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6 février 2019 3 06 /02 /février /2019 12:47

« Josette Audin, restée seule avec trois jeunes enfants, retenue plusieurs jours dans son appartement, se démène dès qu’elle le peut pour tenter de savoir où son mari est détenu. » (Emmanuel Macron, le 13 septembre 2018).


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Malade, une personne s’est éteinte à Bobigny le samedi 2 février 2019 quelques jours avant l’âge de 88 ans. Née le 15 février 1931 à Alger, Josette Audin était une vieille dame comme les autres, mais malgré les drames de la vie, et surtout, "le" drame de sa vie, elle arborait toujours son sourire resplendissant de jeune fille.

Le 12 décembre 2018 dans l’amphithéâtre de l’Institut Poincaré, malgré sa santé fragile, elle était présente, comme chaque année, à la cérémonie de remise du prix Maurice-Audin attribué par la Société mathématique de France.

Le drame de sa vie est hélas bien connu. Son mari, le jeune mathématicien Maurice Audin, fut arrêté le 11 juin 1957 par un commando de parachutistes : « Occupe-toi des enfants ! » furent ses derniers mots à Josette. Ils s’étaient mariés en janvier 1953 (ils s’étaient rencontrés à la faculté d’Alger en 1952), et ils avaient eu trois enfants. Maurice Audin préparait sa thèse de doctorat en mathématiques et Josette enseignait dans un lycée à Alger. Les deux étaient des militants communistes et soutenaient l’indépendance de l’Algérie.

Officiellement disparu sans explication, Maurice Audin fut en fait torturé et tué le 21 juin 1957. Dès mai 1958, après une première enquête, l’historien Pierre Vidal-Naquet a établi les faits, et dans ses mémoires en 2001, le général Paul Aussaresses a reconnu, au soir de sa vie, qu’il avait bien donné l’ordre de torturer et de tuer Maurice Audin, en donnant même le nom du lieutenant qui l’a assassiné. Lors de la diffusion posthume d’un documentaire en janvier 2014, le vieux militaire a même confirmé : « On a tué Audin. On l’a tué au couteau pour faire croire que c’était les Arabes qui l’avaient tué. Voilà. Qui c’est qui a décidé de ça ? C’est moi. ». Il n’y avait donc plus de doute sur les faits.

Josette décida de rester en Algérie après l’indépendance, mais le coup d’État de Boumediene l’obligea à trouver refuge en France pour protéger ses enfants. La petite famille s’est retrouvée à la rentrée 1966 à Étampes, puis à Argenteuil. Le plus jeune fils de Josette, Pierre Audin, mathématicien également, confia bien plus tard : « Ma mère n’en parlait jamais. C’était son jardin secret, et on l’a respecté. Il y avait son portrait partout, je me doutais que c’était un héros, mais je ne savais pas pourquoi. Un jour, je suis tombé sur un livre dans la bibliothèque, intitulé "L’Affaire Audin". » ("L’Humanité" du 4 février 2019). Pierre Audin n’avait qu’un mois lorsque son père a disparu. Ce fut son frère aîné, Louis, aujourd’hui décédé, qui lui a mis le livre de Pierre Vidal-Naquet dans les mains.

Elle ne s’est jamais remariée et ne pouvait pas réussir à faire son deuil jusqu’à l’an dernier. Le combat de Josette Audin fut celui de toute sa vie. Pendant plus de soixante et un ans, elle voulait que la France reconnût les faits, à savoir que ce furent des militaires français qui ont tué son mari. Elle n’avait pas d’esprit de vengeance, car elle savait que tous les faits durant la guerre d’Algérie ont bénéficié de mesures d’amnistie, si bien que l’impunité judicaire, dans tous les cas, aurait été maintenue.

C’est un autre débat et c’est le problème aussi des sorties de guerre, civile ou pas, ou de dictatures : faut-il amnistier, c’est-à-dire que l’État pardonne les criminels, pour faire la réconciliation ? Question posée autant pour la guerre d’Algérie que pour la sortie de l’apartheid en Afrique du Sud, ou encore lors de la libéralisation de l’Europe centrale et orientale, en particulier en Allemagne de l’Est, en Pologne et en Roumanie (aussi, bien sûr, en Russie)…

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La reconnaissance de la France, c’était son combat. Et elle l’a obtenue. In extremis. Encouragé par le mathématicien Cédric Villani (Médaille Fields), également député LREM de l’Essonne et potentiel candidat à la mairie de Paris (qui avait accueilli Josette Audin à l’Assemblée Nationale le 12 janvier 2018 pour témoigner contre la torture), et le député communiste de Seine-Maritime, Sébastien Jumel (les deux députés ont fait un appel à la reconnaissance le 14 février 2018), le Président de la République Emmanuel Macron est venu le 13 septembre 2018 rencontrer Josette Audin pour lui apporter ce qu’elle a attendu si longtemps. Il valait mieux tard que jamais.

Devant son modeste trois pièces à Bagnolet, Emmanuel Macron a en effet évoqué la responsabilité de l’État français dans la disparition de son mari : « Ce système a été le terreau malheureux d’actes parfois terribles, dont la torture, que l’affaire Audin a mis en lumière. (…) En échouant à prévenir et à punir le recours à la torture, les gouvernements successifs ont mis en péril la survie des hommes et des femmes dont se saisissaient les forces de l’ordre. En dernier ressort, pourtant, c’est à elle que revient la responsabilité d’assurer la sauvegarde des droits humains et, en premier lieu, l’intégrité physique de celles et de ceux qui sont détenus sous leur souveraineté. (…) Une reconnaissance ne guérira pas leurs maux. Il restera sans doute de l’irréparable en chacun, mais une reconnaissance doit pouvoir, symboliquement, délester ceux qui plient encore sous le poids de ce passé. C’est dans cet esprit, en tout cas, qu’elle est pensée et aujourd’hui formulée. (…) Il en va (…) du devoir de vérité qui incombe à la République française, laquelle dans ce domaine comme dans d’autres, doit montrer la voie, car c’est par la vérité que la réconciliation est possible et il n’est pas de liberté, d’égalité et de fraternité sans exercice de vérité. La République ne saurait, par conséquent, minimiser ni excuser les crimes et atrocités commis de part et d’autre durant ce conflit. La France en porte encore les cicatrices, parfois mal refermée. ».





Le journal "L’Humanité" a retranscrit la conversation entre Josette Audin et Emmanuel Macron :
« JA – Je vous remercie sincèrement…
EM – Non ! C’est à moi de vous demander pardon, donc vous ne me dites rien, si vous m’autorisez. On restaure un peu de ce qui devait être fait.
JA – Oui, enfin, je vous remercie quand même !
EM – Je vois que l’indiscipline continue. ».

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Dans "Le Parisien" du 13 septembre 2018 (interrogé par Nelly Terrier), Pierre Audin a raconté : « Le Président est venu chez ma mère, il lui a parlé, la République fait un effort pour regarder son passé en face. Le Président a rendu hommage à son combat, il lui a parlé des grandes lignes de sa déclaration, elle était très émue. Elle attendait ce moment depuis plus de soixante ans. Elle est évidemment satisfaite, elle a passé sa vie à se battre, tout cela a gâché, brisé sa vie. Elle a élevé seule ses enfants, tout en se battant pour faire reconnaître que la disparition de son mari était un crime. (…) Cela concerne la mort de mon père Maurice, bien sûr, mais aussi tous les autres, dont on ne parle pas assez. (…) C’est la reconnaissance officielle que cette répression n’était pas du tout là pour sauver des vies, comme cela a été soutenu pendant des années, mais bien pour instaurer la terreur. La patrie des Droits de l’Homme doit assumer, comme elle l’a fait pour le Vel d’Hiv, son passé. ».

Lors de cette reconnaissance, j’avais écrit : « La veuve peut mourir sereinement. ». C’est ce qu’a annoncé Fabien Roussel, secrétaire national du parti communiste français, sur Twitter le 3 février 2019 : « Elle part apaisée d’avoir vu enfin ce crime d’État reconnu. ». Oui, Josette Audin a pu trouver la sérénité d’avoir gagné son combat, celui, moral, de la vérité.

C’est ce qu’explique souvent le politologue Alfred Grosser, spécialiste des relations franco-allemandes : pour réussir la réconciliation, il ne faut pas nier le mal commis. Au contraire, il y a un premier devoir qui est de se dire la vérité, connaître le mal reçu des deux côtés. C’est seulement après cette première étape qu’on peut imaginer la seconde étape, celui du pardon et de la réconciliation.

Face au si long silence de l’État français, Josette Audin se trouvait alors dans l’incapacité de pardonner parce que la vérité n’avait encore jamais été dite. Jusqu’à ce 13 septembre 2018. Que Josette rejoigne son époux dans la sérénité et la paix de son âme, et condoléances à sa famille et proches.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (06 février 2019)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Chadli Bendjedid.
Josette Audin.
Michel Audin.
Déclaration d’Emmanuel Macron sur Maurice Audin (13 septembre 2018).
François Mitterrand et l'Algérie.
Hervé Gourdel.
Mohamed Boudiaf.
Vidéo : dernières paroles de Boudiaf le 29 juin 1992.
Rapport officiel sur l’assassinat de Boudiaf (texte intégral).
Abdelaziz Bouteflika en 2009.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20190202-josette-audin.html

https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/josette-audin-le-combat-d-une-212423

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2019/02/05/37078101.html


 

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21 janvier 2019 1 21 /01 /janvier /2019 18:11

« La mort n’est, en définitive, que le résultat d’un défaut d’éducation puisqu’elle est la conséquence d’un manque de savoir-vivre. » (Pierre Dac, 1972).


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Quel coquin de sort ! ou plutôt quelle coquine sortie ! Quelques heures après l’éclipse de lune, celui que les monarchistes (il en existe encore en France) appellent "monseigneur" s’est éclipsé. Un 21 janvier, comme son lointain cousin Louis XVI, décapité le 21 janvier 1793 à l’âge de 38 ans. Ce matin du lundi 21 janvier 2019, Henri d’Orléans, que j’appellerai encore le comte de Clermont même s’il est devenu entre-temps comte de Paris, vient de mourir à l’âge de 85 ans (il est né le 14 juin 1933). Pour les monarchistes, il s’appelait Henri VII et était le roi de France depuis le 19 juin 1999 à la mort de son père, Henri d’Orléans aussi, que j’appellerai le comte de Paris (titre qu’il a légué à son fils à sa mort).

Avec cette appellation, nous plongeons évidemment dans la grande virtualité et il n’y avait pas besoin d’Internet pour y sombrer, puisque les monarchistes y sont tombés depuis plus d’un siècle et demi.

En fait, la République en France était fort improbable, secouée par dix années de Révolution souvent sanglante, et deux empires napoléoniens pas moins sanglants. Les deux premières républiques furent l’introduction à l’empire. La prospérité, la sécurité, la bonne moralité, la bonne marche du monde, forcément, il fallait retourner en Monarchie.

Le problème, c’est que les monarchistes du XIXe siècle en France n’étaient pas très malins politiquement. La querelle entre légitimistes (partisans du petit-fils de Charles X, le dernier roi absolutiste de France) et orléanistes (partisans du petit-fils de Louis-Philippe Ier, le dernier roi des Français) fut résolue finalement par la pérennité de la …Troisième République.

Rappelons aussi que Philipe Égalité, le père de Louis-Philippe, a voté la mort du roi, Louis XVI. On peut comprendre que la querelle n’est pas qu’une simple querelle dynastique et familiale, elle est beaucoup plus profonde que cela, elle est aussi politique et philosophique, entre le retour d’un roi de droit divin avec des sujets, et le retour d’un roi citoyen, libéral, avec des citoyens pourvu qu’ils paient des impôts (suffrage censitaire).

Comme souvent dans les querelles dynastiques, et ce fut le cas pour la dernière, la mort a joué un rôle naturel essentiel.

Henri d’Artois (1920-1883), duc de Bordeaux, plus connu sous le nom du comte de Chambord, fut le petit-fils du roi Charles X (1757-1836) qui a abdiqué en sa faveur le 2 août 1830 à la suite de la révolution de 1830. Louis Philippe d’Orléans (1838-1894), duc d’Orléans, plus connu sous le nom de comte de Paris, fut le petit-fils du roi Louis-Philippe Ier (1773-1850) qui a abdiqué en sa faveur le 24 février 1848 à la suite de la révolution de 1848.

Après l’effondrement du Second Empire et malgré la proclamation de la République par Léon Gambetta le 4 septembre 1870, l’assemblée démocratiquement élue, qui en est sortie le 8 février 1871, fut majoritairement monarchiste : sur 638 sièges pourvus, les légitimistes en ont obtenu 182, les orléanistes 214, les bonapartistes 20, tandis que les républicains n’ont obtenu que 222 sièges. En fait, il fallait en pourvoir 768, mais beaucoup de leaders ont été élus dans plusieurs départements, ce qui a rendu indispensables des élections complémentaires le 2 juillet 1871 où le rapport de forces fut nettement moins favorable aux monarchistes puisqu’ils ne furent que 12 élus pour 99 républicains élus.

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À l’issue de ces élections complémentaires, les monarchistes avaient 365 sièges sur 759 (dont 202 légitimistes), les bonapartistes 25 sièges, les républicains 285 sièges et les radicaux et l’extrême gauche 72 sièges. Plus que Gambetta, ce fut Thiers qui rendit la république incontournable, mais une république conservatrice et libérale. Ce fut d’ailleurs à cause de cela que Thiers fut renversé le 24 mai 1873, une fois retrouvée la paix négociée avec Bismarck, et fut remplacé par un vrai monarchiste, le maréchal Patrice de Mac-Mahon, élu Président de la République pour sept ans et considéré en quelques sortes comme un régent du futur royaume restauré.

