programme. Il a répondu aux accusations proférées par les juppéistes sur sa position sur l’avortement, et une fois la clarification faite, la distinction était ténue, entre un droit essentiel et un droit "fondamental", dernier terme qu’a rejeté François Fillon pour des raisons purement juridiques.

Alain Juppé a abordé de lui-même les accusations contre lui sur un supposé antisémitisme, et sur aussi le financement d’une supposée plus grande mosquée d’Europe à Bordeaux qui n’a jamais existé, et il a évoqué l’insulte "Ali Juppé, le grand mufti de Bordeaux". Il a reproché à François Fillon de ne pas l’avoir soutenu face à ces insultes. La réponse de François Fillon, c’était : à chacun sa mouise, en disant qu’on l’a traité de catholique réactionnaire et aucun juppéiste ne l’a défendu pour l’occasion.

Il faut préciser aussi que François Fillon a reçu le soutien de certaines personnalités d’extrême droite, en particulier Carl Lang (qui avait déjà fait alliance avec Christine Boutin aux élections européennes) et …Patrick Buisson !

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Au début du débat, François Fillon, qui a voulu montrer sa fermeté sur l’exemplarité des responsables politiques (même si c’est injuste, même s’il y a la présomption d’innocence, un ministre mis en examen ne peut plus diriger son ministère car son autorité est mise à mal), a quand même "repêché" le candidat Juppé en l’estimant tout à fait en mesure de diriger l’État, que son ancienne condamnation ne l’empêcherait pas d’être "exemplaire". Alain Juppé, lui, a simplement répété qu’il a payé et que la dette avec la société était soldée, et ses électeurs l’ont quand même réélu.

Sur l’augmentation du temps de travail des fonctionnaires, Alain Juppé a marqué un point lorsqu’il a parlé d’injustice de passer à 39 heures sans augmentation de salaire. Il a aussi déclaré qu’il y a une grande différence entre le non remplacement d’un fonctionnaire qui part à la retraite et le non renouvellement d’un contrat de vacation dans un emploi public. Bref, Alain Juppé a montré qu’il connaissait nettement mieux la fonction publique que François Fillon, que sa réduction plus douce apporterait plus d’économies que sa réduction radicale.

Sur la forme, lorsqu’Alain Juppé a demandé des explications à son rival sur la réduction du nombre des fonctionnaires, j’ai eu le sentiment qu’il venait de perdre l’élection, car il s’adressait presque comme un journaliste posant sa question au Président Fillon. Et François Fillon a gardé tout le temps une posture très présidentielle, très distante, très inspirée. C’était une relation élève/professeur. François Fillon semblait être déjà élu, dans la tête d’Alain Juppé.

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Pareillement, les propositions de François Fillon sur la réforme de la santé sont apparues comme une usine à gaz assez compliquée qu’il a eu du mal lui-même à exposer clairement. Les remboursements seraient réservés aux seules maladies graves et de longue durée, et pour atténuer cette "radicalité", François Fillon a mis une fois encore de l’eau dans son vin en proposant un bouclier de santé pour les personnes à faible revenu.

Toujours sur la forme, Alain Juppé est assez habile à manipuler les concepts et les statistiques, il n’est pas technocrate, ni énarque, pour rien ! Du coup, il s’est même excusé de donner des données chiffrées un peu compliquées… mais toute son argumentation était pourtant basée sur ces données (à propos de fiscalité), si bien que j’imagine mal qu’il ait pu convaincre qui que ce soit de cette manière ! Il est un peu trop formaté sur l’intellectuel alors que les électeurs demandent du politique : quel est l’objectif ? quels moyens ? etc.

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François Fillon, au contraire, n’a pas une position technocratique mais une position purement politique, et a rejeté l’idée que son programme était impossible à mettre en œuvre. Justement, tout est possible aussi pour François Fillon. Ensemble avec Nicolas Sarkozy ? Un vieux slogan de 2007.

François Fillon a quelques idées simples et veut rester sur des positions de bon sens. Par exemple, il veut absolument réduire les déficits publics et réduire surtout la dette colossale, car si pour l’instant, les taux sont faibles, il sait que les taux d’intérêts vont remonter et que chaque augmentation rendra la France un peu plus dépendante de ses créanciers, de fonds qataris ou des fonds de pension américains.

Alain Juppé a expliqué la nécessité de supprimer l’ISF par le fait que les Français riches ne voulaient plus investir en France, si bien qu’une grande partie du patrimoine économique commence à être racheté par des étrangers, notamment chinois.

Alain Juppé a admis que la droite a fait au moins deux erreurs dans le passé récent, la création du RSI (statuts des indépendants) très mal organisé, et la dislocation des Renseignements généraux qui étaient pourtant à la base des signaux faibles de préparation d’attentat car très bien répartis sur tout le territoire.

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Sur l’identité de la France, François Fillon a plaidé pour une refonte des programmes d’histoire à l’école primaire en supprimant toute idéologie, dont il confierait la responsabilité à un collège d’académiciens reconnus et surtout pas de politiques. Alain Juppé a redit sa différence en parlant de l’identité de la France qui s’enrichit de sa diversité.

Toujours pour s’opposer à la "brutalité" de son adversaire, Alain Juppé a voulu expliquer par un slogan : « La réforme, ce n’est pas la pénitence mais l’espérance ! ». Il a dit vouloir une France réconciliée et apaisée.


L’analogie de pilote de course automobile qu’aime souvent faire François Fillon n’est pas forcément pertinente : Ayrton Senna s’est effectivement tué en fonçant contre un mur de béton à 212 kilomètres par heure (le 1er mai 1994). Un programme libéral imposé rudement aux citoyens sans concertation pourrait faire rentrer la France dans un mur d’affrontements sociaux et de paralysie économique qui serait un désastre pour les Français. Ce fut donc surtout sur la méthode des réformes qu’Alain Juppé a cherché à convaincre.

Le vrai scandale de ce débat, comme des trois précédents, exprimé par des tweets notamment de Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, et de Pascal Canfin, l’ancien ministre écologiste, c’est que pas une seule fois n’a été abordé le thème écologique et environnemental, la construction européenne n’a pas non plus été évoquée.

Nul doute que François Hollande va utiliser tous ces débats, l’absence de proposition sur l’environnement, ainsi que les dernières statistiques du chômage plutôt encourageantes (publiées le même jour) pour justifier sa probable candidature à sa réélection.

Il reste que la mécanique d’une primaire ouverte est redoutable et que les 4,3 millions de participants au premier tour vont apporter un souffle et un effet levier immense au candidat qui sera finalement désigné. Il semble que l’audience de ce dernier débat ait été très élevée, ce qui laisserait entendre que le second tour pourrait jouir d’une nouvelle très forte mobilisation, et cela malgré l’éviction déjà actée de Nicolas Sarkozy

Si une forte participation fait le jeu évidemment du parti "Les Républicains" (le jeu et le "beurre" aussi), elle est aussi le signe que la démocratie française reste en bonne santé. Le second tour de la primaire LR aura lieu ce dimanche 27 novembre 2016 entre 8 heures et 19 heures. Toutes les informations pratiques se trouvent notamment à ce lien.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (25 novembre 2016)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Second tour de la primaire LR du 27 novembre 2016.
Quatrième débat de la primaire LR 2016 (24 novembre 2016).
François Fillon, gaullo-thatchérien ?
Programme de François Fillon pour 2017 (à télécharger).
Alain Juppé peut-il encore gagner ?
Le programme d’Alain Juppé (à télécharger).
Premier tour de la primaire LR du 20 novembre 2016.
Tout savoir pour participer à la primaire LR (bureaux de vote, charte, guide électoral).
Sondage OpinionWay pour Atlantico publié le 16 novembre 2016 (à télécharger).
Troisième débat de la primaire LR 2016 (17 novembre 2016).
Deuxième débat de la primaire LR 2016 (3 novembre 2016).
Premier débat de la primaire LR 2016 (13 octobre 2016).
Nicolas Sarkozy.
Nathalie Kosciusko-Morizet.
Jean-François Copé.
Jean-Frédéric Poisson.
Bruno Le Maire.
L’élection présidentielle 2017.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20161124-primaire-lr.html

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/primaire-lr-2016-le-quatrieme-et-186879

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2016/11/25/34606597.html


 

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24 novembre 2016 4 24 /11 /novembre /2016 06:42

« Les électeurs ont donc une haute responsabilité : celle de choisir un vrai projet, un projet solide pour le pays, et celle de choisir un candidat digne de confiance, capable de fédérer au-delà de nos propres rangs. Quelle est la personnalité qui veut transformer le pays et qui peut rassembler ? Et plus encore, quelle est la personnalité qui transformera, rassemblera et garantira l’autorité de l’État et l’image de la France ? » (Palais des Congrès de Paris, le 18 novembre 2016).


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Entre les deux tours de la "primaire de la droite et du centre", tous les projecteurs se portent sur la personnalité et le programme de François Fillon qui a gagné largement le premier tour du 20 novembre 2016 avec 44,1%. Les soutiens nombreux qu’il a reçus en début de semaine pourraient même lui apporter une victoire éclatante au second tour (arithmétiquement, il pourrait atteindre entre 65 et 75%).

Comme je l’ai expliqué précédemment, les attaques répétées d’Alain Juppé sur le programme de François Fillon seront, à mon avis, contreproductives. Alain Juppé se prévalait d’une stature présidentielle et arbitrale indiscutable, montrait (grâce aux sondages) une sérénité à toute épreuve, et le changement soudain de comportement risque de lui coûter très cher : un écart entre la perception consensuelle que les gens ont de lui et ces attaques frontales peut laisser un malaise, mais aussi, l’idée que le Juppé-droit-dans-ses-bottes, arrogant et méprisant, n’est peut-être pas encore oubliée après vingt années de gestion bordelaise consensuelle.

On verra au second tour si ces attaques ont été efficaces ou pas. Sans doute dans l’électorat de centre, déjà acquis, mais probablement pas dans le cœur électoral de cette primaire.

Après tout, une explication parmi d’autres de ce résultat très élevé de François Fillon, cela pourrait être aussi la conséquence d’un antisarkozysme électoral très fort : l’idée aurait été d’éliminer Nicolas Sarkozy dès le premier tour, les électeurs, imaginant, à cause des sondages, Alain Juppé qualifié sans problème, se seraient tournés vers François Fillon pour que le troisième homme devînt le deuxième. Auquel cas, Alain Juppé resterait le favori, maintenant que Nicolas Sarkozy est hors course. Mais ce n’est qu’une hypothèse.

L’autre hypothèse, communément admise dans les médias, c’est que la droite de la "bourgeoisie de province", celle des petits commerçants, celle de la "France qui travaille", a triomphé le 20 novembre 2016 et que François Fillon en est le meilleur représentant.

Si l’on compare de près les deux programmes (programme d’Alain Juppé ici ; programme de François Fillon là), on constate quand même que la différence est ténue.

Certes, dans le programme de François Fillon, le chapitre européen est un peu léger et l’environnement, l’un des enjeux du monde moderne, y est carrément absent !

Sa politique européenne ? Le positionnement est assez flou car il est à la fois partisan d’une intégration politique de la zone euro et d’un plus large souverainisme : « C’est être profondément européen que de refuser d’assister impuissant à l’effondrement du rêve d’unification du continent justifié par les 60 millions de morts de la Seconde Guerre mondiale. » (28 août 2016). Son objectif est très ambitieux : « Ma France a vocation à être la première puissance européenne avant dix ans parce qu’elle en a tous les atouts et que son abaissement n’est lié qu’à la résignation de ses dirigeants et à l’égoïsme de tous ceux qui profitent d’un système qui avantage les rentiers et ceux qui ne prennent aucun risque. » (28 août 2016).

Mais le principal est partagé. L’idée d’un "choc libéral" pour libérer les énergies et les initiatives économiques et retrouver le "plein emploi" (les deux candidats osent utiliser cette expression) est acceptée par eux deux. Tout est ensuite une question d’ampleur (où met-on le curseur ? mais le curseur est à peu près le même).

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Et là, incontestablement, d’un point de vue à la fois politique et intellectuel, Alain Juppé a une supériorité sur François Fillon. Car le vrai clivage se fera sur la méthode. Une méthode brutale, "à la Thatcher", ça passe ou ça casse, et une méthode plus douce, plus à l’écoute et à l’explication. Entre un management directif et un management participatif. Parmi les pancartes des supporters de François Fillon, on peut lire : "Casser la baraque avec Fillon". C’est assez éloquent, et c’est revendiqué (voir plus loin).


Psychorigide ?

Sans doute l’argument qui devrait marquer le plus (en principe) serait de parler d’un supposé "psychorigidité" de François Fillon. Le même que celui qui a fait sortir toute la jeunesse dans les rues à cause du CPE de Dominique de Villepin au printemps 2006. La question reste donc : la France peut-elle se permettre d’aller à l’affrontement social généralisé ? Je n’en suis pas sûr. Alain Juppé, fort des mauvais souvenirs de décembre 1995, éviterait à l’évidence l’enlisement et la paralysie totale du pays.

François Fillon veut faire d’ailleurs de ce tempérament, de son manque de charisme, de sa persévérance de tortue, un atout : « La raison contre les passions et les illusions, c’est ma marque de fabrique. Je n’en changerai pas car le but que je poursuis c’est le renouveau de la France, pas la consécration de mon ambition personnelle. » (28 août 2016).

L’autre question est : François Fillon serait-il le meilleur candidat LR à l’élection présidentielle de 2017 ? Impossible de vraiment y répondre avant l’élection elle-même, mais les premières réactions des responsables de gauche, visiblement reprenant espoir de ne pas être éliminés inéluctablement dès le premier tour, montrent que rien n’est joué pour "Les Républicains" : la désignation du candidat LR le 27 novembre 2016 ne signifierait pas automatiquement son élection à la Présidence de la République. C’est essentiel de rester dans cette prudence : les sondages n’ont aucune vocation prédictive.

À ce jeu de rôle, Alain Juppé paraît avoir encore les meilleurs atouts pour figurer au second tour. Pour une raison que nul ne lui conteste : son autorité et sa stature sont incontestables. Alors qu’il y a eu des doutes sur les capacités de François Fillon a réellement suscité l’enthousiasme populaire au-delà du seul électorat de la primaire LR.

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Par ailleurs, dans ce jeu de rôle, François Fillon présente une certaine contradiction dans l’image qu’il peut donner : un libéralisme économique débridé qui pourrait rendre obligatoire dans certaines entreprises jusqu’à 48 heures de travail hebdomadaire (au lieu des 35 de la loi actuelle) associé à un conservatisme sociétal qui va à l’encontre de ce libéralisme. L’idée de vouloir par exemple autoriser le retour à l’uniforme dans les écoles est un concept plus proche d’une planification étatique de type soviétique voire maoïste que d’un libéralisme de type thatchérien.


Gaulliste ?

Les relations internationales, qui sont un thème peu porteur dans une élection nationale, seront aussi tributaires de la différence de personnalité. On a dit François Fillon plus proche de Vladimir Poutine et même de Bachar El-Assad qu’Alain Juppé. Il est pourtant fort probable que le Quai d’Orsay restant ce qu’il est, il n’y aura pas d’inflexion supérieure à celle que les États-Unis vont forcément faire avec l’arrivée de Donald Trump.

Où est le gaullisme dans tout cela ? À la vérité, le gaullisme est mort le 28 avril 1969. Il peut y avoir une inspiration gaulliste, voire séguiniste, mais de gaullisme appliqué à la situation de 2016, cela ne veut pas dire grand chose, car le gaullisme était avant tout un pragmatisme soutenu par quelques idées fortes comme l’indépendance de la France mais aussi l’intérêt de la France (et cet intérêt doit passer aussi par le délégation de sa souveraineté pour constituer un bloc européen puissant face aux États-Unis, à la Chine, à l’Inde, à la Turquie, à la Russie, etc.). Personne ne peut dire comment réagirait De Gaulle avec les enjeux d’aujourd’hui, sauf ceux qui veulent faire de la petite récupération. Même Philippe Séguin, qui, comme François Fillon, avait voté contre le Traité de Maastricht, avait par la suite accepté l’idée d’une monnaie unique, grâce à laquelle la France avait évité une catastrophe monétaire lors du krach de septembre 2008.

Sur la politique extérieure, voici ce qu’en pense François Fillon : « La France n’est pareille à aucune autre Nation. Son Histoire, les conditions de son unification, la profondeur de sa culture, sa géographie, les épreuves qu’elle a traversées en ont fait une Nation unique. Notre alignement sur la politique étrangère américaine, notre effacement de la scène internationale, notre soumission au processus délétère de décision européen, générateur de petits compromis médiocres, ne sont pas compatibles avec les aspirations des Français et avec la place que la France occupe encore dans le cœur de nombreux peuples à travers le monde. Nous devons reprendre le contrôle de notre destin. » (28 août 2016).


Libéral ?