Cette durée de sept ans, très arbitraire, devait permettre de résoudre le problème dynastique. Car si le comte de Paris était prêt à reconnaître la légitimité du comte de Chambord (Henri V), ce dernier a refusé de rentrer à Paris sans porter le drapeau blanc. Les orléanistes, qui voulaient préserver les acquis des révolutions, n’ont pas accepté cette condition d’en revenir finalement à l’Ancien Régime. Ils voulaient, eux, l’étendard bleu blanc rouge. Comme le comte de Clermont n’avait pas de descendants, on s’est dit qu’en sept ans, le problème serait résolu naturellement, la mort se chargeant de régler le différend.

Mais la vague républicaine est allée plus vite que la nature : à chaque nouvelle élection législative, les républicains ont progressivement pris le dessus sur les monarchistes, si bien que Mac-Mahon, après avoir voulu imposer un gouvernement de l’ordre moral aux républicains, a été obligé de dissoudre l’assemblée (crise du 16 mai 1877), puis finalement, sur l’injonction de Gambetta (se soumettre ou se démettre), Mac-Mahon fut conduit à donner sa démission le 30 janvier 1879, laissant l’Élysée à un (grand) républicain (Jules Grévy). Au-delà de la bourgeoisie industrielle qui avait adopté la république à l’instar de Thiers, il a fallu encore une dizaine d’années pour que les catholiques fussent "autorisés", par le pape Léon XIII, à voter républicain (encyclique "Rerum novarum").

Et les monarchistes ? Ils ont réglé le problème dynastique par la nature. Le comte de Clermont est mort exilé le 24 août 1883 sans héritier. Ce fut donc le comte de Paris (mort le 8 septembre 1894) qui rassembla légitimistes et orléanistes dans la prétention au trône de France.

Henri d’Orléans, né le 5 juillet 1908 et mort le 19 juin 1999 quelques jours avant ses 91 ans, appelé comte de Paris pendant une cinquantaine d’années, en fut l’un de ses descendants (à la fois un petit-fils et un petit-neveu) et surtout, le prétendant au trône de France à partir du 25 août 1940 sous le nom de Henri VI. Il fut  proche de De Gaulle (puis déçu à partir de 1963, il croyait que De Gaulle l’aurait aidé à restaurer la monarchie), puis proche de François Mitterrand qui célébra à grandes pompes le millénaire des Capétiens à la cathédrale d’Amiens le 3 avril 1987.

Cependant, la légitimité du comte de Paris fut contestée par d’autres légitimistes qui reconnaissaient en Alphonse de Bourbon, duc de Cadix et duc d’Anjou, né le 20 avril 1936, cousin de l’ancien roi d’Espagne Juan Carlos Ier, car il fut à partir du 20 mars 1975 l’aîné par primogéniture mâle des Capétiens, en tant que descendant direct de Philippe V d’Espagne (1683-1746), petit-fils du roi Louis XIV, mais cet aïeul avait renoncé à toute prétention au trône de France dès lors qu’il était l’héritier du royaume d’Espagne (Traités d’Utrecht des 11 avril 1713 et 13 juillet 1713 qui mirent fin à la guerre de succession d’Espagne), afin d’éviter la fusion de la France et de l’Espagne. Pour l’anecdote tragique, Alphonse de Bourbon est mort accidentellement quelques mois avant les célébrations du Bicentenaire de la Révolution française le 30 janvier 1989, décapité par un câble dans une station de ski. Son fils Louis de Bourbon, né le 25 avril 1974, a succédé comme prétendant au trône sous le nom de Louis XX.

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De son côté, en dehors de toute règle dynastique, Henri, comte de Paris, a bouleversé l’ordre de succession à la Couronne de France. Il a ainsi "écarté" son fils aîné, Henri, comte de Clermont, celui qui vient de mourir ce 21 janvier 2019, en raison de son divorce le 3 février 1984 et de son remariage civil le 3 octobre 1984. Le comte de Paris avait auparavant, le 25 septembre 1981, "écarté" son petit-fils aîné, à savoir, le fils aîné du comte de Clermont, François d’Orléans, né le 7 février 1961 en situation de grand handicap mental, au profit de son frère Jean, né le 19 mai 1965, qui, depuis ce 21 janvier 2019, est devenu l’actuel prétendant au trône de France sous le nom de Jean IV. Mais pour ce dernier, ce n’était pas si simple.

En effet, si son grand-père, le comte de Paris, l’a avantagé, notamment en le faisant duc de Vendôme, ainsi que son frère Eudes, né le 18 mars 1968, duc d’Angoulême, lors d’une grande cérémonie le 27 septembre 1987 au château d’Amboise, personne n’a cependant la capacité de bouleverser le droit dynastique. Ainsi, lorsque Henri, comte de Paris, est mort, le 19 juin 1999 (le même jour que le mariage de son petit-fils Eudes), son fils aîné Henri, comte de Clermont, est devenu le prétendant au trône de France sous le nom d’Henri VII sans que cette décision fût contestée par le reste de la famille.

Puis, Henri, comte de Clermont (devenu, depuis 1999, comte de Paris) est revenu le 6 mars 2003 sur la décision dynastique contestable de son père concernant son fils aîné François, en lui redonnant sa pleine place comme dauphin, malgré son lourd handicap : « Le fait que mon fils aîné, le dauphin François, soit handicapé n’est pas une raison suffisante pour l’écarter de ses droits. Un tel acte arbitraire ouvrirait la porte à toutes sortes d’abus ultérieurs. C’est pourquoi mon fils Jean, duc de Vendôme, assume la charge de son frère aîné en tant que régent du dauphin. ».

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Contestant cette remise en cause de la décision d’Henri, comte de Paris, de 1981, le prince Jean a publié un communiqué le 1er août 2016 réaffirmant qu’il serait le prétendant au trône à la mort de son père, qui, du coup, lui a répondu par un autre communiqué le 15 août 2016 : « Les lois fondamentales du royaume sont, par essence, supérieures à l’autorité royale et forment le socle même de sa légitimité. Nul ne peut s’en écarter ni les bafouer par caprices ou autres motifs, sauf à y porter atteinte. ».

Et de quelles lois parlait-il ? « La succession dans la Maison de France obéit à des règles bien précises : c’est le plus proche parent mâle qui hérite de la Couronne à la mort du roi précédent. Ces mêmes lois ont aussi prévu de désigner son plus proche parent comme régent entouré d’un conseil de régence lorsque le roi est dans l’impossibilité de régner, du fait de sa minorité, de son absence ou d’un handicap, que ceux-ci soient d’ailleurs temporaires ou définitifs. Ces règles n’ont jamais souffert d’exception. ».

On voit ainsi que la bataille dynastique entre Henri VII et son père Henri VI s’est poursuivie avec son fils Jean. Cependant, la bataille ne fut que théorique car la nature a empêché le conflit familial. En effet, François d’Orléans est mort le 31 décembre 2017 à Nantes et fut enterré le 6 janvier 2018 à Dreux. Ainsi, la triste mort de François avant celle de son père a laissé à son seul frère Jean l’héritage de la Couronne de France.

C’est ainsi que ce lundi 21 janvier 2019, Jean, duc de Vendôme, devient le prétendant au trône de France, héritier des Capétiens. Sa mère allemande, Marie-Thérèse de Wurtemberg, née le 12 novembre 1934, s’est mariée avec Henri, comte de Clermont, le 5 juillet 1957 (le mariage a été annulé religieusement le 13 novembre 2008). Par sa mère, Jean est descendant également de Louis XIV, Charles X, Louis-Philippe Ier et aussi de l’empereur Charles-Quint.

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Après des études de philosophie (1989), de droit (1992) et un MBA en Californie (1994), l’ancien prince Jean s’est marié le 19 mars 2009 à la mairie du septième arrondissement de Paris (Rachida Dati officiait, elle était encore Ministre de la Justice) avec Philomena de Tornos, née le 19 juin 1977 (le mariage religieux a été célébré le 2 mai 2009 à Senlis). Le couple a cinq enfants à ce jour, dont l’aîné, Gaston, né le 19 novembre 2009 à Paris, qui devient désormais le dauphin, l’héritier du trône de France.

Le roi est mort, vive le roi !
(mais aussi : vive la République, vive la France !).


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (21 janvier 2019)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Henri VII : le roi de France est mort un 21 janvier.
Institutions : attention aux mirages, aux chimères et aux sirènes !
Gilets jaunes : un référendum sur l’ISF ? Chiche !
Ne cassons pas nos institutions !
Non à la représentation proportionnelle aux élections législatives !
Vive la Cinquième République !
Concini.
Henri IV.
Philippe V.
François Ier.
Louis XIV.
Lully.
Les Rois maudits.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20190121-henri-vii-comte-clermont.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/henri-vii-le-roi-de-france-est-211892

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13 janvier 2019 7 13 /01 /janvier /2019 03:36

« Nous assistons à l’effondrement du vieux monde qui croule par pans entiers, jour après jour. Ce qui est le plus surprenant, c’est que la plupart des gens ne s’en aperçoivent pas et croient marcher encore sur un sol ferme. » (Rosa Luxemburg, 1916-1918).


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Il y a un siècle, le 15 janvier 1919, la théoricienne de la révolution Rosa Luxemburg est morte assassinée à l’issue de l’insurrection communiste à Berlin, quelques semaines après fin de la Première Guerre mondiale. Cette femme, née polonaise dans l’Empire russe le 5 mars 1871, qui fut une théoricienne du communisme et du marxisme, est morte à l’âge de 47 ans pour avoir encouragé et participé à un début de révolution dans les décombres de l’Empire allemand.

Clandestine, Rosa Luxemburg a été arrêtée le 15 janvier 1919 à Berlin par des militaires allemands sous le commandement du Ministre de la Défense Gustav Noske (1868-1946) qui était SPD (le parti social-démocrate allemand). Elle fut rouée de coups puis tuée par balle par l’un des militaires. Son corps fut ensuite jeté dans un canal. Ce ne fut donc pas une exécution, même sommaire, mais bien un assassinat qui fut suivi d’un procès au cours duquel les juges se sont montrés très cléments (des peines de deux ans et quelques mois de prison ont été prononcées contre les soldats ayant joué un rôle dans sa mort). Notons qu’en France, l’assassinat de pacifistes n’était pas plus puni qu’en Allemagne puisque l’assassin de Jean Jaurès fut acquitté le 29 mars 1919.

Le corps de Rosa Luxemburg fut repêché le 31 mai 1919 et enterré le 13 juin 1919. Leo Jogiches (1867-1919), camarade communiste de Rosa Luxemburg, fut également assassiné le 10 mars 1919 parce qu’il enquêtait sur les circonstances précises de sa mort. Un médecin légiste berlinois a affirmé le 29 mai 2009 avoir découvert dans le sous-sol de son institut le corps d’une femme qui pourrait être aussi celui de Rosa Luxemburg.

Pacifiste, elle-même membre du SPD, Rosa Luxemburg en fut exclue après le début de la guerre et a fondé avec notamment Karl Liebknecht (1871-1919), qui est mort assassiné le même jour qu’elle et dans les mêmes circonstances, assassiné après son arrestation, la Ligue spartakiste le 4 août 1914 (quand le SPD a voté le budget pour la guerre), puis le parti communiste allemand (KPD) le 31 décembre 1918.

Marxiste avant tout, Rosa Luxemburg s’opposait à tout réformisme, c’est-à-dire, aux réformes en faveur des ouvriers dans le "cadre bourgeois" : « Quiconque se prononce en faveur de la voie des réformes légales, au lieu et à l’encontre de la conquête du pouvoir politique et de la révolution sociale, ne choisit pas en réalité une voie plus tranquille, plus sûre et plus lente, conduisant au même but, mais un but différent, à savoir, au lieu de l’instauration d’une société nouvelle, des modifications purement superficielles de l’ancienne société (…), non pas la suppression du salariat, mais le dosage en plus ou moins de l’exploitation. » (1898).

Si Lénine était également favorable à l’arrêt de la guerre entre la Russie et l’Allemagne, considérant que la guerre était une affaire de bourgeois dont les victimes étaient les ouvriers, Rosa Luxemburg était opposée à la tournure de la Révolution bolchevik en Russie. Certes, comme Lénine, elle était opposée à toute collusion avec des partis bourgeois ou considérés comme tels (comme le SPD), mais son pacifisme n’était pas circonstanciel (les bolcheviks avaient besoin de ne plus avoir de front extérieur pour pourchasser les "Russes blancs" au cours de la guerre civile).

En effet, Rosa Luxemburg était avant tout opposée au principe de la terreur et de l’assassinat : « Dans les révolutions bourgeoises, l’effusion de sang, la terreur, le crime politique étaient des armes indispensables entre les mains des classes montantes. La révolution prolétarienne n’a nul besoin de la terreur pour réaliser ses objectifs. Elle hait et abhorre l’assassinat. Elle n’a pas besoin de recourir à ces moyens de lutte parce qu’elle ne combat pas des individus, mais des institutions, parce qu’elle n’entre pas dans l’arène avec des illusions naïves qui, déçues, entraîneraient une vengeance sanglante. » ("Die rote Fahne", 14 décembre 1918).

Et d’ajouter : « À la violence de la contre-révolution bourgeoise, il faut opposer le pouvoir révolutionnaire du prolétariat, aux attentats, aux intrigues ourdies par la bourgeoisie, la lucidité inébranlable, la vigilance et l’activité jamais en défaut de la masse prolétarienne. Aux menaces de la contre-révolution, l’armement du peuple et le désarmement des classes dominantes. Aux manœuvres d’obstruction parlementaire de la bourgeoisie, l’organisation inventive et active de la masse des ouvriers et des soldats. ».

Vouloir réduire la peuple dans ce qu’on a appelé la "lutte des classes", c’est-à-dire à une confrontation permanente entre "bourgeois" et "prolétaires", comme s’il n’existait pas d’autres "catégories", et surtout, comme si les "prolétaires" n’aspiraient pas à devenir un jour "bourgeois", ce qui allait permettre le développement d’une classe moyenne aujourd’hui plongée dans l’angoisse d’un "déclassement", c’est avoir un regard simpliste sur la société humaine toujours très complexe et nuancée.