Revenons au supposé "gaullisme social" de François Fillon (expression qui ne veut rien dire par ailleurs). Le responsable du programme de François Fillon est un ancien ministre de Nicolas Sarkozy. Il s’appelle Hervé Novelli, créateur du statut de l’auto-entrepreneur, et il est un "authentique" libéral, faisant partie des proches d’Alain Madelin à l’époque de Démocratie libérale (ex-PR).

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Pour François Fillon, la liberté est effectivement l’élément clef de son action : « Parmi mes concurrents, je suis celui qui assume vraiment la première valeur de notre devise républicaine. Et d’ailleurs, si cette valeur de la liberté n’est pas en nous, si elle n’est pas portée par la droite, alors qui la portera ? Les socialistes, qui de tout temps ont préféré l’égalitarisme mou ? L’extrême droite, dont le projet économique est un copier-coller de celui de l’extrême gauche ? Tous les pays autour de nous qui ont réussi à relancer leur croissance et l’emploi ont utilisé le levier de la liberté. Tous ceux qui ont échoué, ont échoué pour avoir préféré l’uniformité. Ah la liberté ! Elle qu’on oppose stupidement à l’égalité alors qu’il existe en chaque être humain une singularité qui ne demande qu’à briller. (...) Je parle de liberté, oui, et j’en parle pour les sans grade, les sans carnets d’adresse, les oubliés, les déclassés, les humiliés, les courageux, bref, ceux pour qui la liberté est une opportunité de casser le plafond de verre qui fige leur destin ! » (18 novembre 2016).

Rejetant le procès en "libéralisme", François Fillon s’affirme social avec ses mesures libérales : « La liberté n’est pas sociale répètent sans réfléchir depuis des décennies les socialistes. "Ce qui est social" disait Tony Blair "c’est ce qui crée de l’emploi". Il avait raison. Et avec ce raisonnement la Grande-Bretagne est passée devant nous en devenant la 5e puissance économique du monde avec un taux de chômage de 5%. Qu’à cela ne tienne, nos "experts en tout" nous diront que c’est au prix de la précarité. Mais nous, nous avons la précarité mais pas les emplois ! Nous, nos jeunes se précipitent à Londres pour y réussir ce que notre bureaucratie refuse de les laisser faire ! Oui mon programme est social parce qu’il veut rendre à chaque Français la dignité que seul peut offrir le travail. Oui mon programme est social parce que seule la liberté permet l’innovation et sans innovation, une société est condamnée. On ne crée pas sous la contrainte. C’est vrai pour les artistes comme pour les innovateurs. Sans liberté, il y aura toujours plus de pauvres et toujours plus d’injustice sociale. » (28 août 2016).


Ambiteux ?

Assurément, François Fillon est ambitieux et même, a le tempérament de l’ambitieux transi. Deux exemples : sa réaction très négative lorsqu’il a été remercié par Jacques Chirac du gouvernement en 2005, ce qui l’a plongé dans un sarkozysme de circonstance (qui l’a porté vers Matignon). Et en 2010, il a ferraillé pour empêcher que Jean-Louis Borloo lui succédât.

Certains ont témoigné que ce fut Édouard Balladur, que François Fillon avait soutenu contre Jacques Chirac en 1995, qui lui conseilla en 2010 de tout faire pour rester à Matignon. Aujourd’hui, il semble ne pas être comptable du quinquennat de Nicolas Sarkozy alors qu’il en fut le premier exécuteur, un peu à la manière de Nicolas Sarkozy qui avait réussi à convaincre en 2007 qu’avec lui, c’était la "rupture" alors qu’il était Ministre de l’Intérieur sortant !

François Hollande, qui se revendique socialiste, fait du social-libéralisme et François Fillon, qui se revendique gaulliste et séguiniste, fait aussi du social-libéralisme. Aujourd’hui, médiatiquement, il y a incontestablement un "moment Fillon". Je ne sais pas s’il va durer au-delà du 27 novembre 2017. Entre septembre 2011 et juin 2012, il y a eu un "moment Hollande". On a vu que c’était court et ce que cela a donné par la suite.

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François Fillon veut justement enrayer cet immobilisme dû à l’esprit politicien des candidats élus en disant les choses clairement : arrivera-t-il à se faire élire sur cette base seule, celle du sang et des larmes, celle de la "déprime" pour reprendre la petite phrase assassine de Nathalie Kosciusko-Morizet lors de sa conclusion du troisième débat le 17 novembre 2016 en souhaitant en finir avec « la revanche, la nostalgie et la déprime » pour fustiger respectivement Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et François Fillon.

Pourquoi "déprime" ? Parce que François Fillon pèche sans doute en forçant trop les traits noirs du pays : « 6 millions de chômeurs ; 2 200 milliards de dettes ; des quartiers déglingués par la délinquance, la drogue et le chômage ; des cités interdites à la police ; des campagnes abandonnées ; des classes moyennes et des familles qui n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois ; les plus beaux actifs de la France rachetés par l’étranger ; l’intégrisme qui submerge les musulmans de France et les votes extrémistes qui gangrènent notre société : on ne tiendra pas longtemps comme cela. Lorsque je dis que le cœur du mal français relève d’un moteur économique en sous-régime, incapable de créer de la croissance et de soutenir le pouvoir d’achat, lorsque je dis que le plein emploi est une priorité vitale qui réclame toutes les ruptures, lorsque que je répète que la faillite nous guette, bref, lorsque j’affirme qu’il faut casser la baraque pour la reconstruire autrement, on me rétorque que je vais trop loin… » (18 novembre 2016).


Anti-système ?

Casser la baraque, pour François Fillon, cela signifie avant tout casser le système, ou plutôt, le transformer : « Tout est encadré, nivelé, passé à la moulinette d’une logique pernicieuse : mieux vaut la paperasse que l’audace, mieux vaut le chômage et les 3 000 pages du code du travail que l’assouplissement de l’emploi, mieux vaut le diktat syndical que le référendum d’entreprise, mieux vaut un champ en jachère que quelques arpents non déclarés, mieux vaut les écrous administratifs que la responsabilité, mieux vaut une circulaire qu’une initiative… Eh bien non : mieux vaut le risque d’oser que l’uniformité dans la médiocrité. Voilà ce que je crois et voilà ce que m’ont dit tous les salariés et agents publics. C’est ce système que je veux changer en redonnant au pays sa liberté ! » (18 novembre 2016).

Le point essentiel du programme de François Fillon pour retrouver une marge une manœuvre, c’est de réduire la voilure de l’État pour réduire les risques  de dépendance financière : « Pas d’échappatoire : nous sommes 66 millions de Français dans un monde de 7 milliards d’habitants assoiffés de réussite, et personne ne nous fera de cadeaux, ni monsieur Xi Jinping, ni monsieur Trump. Pas de dérobade : avec notre montagne de dettes, nous glissons vers la faillite. Le temps du dumping monétaire ne durera pas éternellement. Chaque point d’augmentation des taux d’intérêts scellera un peu plus notre dépendance à l’égard des marchés financiers, du Qatar et autres fonds de pensions américains. (...) Notre seule marge de manœuvre réside dans notre capacité à travailler plus, à travailler tous, à dépenser moins et à nous saisir de toutes les potentialités économiques qu’ouvrent les technologies et les ruptures scientifiques dont l’esprit français est capable. » (18 novembre 2016).


Un candidat soutenu par la base contre un candidat soutenu par …"l’etablishment" ?

Les attaques récentes d’Alain Juppé contre François Fillon vont probablement se révéler inefficaces. Deux cent quinze parlementaires l’ont déjà fait savoir ce mercredi 23 novembre 2016, la veille au soir de l’unique débat de cet entre deux tours particulièrement étonnant (diffusé sur TF1, France 2 et France Inter ce jeudi 24 novembre 2016 à 21 heures). L’audience de ce débat donnera une idée de la participation au second tour… et les chances de victoire des deux candidats en lice.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (24 novembre 2016)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
François Fillon, gaullo-thatchérien ?
Programme de François Fillon pour 2017 (à télécharger).
Discours de François Fillon à Sablé le 28 août 2016 (texte intégral).
Discours de François Fillon à Paris le 18 novembre 2016 (texte intégral).
Programme de François Fillon pour 2017 (à télécharger).
François Fillon, pourquoi est-il (encore) candidat en 2016 ?
Débat avec Manuel Valls.
Force républicaine.
Discours du 30 mai 2015 à la Villette.
Philippe Séguin.
Alain Juppé peut-il encore gagner ?
Le programme d’Alain Juppé (à télécharger).
Premier tour de la primaire LR du 20 novembre 2016.
Tout savoir pour participer à la primaire LR (bureaux de vote, charte, guide électoral).
Sondage OpinionWay pour Atlantico publié le 16 novembre 2016 (à télécharger).
Troisième débat de la primaire LR 2016 (17 novembre 2016).
Deuxième débat de la primaire LR 2016 (3 novembre 2016).
Premier débat de la primaire LR 2016 (13 octobre 2016).
Nicolas Sarkozy.
Nathalie Kosciusko-Morizet.
Jean-François Copé.
Jean-Frédéric Poisson.
Bruno Le Maire.
L’élection présidentielle 2017.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20161122-fillon.html

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/francois-fillon-vers-un-gaullo-186837

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2016/11/24/34603686.html



 

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22 novembre 2016 2 22 /11 /novembre /2016 06:16

« Ce qui m’importe, ce n’est pas la popularité à tout prix, mais ce lien singulier, fondé sur l’estime et la confiance, que j’ai établi par exemple avec les Bordelais. C’est ce lien si précieux que je veux tisser avec les Français. (…) C’est un projet ambitieux que je vous propose. Son but est de permettre à la France, aux Français, de relever la tête et de jouer toutes nos cartes dans un environnement difficile mais qui n’est en rien insurmontable. Ce projet, je veux pleinement l’incarner. » ("De vous à moi, le bonheur d’être Français", septembre 2016).


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La campagne du second tour de la "primaire de la droite et du centre" risque de ne pas être un long fleuve tranquille. Rescapé du premier tour, Alain Juppé, pourtant favori des sondages pendant deux ans jusqu’à il y a une semaine, a senti passer le vent du renouveau. Le soulagement de l’élimination de Nicolas Sarkozy au premier tour ne garantit pas un duel serein et rassembleur.

La percée exceptionnelle de François Fillon, historiquement exceptionnelle, a fait l’effet d’un tremblement de terre. Pourtant François Fillon, qui n’utilise pas beaucoup d’artifice dans ses effets de campagne, n’a jamais caché depuis 2012 à la fois son ambition et sa détermination au point d’avoir créé un groupe UMP dissident à l’Assemblée Nationale en novembre et décembre 2012 pour s’opposer à Jean-François Copé. C’est d’ailleurs logique que les principaux soutiens de Nicolas Sarkozy pour le premier tour de cette primaire, François Baroin, Éric Ciotti, Christian Estrosi, Laurent Wauquiez, Éric Woerth, etc. ont rejoint François Fillon pour le second tour puisqu’ils se trouvaient déjà à ses côtés à l’époque de la bataille de l’UMP en 2012.

Avant de partir de la compétition, Nicolas Sarkozy s’est amusé à faire demander à Alain Juppé de renoncer au second tour de la primaire pour laisser la victoire à François Fillon, mais cela aurait été voler la victoire à celui qui sera choisi au second tour. Même François Fillon a intérêt à continuer jusqu’au bout car sans cela, il resterait toujours des  doutes qui mineraient sa légitimité.

Le monde médiatique n’en finit pas de retomber dans ses travers puisque dès le lundi 21 novembre 2016, la plupart des commentateurs considéraient que François Fillon avait déjà gagné le second tour. C’est vrai qu’il est le grand favori et qu’il a un grand avantage, celui de la dynamique, la dynamique du premier tour (il a une avance notable sur Alain Juppé) et la dynamique des soutiens avec le ralliement de Nicolas Sarkozy. Pourtant, et c’est ce qu’espèrent les partisans d’Alain Juppé, le second tour pourrait aussi être une nouvelle surprise.

Au contraire de Nicolas Sarkozy, les deux candidats du second tour ont des personnalités qui ne sont pas susceptibles d’exacerber les passions, positives ou négatives, et leur CV est assez équivalent. Les deux hommes ont connu les fonctions ministérielles au plus haut niveau (Matignon), ont eu une carrière politique longue et si Alain Juppé a presque dix ans de plus que François Fillon, ce dernier est entré dans la vie parlementaire cinq ans avant lui et a donc plus d’ancienneté.

Globalement, seul l’âge est leur réelle différence de CV. À pondérer avec l’état de santé. Une sciatique peut par exemple paralyser des négociations au plus haut niveau (même si Michel Rocard avait raconté qu’au contraire, ses coliques néphrétiques avaient encouragé la signature des accords de Matignon pour pacifier la Nouvelle-Calédonie en 1988). Il reste donc les programmes.

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Alain Juppé, en homme politique chevronné, a voulu réagir dès le lendemain du premier tour pour porter l’offensive contre son concurrent François Fillon. Comme l’ont montré les premières interventions le 21 novembre 2016 de deux de ses principaux soutiens, Valérie Pécresse et de Jean-Pierre Raffarin, l’offensive est double.

Elle porte d’abord sur le programme de François Fillon. Là aussi, avec deux axes d’accusation. L’axe économique : son programme est néo-thatchérien. L’axe sociétal : son programme est ringard et renvoie aux années 1950 (uniforme des écoliers, remise en question des lois sociétales, etc.).

Elle porte ensuite sur la stratégie du parti "Les Républicains" pour l’élection présidentielle de 2017 : Alain Juppé serait le plus apte à rassembler les électeurs à la fois face à la gauche sortante qui a dévasté le pays pendant cinq ans et face à Marine Le Pen.


Le rassemblement

Prenons le second argument avant de revenir au premier. Alain Juppé est-il le plus apte à rassembler ? Rien n’est sûr, en fait.

Cet argument se base essentiellement sur les sondages, or, on vient justement de voir que les sondages ne sont pas capables de prédire des mouvements électoraux très rapides car le corps électoral est lui-même très fluide.

Emmanuel Macron pourrait très bien reprendre l’électorat d’Alain Juppé et l’empêcher d’atteindre le second tour. Le raisonnement contraire peut tenir aussi : la candidature d’Alain Juppé empêcherait l’arrivée au second tour d’Emmanuel Macron. En fait, personne n’en sait rien et les sondages, qui, lus correctement (avec leur intervalle d’incertitude), ne sont que des photos : une campagne présidentielle, c’est un film, ça bouge, c’est dynamique.

Autre réflexion sur le sujet : si Alain Juppé n’est capable de rassembler que 28% d’un électorat "de la droite et du centre", pourquoi serait-il plus capable de rassembler l’ensemble du corps électoral au premier tour en 2017 que François Fillon qui a rassemblée déjà 44% à la primaire ?

D’ailleurs, on pourrait considérer que si Marine Le Pen atteignait le second tour en 2017 (rien n’est pourtant sûr), le candidat qui serait face à elle serait le meilleur du premier tour hors FN. Or, les campagnes du premier tour sont comme les campagnes des primaires ouvertes : il s’agit de rassembler son camp derrière soi et pas de faire rejoindre des électeurs du camp opposé.

Donc, l’argumentation des juppéistes se tient dans une optique de second tour : Alain Juppé aura probablement plus de facilité à demander à des électeurs de gauche de voter pour lui contre Marine Le Pen au second tour. Mais elle ne tient pas pour le premier tour : les électeurs de gauche ne vont probablement pas voter pour lui dès le premier tour car l’offre politique sera plus large qu’un simple affrontement dualiste. Or, pour le premier tour, rien ne dit qu’une candidature d’Alain Juppé soit plus rassembleuse que celle de François Fillon.


Le programme

Je reviens à l’argumentation sur le programme. Je pense que c’est une erreur tactique de miser sur celle-ci. Je m’explique : la plupart des électeurs qui ont voté le 20 novembre 2016 pour François Fillon n’ont pas lu le programme de François Fillon. Comme, du reste, les électeurs des autres candidats. Le programme rentre très peu dans l’acte de voter. Il est évidemment important, il peut pourrir un quinquennat, mais on voit bien qu’il n’est pas le critère essentiel du vote. Une étude avait été faite d’ailleurs sur les recherches sur Internet des programmes, et c’est le programme de François Fillon qui avait été le moins recherché. Il est pourtant arrivé largement en tête.

Alors, certes, les juppéistes disent : c’est justement parce que ses électeurs ne connaissent pas son programme qu’ils ont pu voter pour François Fillon. Oui, mais les fillonistes disent de leur côté que si les juppéistes pilonnent un peu trop leur programme pendant une semaine, l’unité du parti LR risque d’être difficile à faire renaître : en effet, le soir du 27 novembre 2016, juppéistes et fillonistes devront bien se rejoindre derrière le candidat qui sera élu. Comme l’ont fait les sarkozystes au soir du premier tour, très sportivement, en rejoignant François Fillon.

D’ailleurs, l’argumentation peut se retourner contre Alain Juppé puisque les fillonistes en profitent maintenant pour dire que le programme d’Alain Juppé est flou, mou, sans consistance et sans détermination. On voit bien qu’en polarisant sur les programmes, le retour à l’unité sera beaucoup plus dur : comment un juppéiste qui parlent de thatchérisme pour le programme de François Fillon pourra-t-il le défendre dans une semaine sans perte de crédibilité ? Et réciproquement, comment un filloniste qui parle de mollesse pourra-t-il soutenir Alain Juppé dans une semaine ?