Mais comprendre les tendances révolutionnaires est intéressant, notamment parce que Rosa Luxemburg était (le terme est anachronique puisqu’elle est morte trop tôt) antistalinienne, en tout cas, antiléniniste et antitrotskyste. D’ailleurs, inversement, Staline a condamné les idées de Rosa Luxemburg dès 1931, qui furent considérées comme une perversion de la pensée communiste en URSS jusqu’à la mort du dictateur.

Dans ce document qui fut une profession de foi de la Ligue spartakiste, elle insistait aussi sur ce sujet essentiel, les institutions. Elle était contre toute forme d’organisation : « [La révolution prolétarienne], ce n’est pas la tentative désespérée d’une minorité pour modeler par la force le monde selon son idéal, c’est l’action de la grande masse des millions d’hommes qui composent le peuple, appelés à remplir leur mission historique et à faire de la nécessité historique une réalité. ».

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Ainsi, Rosa Luxemburg a développé le modèle d’une révolution sans terreur et sans hiérarchie : « Considérer qu’une organisation forte doit toujours précéder la lutte est une conception tout à fait mécaniste et non dialectique. ». Cette idée signifiait pour elle qu’il n’y avait pas de révolution prolétarienne sans démocratie.

En ce sens, les gilets jaunes ne sont pas très loin de cette idée de refus d’organisation et de refus de hiérarchie, ce qui, évidemment, entraîne des difficultés supplémentaires par l’absence d’interlocuteurs pour un dialogue avec le gouvernement et aussi par l’irresponsabilisation du mouvement (entraînant notamment des violences dans les manifestations), certains individus pouvant s’autoproclamer représentants des gilets jaunes et d’autres revendiquer tout et n’importe quoi sans risque d’être éconduits ni contredits.

L’un des traits caractéristiques de ceux qui se revendiquent aujourd’hui de la pensée de Rosa Luxemburg (certains courants communistes dans la mouvance gauchiste) soutiennent avant tout le principe de la démocratie directe qui peut être illustré par la demande de référendum d’initiative citoyenne. Encore que, sur ce point, il faut bien constater que cette revendication fut tardive et dictée principalement par le mouvement de récupération de certains gauchistes dans une démarche originellement plus poujadiste que communiste avec surtout des revendications contre la politique fiscale du gouvernement et pour la défense du pouvoir d’achat.

Alors, Rosa Luxemburg aurait-elle été gilet jaune ? La question n’a évidemment pas de réponse puisque, avec l’uchronie, on pourrait tout imaginer, tout dire, tout écrire, mais on peut être certain que le rouge la caractérisait et, pour terminer par une pirouette, disons qu’elle n’était pas non plus insensible au rose : « Je suis restée sous le charme (…) d’un immense nuage d’une belle teinte rose tellement irréelle que l’on aurait dit un sourire, un salut venant d’horizons inconnus. J’ai éprouvé comme une libération et, sans le vouloir, j’ai tendu mes deux mains vers cette apparition magique. N’est-ce pas que la vie est belle et vaut la peine d’être vécue quand elle nous offre de telles couleurs et de telles formes ? » (1916-1918). En somme, tout le contraire de l’état d’esprit de Houellebecq


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (12 janvier 2019)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Rosa Luxemburg aurait-elle été gilet jaune ?
Nicolas II et les bolcheviks : massacre familial.
La Révolution russe.
Che Guevara.
La belle "démocratie" de Fidel Castro.
Hugo Chavez.
Le jihadisme, nouvelle resucée du guevarisme dans l’impérieux besoin de tuer ?
Karl Marx a-t-il tué ?
Staline.
Mao Tsé Toung.
Saint-Just.
Hannah Arendt et la doxa.
Institutions : attention aux mirages, aux chimères et aux sirènes !
Les vœux du Président Emmanuel Macron pour l’année 2019.
L’an 2019, la peur jaune et l’état d’urgence économique et sociale.
Gilets jaunes : un référendum sur l’ISF ? Chiche !
Strasbourg : la France, du jaune au noir.
Allocution du Président Emmanuel Macron le 10 décembre 2018 à l’Élysée (texte intégral).
La hotte du Père MacroNoël.
Ne cassons pas nos institutions !
Vive la Cinquième République !
La réforme Macron des institutions.
Non à la représentation proportionnelle aux élections législatives !
Gilets jaunes : angoisse versus raison.
Allocution du Premier Ministre Édouard Philippe le 4 décembre 2018 à Matignon (texte intégral).
Gilets jaunes : est-ce un soulèvement ?
La Révolution en deux ans.
Discours du Président Emmanuel Macron le 27 novembre 2018 à l’Élysée (texte intégral).
Gilets jaunes : Emmanuel Macron explique sa transition écologique.
Christophe Castaner, à l’épreuve du feu avec les "gilets jaunes".
L’irresponsabilité majeure des "gilets jaunes".
Gilets jaunes : démocratie des urnes et grognement des rues.
Les taxes sur les carburants compenseraient-elles la baisse de la taxe d'habitation ?
Le bilan humain très lourd de la journée des "gilets jaunes" du 17 novembre 2018.
Gilets jaunes, au moins un mort et plusieurs blessés : arrêtez le massacre !
Emmanuel Macron, futur "gilet jaune" ?
Le Mouvement du 17-novembre.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20190115-rosa-luxemburg.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/rosa-luxemburg-aurait-elle-ete-211570

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8 décembre 2018 6 08 /12 /décembre /2018 01:35

« Je ne veux pas d’un peuple juif généreux, libéral, anticolonialiste, anti-impérialiste… et mort ! » (Golda Meir).



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C’était cette intransigeance-là qui pouvait faire frémir lorsqu’on écoutait Golda Meir. Pourtant, l’apparence était trompeuse. Il y a cinquante ans, le 17 mars 1969, cette femme déjà âgée, 70 ans, l’air d’une grand-mère ukrainienne ridée et affaiblie par la vie, fumeuse comme il ne serait plus du tout permis aujourd’hui (il existe peu de photographies d’elle sans une cigarette à la main ou à la bouche), est devenue Premier Ministre de l’État d’Israël.

D’un tempérament très fort, elle a été parmi les (trois) premières femmes dans l’histoire du monde à diriger un gouvernement national. Et même encore maintenant, il n’y en a pas encore eu beaucoup, de femmes chefs de gouvernement ou Présidentes de la République (on peut citer Indira Gandhi, Benazir Bhutto, Margaret Thatcher, Theresa May, Angela Merkel, Michelle Bachelet, Dilma Rousseff, Cristina Kirchner, Eva Peron, Édith Cresson, etc. mais je ne cite pas dans les pays d’Europe du Nord ou de l’Est où elles sont plutôt nombreuses depuis une trentaine d’années).

Golda Meir refusa les propositions de paix du Président égyptien Anouar El-Sadate en février 1971 (accord de paix contre restitution des territoires occupés). Elle avait peu d’affection pour les Palestiniens. Elle se disait d’ailleurs elle-même Palestinienne, en tout cas, elle pouvait prouver qu’elle avait un passeport palestinien à l’époque du mandat britannique. Née à Kiev le 3 mai 1898 dans une famille très pauvre, elle a connu la persécution contre les Juifs en Ukraine. Sa famille a alors décidé d’émigrer aux États-Unis en 1906. Adolescente, elle aidait sa mère à tenir la petite épicerie familiale, mais à l’âge de 15 ans, elle est partie vivre sa vie, s’auto-suffire et faire des études. À 17 ans, elle commença à militer pour soutenir le projet sioniste et à 19 ans, elle s’est mariée.

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En 1921, le jeune couple émigra dans un kibboutz en Palestine alors sous mandat britannique. La vie y fut difficile au point que son mari aurait préféré retourner aux États-Unis, si bien qu’en 1924, ils se sont installés à Tel-Aviv. Elle a pris progressivement de plus en plus de responsabilités dans des organisations sionistes, au point d’être en 1934 membre du comité national de la communauté juive en Palestine, révélant déjà « [une oratrice] habile et une polémiste redoutable » (selon Amnon Kapeliouk).

Juste avant la création de l’État d’Israël, on lui confia quelques missions diplomatiques dont une pour convaincre le roi de Jordanie de ne pas faire la guerre à Israël. Elle a fait partie des vingt-quatre signataires de la déclaration d’indépendance de l’État d’Israël le 14 mai 1948. Elle fut donc, au regard de l’Histoire, une cofondatrice de l’État d’Israël, une historique. Par ailleurs, elle a obtenu le premier passeport israélien le 15 mai 1948.

Très vite, elle s’est transformée en femme d’État. Représentante d’Israël en URSS en 1948 ("ministre plénipotentiaire"), elle suscita beaucoup d’espoir chez les Juifs d’Union Soviétique. Élue députée en 1949 à la première Knesset (et réélue jusqu’en 1974), elle fut nommée Ministre du Travail et de la Sécurité Sociale du 10 mars 1949 au 19 juin 1956, malgré la réticence des partis religieux qui n’imaginaient pas une femme ministre dans le gouvernement de David Ben Gourion. Au-delà du socialisme (travaillisme) qui leur était commun, Golda Meir partageait la même intransigeance que Ben Gourion contre les pays arabes qui voulaient l’anéantissement d’Israël.

Lorsque Ben Gourion limogea le Ministre des Affaires étrangères Moshe Sharett jugé trop mou, il proposa la succession à Golda Meir qui fut ainsi Ministre des Affaires étrangères de l’État d’Israël du 17 juin 1956 au 12 janvier 1966, pendant presque dix ans. Pourtant, la vie politique intérieure israélienne était (et reste) loin d’être un long fleuve tranquille. Dans les années 1960, Golda Meir entra régulièrement en conflit avec Ben Gourion qui cumulait en même temps le Ministère de la Défense. C’étaient ainsi deux administrations qui étaient souvent en conflit, avec notamment Shimon Peres qui était "directeur général" du Ministère de la Défense et qui se prenait parfois pour le Ministre des Affaires étrangères.

Au sein du futur parti travailliste (Mapai), Golda Meir faisait clairement figure de principale rivale de Ben Gourion et son influence interne augmenta lorsque Levi Eskhol prit, le 26 juin 1963, la succession de Ben Gourion contraint de démissionner à la suite d’un scandale politique. Elle quitta le gouvernement après les élections législatives de novembre 1965 pour devenir secrétaire générale du Mapai, puis secrétaire générale du parti travailliste (avec la fusion de trois partis), en 1968. Mais fatiguée et vieillie, elle démissionna de la tête du parti au pouvoir quelques mois plus tard, le 1er août 1968, et était sur le point de prendre sa retraite politique (d’autant plus que plus personne n’imaginait qu’elle pût encore avoir un avenir politique).

Ce qui a précipité les choses, ce fut la mort soudaine du Premier Ministre en exercice Levi Eshkol, d’une crise cardiaque, le 27 février 1969. La guerre de succession faisait rage chez les travaillistes, avec deux camps : d’une part, Moshe Dayan, à l’époque Ministre de la Défense, et d’autre part, Ygal Allon, Vice-Premier Ministre assurant l’intérim, tous les deux candidats au poste de Premier Ministre. Pour trouver un candidat de consensus, le parti travailliste a choisi finalement Golda Meir qui retrouva le pouvoir après l’avoir quitté quelques années.

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Golda Meir fut Premier Ministre d’Israël du 17 mars 1969 au 3 juin 1974. En raison de la victoire de la Guerre des Six-Jours en 1967, Golda Meir bénéficia d’une grande confiance populaire, ce qui l’encouragea à rester très ferme contre les Palestiniens, au point d’avoir déclaré, selon l’éditorialiste Jean Daniel dans un livre publié en 2008 : « Nous pourrons sans doute un jour vous pardonner d’avoir tué nos enfants. Mais il nous sera beaucoup plus difficile de vous pardonner de nous avoir contraint à tuer les vôtres. La paix viendra quand les Arabes aimeront leurs enfants plus qu’ils nous haïssent . » (sous réserve de véracité).

Comme Premier Ministre sortante, Golda Meir remporta deux élections législatives, celles du 28 octobre 1969 où son parti a obtenu 56 sièges (sur 120) et 46,2% des voix, et celles du 31 décembre 1973, en obtenant 51 sièges (sur 120) et 39,6% des voix.

L’attaque arabe surprise lors du déclenchement de la Guerre du Kippour le 6 octobre 1973 a conduit, malgré la victoire finale, à la démission de Golda Meir le 11 avril 1974 car de sérieux dysfonctionnements ont été constatés dans les services de renseignements. Un général a pris alors le relève, Yitzhak Rabin, qui a dû démissionner trois années plus tard à cause d’un scandale politique.

Retirée de la vie politique depuis cinq années et très malade, Golda Meir est morte à Jérusalem le 8 décembre 1978 à l’âge de 80 ans. Pour le moment, elle fut la seule femme à avoir dirigé un gouvernement israélien.

Successeure d’Ehud Olmert à la tête de Kadima, le parti centriste créé le 21 novembre 2005 par Ariel Sharon, Tzipi Livni, alors Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères sortante, s’était retrouvée en position de devenir très probablement la prochaine Premier Ministre (la seconde femme en Israël) lors des élections législatives du 10 février 2009 où elle avait obtenu 28 sièges (sur 120) et 22,5% des voix, soit le premier parti du pays, devant le Likoud de Benyamin Netanyahou avec 27 sièges et 21,6% des voix. Mais Tzipi Livni n’avait pas pu former de majorité, au contraire de son rival du Likoud allié avec le parti d’extrême droite d’Avigdor Liberman. Elle participa cependant au troisième gouvernement Netanyahou, après les élections législatives du 22 janvier 2013, comme Ministre de la Justice du 18 mars 2013 au 2 décembre 2014.