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En gros, s’attaquer aux programmes, de manière assez brutale, c’est renforcer la machine à perdre de la droite qu’elle connaît très bien. Rappelons-le : le combat présidentiel ne se limite pas à Fillon vs Juppé mais s’étend aussi à la gauche et à l’extrême droite. Dès le 21 novembre 2016, la garde rapprochée gouvernementale, Manuel Valls, Jean-Marie Le Guen, Jean-Christophe Cambadélis, etc., ont rapidement pris le relais des juppéistes sur le thatchérisme de François Fillon : comment Alain Juppé pourra-t-il ensuite soutenir François Fillon, alors qu’il a donné les meilleurs arguments à leurs adversaires politiques communs ? C’est le problème du principe de la primaire ouverte : s’opposer, mais pas trop !

Enfin, l’argumentation sur la "radicalité" du programme de François Fillon (qui revendique lui-même cet aspect "radical") est contre-productive pour Alain Juppé. En effet, l’électorat de la primaire LR n’est visiblement pas l’électorat populaire, ouvrier, etc., mais plutôt celui des beaux quartiers, aisés, proche du patronat et des petits entrepreneurs. Ce cœur de cible, au contraire, est ravi de la "radicalité" de François Fillon et souhaite avant tout réduire la voilure de l’État et être "libéré" du carcan bureaucratique qui inhiberait les initiatives économiques. En insistant sur le risque de choc thatchériste, Alain Juppé, sans le vouloir, creuse sa propre tombe du second tour de la primaire.


La méthode

À mon sens, un seul argument pourrait porter dans la campagne d’Alain Juppé et il serait d’ailleurs porté avec beaucoup de crédibilité par Alain Juppé justement. Dans l’électorat LR, personne ne remet en cause la nécessité de faire des réformes en profondeur du fonctionnement de l’État et d’ailleurs, le débat entre François Fillon et Alain Juppé s’arrête surtout sur l’ampleur de ces réformes.

Ce n’est donc pas le principe des réformes qui devrait faire débat. Après tout, même le Président François Hollande a fait des réformes économiques, plus radicales que tous les gouvernements qui l’ont précédé, et même si elles sont mineures et très mal servies, ces réformes vont, pour certaines, dans le bon sens (pas toutes, trois fois hélas !).

Le problème en France, depuis au moins vingt-cinq ans, ce n’est pas le principe des réformes, car les Français sont prêts à faire des sacrifices s’ils comprennent que c’est nécessaire pour leur survie ou la survie de leur modèle social. En revanche, aucun gouvernement, jusqu’à maintenant, n’a réussi dans la manière de réaliser ces réformes, personne n’a réussi à pratiquer une méthode qui permette à ces réformes de réussir. Rappelons les très nombreuses réformes avortées : le CIP d’Édouard Balladur en 1994, le plan Juppé en décembre 1995, le CPE de Dominique de Villepin en 2006, la loi Macron réduite à peau de chagrin en 2015, la loi El-Khomri réduite à peau de chagrin en 2016, etc.

À part des réformettes sur les retraites (les deux réalisées par François Fillon d’ailleurs, en 2003 et 2010), aucune grande réforme n’a réellement pu passer en France depuis le début des années 1990, par peur de trop cliver l’électorat, et pourtant, cela n’a pas empêché chaque majoritaire parlementaire sortante depuis 1978 d’être battue par l’opposition, sauf en juin 2007 (tant qu’à être battu, autant faire quand même les réformes, aurait-on pu se dire).

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Et cette argumentation de la méthode pourrait vraiment aider Alain Juppé car elle rappellerait déjà que les deux candidats sont d’accord pour réaliser des réformes profondes dont la France a besoin. Ainsi le clivage serait tout autre : d’un côté, un homme rassembleur, qui veut aller doucement dans les réformes en profondeur, pour accompagner au mieux le corps social et ne pas le prendre à rebrousse-poil ; de l’autre, un homme qui a renoncé aux méthodes douces et qui pense qu’il faut y aller franco, quitte à avoir un affrontement brutal avec les syndicats, et avec d’autres corps intermédiaires.

Alain Juppé a de la crédibilité dans la méthode car il sait ce qu’est la méthode forte et brutale : il l’a lui-même expérimentée en novembre 1995. Cela a conduit non seulement à l’échec électoral (1er juin 1997) mais aussi à l’échec des réformes voulues. La méthode brutale ne peut en aucun cas aboutir, l’histoire l’a démontré et l’évolution des esprits, une meilleure information plus diversifiée et les réseaux sociaux, le besoin de démarches plus participatives, renforcent l’idée que la brutalité ne peut conduire qu’au désastre, à la paralysie, et à l’échec des réformes (et probablement à l’arrivée du Front national au pouvoir la fois d’après s’il n’est pas arrivé avant).

La méthode des réformes est plus importante que les réformes elles-mêmes. Elle sera au cœur des enjeux de l’élection présidentielle de 2017. Les enquêtes d’opinion montrent bien que les Français ne sont pas forcément hostiles au changement mais ils ont besoin d’y être clairement associés. L’échec de François Hollande, c’est d’avoir été élu par les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, d’avoir refusé une alliance avec le courant que représentait François Bayrou et de faire des réformes que Nicolas Sarkozy n’aurait jamais osé entreprendre entre 2007 et 2012.

Cette dichotomie entre ce qu’il dit et ce qu’il fait est la source de son échec total. On ne peut plus tromper les Français et c’est pour cela que les programmes des candidats de la primaire LR sont assez forts : il faut que les candidats disent clairement à leurs électeurs ce qu’ils comptent faire réellement une fois élus. Mais à condition de rester dans l’intérêt général, et donc, d’accompagner les réformes d’une méthode qui associerait, pas seulement au moment de l’élection, l’ensemble des citoyens.

« De ce monde nouveau, la France n’a pas à avoir peur ! Toute l’Histoire de notre pays le montre : nous n’avons jamais eu peur des idées nouvelles, nous les avons trouvées ! Nous n’avons jamais craint les révolutions, nous les avons faites ! Nous n’avons jamais tourné le dos aux nouveaux mondes, nous les avons découverts et défrichés ! » (Alain Juppé, "De vous à moi, le bonheur d’être Français", septembre 2016).


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (22 novembre 2016)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Le programme d’Alain Juppé.
Alain Juppé peut-il encore gagner ?
Alain Juppé et le terrorisme.
L’envie d’Alain Juppé.
Alain Juppé, la solution pour 2017 ?
En débat avec François Hollande.
Au Sénat ?
Virginie Calmels.
Premier tour de la primaire LR du 20 novembre 2016.
Tout savoir pour participer à la primaire LR (bureaux de vote, charte, guide électoral).
Sondage OpinionWay pour Atlantico publié le 16 novembre 2016 (à télécharger).
Troisième débat de la primaire LR 2016 (17 novembre 2016).
Deuxième débat de la primaire LR 2016 (3 novembre 2016).
Premier débat de la primaire LR 2016 (13 octobre 2016).
Nicolas Sarkozy.
François Fillon.
Nathalie Kosciusko-Morizet.
Jean-François Copé.
Jean-Frédéric Poisson.
Bruno Le Maire.
L’élection présidentielle 2017.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20161121-juppe.html

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/alain-juppe-le-colosse-aux-pieds-d-186783

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2016/11/22/34595519.html

 

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21 novembre 2016 1 21 /11 /novembre /2016 06:39

Petit tour des candidatures à la candidature au premier tour de l’élection présidentielle française du 23 avril 2017. Deuxième partie : la primaire ouverte du parti "Les Républicains" (début).


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Ce dimanche 20 novembre 2016, malgré la file d’attente sous la pluie, près de 4 millions de citoyens ont participé au premier tour de la "primaire de la droite et du centre". C’était beaucoup plus que les 2,7 millions du premier tour de la primaire socialiste du 9 octobre 2011. Incontestablement, le désir d’alternance est très fort et tend à montrer que le système de la primaire ouverte, aussi contestable soit-il au regard de l’esprit gaullien des institutions, est une démarche participative à laquelle adhèrent des millions d’électeurs qui apportent indiscutablement une véritable dynamique au candidat qui sera désigné. La légitimité du candidat en ressortira évidemment renforcée.

De toutes les opérations visant à désigner un candidat à l’élection présidentielle de 2017, cette primaire organisée par le parti "Les Républicains" est celle qui a le plus d’enjeu. D’une part, parce qu’elle est issue de l’un des deux grands partis de gouvernement, et d’autre part, parce qu’il est fort possible (mais pas du tout certain, répétons-le !) que le candidat désigné à cette occasion soit aussi celui qui serait élu à l’issue d’un second tour supposé face à Marine Le Pen. Comme cette primaire est ouverte, c’est pour cela que des électeurs de gauche, refusant de se retrouver le 7 mai 2017 dans un second tour Nicolas Sarkozy vs Marine Le Pen, ont annoncé qu’ils participeraient à cette primaire. D’après les premières enquêtes d’opinion, ils auraient été très minoritaires (environ un électeur sur dix).

C’est la première fois qu’un parti de centre droit organise une primaire ouverte, "ouverte", c’est-à-dire que n’importe quel électeur inscrit sur une liste électorale peut participer à ce vote, dans l’un des 10 228 bureaux de vote, soit plus que lors de la primaire socialiste d’octobre 2011.

Je reviendrai certainement sur le principe même d’une primaire ouverte, qui va largement à l’encontre de l’esprit gaullien des institutions de la Ve République mais elle est le résultat d’une réalité : l’absence de leader "naturel" d’un grand parti et le besoin que le peuple lui-même puisse départager les candidats potentiels. Avant, c’était les militants ou les délégués des adhérents des partis qui départageaient, souvent avec une fraude généralisée dans les grandes fédérations.


Les origines de la primaire LR de 2016

Malgré la primaire du PS en octobre 2011, souvent raillée par l’UMP de l’époque (en particulier par Jean-François Copé qui dirigeait ce parti), il n’était pas du tout naturel qu’à l’issue de son échec de mai puis juin 2012, l’UMP décidât d’organiser une telle primaire.

Au contraire, loin d’un trop plein, il y avait presque un trop vide. Le Président de la République sortant, Nicolas Sarkozy, avait annoncé qu’il se retirait de la vie politique après son échec, l’ancien Premier Ministre Alain Juppé, déjà bien âgé, ne bénéficiait pas encore de sondages si élogieux, et Jean-François Copé, écarté du pouvoir pendant tout le quinquennat de Nicolas Sarkozy et n’ayant pas occupé de responsabilité majeure (comme du reste François Hollande !) n’était a priori pas en stature d’entrer dans la compétition.

C’est cette réflexion qui a dû donner des ailes au Premier Ministre sortant, François Fillon, qui n’avait pas démérité puisqu’il bénéficiait de sondages assez heureux durant la campagne présidentielle de 2012 (à tel point que de nombreux parlementaires UMP auraient préféré une candidature présidentielle de François Fillon dès 2012 pour éviter d’aller à l’échec). C’est donc dès la fin de juin 2012, après le processus électoral qui a mis l’UMP dans l’opposition, que François Fillon a annoncé son ambition de se présenter à l’élection présidentielle de 2017.

Et la première des étapes qu’il a cru bon de franchir, c’était de reprendre la présidence de l’UMP actuellement laissée en jachère depuis l’élection de Nicolas Sarkozy et placée sous la régence de Jean-François Copé. Dès le début de l’été 2012, les deux se sont portés candidats pour la présidence de l’UMP lors d’un vote des militants organisé le 18 novembre 2012. Deux autres candidats auraient voulu y participer, Bruno Le Maire et Nathalie Kosciusko-Morizet, mais n’ont pas eu les parrainages nécessaires. Ces deux derniers n’ont pas pris parti dans le duel fratricide entre François Fillon et Jean-François Copé.

Inutile de rappeler ici en détail le vote très serré et sans doute entaché de nombreuses irrégularités (dans les deux camps) ainsi que les contestations d’après-vote qui, pendant plusieurs semaines, ont failli disloquer l’UMP au point de créer deux groupes à l’Assemblée Nationale.

Finalement, avant la fin décembre 2012, un arrangement a été trouvé entre les deux postulants : François Fillon a renoncé à la présidence de l’UMP (on l’imaginait d’ailleurs peu à l’aise à la tête d’un parti, un peu comme Michel Rocard entre 1993 et 1994 qui a ainsi "consumé" sa candidature à l’élection présidentielle de 1995), en échange d’un bureau codirigé par les deux camps et de la garantie d’organiser une primaire ouverte pour désigner le candidat UMP à l’élection présidentielle de 2017.

Le principe d’une primaire ouverte est le seul moyen d’éviter au mieux les cuisines internes, autrement dit, les magouilles électorales. Avant le premier tour de cette primaire, Patrick Stefanini, le directeur de campagne de François Fillon, mettait quand même en garde ses assesseurs pour bien vérifier le bon déroulement du vote dans chaque bureau pour éviter les fraudes.

François Fillon voulait présider l’UMP principalement pour mettre en place ce système de primaire ouverte. Lorsque Nicolas Sarkozy est revenu et a été élu président de l’UMP (après la démission de Jean-François Copé), il a dû accepter de préserver ce système. Ce fut Thierry Solère, député de Boulogne-Billancourt (le tombeur de Claude Guéant !), proche de Bruno Le Maire, qui fut chargé de l’organisation.


Primaire, aspect organisationnel

La volonté a été d’élargir au maximum l’assise électorale. Toute personne inscrite sur les listes électorales pouvait participer au vote, à condition de payer 2 euros (par tour de scrutin, en 2011, le PS avait demandé 1 euro) et de signer une très vague "charte des valeurs républicaines de la droite et du centre" qui demande notamment une alternance politique "afin de réussir le redressement de la France" (lire le détail ici).

Concrètement, cette signature n’est pas un barrage pour des électeurs tant de gauche que d’extrême droite. Plus la participation est forte, moins Nicolas Sarkozy, qui est capable de rassembler le noyau dur des sympathisants de son parti, a des chances de gagner. C’est pour cela qu’une forte mobilisation est appelée par ses rivaux.

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Il est à noter que le premier débat télévisé a réuni, le 13 octobre 2016 sur TF1, 5,6 millions de téléspectateurs, ce qui est très important, car ils pourraient être des électeurs potentiels de la primaire. Le deuxième débat sur BFM-TV et i-Télé le 3 novembre 2016 a réuni 2,9 millions de téléspectateurs et le troisième débat sur France 2 et Europe 1 le 17 novembre 2016 a été regardé par 5,1 millions de téléspectateurs.

Les personnes de moins de 18 ans durant la primaire mais qui auront 18 ans lors de l’élection présidentielle le 23 avril 2017 ont pu également voter, ainsi que les Français de l’étranger, à condition de s’être inscrits avant le 16 octobre 2016 sur un site dédié à la primaire (environ 60 000 s’y sont inscrits).


Les candidatures non retenues

Pour être candidat, il fallait réunir avant le 9 septembre 2016 le parrainage de 2 500 adhérents LR, de 20 parlementaires, de 240 élus locaux répartis sur le territoire, ce qui était assez contraignant. La "pré-campagne" de la primaire a permis à certaines personnalités d’exister, quitte à rentrer dans le rang après le dépôt des candidatures.

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Durant tout le premier semestre 2016, il y a eu une éclosion de candidatures, fort de l’expérience de la primaire socialiste de 2011 qui avait "révélé" Manuel Valls et Arnaud Montebourg. Cette opération devait en effet apporter une exposition médiatique formidable.

Xavier Bertrand (51 ans), ancien député et ancien ministre, candidat le 16 septembre 2012, a retiré sa candidature le 14 décembre 2015 après son élection difficile à la présidence du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais-Picardie.

De même, Christian Estrosi (61 ans), député, maire de Nice et ancien sous-ministre, candidat le 13 juin 2014 seulement en cas d’absence de Nicolas Sarkozy, a retiré sa candidature le 16 décembre 2015 après son élection également difficile à la présidence du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Nadine Morano (52 ans), députée européenne, ancienne députée et ancienne sous-ministre, candidate le 4 septembre 2015, a été régulièrement au centre de polémiques dérisoires pour les propos outranciers dont elle est coutumière.

Hervé Mariton (58 ans), député et ancien ministre, ancien candidat à la présidence de l’UMP en 2014, candidat le 20 septembre 2015, s’est fait surtout connaître des médias par son opposition farouche au mariage gay. C’est le seul qui a cru avoir assez de signatures et dont la candidature a été invalidée.

Frédéric Lefebvre (52 ans), député et ancien sous-ministre, candidat le 20 janvier 2016, est passé d’un sarkozysme "écervelé" à une modération qui l’a fait approuver certains projets du gouvernement socialiste.

Geoffroy Didier (40 ans), vice-président du conseil régional d’Île-de-France, ancien collaborateur de Brice Hortefeux, candidat le 29 mars 2016, a souhaité capitaliser sur le renouvellement des générations.