Après avoir créé sa propre formation politique et fait une alliance avec le parti travailliste (Union sioniste) pour les élections législatives anticipées du 17 mars 2015, Tzipi Livni était revenue sur l’avant-scène politique en devenant la chef de l’opposition à la Knesset du 1er août 2018 au 1er janvier 2019 (jusqu’à la rupture de l’alliance avec les travaillistes, à l’initiative de ces derniers). Discréditée dans les sondages, Tzipi Livni a alors décidé le 18 février 2019 de se retirer de la vie politique et de ne pas participer aux prochaines élections législatives qui auront lieu dans quelques jours, le 9 avril 2019, afin d’éviter la dispersion des voix centristes.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (15 mars 2019)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Golda Meir.
La lutte contre l’antisémitisme est l’affaire de tous !
Les Accords de Camp David.
La naissance de l’État d’Israël.
Massacre à Gaza.
Emmanuel Macron et le Vel d’Hiv (16 juillet 2017).
Tentative de paix en 1996.
Un géant à Jérusalem.
Shimon Peres.
Israël est une démocratie.
Yitzhak Rabin.
Le Président Peres.
Ariel Sharon.
Ehud Olmert.
Benyamin Netanyahou.
Yasser Arafat.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20181208-golda-meir.html

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2019/03/17/37184622.html


 

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6 décembre 2018 4 06 /12 /décembre /2018 22:54

Alors hospitalisé à la suite d'un grave accident de la route, Jacques Chirac, président du RPR, a publié un texte très incisif contre le Président Valéry Giscard d'Estaing le 6 décembre 1978 pour s'opposer au principe des élections européennes au suffrage universel direct. Ce texte a été rédigé par Marie-France Garaud et Pierre Juillet. Aucun député RPR n'avait été prévenu ni consulté.

Pour en savoir plus :
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20190306-marie-france-garaud.html

SR

http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20181206-appel-cochin.html


(verbatim)

L'Appel de Cochin

Il est des heures graves dans l’histoire d’un peuple où sa sauvegarde tient toute dans sa capacité de discerner les menaces qu’on lui cache.

L’Europe que nous attendions et désirions, dans laquelle pourrait s’épanouir une France digne et forte, cette Europe, nous savons depuis hier qu’on ne veut pas la faire.

Tout nous conduit à penser que, derrière le masque des mots et le jargon des technocrates, on prépare l’inféodation de la France, on consent à l’idée de son abaissement.

En ce qui nous concerne nous devons dire NON.

En clair, de quoi s’agit-il ? Les faits sont simples, même si certains ont cru gagner à les obscurcir.

L’élection prochaine de l’Assemblée européenne au suffrage universel direct ne saurait intervenir sans que le peuple français soit directement éclairé sur la portée de son vote. Elle constituera un piège si les électeurs sont induits à croire qu’ils vont simplement entériner quelques principes généraux, d’ailleurs à peu près incontestés quant à la nécessité de l’organisation européenne, alors que les suffrages ainsi captés vont servir à légitimer tout ensemble les débordements futurs et les carences actuelles, au préjudice des intérêts nationaux.

1. Le gouvernement français soutient que les attributions de l’Assemblée resteront fixées par le traité de Rome et ne seront pas modifiées en conséquence du nouveau mode d’élection. Mais la plupart de nos partenaires énoncent l’opinion opposée presque comme allant de soi et aucune assurance n’a été obtenue à l’encontre de l’offensive ainsi annoncée, tranquillement, à l’avance. Or le président de la République reconnaissait, à juste raison, dans une conférence de presse récente, qu’une Europe fédérale ne manquerait pas d’être dominée par les intérêts américains. C’est dire que les votes de majorité, au sein des institutions européennes, en paralysant la volonté de la France, ne serviront ni les intérêts français, bien entendu, ni les intérêts européens. En d’autres termes, les votes des 81 représentants français pèseront bien peu à l’encontre des 329 représentants de pays eux-mêmes excessivement sensibles aux influences d’outre-Atlantique.

Telle est bien la menace dont l’opinion publique doit être consciente. Cette menace n’est pas lointaine et théorique : elle est ouverte, certaine et proche. Comment nos gouvernants pourront-ils y résister demain s’ils n’ont pas été capables de la faire écarter dans les déclarations d’intention ?

2. L’approbation de la politique européenne du gouvernement supposerait que celle-ci fût clairement affirmée à l’égard des errements actuels de la Communauté économique européenne. Il est de fait que cette Communauté — en dehors d’une politique agricole commune, d’ailleurs menacée — tend à n’être, aujourd’hui, guère plus qu’une zone de libre-échange favorable peut-être aux intérêts étrangers les plus puissants, mais qui voue au démantèlement des pans entiers de notre industrie laissée sans protection contre des concurrences inégales, sauvages ou qui se gardent de nous accorder la réciprocité. On ne saurait demander aux Français de souscrire ainsi à leur asservissement économique, au marasme et au chômage. Dans la mesure où la politique économique propre au gouvernement français contribue pour sa part aux mêmes résultats, on ne saurait davantage lui obtenir l’approbation sous le couvert d’un vote relatif à l’Europe.

3. L’admission de l’Espagne et du Portugal dans la Communauté soulève, tant pour nos intérêts agricoles que pour le fonctionnement des institutions communes, de très sérieuses difficultés qui doivent être préalablement résolues, sous peine d’aggraver une situation déjà fort peu satisfaisante. Jusque-là, il serait d’une grande légèreté, pour en tirer quelque avantage politique plus ou moins illusoire, d’annoncer cette admission comme virtuellement acquise.

4. La politique européenne du gouvernement ne peut, en aucun cas, dispenser la France d’une politique étrangère qui lui soit propre. L’Europe ne peut servir à camoufler l’effacement d’une France qui n’aurait plus, sur le plan mondial, ni autorité, ni idée, ni message, ni visage. Nous récusons une politique étrangère qui cesse de répondre à la vocation d’une grande puissance, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et investie de ce fait de responsabilités particulières dans l’ordre international.

C’est pourquoi nous disons NON.
NON à la politique de la supranationalité.
NON à l’asservissement économique.
NON à l’effacement international de la France.

Favorables à l’organisation européenne, oui, nous le sommes pleinement. Nous voulons, autant que d’autres, que se fasse l’Europe. Mais une Europe européenne, où la France conduise son destin de grande nation. Nous disons non à une France vassale dans un empire de marchands, non à une France qui démissionne aujourd’hui pour s’effacer demain.

Puisqu’il s’agit de la France, de son indépendance et de l’avenir, puis qu’il s’agit de l’Europe, de sa cohésion et de sa volonté, nous ne transigerons pas. Nous lutterons de toutes nos forces pour qu’après tant de sacrifices, tant d’épreuves et tant d’exemples, notre génération ne signe pas, dans l’ignorance, le déclin de la patrie.

Comme toujours quand il s’agit de l’abaissement de la France, le parti de l’étranger est à l’œuvre avec sa voix paisible et rassurante. Français, ne l’écoutez pas. C’est l’engourdissement qui précède la paix de la mort.

Mais comme toujours quand il s’agit de l’honneur de la France, partout des hommes vont se lever pour combattre les partisans du renoncement et les auxiliaires de la décadence.

Avec gravité et résolution, je vous appelle dans un grand rassemblement de l’espérance, à un nouveau combat, celui pour la France de toujours et l’Europe de demain.

Jacques Chirac, à Parsi le 6 décembre 1978


 

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30 novembre 2018 5 30 /11 /novembre /2018 04:28

« 19h55. (…) Personne ne parle. Nos regards se croisent. Nos yeux s’évitent. L’air manque. Le Président relit son texte. [Nadia] retouche une dernière fois son maquillage. [Stéphane] réajuste sa cravate. [Virginie] vérifie que tout est en place pour la retransmission en direct. L’aide de camp attend. 19h56. Je chuchote à l’aide de camp : "Tu entres juste avant le Président. Tu déposes le texte sur le pupitre. Tu seras filmé, mais, à mon avis, non retransmis en direct". 19h57. Je demande à Virginie : "Tout est OK ?". Pas besoin de me répondre. Tout est OK, bien entendu… 19h59. Je me dirige vers le Président, toujours en pleine relecture de son texte, qu’il doit connaître par cœur : "Il va falloir y aller, Monsieur le Président". Il se lève, ne dit rien, nous sourit. Il a l’air calme et détaché. Il se place juste derrière la porte qui mène au studio où est installé son pupitre. Il attend le signal. » (Gaspard Gantzer, "La Politique est un sport de combat", éd. Fayard, 2 novembre 2017).



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Ces deux dernières années, cela peut apparaître comme deux siècles dans une vie politique qui s’est tellement accéléré avec les réseaux sociaux, les chaînes d’information continue et le "dégagisme" ambiant.

Vous souvenez-vous de François Hollande ? Le plaisantin qui est actuellement dans tous les médias depuis quelques mois pour vendre (avec grand succès) son livre ? Il était Président de la République. Il y a deux ans, il a quitté la vie politique. Certes, il est resté à l’Élysée encore pendant cinq mois et demi, mais il n’existait déjà plus. En effet, le jeudi 1er décembre 2016 à 20 heures, François Hollande a annoncé ce qui n’a jamais été annoncé jusqu’alors sous la Ve République : il renonçait de lui-même à se représenter aux suffrages des Français à l’issue de son mandat.

Dans son allocution télévisée de dix minutes, la larme aux yeux, François Hollande exprimait sa mise hors-jeu : « Le pouvoir, l’exercice du pouvoir, les lieux du pouvoir et les rites du pouvoir ne m’ont jamais fait perdre ma lucidité, ni sur moi-même, ni sur la situation, car je dois agir. Aujourd’hui, je suis conscient des risques que ferait courir une démarche, la mienne, qui ne rassemblerait pas largement autour d’elle. Aussi, j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle, au renouvellement donc de mon mandat. ».

Dans son journal de bord publié le 2 novembre 2017 chez Fayard ("La Politique est un sport de combat"), le conseiller en communication de François Hollande, et par ailleurs camarade de promo et ami de l’ancien ministre et candidat Emmanuel Macron, Gaspard Gantzer a raconté que juste après cet exercice télévisuel, François Hollande a lâché, soulagé : « Ca, c’est fait ! ». Il avait pris sa décision définitive le 29 novembre 2016, mais en fait, il l’avait ruminée depuis plusieurs semaines et cherchait une raison honorable de ne pas se présenter. En préparant son allocution, il avait confié, un peu amer : « Quand j’y pense, heureusement qu’il y a eu le livre de Davet et Lhomme, sinon j’aurais été contraint de me représenter. » !!

Dès le lendemain à 8h37, Emmanuel Macron a envoyé à Gaspard Gantzer un petit message de soutien : « Juste un mot pour te dire que je pense fort à toi et je t’embrasse. ». Il a tenté de le recruter mais finalement, Gaspard Gantzer n’a pas pu être candidat En Marche aux élections législatives en raison de la contestation des élus et militants locaux qui ne voulaient pas d’un parachutage d’un énarque parisien dans la circonscription convoitée.

Faut-il dater du 1er décembre 2016 le début de cette "révolution" qui a fait exploser tout le paysage politique français à l’élection présidentielle ? Probablement. La renonciation (toute papale !) de François Hollande a aussi fait imploser le Parti socialiste qui n’avait plus aucun "chef" sur qui raisonnablement compter pour bâtir une incertaine synthèse.

Pour l’anecdote, François Hollande, invité de la matinale de France Inter le lundi 26 novembre 2018, à la question "Que faites-vous concrètement pour la planète ?", a répondu que lorsqu’il était Président de la République, quand il quittait le soir son bureau à l’Élysée, il passait dans tous les autres bureaux (désertés) de son étage et éteignait les lumières. De là, la journaliste Léa Salamé n’a pas pu s’empêcher de lui dire qu’il avait aussi éteint la lumière au PS !…

En fait, le début de cette "révolution" était quelques semaines auparavant. Les médias ont toujours l’habitude de dire que l’élection présidentielle est bouclée, verrouillée, que l’on connaîtrait le gagnant avant même la campagne. Ainsi, quelques mois avant l’échéance, Édouard Balladur aurait été élu dès le premier tour en 1995, Lionel Jospin aurait été plébiscité en 2002, Ségolène Royal aurait séduit la France entière en 2007, Dominique Strauss-Khan n’aurait même pas eu à convaincre qu’il était fait pour diriger un pays en crise économique et pour gagner en 2012. Et pour 2017, l’élection du maire de Bordeaux Alain Juppé ne faisait aucun doute…

La réalité, c’est que l’histoire est toujours différente des prévisions. Ce qui peut être finalement rassurant : une campagne électorale, cela sert à quelque chose ! Avant d’être en situation, c’est-à-dire, avant d’être réellement candidates, les personnalités politiques ne peuvent jamais se fier aux sondages qui disent souvent n’importe quoi. Pas qu’ils se trompent dans la manière de sonder les électeurs (il y a des techniques statistiques relativement fiables), mais plutôt dans leur interprétation : les sondés peuvent souvent changer leur point de vue après un discours ou un débat.

La campagne présidentielle pour 2017 a été une série de surprises qui a fait "dégager" presque tous les leaders politiques nationaux. J’écris "presque" car deux se sont accrochés, voir plus loin.

Le premier à être "dégagé", ce fut Nicolas Sarkozy lors du premier tour de la primaire LR, le 20 novembre 2016. Il est parti avec panache. La percée magique du premier tour de François Fillon ne laissa guère de chance à Alain Juppé au second tour de la primaire LR, le 27 novembre 2016. Et de deux !

Au même moment, Emmanuel Macron, dont personne ne croyait aux chances présidentielles, sauf quelques rares fidèles ou bannis, s’est présenté officiellement à l’élection présidentielle, le 16 novembre 2016 à Bobigny et a publié son livre "Révolution. C’est notre combat pour la France" (éd. XO éditions) le 24 novembre 2016.

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Au PS, Claude Bartolone, Président de l’Assemblée Nationale, ulcéré par l’opinion que François Hollande a eue de lui (et publiée dans le livre de Davet et Lhomme), soutien de Manuel Valls, a laissé entendre le 26 novembre 2016 que François Hollande pourrait être opposé à son Premier Ministre à la primaire PS de janvier 2017.