Jacques Myard (69 ans), député, candidat le 5 avril 2016, est un habitué des déclarations à la presse à la fin des débats parlementaires.

Henri Guaino (59 ans), député et ancien conseiller spécial du Président Nicolas Sarkozy, candidat le 13 juin 2016, semble être en colère contre son parti et a considéré qu’il était plus facile d’être candidat directement à l’élection présidentielle qu’à la primaire LR.

Les deux autres candidats potentiels à cette primaire furent Laurent Wauquiez (41 ans), député et ancien ministre, élu président du conseil régional de Rhône-Alpes-Auvergne, qui a beaucoup hésité avant de soutenir Nicolas Sarkozy, et Michèle Alliot-Marie (70 ans), députée européenne et ancienne ministre d’État, qui a renoncé à la primaire dans l’objectif d’être candidate indépendante directement à l’élection présidentielle. À noter que Laurent Wauquiez est devenu le 23 août 2016 président par intérim du parti "Les Républicains" après l’annonce officielle de candidature de Nicolas Sarkozy. Quant à Dominique de Villepin (63 ans), il a assuré qu’il n’était pas question qu’il y participât parce qu’il considérait que la primaire était contraire à l’esprit des institutions et qu’elle était plus créatrice de divisions que d’unité.


Les sept candidats

Le 21 septembre 2016, l’instance arbitrale a validé sept candidatures à la primaire LR. Il n’y a qu’une seule femme. Ce furent des candidats de haut niveau, un ancien Président de la République, deux anciens Premiers Ministres, trois anciens ministres. Malgré la concurrence, la rivalité et même, parfois, l’animosité qui pouvait se trouver entre certains candidats, la campagne fut d’un bon niveau, la présentation des projets souvent constructive, et aucun incident notable ne s’est produit, ni durant la campagne, ni durant le processus électoral.

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J’ai déjà eu l’occasion de présenter les sept candidats. J’indique ici les principaux soutiens que chaque candidat a reçus durant la campagne (cette liste est partiellement issue du site Wikipédia et peut comporter quelques erreurs).

François Fillon (62 ans), candidat le 9 mai 2013, a été soutenu par Bertrand Accoyer, Valérie Boyer, Xavier Breton, Gilles Carrez, Jérôme Chartier, Bernard Debré, Dominique Dord, Serge Grouard, Jean-François Lamour, Isabelle Le Callennec, Thierry Mariani, Philippe Martin, Jean-Claude Mignon, Bernard Perrut, Christophe Priou, Lionel Tardy, Guy Tessier, Gilbert Barbier, Philippe Dallier, Philippe Bas, Isabelle Debré, Gérard Larcher, Gérard Longuet, Valéry Giscard d’Estaing, Hugues Martin, Alain Milon, Ladislas Poniatowski, François Zocchetto, Hugues Portelli, Bruno Retailleau, Henri de Raincourt, Michel Savin, Roselyne Bachelot, Arnaud Bazin, Jean de Boishue, François Goulard, Françoise Hostalier, Hervé Novelli, Patrick Stefanini …et Alain Afflelou, Henri de Castries, Henri Lachmann, Xavier Niel, Denis Payre, Patrick Pouyanné et Denis Ranque.

Alain Juppé (71 ans) candidat le 20 août 2014, a été soutenu par Benoist Apparu, Dominique Bussereau, François Cornut-Gentile, Patrick Devedjian, Hervé Gaymard, Philippe Gosselin, Hervé Mariton, Arlette Grosskost, Marc Laffineur, Frédéric Lefebvre, Jean Leonetti, François de Mazières, Édouard Philippe, Axel Poniatowski, Thierry Benoit, Charles de Courson, Laurent Degallaix, Stéphane Demilly, Yannick Favennec, Francis Hillmeyer, Jean-Christophe Lagarde, Bertrand Plancher, André Santini, Philippe Vigier, Michel Zumkeller, Thierry Robert, Christophe Béchu, Jérôme Bignon, Hubert Falco, Jean-Pierre Grand, François Grosdidier, Jean-François Husson, Fabienne Keller, Jacques Legendre, Philippe Leroy, Claude Malhuret, Jean-Pierre Raffarin, Vincent Capo-Canellas, Vincent Delahaye, Nathalie Goulet, Loïc Hervé, Chantal Jouanno, Sophie Joissains, Valérie Létard, Hervé Marseille, Yves Pozzo di Borgo, Jean-Marie Valerenberghe, Jacqueline Gourault, Jean-Jacques Lasserre, Alex Türk, Arnaud Danjean, Alain Lamassoure, Tokia Saïfi, Dominique Riquet, Marielle de Sarnez, Christine Albanel, François Bayrou, Azouz Begag, Léon Bertrand, Bruno Bourg-Broc, Pierre-Yves Bournazel, Virginie Calmels, Jacques Chirac, Claude Chirac, Laurent Hénart, Bruno Joncour, Louis Giscard d’Estaing, Louis de Broissia, Philippe Douste-Blazy, Jean-Louis Debré, Jacques Godfrain, Alain Lambert, Jean-René Lecerf, Jean-François Legaret, Pierre Méhaignerie, Valérie Pécresse, Marie-Luce Penchard, Dominique Perben, Jean-Jacques de Peretti, Margie Sudre, Jean Tiberi, Jean-Paul Virapoullé, Geoffroy Didier, Frédéric Salat-Baroux, …et Alain Delon, Louis Gallois, Isabelle Juppé, Alain Minc. Xavier Bertrand, qui avait prévu initialement d’être présent au dernier meeting d’Alain Juppé le 18 novembre 2016 à Lille, ne s’y est pas rendu alors qu’il devait y apporter son soutien.

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Jean-Frédéric Poisson (53 ans), candidat le 14 septembre 2015, a été soutenu par Xavier Lemoine, Christine Boutin, Karim Ouchikh, …et Charles Beigbeder.

Jean-François Copé (52 ans), candidat le 14 février 2016, a été soutenu par Olivier Dassault, Gérard Cherpion, Michel Herbillon, Denis Jacquat, Michèle Tabarot, Michel Voisin, Jean-Claude Carle, Jérôme Lavrilleux, …et Stéphane Collaro.

Bruno Le Maire (47 ans), candidat le 23 février 2016, a été soutenu par Damien Abad, Yves Albarello, Olivier Carré, Gilles Lurton, Jacques Pélissard, Laure de La Raudière, Franck Riester, Arnaud Robinet, Thierry Solère, Éric Straumann, Dominique Tian, Charles de La Verpillière, Yves Jégo, Nicole Duranton, Hervé Maurey, Catherine Morin-Desailly, Michel Barnier, Brigitte Fouré, Sébastien Lecornu, Hervé Morin et Jean-Marc Nesme.

Nathalie Kosciusko-Morizet (43 ans), candidate le 8 mars 2016, a reçu des parrainages, entre autres, de Valérie Pécresse, de Patrick Devedjian et de Chantal Jouanno, et a été soutenue par Philippe Folliot, Jérôme Peyrat, Grégoire de Lasteyrie, …et Jean-Luc Mano.

Nicolas Sarkozy (61 ans), candidat le 22 août 2016, a été soutenu par Nicole Ameline, Patrick Balkany, Philippe Briand, Bernard Brochand, Luc Chatel, Éric Ciotti, Philippe Cochet, Édouard Courtial, Jean-Michel Couve, Marc-Philippe Daubresse, David Douillet, Daniel Fasquelle, Georges Fenech, Alain Gest, Charles Ginésy, Claude Goasguen, Claude Greff, Philippe Goujon, François Baroin, Jean-Claude Guibal, Jean-Jacques Guillet, Sébastien Huyghe, Christian Jacob, Valérie Lacroute, Guillaume Larrivé, Patrick Labaune, Pierre Lellouche, Pierre Lesquiller, Lionnel Luca, Jean-François Mancel, Alain Marleix, Franck Marlin, Alain Marsaud, Damien Meslot, Alain Moyne-Bressand, Yves Nicolin, Patrick Ollier, Catherine Vautrin, Laurent Wauquiez, Éric Woerth, Maurice Leroy, Rudy Salles, Jean-Pierre Vigier, Pierre Charon, Serge Dassault, Philippe Dominati, Dominique Estrosi Sassone, Christian Estrosi, Jean-Claude Gaudin, Alain Joyandet, Roger Karoutchi, Rachida Dati, Françoise Grossetête, Brice Hortefeux, Constance Le Grip, Renaud Muselier, Maurice Ponga, Isabelle Balkany, Édouard Balladur, Joëlle Ceccaldi-Raynaud, Bernadette Chirac, Gérald Darmanin, Gaston Flosse, Nicolas Forissier, Claude Guéant, Maryse Joissans-Masini, Franck Louvrier, Philippe Marini, Marie-Anne Montchamp, Yves Moraine, Frédéric Péchenard, Guillaume Peltier, José Rossi, Jean Sarkozy, Philippe Richert, Antoine Rufenacht, Gérard Trémège, Georges Tron, …et Ingrid Betancourt, Carla Bruni, Didier Barbelivien, Pierre Giacometti, Jean d’Ormesson et Francis Szpiner.


La campagne du premier tour

Jusqu’à la dernière semaine de la campagne, les sondages ont placé Alain Juppé et Nicolas Sarkozy en tête du premier tour et l’attention médiatique ne s’est portée que sur ces deux candidats. Bruno Le Maire avait commencé assez fort à la fin de l’été en se hissant à la troisième place des sondages mais sa campagne s’est enlisée, notamment à cause du premier débat télévisé.

Quant à François Fillon, qui est celui qui a le plus travaillé et le mieux préparé sa candidature et son projet politique, en action depuis février 2013, après un début sans éclat, il a progressé comme un éclair dans les derniers jours de la campagne, renforçant l’incertitude du premier tour.

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Les trois débats télévisés furent des exercices très nouveaux, en tout cas pour cette partie de l’échiquier, souvent en proie à des rivalités très fortes entre les personnes (Valéry Giscard d’Estaing, Raymond Barre, Jacques Chirac, Édouard Balladur, etc.) et jamais, jusqu’à cette primaire, ces "rivaux" n’avaient débattu ensemble devant les Français en montrant leurs points de différenciation. En particulier, les échanges entre les trois principaux (Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et François Fillon) furent sans précédent.


La participation du premier tour

Les prévisions les plus hautes ont été en deçà de la réalité : 3 966 956 électeurs inscrits ont participé à cette primaire LR. Il faut comparer ce nombre aux 2 661 231 votants de la primaire socialiste du 9 octobre 2011 (premier tour). C’est 50% de plus !

Si l’on prend le nombre des électeurs inscrits sur les listes électorales lors du second tour des élections régionales du 13 décembre 2015 (le scrutin national le plus récent), soit 45 293 888 personnes, la participation à la primaire LR a correspondu à 8,8% du corps électoral, ce qui est très élevé. Toujours en comparant avec la primaire socialiste de 2011, cette dernière a eu au premier tour une participation qui a correspondu à 6,1% du corps électoral (comparaison avec le nombre d’inscrits pour le second tour des élections régionales du 21 mars 2010).

Ce fut donc un incroyable succès des organisateurs de la primaire (Thierry Solère en premier lieu) et aussi à toute "la droite et le centre" qui ont exprimé massivement leur désir d’alternance.
 





Les résultats du premier tour

L’autre réussite de la primaire, ce fut les écarts suffisamment importants dès le début de la diffusion des premiers résultats dans la soirée pour prendre acte rapidement de l’échec de Nicolas Sarkozy. Ainsi, aucune contestation n’était possible et tous les candidats battus ont reconnu très vite leur défaite. Le spectre du scrutin interne à l’UMP du 18 novembre 2012 s’est donc définitivement éloigné.

Autre caractéristique du scrutin : tout s’est cristallisé autour des trois principaux candidats au point de réduire à une portion congrue les "petits candidats" (moins de 7% en cumulé).


1. François Fillon a rassemblé 44,1% des suffrages exprimés, soit 1,8 million d’électeurs, c’est 75% de plus que François Hollande le 9 octobre 2011. Sa très grande avance sur Alain Juppé (plus de 15% !) lui donne évidemment le statut de favori du second tour, d’autant plus qu’il a bénéficié de nouveaux soutiens.

Comme je l’avais indiqué en septembre 2016, l’absence dans le débat médiatique de François Fillon avant les deux dernières semaines était profondément "injuste". Visiblement, une campagne sert à cela : à recadrer éventuellement les médias.

Il ne faut pas fustiger les instituts de sondages pour ce scrutin puisque justement, ils ont pu détecter la forte percée de François Fillon quelques jours auparavant, et donc cet envol n’a pas été une surprise. En revanche, il faut bien contester la propension de ceux que certains ont appelés éditocrates à avoir voulu systématiquement réduire la campagne du premier tour à un duel entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy.

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Couverture

Le mépris du milieu journalistique envers les "autres" candidats (et pas des moindres puisque François Fillon est arrivé à 6% de l’élection dès le premier tour !) a été permanent durant toute la campagne de premier et des personnalités comme Jean-Frédéric Poisson ont été "rangées" dans le rayon des "curiosités". Le sommet de ce mépris fut la manière dont Jean-Pierre Elkabbach s’est moqué du renouveau de Bruno Le Maire lors du troisième débat.

En ce sens, François Fillon a sans doute joui d’une "hillaryclintonisation" du milieu médiatique. Loin de la personnalité de Donald Trump, car François Fillon est tout sauf imprévisible, il a su convaincre les électeurs de ne pas se laisser enfermer dans une sorte de déterminisme sondagier, dans un duel qui n’était pas le leur. Rappelons un autre précédent lors de l’élection présidentielle de 1995, où les médias étaient convaincus d’un second tour (qui aurait été complètement surréaliste politiquement) entre Jacques Chirac et Édouard Balladur. Résultat, Lionel Jospin est arrivé à la première place au premier tour du 23 avril 1995.


2. Alain Juppé a sauvé sa deuxième place et sa qualification au second tour en recueillant 28,6% soit 1 133 798 voix. Là encore, rappelons que François Hollande avait rassemblé moins de voix le 9 octobre 2011 (1 038 188). Il s’est néanmoins balladurisé pendant la campagne. Toujours largement en tête dans les sondages pendant la campagne, il n’a pas su insuffler un souffle vraiment novateur en restant le "candidat par défaut". À lui de démontrer sa combativité pendant l’unique semaine de campagne du second tour. J’y reviendrai.


3. Nicolas Sarkozy n’a atteint que la troisième place, avec seulement 20,6%, soit 820 211 voix, loin derrière Alain Juppé. Il a dépassé cependant de 15 000 voix le score de Martine Aubry le 9 octobre 2011. Pour beaucoup de Français, cette éviction historique est un soulagement. Celui de ne pas revoir la même offre en 2017 qu’en 2012 (François Hollande, Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon).

Pour l’intéressé lui-même, même s’il a affirmé qu’il n’aurait pas d’amertume et c’est probablement vrai, ce fut une gifle particulièrement dure à encaisser. Son retour depuis deux ans et demi a donc échoué. Aucun Président de la République battu ne semble être en mesure de revenir dans le jeu politique. Valéry Giscard d’Estaing avait tenté aussi un retour (il avait été président de l’UDF de 1988 à 1995) mais n’avait pas pu s’imposer comme candidat à aucune des deux élections présidentielles qui ont suivi son échec (1988 et 1995).

Sa déclaration prononcée rapidement dans la soirée (à 22 heures 10) a été un mélange d’émotion et d’esprit sportif. Nicolas Sarkozy, loin de l’image du personnage égocentrique qu’il a pourtant été, a montré qu’il jouait "collectif".

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Couverture

D’une part, il a reconnu très vite sa défaite et a rendu hommage à ses deux rivaux Alain Juppé et François Fillon. Il a aussi pris tout de suite position, sans tergiverser : s’il a exprimé son "estime" pour Alain Juppé, il a annoncé qu’il voterait pour François Fillon au second tour car son programme lui est le plus proche. Il a aussi annoncé qu’il soutiendrait personnellement le candidat désigné par le second tour et qu’il l’aiderait à conquérir l’Élysée.

D’autre part, il a mis en garde ceux qui lui ont fait confiance de ne pas voter FN par dépit. Cette mise en garde était essentielle. Il a montré un esprit de responsabilité très fort d’homme d’État. Ce n’était pas : "moi ou le chaos", mais : "j’ai perdu, c’est la vie, mais je veux que mon camp gagne".

Enfin, émotion, car il semble bien (mais est-on sûr vraiment ?) que ce fut sa dernière déclaration politique. Il a dit "au revoir" un peu à la manière giscardienne (sans la grandiloquence), a remercié aussi sa famille pour ce qu’il lui a fait endurer pendant si longtemps, et a parlé, non sans un peu soulagement, qu’il se consacrerait désormais à sa "passion privée" (à savoir Carla Bruni !). Il a prouvé ainsi qu’il était d’une grande lucidité sur ce que sa personne a créé en passions, positives ou négatives.