La renonciation officielle de François Hollande a ouvert toutes les portes des ambitions. Ainsi, le Premier Ministre Manuel Valls a annoncé sa candidature à la primaire PS le 5 décembre 2016 à Évry et a démissionné de Matignon le lendemain, remplacé par Bernard Cazeneuve.

Au 1er janvier 2017, l’élection de François Fillon était quasi-certaine dans la plupart des esprits, mais personne n’imagina la survenue de l’affaire qui éclata le 24 janvier 2017 et qui allait plomber toute sa campagne. Les surprises ont continué par la mise hors-jeu de nombreux leaders nationaux : le 22 janvier 2017, Arnaud Montebourg fut dégagé au premier tour de la primaire PS, et le 29 janvier 2017, Manuel Valls fut battu par Benoît Hamon au second tour de la primaire PS. Il faut rappeler à ce moment-là, après sa désignation, Benoît Hamon bénéficiait de bons sondages, autour de 18% face à Jean-Luc Mélenchon, seulement 8% des intentions de vote.

Dans la même veine que François Hollande, un autre acteur historique des présidentielles françaises, François Bayrou a renoncé de lui-même à sa candidature le 22 février 2017 et a apporté son soutien à Emmanuel Macron avec qui il a tenu une conférence de presse commune le lendemain au Palais de Tokyo. Contrairement à ce qu’on a pu dire, ce soutien n’a pas forcément apporté plus d’intentions de vote à Emmanuel Macron qu’auparavant. Simplement, les sondages qui, jusqu’alors, intégraient la candidature de François Bayrou ne le faisaient plus, ce qui donnait mécaniquement un avantage à Emmanuel Macron (il aurait fallu sonder dans une configuration sans François Bayrou avant son soutien à Emmanuel Macron pour évaluer la part réelle de ce soutien et celle de l’effet mécanique).

Le dégagisme a aussi touché les écologistes qui se sont disloqués entre le soutien à Manuel Valls puis à Emmanuel Macron et le soutien à Benoît Hamon au point que le candidat pourtant désigné par la primaire EELV, Yannick Jadot, s’est lui-même autodégagé le 23 février 2017 au cours d’une intervention dans le "20 heures" de France 2.

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Lors du premier tour de l’élection présidentielle, le 23 avril 2017, François Fillon fut éliminé (nouveau dégagé), ainsi que Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon. Au second tour, le 7 mai 2017, ce fut Marine Le Pen qui fut dégagée à son tour. Emmanuel Macron a gagné, contre toute prévision. Et fait historique, il n’avait que 39 ans. Plus jeune que le plus jeune de nos Présidents de la République française, à savoir Louis Napoléon Bonaparte. Une nouvelle page se tournait dans l’Histoire de France.

Le "dégagisme" a continué aux élections législatives des 11 et 18 juin 2017 : de nombreux leaders furent battus, parfois dès le premier tour, et abandonnèrent la politique. Les noms sont nombreux : Nathalie Kosciusko-Morizet, Thierry Mariani, Jean-Frédéric Poisson, Aurélie Filippetti, Marisol Touraine, Jean-Christophe Cambadélis, Myriam El-Khomri, Najat Valaud-Belkacem, etc. D’autres, bien que non battus ou pas candidats, quittèrent la vie politique ou pour certains, la course à l’échalote : François Baroin, Jean-Pierre Raffarin, Marion Maréchal, etc. Certains enfin, ont été "reclassés" ou "recyclés", comme Bruno Le Maire.

De tous les "dégagés" (de gré ou de force), seuls deux "dégagés" existent encore dans la vie politique de 2018, s’accrochant coûte que coûte à leurs ambitions : Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, qui n’ont pourtant jamais réussi, ni l’une ni l’autre, à insuffler un vrai mouvement d’opposition. La preuve, c’est le développement des "gilets jaunes" et leur tentative de récupération pour en tirer un profit électoral et politique.

Quant à Benoît Hamon, son désastreux échec présidentiel est dû au fait très paradoxal qu’il a été choisi majoritairement par les sympathisants du PS sur les bases d’un programme ultraminoritaire au PS. Il tente encore aujourd’hui d’exister politiquement mais il a clairement disparu des compteurs politiques. Florian Philippot et Nicolas Dupont-Aignan cherchent aussi à ne pas disparaître.

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Soyons clairs : le principal candidat anti-système en 2017, c’était Emmanuel Macron ! En tout cas, pas Marine Le Pen, élue improductive depuis plusieurs décennies et fille de son père. Pas Jean-Luc Mélenchon, ancien sénateur apparatchik au PS pendant plus de trente ans. Pas évidemment François Fillon, représentant sans doute le mieux l’homo politicus dans toute sa carrière.

Emmanuel Macron était parti sans beaucoup de troupes. Avec quelques fidèles, avec François Bayrou et Daniel Cohn-Bendit, et avec quelques rares socialistes, comme Gérard Collomb, François Patriat, Richard Ferrand, Christophe Castaner et Benjamin Griveaux. Les autres soutiens socialistes étaient très discrets : Jean-Yves Le Drian, Manuel Valls, Bertrand Delanoë, François de Rugy, etc. sans compter le silence assourdissant de Ségolène Royal, François Hollande, etc.

Des rescapés, il y en a eu quand même quelques-uns, au-delà de ceux qui se sont accrochés malgré le "dégagement". Le principal rescapé est Laurent Wauquiez, mais il y en a d’autres, ils sont surtout chez LR qu’Emmanuel Macron n’a pas su faire imploser malgré le recrutement encore récent de quelques parlementaires LR (notamment Franck Riester, Sébastien Lecornu, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, et évidemment, le principal, Édouard Philippe, nommé à Matignon). Ces rescapés, ce sont par exemple Gérard Larcher, Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, Christian Estrosi, Éric Woerth, Bruno Retailleau, Guillaume Larrivé, Éric Ciotti, Jean-François Copé, Dominique Bussereau. On peut ajouter au centre Jean-Christophe Lagarde, Hervé Morin, et à gauche Delphine Batho, Anne Hidalgo, mais qui d’autres encore ?

En deux ans, la vie politique a complètement basculé. S’est transformée en profondeur. Tant les acteurs que les pratiques. Et aussi en politique puisque le gouvernement est à la fois contesté à sa droite et à sa gauche au Parlement.

À ce titre, Emmanuel Macron a été le candidat le moins cynique de la campagne présidentielle de 2017. Le mouvement des "gilets jaunes" n’est, à mon sens, qu’une conséquence de ce fait troublant : il n’existe toujours pas d’opposition reconnue par les gens en colère. En ce sens, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont certainement plus à perdre de ce mouvement qu’Emmanuel Macron. Et ce n’est pas François Hollande qui pourrait incarner politiquement cette opposition, même si, lui, le croit fermement.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (30 novembre 2018)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
La Révolution en deux ans.
François Hollande.
Emmanuel Macron.
François Bayrou.
François Fillon.
Marine Le Pen.
Jean-Luc Mélenchon.
Manuel Valls.
Benoît Hamon.
Laurent Wauquiez.
Gérard Larcher.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20181201-revolution.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/la-revolution-en-deux-ans-210125

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2018/11/30/36906067.html



 

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11 novembre 2018 7 11 /11 /novembre /2018 22:14

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Pour en savoir plus :
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20181110-centenaire-1918.html



Discours du Président Emmanuel Macron pour le Centenaire de la fin de la Grande Guerre, le 11 novembre 2018, à l'Arc-de-Trimphe à Paris

LE PRESIDENT : Le 7 novembre 1918, lorsque le caporal clairon Pierre SELLIER sonna le premier cessez-le-feu, vers 10 heures du matin, bien des hommes ne purent y croire, puis sortirent lentement de leurs positions, pendant que, de loin en loin, sur les lignes, les mêmes clairons répétaient le cessez-le-feu puis faisaient entendre les notes de la sonnerie aux morts, avant que les cloches ne répandent la nouvelle, à la volée, dans tout le pays.

Le 11 novembre 1918, à 11 heures du matin, il y a cent ans, jour pour jour, heure pour heure, à Paris comme dans toute la France, les clairons ont retenti et les cloches de toutes les églises ont sonné.

C’était l’armistice.

C’était la fin de quatre longues et terribles années de combats meurtriers. L’armistice pourtant n’était pas la paix. Et à l’Est, pendant plusieurs années, d’effroyables guerres se poursuivirent.

Ici, ce même jour, les Français et leurs Alliés ont célébré leur victoire. Ils s’étaient battus pour leur patrie et pour la liberté. Ils avaient consenti, pour cela, tous les sacrifices et toutes les souffrances. Ils avaient connu un enfer que nul ne peut se représenter.

Nous devrions prendre un instant pour faire revenir à nous cet immense cortège des combattants où défilent des soldats de la métropole et de l’empire, des légionnaires et des garibaldiens avec des étrangers venus du monde entier, parce que la France représentait, pour eux, tout ce qu’il y avait de beau dans le monde.

Avec les ombres de PEUGEOT, premier tombé, et de TREBUCHON, dernier mort pour la France dix minutes avant l’armistice, voici l’instituteur Kléber DUPUY, défenseur de Douaumont, APOLLINAIRE, Blaise CENDRARS au régiment de marche de la légion étrangère, les soldats des régiments basques, bretons ou marseillais, le capitaine de GAULLE que personne alors ne connaissait, Julien GREEN, l’Américain, à la porte de son ambulance, MONTHERLANT et GIONO, Charles PEGUY et Alain FOURNIER tombés dans les premières semaines, Joseph KESSEL venu d’Orenbourg en Russie.

Et tous les autres, tous les autres qui sont les nôtres, auxquels plutôt nous appartenons, et dont on peut lire les noms sur chaque monument, des hauteurs solaires de la Corse aux vallées des Alpes, de la Sologne aux Vosges, de la pointe du Raz à la frontière espagnole. Oui, une seule France, rurale et urbaine, bourgeoise, aristocratique et populaire, de toutes les couleurs où le curé et l’anticlérical ont souffert côte à côte et dont l’héroïsme et la douleur nous ont faits.

Durant ces quatre années, l’Europe manqua de se suicider. L’humanité s’était enfoncée dans le labyrinthe hideux d’affrontements sans merci, dans un enfer qui engloutit tous les combattants, de quelque côté qu’ils soient, de quelque nationalité qu’ils soient.

Dès le lendemain, dès le lendemain de l’armistice, commença le funèbre décompte des morts, des blessés, des mutilés, des disparus. Ici en France, mais aussi dans chaque pays, les familles pendant des mois attendirent en vain le retour d’un père, d’un frère, d’un mari, d’un fiancé, et parmi ces absents, il y eut aussi ces femmes admirables engagées auprès des combattants.

10 millions de morts.
6 millions de blessés et mutilés.
3 millions de veuves.
6 millions d’orphelins.
Des millions de victimes civiles.
1 milliard d’obus tirés sur le seul sol de France.

Le monde découvrit l’ampleur de blessures que l’ardeur combattante avait occultée. Aux larmes des mourants, succédèrent celles des survivants. Car sur ce sol de France, le monde entier était venu combattre. Des jeunes hommes de toutes les provinces et de l’Outre-mer, des jeunes hommes venus d’Afrique, du Pacifique, des Amériques et d’Asie sont venus mourir loin de leur famille dans des villages dont ils ne connaissaient pas même le nom.

Les millions de témoins de toutes les nations racontèrent l’horreur des combats, la puanteur des tranchées, la désolation des champs de bataille, les cris des blessés dans la nuit, la destruction de campagnes florissantes où ne subsistait plus que la silhouette calcinée des arbres. Beaucoup de ceux qui sont rentrés avaient perdu leur jeunesse, leurs idéaux, le goût de vivre. Beaucoup étaient défigurés, aveugles, amputés. Vainqueurs et vaincus furent alors plongés pour longtemps dans le même deuil.

1918, c’était il y cent ans. Cela semble loin. Et pourtant, c’était hier !

J’ai arpenté les terres de France où se sont déroulés les combats les plus rudes. J’ai vu dans ces campagnes de mon pays la terre encore grise et toujours stérile des champs de bataille ! J’ai vu les villages détruits qui n’avaient plus d’habitants pour les reconstruire et qui ne sont aujourd’hui encore que le témoignage, pierre sur pierre, de la folie des hommes !

J’ai vu sur nos monuments la litanie des noms de Français côtoyant les noms des étrangers morts sous le soleil de France ; j’ai vu les corps de nos soldats ensevelis sous une nature redevenue innocente, comme j’avais vu, dans les fosses communes, se mêler les ossements des soldats allemands et des soldats français côte à côte qui, par un hiver glacial, s’étaient entretués pour quelques mètres de terrain…

Les traces de cette guerre ne se sont jamais effacées ni sur les terres de France, ni sur celles de l’Europe et du Moyen-Orient, ni dans la mémoire des hommes partout dans le monde.

Souvenons-nous ! N’oublions pas ! Car le souvenir de ces sacrifices nous exhorte à être dignes de ceux qui sont morts pour nous, pour que nous puissions vivre libres !

Souvenons-nous : ne retranchons rien de ce qu’il y avait de pureté, d’idéal, de principes supérieurs dans le patriotisme de nos aînés. Cette vision de la France comme Nation généreuse, de la France comme projet, de la France porteuse de valeurs universelles, a été dans ces heures sombres exactement le contraire de l’égoïsme d’un peuple qui ne regarde que ses intérêts. Car le patriotisme est l’exact contraire du nationalisme : le nationalisme en est la trahison. En disant « nos intérêts d’abord et qu’importent les autres ! », on gomme ce qu’une Nation a de plus précieux, ce qui la fait vivre, ce qui la porte à être grande, ce qui est le plus important : ses valeurs morales.