Son départ du paysage politique national est effectivement historique (la semaine prochaine, l’histoire se poursuivra avec le départ d’un autre homme essentiel du paysage politique).

Puis, sont venus les "petits candidats" devenus "très petits candidats".


4. Nathalie Kosciusko-Morizet a raflé la quatrième place que personne ne lui prédisait avec 2,6%, soit 101 872 voix, nettement moins que les 149 103 recueillis par Manuel Valls le 9 octobre 2011. NKM n’a pas réussi à percer en raison de la focalisation du débat sur les trois premiers. Cependant, elle s’est révélée comme une excellente débatteuse, vive et alerte, et a réussi à adopter un ton un peu plus audible que dans le passé. C’est elle qui, à l’évidence, fait figure de renouveau de la classe politique dans cette partie de l’échiquier. Annonçant peut-être un échec d’Alain Juppé en disant qu’elle ne cherchait aucune place, elle a tout de suite apporté son soutien au maire de Bordeaux qui est le plus proche de ses convictions.


5. Bruno Le Maire est l’autre grand perdant du scrutin. Alors qu’il était donné comme le "troisième homme" dès le début de la campagne avec parfois un nombre à deux chiffres, il s’est effondré en cinquième place avec 2,4%, sous la barre des 100 000 électeurs, soit 94 891. Au même titre que la percée de François Fillon correspondait bien au mérite de son action, l’effondrement de Bruno Le Maire est "juste" au regard de sa très mauvaise capacité à défendre son (trop long) programme politique : que ce soit sur la suppression des fonctionnaires (confondus à des emplois aidés), sur l’interdiction du voile, sur la présence de soldats français sur le sol syrien, sur la suppression du collège unique ou d’autres sujets, Bruno Le Maire n’a dit que des inepties intellectuelles qui ont étonné par rapport à sa grande capacité intellectuelle.

Lui qui fut le directeur de cabinet d’un ancien directeur de cabinet d’Alain Juppé, il a apporté très rapidement son soutien à …François Fillon, voulant sans doute se retrouver quand même dans le camp des gagnants. Son obsession du renouveau, portée par un comportement archaïque de "foutage de gueule" politique, a eu raison de son grand potentiel.


6. Jean-Frédéric Poisson, le plus inconnu des candidats, a dû savourer sa petite victoire de ne pas être resté à la dernière place des candidats, lui qui fut un ancien cancre au fond de la classe (qui a fini tout de même par soutenir une thèse de doctorat en philosophie). Avec 1,5%, soit 57 945 voix, il a su rassembler tout ce que la France compte de "catholiques militants de droite", très engagés lors des "manifs pour tous" et dans d’autres combats militants. Il a ainsi bénéficié de quelques réseaux qui auraient pu se tourner vers le FN.


7. Jean-François Copé, enfin, est le dernier de la classe. J’avais écrit pour dire que sa candidature ne correspondait à aucune offre politique significative, seulement un besoin personnel, psychologique, de revenir dans l’actualité nationale. Son échec est, comme pour Bruno Le Maire, avec des objectifs différents, très dur à accepter pour celui qui se voyait déjà élu Président de la République en 2017.

Avec seulement 0,3% des suffrages, il n’a obtenu que 11 754 voix. Il faut faire des comparaisons pour prendre conscience de l’ampleur du désastre personnel. C’est nettement moins que les 17 055 électeurs socialistes qui ont voté pour Jean-Michel Baylet le 9 octobre 2011. C’est également nettement moins que ses 19 604 électeurs de la 6e circonscription de Seine-et-Marne qui lui ont fait confiance lors du premier tour des élections législatives du 10 juin 2012 ! Cela fait 120 électeurs par département ! Cela fait à peine plus d’un électeur par bureau de vote !!

À l’évidence, au contraire du premier tour de la primaire socialiste du 9 octobre 2011 qui fut un tremplin ministériel pour tous les candidats battus, le premier tour de la primaire LR du 20 novembre 2016 a servi à tourner la page, à assainir l’offre politique chez "Les Républicains" en éliminant, non seulement Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé, mais également Bruno Le Maire dans leurs ambitions présidentielles. Ce lundi 21 novembre 2016, Jean-François Copé a apporté son soutien à Alain Juppé.


Il reste donc une dynamique, celle de François Fillon, un rescapé, Alain Juppé, et une révélation qui sera au cœur du renouvellement futur, Nathalie Kosciusko-Morizet.


Et maintenant ?

Le second tour, qui aura lieu dimanche 27 novembre 2016, va donc opposer deux cohérences et deux personnalités. Il n’y aura plus de pollution sur des postures mais un clivage sur des projets politiques.

Il est probable qu’en raison des résultats du premier tour (éviction de Nicolas Sarkozy qui a polarisé ce scrutin), la participation au second tour serait moindre qu’au premier (au contraire de la primaire socialiste). Néanmoins, l’une des leçons de ce scrutin du premier tour, c’était justement qu’il n’y a pas eu, pour la majorité des participants, un vote contre (contre Sarkozy ou contre Juppé) mais bien un vote pour (pour Fillon).

Le pire aurait été la désignation d’un candidat par défaut, ce qui s’était passé précisément avec François Hollande tant à la primaire socialiste le 16 octobre 2011 (par absence de Dominique Strauss-Kahn) qu’à l’élection présidentielle du 6 mai 2012 (par opposition à Nicolas Sarkozy).

François Fillon jouit actuellement d’une dynamique exceptionnel (et historique) qu’il sera très difficile aux partisans d’Alain Juppé de retourner. Le moment essentiel de cette campagne du second tour aura lieu lors du débat entre les deux candidats sur TF1, sur France 2 et sur France Inter ce jeudi 24 novembre 2016 à 21 heures.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (21 novembre 2016)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Premier tour de la primaire LR du 20 novembre 2016.
Tout savoir pour participer à la primaire LR (bureaux de vote, charte, guide électoral).
Sondage OpinionWay pour Atlantico publié le 16 novembre 2016 (à télécharger).
Troisième débat de la primaire LR 2016 (17 novembre 2016).
Deuxième débat de la primaire LR 2016 (3 novembre 2016).
Premier débat de la primaire LR 2016 (13 octobre 2016).
Alain Juppé.
Nicolas Sarkozy.
François Fillon.
Nathalie Kosciusko-Morizet.
Jean-François Copé.
Jean-Frédéric Poisson.
Bruno Le Maire.
L’élection présidentielle 2017.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20161120-prepresidentielle2017-ab.html

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/premices-prepresidentielles-2017-2-186748

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2016/11/21/34581703.html



 

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20 novembre 2016 7 20 /11 /novembre /2016 00:02

Tous les électeurs français inscrits sur les listes électorales avant le 31 décembre 2015 et ceux qui auront 18 ans avant le 23 avril 2017 peuvent participer à la primaire de la droite et du centre organisée par le parti Les Républicains. Sept candidats : Alain Juppé, François Fillon, Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-François Copé, Jean-Frédéric Poisson et Bruno Le Maire. Il faut apporter 2 euros en espèces (faire l'appoint) à chaque tour et signer une charte sur les valeurs républicaines de la droite et du centre.

Pour connaître votre bureau de vote,
Vous pouvez appeler le 0821 20 20 16 tous les jours entre 8 heures et 19 heures
ou cliquer à ce lien :
http://www.primaire2016.org/ou-voter

Cliquer sur le lien pour télécharger les autres documents (fichiers .pdf).

Charte des valeurs républicaines de la droite et du centre :
http://www.primaire2016.org/frontend/pdf/Charte_de_la_primaire_V170516.pdf

Guide électoral de la primaire LR 2016 :
http://www.primaire2016.org/frontend/pdf/guide-electoral-primaire.pdf

Pour en savoir plus :
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20161120-prepresidentielle2017-ab.html

SR


 

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19 novembre 2016 6 19 /11 /novembre /2016 00:14

Les documents de programmes que propose Alain Juppé pour 2017 sont accessible sur Internet.

Cliquer sur le lien pour télécharger le fichier .pdf.

Propositions pour un État fort :
http://etatfort.versunnouveaumonde.fr/images/AJ_Propositions_Etat_fort.pdf

Propositions pour l'emploi :
http://emploi.versunnouveaumonde.fr/images/AJ_Propositions_Emploi.pdf

Livre numérique "De vous à moi, le bonheur d'être français" :
https://d3n8a8pro7vhmx.cloudfront.net/alainjuppe/pages/2215/attachments/original/1473363219/De-vous-a-moi.pdf?1473363219

Analyse du programme d'Alain Juppé :
http://www.seance-publique.com/uploads/Catalogues/notes/33/a56b0f419ca6f2.pdf

Pour en savoir plus :
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20161121-juppe.html

SR

 

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19 novembre 2016 6 19 /11 /novembre /2016 00:10

Le programme de François Fillon est accessible sur son site Internet.

Cliquer sur le lien pour télécharger le fichier .pdf.

Programme de François Fillon (janvier 2016) :
https://www.fillon2017.fr/wp-content/themes/gravida/images/pdf/Manifeste.pdf

Analyse du programme et de l'équipe de François Fillon :
http://www.seance-publique.com/blog/wp-content/uploads/2016/02/Fran%C3%A7ois-Fillon-Faire.pdf

Analyse comparative des programmes de la primaire LR (octobre 2016) :
http://www.ifrap.org/sites/default/files/articles/fichiers/evaluation_des_programmes_economiques_de_la_primaire_de_la_droite_et_du_centre_ifrap_-_octobre_2016.pdf


Pour en savoir plus :
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20161122-fillon.html



Note du 4 mars 2017.

Le programme de François Fillon a été complété après la primaire et est désormais lisible en cliquant ce nouveau lien :

http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20170304-programme-fillon-2017.html


Note du 23 mars 2017 :

La version définitive du projet de François Fillon présentée le 13 mars 2017 est téléchargeable sous forme imprimée à ce lien :

http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20170313-projet-fillon.html


SR
 

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18 novembre 2016 5 18 /11 /novembre /2016 22:15

(verbatim)

Discours de François Fillon à Paris le 18 novembre 2016

Mes amis, mes très chers amis,

Il y a dans l’air, comme une étrange fraicheur qui vient traverser les couloirs de cette primaire qu’on nous disait fermée à double tour…

Après des mois de campagne, il se passe quelque chose autour de nous. Comme une vague qui monte.

Je ne me fie pas aux sondages, je me fie aux Français.

Partout en province, les salles étaient pleines. Partout où j’engageais le dialogue, je sentais la volonté de mes compatriotes de construire une vraie alternance.

Et ce soir, vous êtes 4000 dans cette salle et 3000 nous suivent dans des salles voisines. Avec vous je les salue.

Qu’ils me pardonnent, qu’ils m’excusent de ne pas avoir pu pousser les murs de cette enceinte pour que nous puissions être tous ensemble, coude à coude… Nous ne pensions pas être débordés par un tel succès.

7000 citoyens passés sous les radars du microcosme, 7000 forces qui me donnent une force irrésistible.

Certains s’érigent en candidat du peuple.

Je ne prétends rien : le peuple est là !

Trois ans que je suis sur les routes de France, trois ans que je travaille à un projet crédible.

Je n’ai jamais dévié, et malgré les vents contraires, vous n’avez rien lâché. C’est pourquoi je vous dis qu’être parmi vous est bien plus qu’un plaisir, c’est un privilège !

Du fond du cœur, merci. Merci aux milliers de Françaises et de Français qui m’ont interpellé et suivi dans mes déplacements ; merci à tous les élus, militants, bénévoles, membres de la société civile : tous ont été formidables de dévouement dans cette campagne qu’il faut amplifier jusqu’à la dernière minute.

Je suis le pied sur l’accélérateur, mais je vous demande aussi de mettre le turbo partout où votre voix peut être entendue, partout où votre présence peut être utile au bon déroulement des primaires.

Aux internautes, je demande d’envahir les réseaux sociaux, aux militants je demande de tracter, de convaincre…

Dans ce dernier sprint, je ne vous dis pas « aidez-moi », je vous dis « allez encore plus vite que moi, foncez,  balayez les scénarios écrits par d’autres que vous ».

Autour de nous, beaucoup ont pensé, et espèrent encore, que cette primaire serait jouée d’avance.

Ils avaient mis le rouleau compresseur en marche : des mois et des mois que ce rouleau avance, compresse, tente d’aplatir tout ce qui bouge…

Mais, nous sommes un peuple libre, un peuple fier, qui n’aime pas qu’on lui dicte son comportement. Il va falloir compter avec vous, et plus que cela – je vous fais une confidence – nous nous battons pour gagner !

Avec tous les électeurs de la droite et du centre, nous nous battons pour mettre un point final à ce quinquennat d’échecs et, au passage, mettre un terme à toutes ces idées fausses qui depuis 30 ans nous empêchent de moderniser vraiment notre pays.

François Hollande nous laisse une France en dépôt de bilan, économique et moral.

Il n’aura été ni un grand président, ni un président normal, puisqu’il n’aura, tout simplement, jamais vraiment compris ce qu’est « être Président de la République ».

L’honneur comme la sagesse voudrait qu’il renonce à se représenter, mais il ne le fera sans doute pas, convaincu qu’il est, que la démocratie est un jeu à somme nulle. Alors je l’affronterai, lui ou un autre, comme j’affronterai l’extrême droite et son programme démagogique, et nous les vaincrons le moment venu !

Mais la victoire n’est pas une fin en soi.

Nous nous battons pour redresser notre pays. Et ce devoir m’apparaît si urgent, si vital, que sans compromis, j’ai fait de la vérité, fut-elle inconfortable, l’axe de notre sursaut collectif.

Et cette vérité la voici : l’état d’urgence est partout.

Il est contre le totalitarisme islamique qui nous a déclaré la guerre. Il n’y a pas d’autre choix que celui de l’inflexibilité, pas d’autre choix que de s’allier avec tous ceux qui combattent l’Etat Islamique et qui peuvent le détruire.

L’état d’urgence est en Europe, tétanisée par le Brexit et par un manque de leadership et de vision.

L’état d’urgence est chez nous, économique, social, financier, sécuritaire, existentiel aussi car c’est bien notre destin qui se joue entre déclin ou sursaut.

Pas d’échappatoire : nous sommes 66 millions de Français dans un monde de sept milliards d’habitants assoiffés de réussite, et personne ne nous fera de cadeaux, ni Mr Xi Jinping, ni Mr Trump.

Pas de dérobade : avec notre montagne de dettes nous glissons vers la faillite. Le temps du dumping monétaire ne durera pas éternellement.

Chaque point d’augmentation des taux d’intérêts scellera un peu plus notre dépendance à l’égard des marchés financiers, du Qatar et autres fonds de pensions américains.

« La politique française ne se fait pas à la corbeille » s’exclamait le général de Gaulle. Non mon général, mais si rien n’est fait, elle se fera au FMI, à Washington et à Pékin !

Notre seule marge de manœuvre réside dans notre capacité à travailler plus, à travailler tous, à dépenser moins et à nous saisir de toutes les potentialités économiques qu’ouvrent les technologies et les ruptures scientifiques dont l’esprit français est capable.

Devant l’urgence pas de ruse.

L’élection présidentielle de 2017 ne peut pas être celle de la revanche, elle ne peut pas être celle d’une alternance classique : elle doit être le point de départ d’un peuple qui, par tous ses instincts de vie, se met à l’offensive et à l’action.

Je ne parle pas de réformes, j’en appelle à une transformation économique et sociale.

Je suis celui qui propose les solutions les plus cohérentes, les plus radicales, celui qui s’adresse directement aux Français, à leur lucidité, à leur courage.

Je laisse Mr Hollande à ses problèmes, je laisse Mr Bayrou là où il est, je laisse Mme Le Pen à ses roses bleues, je laisse Mr Macron à son plan de com…

Je ne fais pas dans la pêche électorale et les combinaisons.

Moi, je trace mon sillon avec mon projet !

Je vais vers tous les Français pour les entendre et les convaincre qu’on peut s’en sortir.

Agriculteurs, médecins, enseignants, policiers, artisans, entrepreneurs, et tant d’autres encore : je me suis nourri de leurs paroles. J’ai ressenti leur peur du déclassement, leur rage de voir notre pays paralysé.

Je suis porté par leur énergie, leur désir de justice.

Je veux incarner l’orgueil d’une nation qui ne se laisse pas abattre.

Je veux être leur porte-voix dans un monde qui a besoin de la France.

C’est mon combat, et je viens vers vous, porté par la confiance que fait naître en moi cette incroyable aventure d’un pays qui par sa bravoure, sa culture, son goût du progrès, a réussi à se placer parmi les cinq plus grandes puissances du monde.

Nous sommes les héritiers d’une Nation bâtie par des femmes et des hommes qui ont travaillé sans relâche, et tout nous commande de faire aussi bien qu’eux.

Cette nation de paysans, de châteaux et de sans-culottes, cette nation fille de la chrétienté et fille de l’esprit des lumières est montée sur les barricades pour la justice, s’est sacrifiée pour son indépendance afin que le peuple français soit toujours libre de dire « je suis là et j’exige le respect ».

Exigez ce respect !

Exigez-le de toutes vos forces, et assumons, ensemble, les efforts qu’il réclame.

Nous avons 2000 ans d’épopée derrière nous et nous allons faire en sorte que cette épopée ne s’arrête pas maintenant.

Je suis gaulliste et je n’oublie rien de Philippe Séguin.

Le combat pour la souveraineté nationale, je le poursuis, avec mes idées, avec mon tempérament, avec ce monde qui change, mais toujours pour la grandeur d’une espérance française.

Au plus profond de moi, il y a une conviction intime que je vous livre : on ne dirige pas la France sans avoir conscience de tenir entre ses mains quelque chose de sacré, quelque chose qui dans dix ans doit être, pour vous et nos enfants, une source d’ardeur et de fierté.

François Hollande a abimé la fonction présidentielle. La présidence des faits divers et des messes basses ne sera pas la mienne. Il n’y a pas d’autorité sans prestige, sans une certaine dignité et une intégrité certaine.

Si j’avais l’honneur de présider notre pays, je me sentirais dépositaire d’une mission qui commande tous les services, toute l’exemplarité qui sied à cette charge, et surtout, tous les actes nécessaires à l’intérêt supérieur des Français et de leur patrie.

C’est ma conception de mon devoir et le sens de ma campagne.

Si tel n’était pas le cas, je ne viendrais pas au-devant de vous avec un projet aussi tranché, aussi peu politicien, un projet qui propose la fin des 35h, la baisse drastique du nombre de fonctionnaires et 100 milliards d’économie.

Oui, si le sens du devoir n’était pas en moi, je vous promettrais n’importe quoi, à n’importe quel prix, et si possible sans efforts…

C‘est parait-il ainsi qu’on achète le vote des Français, mais c’est aussi, à grands coups d’illusions et de demi mesures, qu’on achèvera un jour la France.

Mon diagnostic est sans concession parce que je veux nous donner tous les moyens de la réaction.

Je regarde l’avenir et juge lucidement le passé, et m’en sens pour partie comptable, car celui qui ne fait pas l’inventaire n’a aucune chance d’inventer un autre futur.

Je fus Chef du gouvernement, chef d’une majorité parlementaire que j’ai dirigée et qui ne m’a jamais fait défaut : je ne renie rien, je fus plus que loyal, autrement plus loyal que tous ces ministres socialistes qui prennent la poudre d’escampette, mais je veux changer ce que j’ai vu, et surtout faire ce qui doit être fait pour relancer notre pays dont les atouts sont immenses.

La France – c’est là ma certitude et mon but – peut effectuer son retournement en deux ans, se redresser en cinq ans, et d’ici dix ans, elle peut être la première puissance européenne.

C’est ainsi que je suis, et c’est pour tout cela, mes amis, que je suis candidat à l’élection présidentielle.

Dimanche, dans deux jours, tout commence vraiment.

Dimanche, des centaines et des centaines de milliers d’électeurs vont envahir les bureaux de vote et ce que j’ai entendu sur le terrain me laisse entendre qu’il va y avoir une surprise.

Une large majorité de nos concitoyens ne veut pas rééditer le match de 2012. Non, pas de film à l’envers ! Et puis, jamais je n’ai senti notre électorat aussi lucide sur nos blocages, aussi prêt à des mesures franches.

Quels sont les vrais enjeux de cette primaire ?

Il ne s’agit pas d’élire le président d’un parti. Il ne s’agit même pas de désigner le champion de la droite, qui appartiendrait à la droite et à elle seule. Et il ne s’agit évidemment pas de voter en contre : accordez-moi qu’il serait bien court de vouloir Alain Juppé pour ne pas avoir Nicolas Sarkozy et Nicolas Sarkozy pour ne pas avoir François Bayrou.

Cette primaire est une primaire pour la France puisque son résultat commandera l’issue de la prochaine présidentielle et le sort des cinq années à venir qui seront décisives pour le pays.

Les électeurs ont donc une haute responsabilité : celle de choisir un vrai projet, un projet solide pour le pays, et celle de choisir un candidat digne de confiance, capable de fédérer au-delà de nos propres rangs.

Quelle est la personnalité qui veut transformer le pays et qui peut rassembler ? Et plus encore, quelle est la personnalité qui transformera, rassemblera et garantira l’autorité de l’Etat et l’image de la France ?

Trois questions… mais il faut une réponse ! Et de votre réponse, surgira l’homme ou la femme qui se trouvera dans 6 mois à l’Elysée.

C’est aux Français, et à eux seuls, d’apporter la réponse en leur âme et conscience. Je n’ai qu’un conseil à leur donner : n’ayez pas peur, ne vous laissez pas impressionner, plantez dans cette élection vos propres convictions, votre certitude intime.

Tous les candidats ont leurs qualités, tous ont de l’expérience.

Mais tous ne font pas de la politique de la même façon, tous n’ont pas le même programme, tous n’ont pas la même vision.

Vous connaissez mes lignes de force.

D’abord, un diagnostic qui ne laisse aucune place au conservatisme.

6 millions de chômeurs ; 2200 milliards de dettes ; des quartiers déglingués par la délinquance, la drogue et le chômage ; des cités interdites à la Police ; des campagnes abandonnées ; des classes moyennes et des familles qui n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois ; les plus beaux actifs de la France rachetés par l’étranger ; l’intégrisme qui submerge les musulmans de France et les votes extrémistes qui gangrènent notre société : on ne tiendra pas longtemps comme cela.

Lorsque je dis que le cœur du mal français relève d’un moteur économique en sous-régime, incapable de créer de la croissance et de soutenir le pouvoir d’achat, lorsque je dis que le plein emploi est une priorité vitale qui réclame toutes les ruptures, lorsque que je répète que la faillite nous guette, bref, lorsque j’affirme qu’il faut casser la baraque pour la reconstruire autrement, on me rétorque que je vais trop loin…

J’entends Alain Juppé dire que la réduction de 8% des emplois publics en 5 ans serait impossible et le retour des 39 heures pour les fonctionnaires trop risqué.

Je lui réponds que cette critique signe son impuissance et justifie ma candidature.  Si on ne peut rien faire pour éviter la faillite et combattre la bureaucratie qui enferme les Français alors mieux vaut rester chez soi.

J’entends Nicolas Sarkozy dénoncer les 35 heures pour aussitôt les cristalliser à tout jamais avec la défiscalisation des heures supplémentaires qui rendrait illusoire toute négociation dans les entreprises pour augmenter le temps de travail, promettre de baisser tous les impôts et dénoncer la TVA sociale avec les mêmes arguments dont usaient la gauche quand nous nous étions enfin décidés à la mettre en œuvre.

On défiscalise à tout va, on promet aux Français qu’on s’en sortira en travaillant moins que les autres et sans remettre réellement en cause l’organisation et la dimension de la puissance publique.

C’est tout le contraire de ma démarche. Moi, je cible mes priorités : 40 milliards pour la baisse des charges des entreprises et l’emploi avec en appui une augmentation de deux points de la TVA, 10 milliards d’allègements sociaux et fiscaux en soutien aux familles et aux classes moyennes, sauvetage des régimes sociaux avec augmentation du temps de travail et dégressivité des allocations chômage, 100 milliards de réduction des déficits publics avec baisse des effectifs et des dépenses.

Non, je ne vais pas trop loin lorsque je dis qu’il faut se donner les moyens du redressement. Je suis dans le vif du problème français.

« Laissez-nous travailler, laissez-nous réussir, qu’on nous fiche la paix », voilà ce que m’ont dit les milliers de Français que j’ai rencontrés depuis trois ans pour bâtir mon projet.

Notre peuple n’est pas fatigué, c’est le système qui est complètement usé, avec cette incroyable accumulation de règles, de normes, de soupçons qui vampirisent les volontés.

La bureaucratie a envahi nos vies.

Tout est encadré, nivelé, passé à la moulinette d’une logique pernicieuse : mieux vaut la paperasse que l’audace, mieux vaut le chômage et les 3000 pages du code du travail que l’assouplissement de l’emploi, mieux vaut le diktat syndical que le référendum d’entreprise, mieux vaut un champ en jachère que quelques arpents non déclarés, mieux vaut les écrous administratifs que la responsabilité, mieux vaut une circulaire qu’une initiative…

Eh bien non : mieux vaut le risque d’oser que l’uniformité dans la médiocrité. Voilà ce que je crois et voilà ce que m’ont dit tous les salariés et agents publics.

C’est ce système que je veux changer en redonnant au pays sa liberté !

Cela me fait sourire lorsqu’on me colle l’étiquette de libéral, comme on peignait, au moyen-âge, des croix sur les portes des lépreux… Je n’ai pas lu toute l’œuvre de Raymond Aron, et, c’est vrai, je n’ai jamais aimé Marx.

Je suis un pragmatique.

Parmi mes concurrents, je suis celui qui assume vraiment la première valeur de notre devise républicaine. Et d’ailleurs, si cette valeur de la liberté n’est pas en nous, si elle n’est pas portée par la droite, alors qui la portera ?

Les socialistes, qui de tout temps ont préféré l’égalitarisme mou ? L’extrême droite, dont le projet économique est un copier-coller de celui de l’extrême gauche ?

Tous les pays autour de nous qui ont réussi à relancer leur croissance et l’emploi ont utilisé le levier de la liberté. Tous ceux qui ont échoué, ont échoué pour avoir préféré l’uniformité.

Ah la liberté ! Elle qu’on oppose stupidement à l’égalité alors qu’il existe en chaque être humain une singularité qui ne demande qu’à briller.

Justice, oui justice doit être rendue aux femmes et aux hommes de notre pays qui veulent être debout et non assistés ; oui, justice doit être rendue à ceux qui veulent agir et non pas être pilotés comme des robots.

N’en déplaise à ceux qui pensent que le bonheur est de marcher à genoux, c’est la liberté qui est le meilleur carburant des sociétés vivantes ; c’est la liberté qui créera des initiatives et des emplois ; c’est la liberté qui relancera l’ascenseur social aujourd’hui bloqué dans le sous-sol de ce système qui vous explique depuis trop longtemps qu’il vaut mieux l’ombre pour tous que la lumière pour ceux qui veulent en sortir.

Conservateurs de tout poil, socialistes bureaucrates, corporatistes en chef, évidemment, ces gens-là craignent la liberté parce qu’ils ne la contrôlent pas !

Mais croyez-moi, les jeunes n’ont pas peur de la liberté. Ils n’ont que rage pour cet immobilisme poussiéreux qui les englue et les pousse à tenter l’aventure ailleurs.

Les chômeurs n’ont pas peur de la liberté. Ils ont peur de rester au chômage.

Les familles et les adolescents méritants des campagnes oubliées, des périphéries délaissées, n’ont pas peur de la liberté. Ils ont peur d’être enfermés dans le ghetto de l’échec.

L’autoentrepreneur, l’artisan, le jeune agriculteur, eux qui s’endettent et se lancent, ils n’ont pas peur de la liberté. Ils la réclament à cor et à cris.

Je parle de liberté, oui, et j’en parle pour les sans grade, les sans carnets d’adresse, les oubliés, les déclassés, les humiliés, les courageux, bref, ceux pour qui la liberté est une opportunité de casser le plafond de verre qui fige leur destin !

Pour la liberté, je veux concentrer le code du travail sur ses principes fondamentaux et renvoyer le reste au dialogue social.

Je donnerai aux entreprises et à leurs salariés le pouvoir de négocier pleinement entre eux les heures et les conditions du travail.

Moi je veux vraiment sortir des 35h, pas en sortir entre guillemets, avec des seuils, avec des obligations nouvelles… Je fais le pari de la vraie négociation sociale, dans les entreprises, là où entrepreneurs et salariés savent de quoi ils parlent.

Par la liberté, je donnerai à ceux qui veulent entreprendre le pouvoir de le faire en renforçant le statut des autoentrepreneurs et en créant celui de travailleur indépendant.

Le numérique a rendu possibles de nouvelles façons de travailler que notre jeunesse plébiscite. Ce n’est pas la fin du salariat mais le début d’une nouvelle économie qui va dynamiser les générations à venir.

C’est dès maintenant un potentiel d’un million d’emplois nouveaux.

Par la liberté, je donnerai à nos établissements scolaires la possibilité de mieux s’organiser car tous les territoires ne sont pas les mêmes, tous les enfants ne sont pas faits du même moule.

Par la liberté, je donnerai aux investisseurs de France le goût d’investir ici, chez nous, pour nos industries, pour nos emplois. Patriotisme oblige, je préfère supprimer l’ISF que de voir l’économie française sans capitaux, passer sous contrôle étranger.

Par la liberté, je veux nous sortir du chaudron de la précaution et investir massivement dans les sciences, l’innovation et la formation qui sont les clés de l’avenir.

L’intelligence artificielle, le « big data », l’impression 3D, la réalité augmentée, les nanotechnologies, la robotique, les transports automatisés, les progrès de la génétique, les énergies renouvelables : tous ces changements vont nous ouvrir de formidables opportunités. Les cartes de l’économie mondiale sont en train d’être rebattues. Serons-nous de la partie ou allons-nous passer notre tour ?

Lorsque je réclame plus d’espace pour négocier dans nos entreprises, plus de référendums pour écouter les salariés, plus d’autonomie pour ceux qui gèrent nos écoles, plus de facilités pour les autoentrepreneurs, plus d’encouragements pour les fonctionnaires qui veulent prendre des initiatives, c’est parce que les corporatismes, les cloisons syndicales, les idéologies verticales ne résistent plus au désir d’action des Français.

Leur volonté de participer, de se créer des opportunités oblige les pouvoirs à davantage de transparence et moins d’arrogance bureaucratique.

En fin de compte, par la liberté, je redonnerai aux Français le pouvoir de mieux tenir leur existence en main. Et celui qui la tient s’engage doublement pour réussir sa vie : il s’engage pour lui, pour sa famille, pour prouver qu’il existe en lui une flamme incandescente ; et de fil en aiguille, de flamme en flamme, c’est tout un peuple qui se redresse et se met à gagner.

Alors oui, mes amis, liberté à la Liberté.

Mais la liberté sans l’autorité, c’est l’anarchie.

La liberté sans l’autorité, ce sont les zadistes qui tiennent le terrain contre la construction d’un aéroport, malgré cent décisions de justice et un référendum populaire.

La liberté sans l’autorité, c’est la jeune Léonarda et sa famille kosovare narguant un Président de la République, incapable de dire simplement que les lois sont les lois.

La liberté sans l’autorité, c’est ce père de famille qui gagne dix fois moins que le dealer qui trafique au pied de son immeuble.

La liberté sans l’autorité, ce sont nos policiers attaqués aux cocktails Molotov.

Il faut mettre les mots sur les actes.

Un criminel n’est pas une victime. C’est un criminel !

Un délinquant n’est pas un mineur qui se cherche. C’est un délinquant !

Daesh n’est pas une marque : c’est l’Etat islamique !

Un djihadiste n’est pas un « déséquilibré » : c’est un terroriste !

Je veux rétablir l’autorité de l’Etat, l’autorité de la loi, la nécessité de l’ordre.

La sécurité doit être partout et pour tous, avec des forces de l’ordre modernisées et une Justice ferme et rapide.

Que demandent nos policiers et gendarmes ? D’abord des moyens d’action performants.

Nos forces de sécurité sont sous-équipées, et elles le sont notamment sur tout ce qui relève des nouvelles technologies pour cerner et pour chasser la délinquance.

Nos forces de l’ordre doivent passer plus de temps sur le terrain et moins dans des tâches administratives.

Je veux un grand ministère de la sécurité intérieure, fédérant toutes les forces qui concourent à la sécurité des Français, y compris les services pénitentiaires et les douanes.

Au côté de l’Etat, tous les acteurs qui ont un rôle en matière de sécurité doivent être mobilisés et associés à la lutte contre la délinquance.

La police et la gendarmerie doivent pouvoir se concentrer sur leurs missions et pour ce faire, la tranquillité publique commande de renforcer le rôle des maires et des polices municipales qui sont au plus près des populations.

20.000 policiers municipaux sont sur le terrain. Ils travaillent souvent en harmonie avec nos forces nationales, mais il faut aller beaucoup plus loin.

Ils doivent être armés, ils doivent pouvoir procéder à des contrôles d’identité, ils doivent pouvoir accéder aux fichiers de police.

Polices municipales, sociétés privées de sécurité, mais aussi réservistes doivent être mobilisés car il n’y a pas de vieux policiers, ni de vieux juges, ni de vieux militaires : personne ne doit se sentir inutile au service des Français.


 

Et puis, il faut une justice rapide et ferme.

L’impunité zéro doit être la règle !

Seuls 10 % des délinquants arrêtés et déférés devant la Justice vont en prison et près de 40% des courtes peines qui concernent des actes de petite et moyenne délinquance ne sont pas exécutées.

Notre système judicaire est débordé, d’où sa lenteur, d’où ce sentiment d’impunité.

Je veux rétablir les peines planchers pour les récidivistes.

Un délit : une sanction ! Voilà la règle qui doit être parfaitement claire pour les délinquants.