Souvenons-nous, nous autres Français, de ce que CLEMENCEAU a proclamé le jour de la victoire, il y a cent ans jour pour jour, du haut de la tribune de l’Assemblée nationale, avant qu’en un chœur sans pareil n’éclate la Marseillaise : combattante du droit, combattante de la Liberté, la France serait toujours et à jamais le soldat de l’idéal.

Ce sont ces valeurs et ces vertus qui ont soutenu ceux que nous honorons aujourd’hui, ceux qui se sont sacrifiés dans les combats où la Nation et la démocratie les avaient engagés. Ce sont ces valeurs, ce sont ces vertus qui firent leur force parce qu’elles guidaient leur cœur.

La leçon de la Grande Guerre ne peut être celle de la rancœur d’un peuple contre d’autres, pas plus que celle de l’oubli du passé. Elle est un enracinement qui oblige à penser à l’avenir et à penser à l’essentiel.

Dès 1918, nos prédécesseurs ont tenté de bâtir la paix, ils ont imaginé les premières coopérations internationales, ils ont démantelé les empires, reconnu nombre de Nations et redessiné les frontières ; ils ont même rêvé alors d’une Europe politique.

Mais l’humiliation, l’esprit de revanche, la crise économique et morale ont nourri la montée des nationalismes et des totalitarismes. La guerre de nouveau, vingt ans plus tard, est venue ravager les chemins de la paix.

Ici, aujourd’hui, peuples du monde entier, sur cette dalle sacrée, sépulture de notre Soldat Inconnu, ce « Poilu » anonyme symbole de tous ceux qui meurent pour la patrie, voyez tant de vos dirigeants rassemblés !

Chacun d’eux mène à sa suite sa longue cohorte des combattants et des martyrs issus de son peuple. Chacun d’eux est le visage de cette espérance pour laquelle toute une jeunesse accepta de mourir, celle d’un monde enfin rendu à la paix, d’un monde où l’amitié entre les peuples l’emporte sur les passions guerrières, d’un monde où la parole des hommes doit parler plus fort que le fracas des armes, où l’esprit de conciliation l’emporte sur la tentation du cynisme, où des instances et des forums permettent aux ennemis d’hier d’engager le dialogue et d’en faire le ciment de l’entente, le gage d’une harmonie enfin possible.

Cela s’appelle, sur notre continent, l’amitié forgée entre l’Allemagne et la France et cette volonté de bâtir un socle d’ambitions communes. Cela s’appelle l’Union européenne, une union librement consentie, jamais vue dans l’Histoire, et nous délivrant de nos guerres civiles. Cela s’appelle l’Organisation des Nations unies, garante d’un esprit de coopération pour défendre les biens communs d’un monde dont le destin est indissolublement lié et qui a tiré les leçons des échecs douloureux de la Société des Nations comme du Traité de Versailles.

C’est cette certitude que le pire n’est jamais sûr tant qu’existent des hommes et de femmes de bonne volonté. Soyons sans relâche, sans honte, sans crainte ces femmes et ces hommes de bonne volonté !

Je le sais, les démons anciens resurgissent, prêts à accomplir leur œuvre de chaos et de mort. Des idéologies nouvelles manipulent des religions, prônent un obscurantisme contagieux. L’Histoire menace parfois de reprendre son cours tragique et de compromettre notre héritage de paix, que nous croyions avoir définitivement scellé du sang de nos ancêtres.

Que ce jour anniversaire soit donc celui où se renouvelle l’éternelle fidélité à nos morts ! Faisons, une fois de plus, ce serment des Nations de placer la paix plus haut que tout, car nous en connaissons le prix, nous en savons le poids, nous en savons les exigences !

Nous tous ici, dirigeants politiques, nous devons, en ce 11 novembre 2018, réaffirmer devant nos peuples notre véritable, notre immense responsabilité, celle de transmettre à nos enfants le monde dont les générations d’avant ont rêvé.

Additionnons nos espoirs au lieu d’opposer nos peurs ! Ensemble, nous pouvons conjurer ces menaces que sont le spectre du réchauffement climatique, la pauvreté, la faim, la maladie, les inégalités, l’ignorance. Nous avons engagé ce combat et nous pouvons le gagner : poursuivons-le, car la victoire est possible !

Ensemble, nous pouvons rompre avec la nouvelle « trahison des clercs » qui est à l’œuvre, celle qui alimente les contre-vérités, accepte les injustices qui minent nos peuples, nourrit les extrêmes et l’obscurantisme contemporain.

Ensemble, nous pouvons faire surgir l’extraordinaire floraison des sciences, des arts, des échanges, de l’éducation, de la médecine que, partout dans le monde, je vois poindre car notre monde est, si nous le voulons, à l’aube d’une époque nouvelle, d’une civilisation portant au plus haut les ambitions et les facultés de l’homme.

Ruiner cet espoir par fascination pour le repli, la violence et la domination serait une erreur dont les générations futures nous feraient, à juste titre, porter la responsabilité historique. Ici, aujourd’hui, affrontons dignement le jugement de l’avenir !

La France sait ce qu’elle doit à ses combattants et à tous les combattants venus du monde entier. Elle s’incline devant leur grandeur.

La France salue avec respect et gravité les morts des autres nations que, jadis, elle a combattues. Elle se tient à côté d’elles.

« Nos pieds ne se détachent qu’en vain du sol qui contient les morts » écrivait Guillaume APOLLINAIRE.

Que sur les tombes où ils reposent, fleurisse la certitude qu’un monde meilleur est possible si nous le voulons, si nous le décidons, si nous le construisons, si nous l’exigeons de toute notre âme.

En ce 11 novembre 2018, cent ans après un massacre dont la cicatrice est encore visible sur la face du monde, je vous remercie pour ce rassemblement de la fraternité retrouvée du 11 novembre 1918.

Puisse ce rassemblement ne pas être seulement celui d’un jour. Cette fraternité, mes amis, nous invite, en effet, à mener ensemble le seul combat qui vaille : le combat de la paix, le combat d’un monde meilleur.

Vive la paix entre les peuples et entre les Etats !
Vive les nations libres du monde !
Vive l’amitié entre les peuples !
Vive la France !

Emmanuel Macron, le 11 novembre 2018, Place de l'Étoile à Paris.



Discours du Président Emmanuel Macron pour le Forum de Paris sur la Paix, le 11 novembre 2018 à la Grande Halle de la Villette à Paris

Mes chers amis,

Mesdames, Messieurs les Chefs d’Etat et de gouvernement,
Chers amis,

Je souhaitais juste prononcer ici quelques mots d'accueil.

De ces cérémonies du centenaire de l'Armistice de 1918, l'histoire retiendra sans doute une image : celle de 84 chefs d'Etat et de gouvernement des Nations autrefois belligérantes, réunis à Paris sous l'Arc de Triomphe, dans la paix. Mais ce qui demeure incertain pour l'avenir, c'est la façon dont sera interprétée cette image ; sera-t-elle le symbole éclatant d'une paix durable entre les Nations ou au contraire, la photographie d'un dernier moment d'unité avant que le monde ne sombre dans un nouveau désordre ? Et cela ne dépend que de nous.

Le monde dans lequel nous vivons est fragilisé par des crises qui déstabilisent nos sociétés : crise économique, écologique, climatique, défi migratoire. Fragilisé par la résurgence de menaces capables de frapper à tout moment : terrorisme, prolifération chimique ou nucléaire, cybercriminalité. Fragilisé par le retour des passions tristes : nationalisme, racisme, antisémitisme, extrémisme - qui remettent en cause cet horizon que nos peuples attendent.

C'est pourquoi nous avons voulu organiser ce Forum de Paris sur la paix qui a vocation à se reproduire chaque année et à rassembler les chefs d'Etat et de gouvernement bien sûr - et je veux remercier toutes celles et ceux qui sont ici présents et qui se sont mobilisés - mais également les représentants des organisations internationales, des organisations non gouvernementales, des pouvoirs locaux, des associations, des entreprises, des fondations, des intellectuels, des journalistes, des activistes, comme vous l'avez dit chère Trisha, toutes celles et ceux qui font aujourd'hui le monde et qui peuvent le changer.

Ce Forum de Paris sur la paix a pour vocation, chaque année, de réunir les uns et les autres pour promouvoir des actions concrètes, pour que ce travail de paix avance un peu plus chaque année. C'est aussi pour cela que je veux saluer ici la présence de la co-lauréate du prix Nobel de la paix 2018, Nadia MURAD, qui lancera dans quelques instants un projet très concret pour consolider la paix à travers sa fondation pour le Sinjar dans le nord de l'Irak. Merci à vous.

Voilà mes chers amis, si nous sommes là aujourd'hui, c'est parce que tous ceux qui sont tombés il y a 100 ans, comme le disait Clémenceau, ont des droits sur nous. Et c'est là que gît notre devoir. Il y a 100 ans, nous n'avons pas réussi à gagner la paix parce que la France et l'Allemagne ont continué de se diviser. Et d'humiliations en crises, en montée des totalitarismes, vingt ans plus tard, la guerre ressurgit. C'est pourquoi je tenais absolument à ce que ce premier Forum de Paris sur la paix soit inauguré par madame la Chancelière Angela MERKEL. Merci chère Angela.

Et il y a 100 ans, nos prédécesseurs ont tenté de construire durablement cette paix ; ils ont inventé la Société des Nations, la première forme de coopération internationale. Mais elle s'est fracassée sur l'unilatéralisme de certains, sur les crises économiques, morales, et sur les nationalismes. C'est pourquoi je souhaitais que le deuxième intervenant pour ouvrir ce Forum de Paris sur la paix soit le secrétaire général des Nations unies, Antonio GUTERRES. Merci cher Antonio d'être là.

Voilà Mesdames et Messieurs, ce que je tenais à vous dire, en vous remerciant pour votre présence et en remerciant la Chancelière MERKEL et le secrétaire général GUTERRES, pour leur présence et leurs mots. Je leur cède la parole. Merci à vous.

Emmanuel Macron, le 11 novembre 2018, à la Grande Halle de la Villette, à Paris.


Source : www.elysee.fr/
http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20181111-discours-macron.html
 

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9 novembre 2018 5 09 /11 /novembre /2018 01:09

« Si la notoriété de Guillaume Apollinaire tient à ce qu’il est un des plus grands poètes du XXe siècle, son importance dans l’histoire culturelle vient aussi de ce qu’il est au carrefour de tous les mouvements artistiques d’avant-garde du début du XXe siècle. Sa triple situation de "bâtard, métèque et fauché" (J.-Ch. Gateau) explique en partie son parcours spirituel : recherche d’une identité individuelle et culturelle qui explique sa curiosité et sa boulimie intellectuelle, vie de bohème où il entre en contact avec les milieux d’avant-garde, pauvreté matérielle qui l’exclut du monde des "installés" et le contraint à beaucoup d’ouvrages alimentaires (…). Tout cela le prédispose à rejeter le lourd héritage de l’académisme, mais aussi à se démarquer des raffinements élitistes du symbolisme, à goûter avec le même plaisir les particularités culturelles (…) et les mots de la langue française (d’où la fréquente préciosité de sa langue) ; son goût de surprendre le conduit à accueillir toutes les nouveautés, d’où qu’elles viennent. » (Michel Fragonard, 1995).



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Il y a un siècle, le 9 novembre 1918, dans les rues de Paris, on conspuait Guillaume. L’empereur Guillaume II. L’empereur allemand qui venait d’abdiquer. Deux jours avant l’arrêt des combats. L’Empire allemand était mort. Tout comme l’Empire austro-hongrois. À quelques heures d’intervalle, chez les vainqueurs, au septième arrondissement, un autre empereur mourait, Guillaume Apollinaire.

Il n’avait que 38 ans, et fut vaincu, comme des millions d’autres, par la grippe espagnole. Il fut officiellement "mort pour la France" parce qu’il avait été combattant sous la Première Guerre mondiale et qu’une grave blessure l’avait terriblement affaibli (blessé par un obus à la tempe le 17 mars 1916, il fut évacué à Paris et trépané le 10 mai 1916).

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La mention faite ne fut pas sans conséquence sur sa postérité puisque, au contraire de la loi habituelle, il n’a pas fallu attendre soixante-dix ans pour que ses œuvres tombassent dans le domaine public, mais… presque 95 ans, c’est-à-dire, jusqu’au 29 septembre 2013 (à l’époque, le délai était de cinquante ans et il fallait rajouter trente ans parce que "mort pour la France" plus des délais supplémentaires à cause de l’impact des deux guerres mondiales, plus de six ans pour la première et plus de huit ans pour la seconde).

Guillaume Apollinaire est un géant de la littérature française mais aussi un géant de la culture d’avant-garde en général, au-delà des disciplines et au-delà des frontières. Il est né polonais de l’Empire russe, à Rome le 26 août 1880, sous le nom de Guillaume de Kostrowitzky, et s’est installé à Paris en 1900. En 1901-1902, il tomba amoureux de la gouvernante anglaise lorsqu’il fut le précepteur des filles d’une veuve allemande, la vicomtesse de Millau. Sa mère est née au Grand-duché de Lituanie dans une ville qui est maintenant située en Biélorussie. Son père, inconnu, fut un officier italien. Le 20 janvier 1919, Paul Léautaud a rencontré la mère d’Apollinaire : « Elle raconte toute sa vie : russe, jamais mariée, nombreux voyages, toute l’Europe ou presque. Apollinaire m’apparaît soudain ayant hérité en imagination de ce vagabondage. » (Journal).

Apollinaire, synthèse à lui tout seul de l’Europe, a obtenu la nationalité française seulement le 9 mars 1916, après son engagement à Nîmes dans l’armée française (au 38e régiment d’artillerie) le 6 décembre 1914. Il fut promu par la suite lieutenant au 96e régiment d’infanterie (le 28 juillet 1918).

En août 1914, Guillaume Apollinaire s’était retrouvé seul à Paris, car tous ses amis avaient été mobilisés et pas lui, qui était étranger. Plus aucune activité culturelle car les éditeurs ont arrêté leurs publications à cause de la guerre. Il a voulu s’engager mais on le lui a refusé parce qu’étranger. Finalement, il a réussi à s’engager à la fin de 1914 après avoir rempli son dossier de demande de naturalisation le 1er septembre 1914. Apollinaire profita de l’arrivée d’un ami démobilisé à Nice pour l’y rejoindre le 3 septembre 1914. Il y rencontra une charmante demoiselle (voir plus loin).

Apollinaire fut son pseudonyme adopté en 1902 (il avait 22 ans) pour publier dans des revues ses poèmes, romans, contes, pièces et essais. C’état le prénom de son grand-père maternel et aussi l’un de ses multiples prénoms à la naissance (il en avait cinq). Apollon, dieu des arts, de la musique, de la beauté, de la poésie.

C’est intéressant de regarder les photos de lui. Guillaume Apollinaire paraît d’une étonnante modernité. Plus moderne que certains artistes contemporains pourtant déjà assez modernes.

Ainsi, lorsqu’on regarde des photos de famille de peintres des années 1910 comme Egon Schiele ou encore Paul Modersohn-Becker, on pourrait presque les prendre pour des photos des années 1950, 1960 et même en poussant bien, 1970, à une époque où la cravate était un attribut systématique pour les hommes, même dans des rencontres amicales (aujourd’hui, depuis l’été 2017, la cravate n’est même plus nécessaire dans l’hémicycle).

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Même Egon Schiele qui n’hésite pas (sur d’autres clichés) à faire des grimaces, des gestes loufoques ou des regards particuliers qui n’ont rien à voir avec les convenances de l’époque.

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Avec les photos représentant Guillaume Apollinaire, on pourrait presque les considérer comme de notre époque, des années 2010, cent années plus tard. Certes, il y a bien sûr l’aspect un peu vieilli des photos qui ne peut pas être confondu avec la technologie numérique d’aujourd’hui. De même, l’uniforme parce que combattant en pleine guerre, ce qui est une situation que ne connaissent heureusement plus la plupart des jeunes gens d’aujourd’hui en France, en absence de guerre et aussi, en absence de service militaire (les dernières classes qui ont fait leur service national atteignant maintenant les 40 ans, le service national a été supprimé par la loi du 28 octobre 1997). Mais la manière de poser, la manière de se comporter devant l’objectif, seul ou accompagné, reste très moderne.

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Comme Egon Schiele, Apollinaire a fait de la prison. Il a séjourné une semaine à la prison de la Santé en septembre 1911 parce qu’on l’accusait de complicité de vol de La Joconde (La Joconde fut dérobée au Louvre le 21 août 1911 et fut retrouvée à Florence le 10 décembre 1913 par un antiquaire italien). Comme pour Schiele, les jours passés en prison furent traumatisants. Apollinaire avait été accusé à cause d’une relation qui avait volé des statuettes égyptiennes au Louvre. Picasso aussi fut soupçonné pour la même raison.

Apollinaire est très connu comme poète, il l’est un peu moins comme auteur de romans pornographiques (comme "Les Onze Mille Verges" publié en 1907 : « Si je vous tenais dans un lit, vingt fois de suite je vous prouverais ma passion. Que les onze mille vierges ou même les onze mille verges me châtient si je mens ! »), qu’il a rédigés pour des raisons très alimentaires. Il est aussi critique d’art et à ce titre, il a encouragé tous les artistes d’avant-garde des années 1910, a fait l’éloge du Douanier Rousseau (en 1910 : « Cette année, personne ne rit, tous sont unanimes : ils admirent. »), il fut le mentor des surréalistes dont il a trouvé l’appellation en mars 1917. Il fut au centre de ce bouillonnement artistique des décennies 1900 et 1910.

Ce bouillonnement intellectuel était d’ailleurs généralisé : la littérature, la musique, la peinture, mais aussi les sciences, en particulier, la physique et la chimie, la relativité, la physique quantique, la radioactivité, ont eu leur premier développement essentiellement durant ces années.

Revenons à ses poèmes. Lorsqu’il rassembla ses poèmes écrits depuis 1898 pour en faire "Alcools", il hésita sur la ponctuation et décida finalement de la supprimer purement et simplement : aucun point, aucune virgule ! (Pour citer ses vers, je mettrai cependant une virgule ici pour les séparer sans passage à la ligne, que je préfère au trait oblique).

Guillaume Apollinaire a souvent écrit en fonction de son état affectif et de l’état de ses rencontres amoureuses. "L’Adieu" fut écrit en 1903 pour la gouvernante anglaise évoquée plus haut : « J’ai cueilli ce brin de bruyère, L’automne est morte souviens-t’en, Nous ne nous verrons plus sur terre, Odeur du temps brin de bruyère, Et souviens-toi que je t’attends ». "Le Pont Mirabeau" écrit en 1912 après la rupture avec Marie Laurencin : « Sous le pont Mirabeau coule la Seine, Et nos amours, Faut-il qu’il m’en souvienne, La joie venait toujours après la peine, Vienne la nuit sonne l’heure, Les jours s’en vont je demeure, Les mains dans les mains restons face à face, Tandis que sous, Le pont de nos bras passe, Des éternels regards l’onde si lasse (…) ».

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Un autre exemple de poème, éloquent de déclaration d’amour (ce qui est l’acte fondateur toujours très émouvant d’une nouvelle histoire), Guillaume Apollinaire l’a écrit à Louise de Coligny-Châtillon (1881-1963) le 28 septembre 1914 à Nice : « Vous ayant dit ce matin que je vous aimais, ma voisine d’hier soir, j’éprouve maintenant moins de gêne à vous l’écrire. Je l’avais déjà senti dès ce déjeuner dans le vieux Nice où vos grands et beaux yeux de biche m’avaient tant troublé que je m’en étais allé aussi tôt que possible afin d’éviter le vertige qu’ils me donnaient. ». Avec un ami, Apollinaire avait été invité par hasard à déjeuner à la table de la jeune femme le 27 septembre 1914 et quelques heures plus tard, celle-ci se retrouva sa voisine dans une soirée où les convives étaient invités à fumer l’opium…

Selon André Rouveyre, cité par la préface de Michel Décaudin à "Lettres à Lou" publié en 1969, chez Gallimard, Lou, qui avait déjà été mariée et divorcée le 11 mars 1912, était « gracieuse et novice aventureuse, frivole et déchaînée, prodigue à la fois et avare de soi, imprudente et osée, et plutôt d’ailleurs pour la frime que pour l’enjeu ». Michel Décaudin a décrit cet amour fascination : « Cet éclat de passion libéra en Apollinaire des forces qui, pour s’être déjà manifestées, n’avaient jamais éclaté avec une telle violence. Il s’abandonna à cette fête de la chair avec un déchaînement et une volonté de puissance sur lesquels il y aura beaucoup à dire lorsqu’on voudra étudier sérieusement et autrement que d’après quelques idées admises son comportement amoureux. Face à Lou, il éprouve constamment le besoin d’affirmer la supériorité du mâle, et par là, sans doute, de s’affirmer à lui-même, de prendre une revanche inconsciente sur toutes celles qui l’ont fait souffrir. ».

Par la suite, il lui envoya de nombreuses lettres, notamment du front, mais dès le 26 mars 1915, la dulcinée, qui l’avait suivi à Nîmes en décembre 1914, préféra rompre au profit de leur amitié. Volontaire, Guillaume Apollinaire partit au front le 4 avril 1915, près de Mourmelon, en Champagne. Ses lettres nombreuses (plus de deux cents) étaient enflammées, même en été 1915 (espérant encore la reconquérir). Le 30 janvier 1915 : « Si je mourais là-bas, sur le front de l’armée, Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée, (…) Souvenir oublié vivant dans toute chose, Je rougirais le bout de tes jolis seins roses. ». Sa dernière lettre à la muse Lou fut écrite le18 janvier 1916.

Michel Décaudin (1919-2004), universitaire et spécialiste d’Apollinaire, précisa d’ailleurs les arrière-pensées du poète : « Rien n’est simple chez Apollinaire, et le poète ne s’efface jamais complètement derrière l’amant. Dès la deuxième lettre, il pense à faire un livre sur Lou et cette préoccupation affleure sous des formes diverses tout au long de cette correspondance, au point qu’on a parfois l’impression qu’il écrit pour lui autant que pour elle. ».

Les deux se sont revus une seule fois Place de l’Opéra à Paris : « Entrevue navrante pour tous les deux. Une sorte de fuite intime de part et d’autre. Lui était d’ailleurs très atteint, très émotif. Puis, se retrouver ainsi soudain auprès d’une femme qu’il avait si profondément aimée et qui l’avait déçu… Reproches, entretien assez pénible. Entretien écourté où ils se sont regardés avec tristesse, et avec l’impression qu’ils ne se reverraient plus. Ce qui devait être, en effet. » (selon André Rouveyre cité par Michel Décaudin).

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Guidé par son originalité, Apollinaire a inventé le mot "calligramme" lorsqu’il a publié le 15 avril 1918 "Calligrammes, Poèmes de la paix et de la guerre" où il forme des dessins avec les mots de ses poèmes.

Il n’est cependant pas l’inventeur de ce type d’écrits qui a existé depuis très longtemps, et l’un des premiers calligrammes de "l’époque contemporaine" pourrait être la couverture du "Charivari" qui a publié le 27 février 1834 le verdict de son procès en forme de poire, accusé parce que le journal avait caricaturé le roi (Louis-Philippe) en forme de poire.

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Je termine ce texte un peu décousu sur le grand Apollinaire par un de ses poèmes issus de son œuvre "Alcools" publié en 1913, "Les Colchiques", en respectant, cette fois-ci, la non-ponctuation.

« Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s’empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-là
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s’empoisonne

Les enfants de l’école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l’harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières

Qui battent comme les fleurs battent au vent dément

Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l’automne »

Guillaume Apollinaire, "Alcools"


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (06 novembre 2018)
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Pour aller plus loin :
Guillaume Apolinaire.
René de Obaldia.
Raymond Aron.
Jean Paulhan.
René Rémond.
Marceline Loridan-Ivens.
François Flohic.
Françoise Dolto.
Lucette Destouches.
Paul Claudel.
Louis-Ferdinand Céline.
Georges Bernanos.
Jean-Jacques Rousseau.
Daniel Cordier.
Philip Roth.
Voltaire.
Jean d’Alembert.
Victor Hugo.
Karl Marx.
Charles Maurras.
Barbe Acarie.
Maurice Bellet.
Le philosophe Alain.
Marguerite Yourcenar.
Albert Camus.
Jean d’Ormesson.
Les 90 ans de Jean d’O.

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8 novembre 2018 4 08 /11 /novembre /2018 03:02

« Le maréchal Pétain a été, pendant la Première Guerre mondiale, aussi, un grand soldat. C’est une réalité de nlaotre pays. » (Emmanuel Macron, le 7 novembre 2018 à Charleville-Mézières).



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La parole présidentielle est sacrée. Elle l’est un peu moins que celle de saint Louis, mais elle l’est quand même. Le Président de la République n’est pas qu’un simple citoyen qui pense ce qu’il veut, qui dit ce qu’il veut. Il représente les Français, il représente les 67 millions de citoyens français, mais plus encore, il représente la France, il représente la République française, la nation française, la patrie française. Toute parole publique est donc un peu parole d’Évangile dans le grand livre de l’Histoire qui se remplit chaque jour.

C’est ainsi que Maurice Audin a été "réhabilité" par la parole présidentielle le 13 septembre 2018. De "terroriste en fuite", il est devenu "victime de l’État". Reconnu comme tel par le chef de l’État. Cette onction présidentielle est importante.

La polémique suscitée par les propos présidentiels au sujet de Pétain, le 7 novembre 2018 à Charleville-Mézières, n’est donc pas anodine. Certes, les Français sont friands de polémiques sémantiques, sur des symboles, des polémiques qui sont difficiles à comprendre à l’étranger, du moins dans des pays qui se fixent des objectifs concrets et qui veulent les réaliser, qui veulent des résultats. Qu’on soutienne ou qu’on fustige Emmanuel Macron dans ce débat ne changera rien à la vie quotidienne des Français.

Une polémique de plus. Cependant, Emmanuel Macron a eu tort de la prendre à la légère en disant avec le sourire : « Mon rôle n’est pas de comprendre que ça choque ou de commenter les gens, mon rôle est d’essayer d’expliquer, de porter des convictions. J’ai toujours regardé l’Histoire de notre pays en face. ». Et en ajoutant, à la limite de la provocation : « Vous créez des polémiques tout seuls, mes enfants. Vous êtes… je ne suis pas dans votre bocal. ».

Tort parce que le "sujet Pétain" est l’un des plus sensibles de la société française depuis la Libération. Certes, il est maintenant convenu que Pétain était un "vilain" et plus beaucoup de personnes ne sont prêtes aujourd’hui à le défendre sur son action passée entre 1940 et 1944. Sauf peut-être Jean-Marie Le Pen (dont une petite-fille porte le patronyme Maréchal, quelle bizarrerie du hasard !) qui n’a jamais hésité à l’honorer : « Pétain n’a pas failli à l’honneur. » disait-il encore récemment, selon "Le Point" du 20 février 2018.

Le problème est quand on est héros dans une guerre et tortionnaire dans l’autre. C’est cet « exercice difficile, paradoxal » dont a parlé le Premier Ministre Édouard Philippe le 7 novembre 2018 dans l’hémicycle, celui de « penser en même temps à ceux qui ont été glorieux et à ceux qui ensuite ne se sont pas montrés à la hauteur des enjeux de l’Histoire ». Il y a donc une part de schizophrénie assumée : « S’agissant du passé, il ne faut rien omettre. Ce qui est glorieux et ce qui est sombre. ».