Cette fermeté retrouvée réclame de reprendre le programme de construction de places de prison interrompu par Hollande et Taubira.

Nous en réaliserons 16000 de plus pour faire de l’impunité zéro une réalité.

La gauche parle beaucoup de solidarité mais elle s’acharne à affaiblir le premier cercle de cette solidarité : la famille.

Je remettrai la famille au cœur de toutes les politiques publiques.

Pour moi la famille c’est une valeur, pas une variable budgétaire et encore moins un sujet d’expérimentations sociétales hasardeuses. La famille c’est l’espace de la tendresse, de l’enfance, de la solidarité intergénérationnelle.

Je rétablirai l’universalité des allocations familiales et porterai le quotient familial à 3000 euros par demi-part. Comme je l’ai toujours dit et comme je fais ce que je dis, nous réécrirons le droit de la filiation pour protéger les droits de l’enfant mis à mal par le mariage pour tous.

L’accès à des soins de qualité pour tous est une exigence démocratique. Je veux remettre la médecine libérale au cœur de notre système de santé. Je veux débureaucratiser la santé, rémunérer à leur juste valeur les médecins et les personnels soignants, lutter contre les déserts médicaux, multiplier les maisons de santé, donner de l’autonomie aux hôpitaux et rendre la place qui leur revient aux établissements privés qui contribuent puissamment à l’offre de soins.

Et puis, il y a l’Ecole.

Pour nos enfants, je veux l’excellence, pas cette langue de bois qui nous dit que tout va bien.

Deux millions de jeunes ne sont ni à l ‘école, ni dans une formation, ni dans un emploi. Deux millions de jeunes Français dans la rue, exclus de notre société, condamnés pour une majorité d’entre eux à toucher le RSA toute leur vie.

Et on refuse de remettre en cause notre système éducatif. On refuse toutes les réformes les unes après les autres ! C’est un crime contre la jeunesse.

La compétence et le dévouement des enseignants ne sont pas en cause. C’est la démission de l’Etat devant les syndicats, la dictature d’une caste de pédagogistes prétentieux et des réseaux de pouvoirs au sein de l’éducation nationale qui est responsable du désastre.

Je veux une école primaire qui transmette les valeurs et les savoirs fondamentaux.

Je veux une école du respect symbolisée par le port de l’uniforme scolaire.

Je propose de commencer la scolarité obligatoire à cinq ans, pour donner une année de plus à l’apprentissage de la lecture.

Je veux que l’alternance et l’apprentissage deviennent les voies principales de formation et d’accès à l’emploi, et pour cela je propose de fusionner les lycées professionnels et les centres de formation d’apprentis qui seront placés sous l’autorité des régions et des branches professionnelles.

Je veux que les familles soient placées devant leur responsabilité éducative et sanctionnées quand elles se montrent incapables de faire rentrer leurs enfants le soir à la maison et de les envoyer le matin à l’école.

Je propose de revoir l’enseignement de l’histoire à l’école primaire afin que les maîtres ne soient plus obligés d’apprendre aux enfants « à comprendre que le passé est source d’interrogations ».

Faire douter de notre histoire : cette instruction est honteuse !

Ces derniers mois, on parle beaucoup de la République. C’est abstrait. Moi, je dis la « République française » !

Quelles que soient nos religions, nos origines, dans la République française on est tous pour la France et la France est pour tous.

Notre nation n’est pas une addition de communautés, de ghettos et de clans, c’est une nation qui a une identité, une culture, un drapeau.

L’immigration sans intégration, sans assimilation, doit être stoppée.

Dans la République française, les étrangers ont des devoirs avant de réclamer tous les droits. C’est une question d’unité nationale mais aussi de courtoisie car le dernier arrivé dans la demeure ne doit pas se croire maître chez les autres.

Il faut réduire l’immigration à son strict minimum, en l’organisant par quotas, en fonction de nos besoins économiques et de nos capacités d’intégration.

Il faut conditionner les aides sociales à une durée de résidence en France d’au moins deux ans ; il faut préciser à ceux que nous avons choisi d’accueillir ce que nous exigeons d’eux : un travail, la volonté de s’approprier notre langue, nos coutumes et nos règles communes.

Pour les vrais réfugiés politiques, la générosité française doit répondre présente. C’est une question d’honneur. Pour les clandestins, tout sera fait pour leur retour au pays par une politique inflexible d’expulsion des migrants en situation irrégulière.

Je veux conditionner l’aide au développement à la coopération des états d’origine au retour de leurs ressortissants.

Disons les choses, l’Islam radical est en train de gangréner une partie de nos concitoyens musulmans. Cet Islam radical nous défie, il défie nos valeurs communes. Je ne laisserai pas faire.

Je veux un strict contrôle administratif du culte musulman tant que son ancrage dans la République ne sera pas achevé.

Je veux la dissolution immédiate de tous les mouvements qui se réclament du « salafisme » ou des frères musulmans et la clarification de nos relations avec l’Arabie saoudite et le Qatar qui abritent les penseurs de l’Islam radical et les sinistres promoteurs du « burkini ».

Moi je ne parle pas de lutte contre les communautarismes pour ne pas nommer le problème que nous avons avec l’Islam radical. Le catholicisme, le protestantisme, le judaïsme ne dénoncent pas les valeurs de la République.

Cessons donc de faire croire qu’il faut durcir les règles de la laïcité au prix d’atteintes inacceptables à la liberté religieuse alors que seule la poussée intégriste qui enflamme le monde musulman est une menace pour notre société.

Depuis longtemps, je dis qu’il faut faire face au risque d’une guerre mondiale provoquée par le totalitarisme islamique.

Ce totalitarisme est comparable au nazisme. Il étend son ombre sur des territoires de plus en plus vastes du Sud Est asiatique jusqu’à l’Afrique occidentale.

Il nous faudra beaucoup d’alliés pour gagner cette guerre.

Parmi ces alliés, la Russie que l’on continue à sanctionner alors que c’est l’Etat islamique que nous devrions terrasser tous ensemble.

Plus nous attendons, plus les métastases du totalitarisme islamique s’étendent, plus les réfugiés prennent la mer, plus les Chrétiens d’Orient sont décimés.

Ces Chrétiens du Levant, je suis allé leur apporter mon soutien à plusieurs reprises. Et j’y suis allé parce que si nous, Français, ne sommes pas à leurs côtés, alors personne n’y sera !

Notre diplomatie a multiplié les erreurs. Le prochain Président de la République devra être autrement plus lucide et averti des réalités géopolitiques.

A notre politique étrangère, j’imprimerai une vision qui ne soit pas celle de Saint-Germain-des-Prés, ni celle de Washington qui ne fut pas d’une grande clairvoyance ces dernières années.

L’élection de Donald Trump nourrit beaucoup de commentaires. Les vapeurs de François Hollande et les hourras de Mme Le Pen démontrent que ces gens-là n’ont rien compris aux relations internationales.

Un pays se juge sur ses actes. Et quel soit le Président américain, il est temps pour la France et pour les européens de comprendre qu’être l’ami des Etats Unis, n’est pas être son vassal.

Notre relation avec la Russie devra être revue. La personnalité de son président n’est pas la question.

La Russie est une puissance européenne qui compte. C’est un acteur incontournable dans la résolution des conflits de ce monde. Il est temps d’enrayer ce retour pernicieux de la guerre froide qui divise le continent européen.

Dans ce monde dangereux, l’Europe doit se ressaisir, et ce sera la tâche historique du prochain Chef de l’Etat.

Le Brexit vient d’asséner à l’Union européenne un coup qui peut être mortel si nous ne réagissons pas. Je n’ai pas été surpris par ce vote de rejet car quand on oublie les nations, les nations se vengent.

Le rêve d’une Europe fédérale, auquel je n’ai jamais cru, est terminé.

Le système communautaire européen a vécu. Il faut une Europe plus politique, plus efficace, concentrée sur des priorités stratégiques et renvoyons le reste à la compétence des Etats.

Première des priorités, c’est, pour moi, la souveraineté économique de l’Europe dans la mondialisation.

Nous n’avons pas le temps d’attendre que les 27 membres de l’Union se mettent d’accord sur un compromis bancal qui serait immanquablement rejeté par les peuples.

Reprenons la marche en avant de l’unité européenne à partir de la zone euro qui doit se donner les moyens d’être l’une des plus performantes du monde.

Il faut, comme le propose le président Giscard d’Estaing, la doter d’un gouvernement économique piloté par les chefs d’Etats, contrôlé par les parlements nationaux. Il faut un calendrier d’harmonisation de la fiscalité des entreprises, favoriser nos géants industriels, apurer nos dettes.

Seconde priorité : c’est la sécurité européenne.

L’Europe est menacée de disparaître si elle n’est pas l’Europe qui protège. Nous avons besoin d’un nouveau Schengen avec un vrai corps de gardes-frontières et gardes côtes, avec une coopération sans faille entre services de sécurité.

Dans l’attente, la surveillance de nos propres frontières doit être retendue.

Depuis la fin de la guerre froide, l’Europe de la défense n’a rien fait pour prendre son destin en main. Elle continue de s’en remettre aux Etats-Unis.

Ce protectorat n’est ni supportable pour les Etats Unis, ni digne pour nous. Il est surtout de moins en moins efficace.

Dans le respect de la souveraineté des nations, nous devons constituer une alliance de défense européenne qui permette un juste partage des charges.

Pour faire tout cela, il faut un leadership.

L’Europe est un lieu de pouvoir où les nations fortes impriment le rythme aux autres. Lorsque la France est faible elle subit l’Europe ; lorsqu’elle est puissante, elle la conduit.

Le Général de Gaulle disait que l’essentiel, pour jouer un rôle au-delà de ses frontières, « c’est d’exister par soi-même, chez soi ! ». C’est tout l’objet de mon programme.

Ce programme je le mettrai en œuvre avec un gouvernement resserré à 15 ministres compétents, un gouvernement ouvert à des personnalités de la société civile ayant une expertise et une autorité morale incontestables.

Ce gouvernement devra être prêt à agir le premier jour de sa nomination, et pour cela, les textes de loi devront être préparés avant l’élection présidentielle.

Mais la crédibilité du pouvoir n’est pas que technique !

Au sommet de l’Etat, l’intégrité du Président et de ses ministres doit être irréprochable car il n’y a pas d’autorité sans exemplarité.

Les élus sont des personnes à qui le peuple souverain confie provisoirement une part du pouvoir que lui seul détient. Cette confiance, nous devons l’honorer.

L’Etat et son chef ne peuvent pas demander aux Français de se dépasser, ils ne peuvent exiger des citoyens qu’ils respectent les lois, si le soupçon est au cœur de l’Etat. Voilà ce que je crois, et il fallait bien quelqu’un qui se lève pour le dire.

Mes amis,

Je relève avec vous et avec les Français qui voudront bien m’entendre et me suivre, un défi. Un défi original en France : celui de la vérité et d’un changement complet de logiciel.

Ce défi, je le gagnerai si toutes celles et tous ceux qui en ont assez des mensonges, assez du déclin national, se lèvent.

Je m’attaque à une citadelle et je ne pourrai la percer qu’avec l’appui de tous ceux qui veulent, avec moi, enclencher la révolution du bon sens.

Je donne rendez-vous à ceux qui savent que le bonheur est une conquête. Je donne rendez-vous à tous ceux qui ont dans le cœur la fierté d’être français.

J’ai pour ambition de hisser la nation vers le meilleur d’elle-même.

Les obstacles sont là, mais la France possède toutes les qualités pour se reprendre et surprendre le monde.

Rappelons-nous.

18 juin 1940, tout semble perdu, la capitulation et l’occupation nous enchaînent, mais une voix qui vient de Londres réveille les espoirs d’une nation brisée. Sortant de l’ombre, la résistance s’est dressée et c’est elle qui nous invite aujourd’hui à reprendre le flambeau.

L’Histoire n’est pas finie, et je vous le promets, si en 2017 nous prenons fermement les choses en mains, si nous sommes mandatés par les Français d’appliquer un projet sans concession parce que nous aurons eu le courage d’être élus pour cela, alors, je vous le certifie, notre pays ira loin.

Je ne suis pas seul, vous êtes 7000 ce soir, et ils sont des millions, ces Français, prêts à s’élancer.

Je ne vois dans leurs yeux ni lâcheté, ni résignation, mais bien une force qui attend son heure.  Cette force peut être extraordinaire si nous savons la guider vers des changements inédits.

Dites-le autour de vous :

Vous voulez des primaires qui soient vraiment les vôtres ? Alors bousculez-les et emparez-vous d’elles !

Vous voulez la vérité ? Alors entendez celle qui monte de cette salle.

Vous voulez un vrai projet ? Je vous le soumets, je vous le propose, je vous invite à en être les acteurs.

Vous êtes prêts à vous engager pour la France ? Alors engagez-vous pour elle, mobilisez-vous, faites de votre volonté l’étincelle des autres volontés qui sont autour de vous.

Tous les chemins s’ouvrent à un peuple qui marche pour sa fierté et son avenir.

Le 20 novembre, pas d’hésitation, foncez vers la réussite, le progrès, la justice, la grandeur.

Vive la République et vive la France !


François Fillon, le 18 novembre 2016 au Palais des Congrès de Paris.

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18 novembre 2016 5 18 /11 /novembre /2016 06:44

Dans le bateau, Alain a dû mettre son ciré et François se plaît à détoner. Nicolas mange des frites et se tient prêt. Nathalie essaie de toucher le gouvernail tandis que Jean-François et Jean-Frédéric ont le mal de mer.



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Le troisième débat de la primaire de "Les Républicains" a eu lieu sur France 2 et Europe 1 ce jeudi 17 novembre 2016 réunissant pour la dernière fois sur un plateau de télévision Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, François Fillon, Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-François Copé, Bruno Le Maire et Jean-Frédéric Poisson. Aux commandes, David Pujadas (France 2) et Jean-Pierre Elkabbach (Europe 1).

Le contexte fut assez particulier. Cette dernière semaine de campagne du premier tour a connu une accélération exceptionnelle avec la fin d’un duo attendu entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy.

En effet, dans les sondages, François Fillon a fait une progression presque miraculeuse depuis une dizaine de jours, et dans un sondage réalisé par OpinionWay pour Atlantico publié le 16 novembre 2016 (téléchargeable ici), François Fillon dépasserait Nicolas Sarkozy au premier tour et battrait Alain Juppé au second tour. Tout reste donc possible entre ces trois personnalités.

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À cela, est venue s’ajouter, comme par "pollution politique", l’annonce officielle de la candidature de l’ancien ministre socialiste Emmanuel Macron le 16 novembre 2016 à Bobigny. Cet événement qui devait absolument avoir lieu avant une éventuelle déclaration de candidature de François Hollande, est tombé ainsi en pleine incertitude sur l’identité du candidat LR qui sera désigné le 27 novembre 2016. NKM a d'ailleurs demandé aux journalistes de ne pas passer trop de temps sur Emmanuel Macron après avoir fait passer beaucoup de temps lors du deuxième débat sur François Bayrou.

Le débat était particulièrement brouillon et les questions ont fusé un peu sans ordre. Bruno Le Maire, qui n’avait plus rien à perdre après son effondrement dans les sondages, n’a pas hésité à contester Jean-Pierre Elkabbach dont l’arrogance est bien connue (il ne cesse d’interrompre ses interlocuteurs). Le candidat lui a reproché son manque de respect. Il était d’ailleurs amusant de voir Jean-Pierre Elkabbach ironiser sur le "renouveau" de Bruno Le Maire alors qu’on ne peut pas dire que ce journaliste représente lui-même l’avenir du journalisme (il a quand même 79 ans et était déjà très influent durant le septennat de Valéry Giscard d’Estaing !).

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Cependant, la critique la plus grande a été formulée par François Fillon qui, très courtoisement, a exprimé son agacement de voir les journalistes vouloir absolument réduire le temps d’explication sur leur programme politique à chaque sujet et vouloir passer ensuite un quart d’heure à s’invectiver entre eux pour le simple plaisir du spectacle médiatique ! À critiquer le programme de ses concurrents, François Fillon a préféré présenter ses idées sur la santé.

Tous ses autres concurrents étaient du même avis que lui sur le caractère très brouillon de l’émission, ce qui a conféré à François Fillon une certaine autorité : celui qui refusait de rester dans le cadre qu’on voudrait leur imposer. François Fillon avait déjà critiqué le 27 octobre 2016, dans l’émission de David Pujadas, l’idée de terminer par la chronique humoristique de Charline Vanhoenacker, estimant que les journalistes ne devaient pas mélanger l’humour et le sérieux d’un débat politique. Avant ce blâme de François Fillon, Nicolas Sarkozy avait déjà blâmé David Pujadas pour avoir osé lui poser la question sur les récentes déclarations de Ziad Takieddine qui a accusé Nicolas Sarkozy le 15 novembre 2016 sur Mediapart d’avoir reçu de l’argent libyen pour sa campagne de 2007.

Psychologiquement, les candidats étaient dans des dispositions assez différentes des précédents débats en raison de l’incertitude sur le duo final. François Fillon a affiché un sourire très serein et a montré que son travail de fond depuis trois ans et demi avait commencé à porter ses fruits. Alain Juppé, au contraire du deuxième débat, n’affichait plus sa sérénité et était un peu plus sur la défensive. Étrangement, Nicolas Sarkozy semblait plus serein et moins combatif, voyant dans l’irruption de François Fillon dans les sondages un moyen de reprendre le dessus.

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Résultat, Alain Juppé, Jean-françois Copé et Nicolas Sarkozy ont critiqué ouvertement le programme de François Fillon, devenu une nouvelle cible convergente, notamment sur la réduction du nombre de fonctionnaires (complètement irréaliste selon Alain Juppé) et sur l’augmentation du temps de travail chez les fonctionnaires (dans ce cas, il faudrait les augmenter, selon Nicolas Sarkozy).

Nathalie Kosciusko-Morizet a fait preuve de sincérité lorsqu’elle a expliqué, en conclusion, un peu à l’instar de Yannick Jadot, qu’elle savait qu’elle ne serait pas élue le 27 novembre 2016 mais que chaque voix qui se porterait sur son nom signifierait une volonté supplémentaire de véritablement renouveler l’offre politique. Elle a par ailleurs souvent "passé le plat" à Alain Juppé qu’elle soutiendrait probablement au second tour, le cas échéant. Ces deux candidats, en effet, sont les seuls à vouloir apaiser le débat politique et à considérer que la diversité est une richesse et pas une menace. Au contraire de Jean-François Copé qui n’a cessé de revenir à son obsession : la sécurité, la sécurité, la sécurité !

Le début de ce troisième débat a porté sur la politique extérieure de la France, en particulier après l’élection de Donald Trump à la Présidence des États-Unis (le deuxième débat avait eu lieu avant les élections américaines). Je dois reconnaître que la plupart des candidats ont eu des interventions d’une certaine hauteur et qu’il y a eu des réflexions intéressantes à ce sujet.

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Alain Juppé, qui fut deux fois Ministre des Affaires étrangères, a montré qu’il maîtrisait très bien ce thème des relations internationales et qu’il a une vision de l’intérêt de la France. Il a pris acte de l’élection de Donald Trump (au peuple américain de choisir ses dirigeants) mais celle-ci va provoquer, selon lui, trois chocs en France et en Europe : choc commercial (plus grande agressivité commerciale des Américains), choc de défense (les États-Unis vont se désengager de la défense européenne) et choc climatique (remise en cause des accords de Paris à la COP21).

Nathalie Kosciusko-Morizet aussi a montré une vision de la France dans le monde, et étant assez brillante sur la Syrie. Nicolas Sarkozy également, avec quelques différences sur la politique européenne de défense. François Fillon, qui est sans doute le candidat le plus proche de Vladimir Poutine, a mis en garde la France et l’Europe d’une éventuelle réconciliation entre la Russie et les États-Unis qui se ferait sur le dos des Européens. Il a expliqué que Bachar El-Assad serait celui qui défendrait le mieux les chrétiens d’Orient.

Les trois "hommes d’État" (Sarkozy, Juppé, Fillon) sont restés solidaires sur la décision de fermer l’ambassade de France à Damas en 2012 (décision contestée par Bruno Le Maire).

Il y a eu d’autres sujets mais l’Europe serait passée à la "trappe" encore cette (troisième) fois si François Fillon n’avait pas protesté. Idem pour l’environnement avec Nathalie Kosciusko-Morizet.

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Sur la réforme territoriale réalisée par François Hollande de manière très cavalière, Nathalie Kosciusko-Morizet a expliqué qu’elle voulait que les habitants soient consultés pour garder la liberté d’un redécoupage régional éventuel. Quant à Jean-Frédéric Poisson, il a commis l’erreur de parler d’un seul département de la Corse (il y en a deux) mais a revendiqué son expression (très sensible et polémique) de "peuple corse".

Durant tout le débat, Bruno Le Maire a laissé entrevoir qu’il était dépassé par ses propres argumentations programmatiques. Ainsi, il a défendu une baisse de la CSG sans expliquer comment il en assumerait les conséquences, en disant seulement qu’il voudrait supprimer « les dépenses inutiles de santé » (lesquelles ?!) tout en voulant mieux rembourser les prothèses dentaires et les lunettes. De même, il s’est enlisé en voulant supprimer le collège unique pour permettre à tous les enfants de trouver leur voie (mais justement, c’était le seul but du collège unique, car à 11 ans, c’est difficile de vouloir déjà s’orienter !).

Enfin, Bruno Le Maire s’est piégé lui-même à la fin de l’émission en parlant toujours de renouvellement de la classe politique et pour montrer qu’il avait quand même la stature présidentielle, il a rappelé qu’il avait déjà derrière lui de longues années d’expérience (donc, il n’est plus un homme du renouveau !). Il s’était permis, de manière fort peu scientifique et surtout très démagogique, d’ajouter le nombre d’années d’expérience politique des trois principaux candidats (Sarkozy, Juppé, Fillon) pour dire qu’à eux trois, ils avaient un siècle d’ancienneté !

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Les premiers sondages en temps réels ont montré à l’issue de ce troisième débat que François Fillon avait convaincu nettement mieux que ses deux concurrents Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Cela n’indiquait évidemment pas le résultat du premier tour mais montrait à l’évidence que la candidature de François Fillon est en pleine expansion depuis une semaine au sein non seulement de la population mais aussi des milieux médiatiques et de la "France des journalistes", selon l’expression de Bruno Le Maire qui deviendra probablement une expression que d’autres reprendront.


Tous les électeurs français peuvent voter à la primaire LR

La primaire LR est ouverte à tous les électeurs inscrits sur les listes électorales avant le 31 décembre 2015 et à ceux qui auront 18 ans avant le 23 avril 2017. Le premier tour a lieu ce dimanche 20 novembre 2016 de 8 heures à 19 heures et le second tour le 27 novembre 2016 aux mêmes heures.

10 028 bureaux de vote ont été installés pour accueillir tous les électeurs (pour connaître son bureau de vote). Deux conditions pour pouvoir y participer : signer une charte sur les valeurs républicaines de la droite et du centre et payer 2 euros (en monnaie) à chaque tour de scrutin pour participer aux frais d’organisation. La charte et le guide électoral pour avoir tous les détails sont téléchargeables à ce lien.

L’incertitude est grande entre Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et François Fillon, et c’est rassurant car le principe d’une élection : rien n’est jamais joué avant la fermeture des urnes.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (18 novembre 2016)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Tout savoir pour participer à la primaire LR (bureaux de vote, charte, guide électoral).
Sondage OpinionWay pour Atlantico publié le 16 novembre 2016 (à télécharger).
Troisième débat de la primaire LR 2016 (17 novembre 2016).
Deuxième débat de la primaire LR 2016 (3 novembre 2016).
Premier débat de la primaire LR 2016 (13 octobre 2016).
Alain Juppé.
Nicolas Sarkozy.
François Fillon.
Nathalie Kosciusko-Morizet.
Jean-François Copé.
Jean-Frédéric Poisson.
Bruno Le Maire.
L’élection présidentielle 2017.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20161117-primaire-lr.html

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/primaire-lr-2016-le-troisieme-186659

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2016/11/18/34581601.html



 

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17 novembre 2016 4 17 /11 /novembre /2016 05:56

« Bayrou ? Mais on a intérêt à ce que Bayrou soit candidat ! Regardez les chiffres : au deuxième tour, le tiers de ses électeurs votent pour moi. Et au premier ? Au premier tour, il prend à la gauche ! C’est simple, Bayrou, c’est le Taubira de Hollande ! » (Nicolas Sarkozy, le 4 novembre 2015).


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La campagne de Nicolas Sarkozy s’enfonce. À Neuilly-sur-Seine dont il fut le maire pendant deux décennies, le 7 novembre 2016, il a déclaré : « Si, à la cantine, il y a jambon-frites et que le petit ne mange pas de jambon, il prendra une double ration de frites ! ». Une obsession, une fixation sur l’islam, qu’il semble découvrir.

Comme si un candidat à l’élection présidentielle considérait qu’il n’y avait pas de problème plus important, plus urgent, que de gérer une cantine scolaire ! Un homme qui se targue de vouloir libéraliser l’économie nationale et qui veut dicter jusque dans les assiettes des enfants ce qu’ils mangeraient ? C’est pire que de la planification soviétique ! Au point que le lendemain, même l’adepte du pain au chocolat s’est dit « consterné » par de telles déclarations.

Depuis quelques semaines, la chasse aux centristes est ouverte ! Elle a été ouverte par Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire LR, qui compte bien capitaliser sur la haine de François Bayrou provenant des sympathisants de "Les Républicains". Il suffit de prononcer son nom dans une salle pour obtenir mécaniquement des sifflets et des huées.

La raison ? Au-delà d’une détestation réciproque qui date de plus de vingt-cinq ans, il y a ce crime de lèse-majesté d’avoir cru à un gouvernement socialo-centriste avec François Hollande, ancien proche de Jacques Delors. Il avait déjà laissé passer l’occasion en décembre 1994. Du coup, François Bayrou a annoncé qu’il voterait pour François Hollande au second tour de l’élection présidentielle de 2012.

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François Bayrou a eu tort et l’a dit très rapidement. François Hollande, loin de se chercher une majorité pour son social-libéralisme, est resté arc-bouté dans une vision très passéiste du paysage politique en refusant toute alliance avec François Bayrou et en croyant encore à l’anachronique "union de la gauche". Résultat, les éléments centristes de sa majorité se sont esquivés (le dernier en date est Emmanuel Macron) mais également les éléments un peu plus à gauche (Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, qui furent tous les deux ministres pendant quand même deux ans et demi et qui ne sont d’ailleurs pas partis d’eux-mêmes).

François Bayrou a eu tort et s’en est rendu compte très vite, dès lors que François Hollande a usé d’un langage à gauche sans forcément agir à gauche. La posture a parfois plus d’importance que les actes, en politique. Aux élections législatives de juin 2012, le PS et l’UMP s’étaient même ligués contre lui pour le faire échouer dans sa réélection. Ingratitude de François Hollande. Et colère de Nicolas Sarkozy.

Le leader centriste a fait amende honorable depuis plusieurs années, notamment en acceptant le 5 novembre 2013 une alliance avec l’UDI fondée par Jean-Louis Borloo et un retour à des majorités classiques UMP-UDI-MoDem dans les municipalités, conseils départementaux et conseils régionaux. Valérie Pécresse sait par exemple qu’elle n’aurait jamais été élue présidente du conseil régional de l’Île-de-France sans l’appui de ses alliés centristes.

À l’époque des élections régionales de décembre 2015, des militants LR ont même reproché au président de LR des négociations un peu trop favorables aux centristes sur les listes d’union dès le premier tour. Notons d’ailleurs que même Laurent Wauquiez, l’actuel président par intérim de LR, a eu besoin de l’appui du MoDem pour conquérir la présidence du conseil régional de Rhône-Alpes-Auvergne.

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L’équipe de Nicolas Sarkozy a senti que sa campagne, jusqu’à maintenant enlisée, pouvait avantageusement évoluer en tirant sans sommation sur les centristes. C’est assez stupide d’un point de vue électoral car dans tous les cas, il faudra bien rassembler "la droite et le centre" pour faire face aux candidats de l’élection présidentielle de 2017, tant à l’extrême droite qu’à gauche. Mais cela a un but, galvaniser les militants LR. Le sujet lui-même a pris un quart d’heure du deuxième débat télévisé.

C’est stupide aussi intellectuellement. Nicolas Sarkozy reproche à la primaire LR d’être dénaturée si des électeurs du centre venaient en masse. Et même de gauche. D’une part, il est le premier à savoir que "masse" et "électeurs centristes" sont plutôt contradictoires (!) et d’autre part, il est mauvais joueur car l’appellation de cette primaire est justement "primaire de la droite et du centre".

Par ailleurs, le principe d’une primaire ouverte, c’est justement que tout le monde, inscrit sur les listes électorales, peut participer au vote. La pièce de 2 euros et la signature d’une chartre très vague sur les valeurs laissent une latitude très large à ceux qui voudraient y participer sans être forcément très proche de LR.

D’ailleurs, ce reproche (qui est stupide dans le cadre d’une primaire ouverte) pourrait être fait également à des sympathisants de l’extrême droite qui pourraient être séduits justement par les thèmes identitaires de Nicolas Sarkozy : les études d’opinion, justement, ont évalué que l’apport de ces électeurs d’extrême droite est de même importance que celui des électeurs du centre voire de gauche.

Enfin, l’argument imparable de Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM) détruit complètement l’intérêt des attaques sarkozystes : si seuls ses électeurs de 2012 pouvaient voter, alors ce serait s’assurer un nouvel échec en 2017, puisqu’en 2012, il n’y en a pas eu assez ! Les partisans tant d’Alain Juppé que de NKM ont ainsi trouvé la formule : ils appellent les électeurs déçus par François Hollande à venir les rejoindre.

En outre, croire que les électeurs sont définitivement de droite, du centre, de gauche, ou d’un extrême, c’est croire à une société statique, figée, et surtout, à un électorat fidèle. Or, depuis trente ans, la moindre chose qu’on peut observer, c’est qu’il n’y a plus fidélité électorale. C’est fini qu’un communiste vote communiste de l’âge de ses 20 ans jusqu’à sa mort. Les électeurs sont plus adeptes du zapping, picorent à droite ou à gauche, font leur marché, selon les personnalités et les projets, et multiplient les alternances. À part juin 2007, il n’y a pas eu plus d’une seule majorité parlementaire sortante reconduite depuis 1978 !

Ces fluctuations, François Bayrou en a même été une victime puisqu’il est passé de 18,6% des voix (6,8 millions d’électeurs) en 2007 à seulement 9,1% des voix (3,3 millions d’électeurs) en 2012. Les évolutions de la pyramide des âges ne suffisent pas à expliquer cette déperdition des voix. Que sont devenues les voix 3,5 millions de voix centristes de 2007 ? Sont-elles devenues "de gauche", "de droite", ou encore "d’un extrême" ?

Le pire, c’est qu’au même moment où il a sorti sa kalachnikov verbale contre François Bayrou, il a déclaré sur BFM-TV chez Jean-Jacques Bourdin, le 27 octobre 2016, qu’il voterait pour François Hollande en cas de duel face à Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. Une position que ni François Fillon ni Alain Juppé n’ont jugé utile de prendre, considérant que le cas était hautement improbable.

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Atteint par les sentiments, François Bayrou s’est senti obligé de dégainer à son tour, par une longue tribune très antisarkozyste publiée le 29 octobre 2016 sur sa page Facebook.

Le petit jeu très irresponsable de Nicolas Sarkozy a pourtant des résultats à court terme. Dans le sondage IFOP-Fiducial pour "Paris-Match" et Sud Radio, publié le 8 novembre 2016, François Bayrou est en chute de 5% et passe dans le "tableau de bord" de la deuxième à la quatrième place (François Fillon et Jean-Pierre Raffarin l’ont doublé).

Alain Juppé, en revanche, a préféré calmer le jeu et a prouvé avec Valérie Pécresse, mais aussi Laurent Wauquiez, qu’une région peut être administrée par une alliance LR et centristes sans infléchir le programme politique.

Dernière absurdité proférée par l’équipe de Nicola Sarkozy, c’est que François Bayrou serait obligé de soutenir le candidat issu de la primaire LR même si ce n’était pas Alain Juppé. Pour Nicolas Sarkozy, c’est donc se dire que François Bayrou est lui-même candidat à la primaire LR puisque ce sont seulement les candidats à la primaire LR qui ont pris cet engagement de soutenir quoi qu’il se passe le candidat qui en sortirait.

En effet, il est impossible d’imposer aux électeurs eux-mêmes de la primaire ouverte de voter ensuite à l’élection présidentielle pour ce candidat car il serait impossible de le contrôler et cela irait à l’encontre du principe démocratique de vote libre, sincère et secret. De plus, François Bayrou a lui-même affirmé qu’il ne voterait pas lui-même lors de la primaire LR mais qu’il soutiendrait la candidature d’Alain Juppé si d’aventure elle se dégageait.

En pilonnant François Bayrou qui n’est candidat à rien pour l’instant, Nicolas Sarkozy se trompe à l’évidence de cible…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (16 novembre 2016)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Nicolas Sarkozy et la chasse aux centristes.
François Bayrou, l’invité de la primaire LR 2016.
Nicolas Sarkozy, star de "L’émission politique".
Nicolas en Sarkini.
Une combativité intacte.
Discours du 30 mai 2015 à la Villette.
Les 60 ans de Nicolas Sarkozy.
Je suis Charlie.
Mathématiques militantes.
Le nouveau paradigme.
Le retour.
Bilan du quinquennat.
Sarkozy bashing.
Ligne Buisson ?
Stigmatisation.
Transgression.
Sarcologie et salpicon socialistes.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20161028-sarkozy-bayrou.html

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/sarkozy-et-la-chasse-au-bayrou-186455

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2016/11/17/34554437.html


 

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