C’est dommage pour la communication présidentielle. Depuis le dimanche 4 novembre 2018, Emmanuel Macron avait réussi jusque-là un sans-faute : il avait voulu honorer les soldats tués pendant la guerre (pas les chefs de guerre mais tous ces anonymes dont les noms ont rempli les monuments aux morts), et il a aussi eu des discussions informelles avec certains citoyens qui l’ont interpellé le long de son parcours, sans qu’il n’ait lâché de nouvelles phrases assassines, comme cela lui arrivait souvent auparavant. Les propos tenus sur Pétain ont cassé cette belle mécanique communicationnelle tout en polluant ses messages et sa "séquence" du centenaire.

Reprenons la polémique. Elle est née de l’annonce du porte-parole des armées Patrick Steiger de l’agenda de cette semaine commémorative de la Grande Guerre. Initialement prévu le dimanche matin, il est prévu le samedi 10 novembre 2018 d’honorer les « chefs militaires, du caporal au général » au cours d’une cérémonie aux Invalides.

Dès son arrivée à Charleville-Mézières où Emmanuel Macron poursuivait son grand tour historique du Nord-Est et juste avant le conseil des ministres décentralisé, il a donc été interrogé par les journalistes sur ce sujet : faut-il donc honorer Pétain ?

La réponse du Président Emmanuel Macron a été directe. Il faut honorer le héros et blâmer le tortionnaire. Voici ses propres mots : « Il est légitime que nous rendions hommage aux maréchaux qui ont conduit l’armée à la victoire, et que cet hommage soit rendu, comme il l’est d’ailleurs chaque année par l’armée française. Mon chef d’état-major particulier [l’amiral Bernard Rogel] sera présent à cette cérémonie. Je ne fais aucun raccourci mais je n’occulte aucune page de l’Histoire, et le maréchal Pétain a été, pendant la Première Guerre mondiale, aussi, un grand soldat. C’est une réalité de notre pays.  ».

Le mot est lâché : "grand soldat". C’est cet adjectif qui fait polémique. Est-on "grand" quand on a dirigé le régime de collaboration avec les nazis pendant quatre ans ? Une collaboration symbolisée par la rencontre lourde de sens à Montoire le 24 octobre 1940 avec Hitler.

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Emmanuel Macron a complété, au risque de nourrir le relativisme : « C’est aussi ce qui fait que la vie politique, comme l’humaine nature, sont parfois plus complexes que ce qu’on voudrait croire. On peut avoir été un grand soldat pendant la Première Guerre mondiale et avoir conduit à des choix funestes pendant la deuxième. ».

La polémique enflant (par réseaux sociaux et chaînes d’information continue interposés), Emmanuel Macron a voulu préciser qu’il a toujours été clair dans ses condamnations contre l’antisémitisme. Personne ne peut soupçonner sa sincérité à ce sujet. Ni la solidité de ses convictions. Il a même renouvelé le 16 juillet 2017 la reconnaissance de la France dans la rafle du Vel’ d’Hiv’.

Il l’a dit ainsi : « Je me suis toujours opposé aux idées, au défaitisme français lorsqu’il a pu exister, à la complaisance avec toute idéologie. Vous ne pouvez pas me reprocher d’avoir été ambigu sur ce point. ». Il a mis les points sur les i : « Le maréchal Pétain, quand il a dirigé la France pendant la deuxième guerre mondiale, a été complice de crimes profonds qui ont été reconnus, et la responsabilité de l’État français a été reconnue. Je l’ai dit, j’ai été très clair sur ce point. ». Tout en maintenant qu’il n’avait pas tort d’avoir dit ce qu’il avait dit : « Je ne pardonne en rien, mais je ne gomme rien de notre Histoire. Il y a eu des hauts faits de guerre, puis il y a eu une forfaiture dans la seconde guerre. ».

Il faut rappeler que l’idée du double jeu de Pétain est rejetée depuis longtemps par les historiens. Pétain, non seulement n’était pas gâteux et manipulé par Pierre Laval, mais renforcé l’antisémitisme d’État personnellement. On a pu analyser des corrections manuscrites sur le projet de loi contre les Juifs dès juillet 1940 qui les ont pénalisés encore plus que dans le texte initial. De la main même de Pétain.

Certains membres de l’opposition de gauche ont sauté sur cette occasion inespérée pour embrayer sur la polémique, Jean-Luc Mélenchon, Alexis Corbière, Benoît Hamon, et le communiste Ian Brossat qui a lâché sur LCI : « Philippe Pétain doit rester dans les poubelles de l’histoire. ».

À droite, c’est un peu différent. Certains n’ont pas été choqués et trouvent "légitime", selon le mot présidentiel, de séparer les deux Pétain. D’autres au contraire estiment qu’il faudrait apprendre à mieux discerner. Ainsi, le sénateur LR Alain Houpert a tweeté très justement : « Choisissons nos héros ! Au lieu de Pétain, je préfère me souvenir du sénateur Georges Clemenceau, le Tigre qui devint Président du Conseil en 1917 pour mener la France à l’Armistice ! ».

Oui, choisir ! Car comme l’a expliqué l’historien Nicolas Hoffenstadt, spécialiste des questions mémorielles, sur LCI, il y a les historiens et il y a les responsables politiques de la nation. Certes, les historiens ne peuvent pas omettre l’action bénéfique de Pétain pendant la Première Guerre mondiale. Général progressiste sorti de sa retraite, Pétain a installé le QG de la 2e armée à Souilly le 25 février 1916…

C’est même pour cette raison qu’il a été rappelé à la tête du gouvernement le 17 juin 1940. L’historien André Kaspi, ancien doctorant de René Rémond, l’a même rappelé en 1990 : « Le Pétain collaborateur de 1940-1944 n’a pu égarer les Français et en convaincre bon nombre de le suivre que parce qu’il bénéficiait du prestige du Pétain de 1914-1918. L’un n’aurait pas existé sans l’autre. ».

Mais le responsable politique n’est pas un historien, il est un guide du temps présent. Il ne faut pas confondre histoire et mémoire. Cela signifie, comme le dit Alain Houpert, qu’il doit choisir. Choisir la mémoire. Citer explicitement Pétain, lui rendre hommage, même sur une partie de sa vie et pas totalement, n’est pas une erreur historique, mais c’est une erreur politique. Le politique jongle sans cesse avec la symbolique. C’est comme cela qu’il gagne, et c’est aussi comme cela qu’il perd. Donner du rêve, ou décevoir. L’acte politique, c’est de préférer parler des uns et pas des autres.

Mais cela est allé plus loin. Car Emmanuel Macron a dû aussi s’autojustifier laborieusement sur l’antisémitisme : « Nous condamnons l’antisémitisme avec une grande fermeté mais il faut aussi regarder l’histoire en face. ». Et, pris dans la tourmente, l’Élysée a même cru bon de tweeter : « C’est bien la France qui organisa la rafle, puis la déportation. ».

Cette mise au point a été provoquée par la réaction de Francis Khalifat, le président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) qui s’est dit "choqué" par les déclarations présidentielles : « La chose que nous retiendrons de Pétain, c’est qu’il a été frappé, au nom du peuple français, d’indignité nationale lors de son procès en juillet 1945. ».

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Oui, effectivement, lors du verdict de son procès le 15 août 1945, Philippe Pétain a été condamné à l’indignité nationale (ainsi qu’à la confiscation de ses biens et à la peine de mort). Cela signifie que Pétain n’a plus aucune raison, depuis ce verdict, d’être honoré, il n’y a plus aucune raison qu’un hommage lui soit rendu. Ce serait même illégal sinon illégitime. Sauf à vouloir le réhabiliter.

À cet égard, l’histoire jugera aussi le comportement du Président François Mitterrand, qui avait reçu la francisque des mains du maréchal en avril 1943. François Mitterrand aussi suscita la polémique à propos de Pétain en 1992, parce qu’il faisait fleurir la tombe de Pétain tous les 11 novembre de 1987 à 1992, également le 22 septembre 1984 (jour de la rencontre avec Helmut Kohl à Verdun) et le 15 juin 1986 (70e anniversaire de la Bataille de Verdun).

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Une polémique, à l’époque, a incité François Mitterrand à cesser cette pratique qu’il avait justifiée par ses prédécesseurs qui avaient également fait fleurir la tombe : De Gaulle le 10 novembre 1968 (50e anniversaire de l’Armistice), Georges Pompidou le 22 février 1973 (lors de la réinhumation, à la suite du vol du cercueil) et Valéry Giscard d’Estaing le 11 novembre 1978 (60e anniversaire de l’Armistice).

Ni son manque de sincérité, ni son manque de conviction, ni des possibles arrière-pensées pour des calculs politiques incertains ne peuvent être opposés à Emmanuel Macron. Je crois malheureusement que la seule explication est celle de la maladresse et il aurait eu plus intérêt à la reconnaître plutôt qu’à insister et se justifier autant au point de sombrer dans un grand cafouillage.

Car certains de ses proches lui font de la très mauvaise publicité.

Ainsi, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, qui a trouvé inutile cette « mauvaise polémique », a eu le toupet de citer une phrase de De Gaulle en 1966 : « Sa gloire à Verdun ne saurait être contestée ni méconnue par la patrie. ». La citation exacte, prononcée en juin 1966 lors de la commémoration de la Bataille de Verdun, est : « Si, par malheur, en d’autres temps, dans l’extrême hiver de sa vie et au milieu d’événements excessifs, l’usure de l’âge mena le maréchal Pétain à des défaillances condamnables, la gloire que, vingt-cinq ans plus tôt, il avait acquise à Verdun, puis gardée en conduisant ensuite l’armée française à la victoire, ne saurait être contestée, ni méconnue, par la patrie. ».

Plus encore contreproductif, Benjamin Griveaux a déclaré : « Aucun hommage ne sera rendu à Pétain samedi [10 novembre 2018]. Il n’en a jamais été question. Nous avions annoncé que nous honorerions les maréchaux de la Grande Guerre. Certains en ont déduit que Pétain en faisait partie ; ce n’est pas le cas. ».

L’Élysée aussi a communiqué en ce sens : « Comme indiqué à plusieurs reprises (…), samedi (…) ne seront honorés que les maréchaux présents aux Invalides : Foch, Lyautey, Franchet d’Espèrey, Maunoury et Fayolle. ».

Et pourtant, ce que dit Benjamin Griveaux n’est pas "exact" quand il affirme "il n’en a jamais été question".

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Publié dès le 18 septembre 2018, le dossier de presse (qu’on peut télécharger ici) avait annoncé que le dimanche 11 novembre 2018, à 9 heures, était fixée une cérémonie d’hommage aux maréchaux de la Grande Guerre à l’Hôtel national des Invalides. C’était même précisé très clairement : « Il s’agira de rendre hommage aux huit maréchaux qui ont dirigé les combats pendant la Première Guerre mondiale, œuvré pour la victoire finale tout au long de la guerre et dont cinq sont inhumés aux Invalides. ».

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Pour rappel, les huit maréchaux sont les suivants. Trois l’ont été en 1918 : Joseph Joffre (1852-1931), Ferdinand Foch (1851-1929) et Philippe Pétain (1856-1951). Quatre l’ont été en 1921 : Joseph Gallieni (1849-1916), Hubert Lyautey (1854-1934), Louis Franchet d’Espèrey (1856-1942) et Émile Fayolle (1852-1928). Enfin, un huitième l’a été en 1923 : Michel Maunoury (1847-1923).

Donc, si ! Il était bien question d’honorer les huit et pas les cinq seuls maréchaux inhumés aux Invalides, et donc, d’honorer Pétain, hommage qui, avant le début de la polémique, était "légitime" selon le Président de la République Emmanuel Macron.

C’est étonnant de vouloir s’enferrer dans la mauvaise foi quand on a la foi. Il aurait suffi de dire qu’il était regrettable et maladroit d’avoir mentionné Pétain et que l’essentiel était que tous les Français se retrouvent unis derrière la célébration du centenaire de la fin de la Grande Guerre pour désamorcer la polémique. Au lieu de cela, le narcissisme a prévalu aux dépens du consensus. Une occasion de rassemblement national ratée, c’est terriblement dommageable dans notre société en grand manque de cohésion…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (08 novembre 2018)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Emmanuel Macron et le Vel’ d’Hiv’.
Dossiers de presse à télécharger sur les célébrations de 1918.
La Grande Guerre, cent ans plus tard.
Maréchal, vous revoilà !
Guillaume Apolinaire.
Lazare Ponticelli.
Commémoration en 1984.
Roland Garros.
Joyeux drilles.
La Première Guerre mondiale.
L’attentat de Sarajevo.
1914.
La Bataille de Verdun.
Émile Driant.
Jean Cocteau.
Charles Péguy.
Jean Jaurès.
Paul Painlevé.
"Le Président".
Joseph Caillaux.
Bismarck.
Clemenceau en 1917.
Clemenceau en 1906.
Pétain.
Nicolas II.
Les Quatorze points du Président Wilson.
Le patriotisme.
Les valeurs républicaines.
L’Europe à la Sorbonne.
L’Union Européenne, c’est la paix.

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http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20181107-macron-petain.html

https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/marechal-vous-revoila-209390

http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2018/11/07/36849582.html


 

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1 novembre 2018 4 01 /11 /novembre /2018 22:17

Il est possible de se procurer les dossiers de presse concernant les commémorations du centenaire de l'Armistice du 11 novembre 1918. Il faut cliquer au lien concernant chaque dossier pour le télécharger (en fichier .pdf).

Dossier de presse de la mission du centenaire (18 septembre 2018) :
http://centenaire.org/sites/default/files/references-files/dp_lancement_1809.pdf

Dossier de presse de la Présidence de la République (novembre 2018) :
http://www.elysee.fr/assets/Uploads/DP-ITINERANCE.pdf

Dossier de presse d'une exposition sur la Grande Guerre :
http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/sites/default/files/editeur/web_MA_DP_A_l_Est_la_guerre_sans_fin_1918-1923.pdf

Pour en savoir plus :
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20181107-macron-petain.html

SR

http://rakotoarison.over-blog.com/article-srb-20181104-dossier-presse-11-novembre.html

 

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